QUATRIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
ANNÉE B
(Mc
1, 21-28)
L’Évangile
de ce dimanche me semble d'une étonnante densité, chaque verset est
riche d'enseignement , certains termes sont particulièrement
percutants et donnent envie de nous attarder pour pénétrer plus
profondément dans la connaissance intime du Seigneur Jésus.
La
semaine dernière Jésus appelait Ses quatre premiers apôtres , leur
mission globale est claire : ils ne pécheront plus des
poissons, sinon occasionnellement, mais des hommes ! Encore
faut-il savoir à quoi correspond cette première mission !!
C'est en vivant aux côtés de Jésus, que les apôtres vont
apprendre leur nouveau métier comme ils ont appris le
précédent auprès de leur père.
La
première démarche s'effectue à la Synagogue, ceci semble assez
normal, et manifeste à tous, l'enracinement Juif de Jésus. « Jésus
et ses disciples entrèrent à Capharnaüm.Aussitôt,
le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, » Remarquons
que Jésus n'entre pas n'importe quel jour à la Synagogue, il s'agit
du jour du sabbat un jour où le peuple se
rassemble pour la prière , l'écoute de l’Écriture et celle
d'un enseignement :
La
synagogue est une institution qui ne remonte pas au-delà de l'exil
(587-538 av. J.-C.). Dispersés en Égypte, en Mésopotamie, les
exilés avaient pris l’habitude de se réunir le
Au
Ier siècle, chaque synagogue possédait au moins les cinq
rouleaux de la Torah (la "Loi de Moïse" ou
Pentateuque), le rouleau d’Isaïe - le prophète le plus lu - celui
des Douze petits prophètes et celui des Psaumes. Elle avait une
fonction d’enseignement importante. Ceux qui ne pouvaient,
faute de moyens, fréquenter les écoles rabbiniques, s’y
instruisaient, au besoin par la simple consultation des livres saints
(Ac 17,11).
Mais
la fixité des habitudes liturgiques indique que l'élément
fondamental en était la lecture, en hébreu, d'un passage de la
Torah. En écho, ce texte premier était "commenté"
par un passage tiré des livres des Prophètes, passage que l'on
considérait alors comme "parole d'accomplissement".
Puis les deux lectures étaient traduites en araméen, langue du
peuple, et prolongées, actualisées, par une exhortation ou homélie.
Ainsi, dans un va-et-vient entre divers textes et entre les
Écritures et la vie, les fidèles s'abreuvaient-ils à la Parole
comme à une source.
Le
Sabbat est aussi un jour strict de repos : Souviens-toi
du jour du repos, pour le sanctifier.Tu
travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.Mais le
septième jour est le jour du repos du Seigneur, ton Dieu:
tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton
serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est
dans tes portes.Car en six jours le Seigneur a fait les cieux, la
terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et Il s'est reposé le
septième jour: c'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du repos
et l'a sanctifié. Ex 20:8-11
Le
Sabbat est un
signe d’appartenance à Dieu
et
sanctifiez mes sabbats, pour qu'ils soient un signe entre moi et
vous, afin que vous sachiez que je suis Yahweh, votre Dieu. Ez
20 ,20.
Il
ne peut être aboli
Ne
pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne
suis pas venu abolir, mais parfaire. Mat
5 ,17-19
Il
est éternel
: Car
comme les nouveaux cieux et la nouvelle terre, que je vais créer,
subsisteront devant moi, -- oracle du Seigneur, ainsi subsisteront
votre postérité et votre nom.De nouvelle lune en nouvelle lune, et
de sabbat en sabbat, toute chair viendra se prosterner devant moi,
dit le Seigneur. Is
66 ,22-23.
En
écho, ce texte premier était "commenté" par un passage
tiré des livres des Prophètes, passage que l'on considérait alors
comme "parole d'accomplissement" dimanche
dernier Jésus ne disait-Il pas «
Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche ».
et là,
il enseignait.On
était frappé par son enseignement,car il enseignait en homme qui a
autorité, et
non pas comme les scribes.
Les
Scribes, pour le dire d'un mot, étaient les professeurs de
théologie, les philologues et les juristes de leur temps. Il ne leur
manquait qu'une chose, c'est qu'ils n'étaient pas en même temps
prêtres. Au temps de Jésus, tous les Scribes sans exception,
appartenaient au parti des Pharisiens; on peut donc les considérer
comme les représentants scientifiques du pharisaïsme. Ils étaient
en même temps les maîtres des jeunes gens qui devaient les
remplacer un jour. Ce qui caractérisait leur manière d'enseigner,
c'est que leur doctrine, se transmettait oralement, de génération
en génération.
Jésus,
Lui, livre un enseignement qui vient de l'intérieur et non pas
seulement des livres, souvenons-nous de ses douze ans quand ses
parents le cherchent «ils
le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les
écoutant et les interrogeant;
et tous ceux qui l'entendaient étaient ravis de son intelligence et
de ses réponses.
(Luc 2) »
Jésus
est habité, Il est l'homme-Dieu, et c'est ce qui lui donne cette
autorité soulignée par l’Évangéliste Marc. LA PAROLE qu'Il est
en Lui-même, fait ce qu'elle dit, Elle porte un fruit immédiat et
visible par tous ! Lui, la Parole de Dieu incarnée, quand Il
s'exprime donne Vie, plénitude de Vie! Jésus ne parle pas pour ne
rien dire, Il ne parle pas seulement pour remplir les têtes, pour
donner des repères, Il fait ÊTRE ce qu'Il dit. C'est là, la grande
différence, nous le verrons dans ce qui suit.
L'acte
joint à la Parole qu'Il va exprimer ,va asseoir Son autorité mais
en même temps indisposer certains de ses interlocuteurs qui se
sentent floués parce qu'ils n'ont pas en eux, cette capacité à
rendre efficace
immédiatement leur enseignement.
De plus, d'entrée de jeu, si j'ose dire, Jésus se révèle « maître
du Sabbat » puisqu'un jour où nul ne travaille Il ose une
parole qui permet à un frère d'exister différemment. Nous ignorons
le contenu de l'enseignement de Jésus ce jour-là , par contre, nous
constatons qu'un homme, dans la foule, est touché au plus profond de
son être , il se met à gesticuler , à crier et interpelle l'Auteur
de ce qui bouge en lui !
« Oui,
les temps sont accomplis » « le Royaume de Dieu est tout
proche », le « Royaume-Jésus », est là, présent
au milieu des hommes ! Tout change en un instant LA PAROLE
qu'est JÉSUS nous entraîne dans la nouveauté , dans un monde
nouveau , où l'humanité enchaînée peut espérer sa libération,
non avec des armes, des tueries mais par l'expression d'une PAROLE
qui sauve parce qu'elle donne Sa vie « ma
vie nul ne la prend mais c'est moi qui la donne » pour
permettre à l'humanité de goûter la vraie Vie !
Or,
il y avait dans leur synagogue, un homme tourmenté
par un esprit impur,qui se mit à crier
:« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?Es-tu venu
pour nous perdre ? Je sais qui tu es :tu es le Saint de Dieu. » Celui
qui ligote cet homme et le fait souffrir ne peut supporter plus
longtemps cette Présence, dont l'autorité s'impose naturellement
.Le Satan , qui a fait le choix de son camp, en se permettant
d'interroger Jésus, se piège lui-même « Es-tu venu
pour nous perdre » il
reconnaît
aux yeux de tous, la capacité , la force d'autorité qu'exerce la
Présence de Jésus !
En
Sa présence, l'impur, le Mal, se sent mis à jour, c'est un peu
comme si le grouillement des passions s'inscrivait sur son front se
donnant à voir à tous ceux qui sont présents. Pour lui, la seule
façon de s'en sortir, c'est l'attaque, cette attitude devrait,
pense-t-il, détourner l'attention et mettre à mal le « REVELATEUR
– JÉSUS » ! En même temps, tout en cachant derrière
son attaque son mal-être, et comme pour le faire oublier,
disparaître, le meilleur moyen n'est-ce pas la provocation ? La
dénonciation ? et, en dénonçant, il s'enferme car il met en
lumière l'identité de Celui qu'il attaque. Il s'accuse lui-même,
puisqu'il sait, il révèle sa propre déchéance et met à jour sa
propre capacité à identifier la sainteté. Pour la montrer du
doigt, il faut en avoir fait l'expérience « Je
sais qui tu es :tu es le Saint de Dieu. »
Sur
une surface immaculée, le plus imperceptible défaut de fabrication
saute aux yeux, c'est, toutes proportions gardées, ce qui se passe
ici , la seule présence du Saint de Dieu révèle le Mal ,
celui-ci n'a pas besoin de démonstrations pour discerner la
différence et cette différence n'a pas à se dire, elle s'exprime
d'elle-même ce qui provoque la rage de celui qui se découvre
démasqué ! Jésus peut alors intervenir :
Jésus
l’interpella vivement : il
est bon de noter que Jésus n'entre pas en polémique et qu'il
s'adresse, non pas à l'homme, mais au mauvais qui possède cet homme. Si Jésus s'était justifié, s'il avait répondu à la provocation il ouvrait une brèche et permettait au démon d'entrer en conflit ouvert et interminable. Non, Jésus lui impose de se taire !
s'adresse, non pas à l'homme, mais au mauvais qui possède cet homme. Si Jésus s'était justifié, s'il avait répondu à la provocation il ouvrait une brèche et permettait au démon d'entrer en conflit ouvert et interminable. Non, Jésus lui impose de se taire !
Puissions-nous
en tirer un enseignement judicieux pour nous-même ! La violence
génère la violence, fermons-lui la porte en lui tournant le dos ,
le plus vexé sera le provocateur qui se retrouvera seul, face à une
méchanceté qui le fera reculer et se taire par défaut de
combattant ! Ici, Jésus interpelle le mauvais, VIVEMENT !
Il n'y a pas de tergiversation, pas de place pour des batailles de
mots :
«
Tais-toi !
Sors de cet homme. »
L’esprit
impur le fit entrer en convulsions,puis, poussant
un grand cri, sortit de lui.
Jésus n'a pas de
difficultés à reconnaître celui qui perturbe cet homme. Qui mieux
que la sainteté déchue (démon) peut reconnaître la Sainteté
Créatrice ? Ne faut-il pas être du « sérail » ?
Jésus
lui impose silence sans doute parce ce qu'il est prématuré de
lever le voile sur Sa véritable identité. Le « dévoilement »
s'effectuera peu à peu, au gré d'expériences diverses et
profondes, enracinées dans le quotidien. Interloqué par la
puissance de l'ordre de Jésus, le Satan pousse un cri « de
rage » parce qu'il est reconnu, démasqué, et il obéit :
« poussant
un grand cri, sortit de lui »
Ceux qui assistent à l'exorcisme, car c'est bien de cela qu'il
s'agit , sont ébahis :
Ils
furent tous frappés de stupeur et
se demandaient entre eux :« Qu’est-ce que
cela veut dire ?Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité
! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent.
» Les participants
posent la bonne question et font une remarque pertinente :
1
– ils constatent qu'il s'agit d'un enseignement NOUVEAU
2-
donné avec AUTORITÉ
3-
et qui met à mal les ESPRITS IMPURS QUI SE SOUMETTENT.
Si
nous ne connaissons pas le contenu de l'enseignement donné par Jésus
après la Lecture des textes sacrés du moment, nous apprenons, de la
bouche de ses auditeurs du jour, qu'il s'agit de NOUVEAUTÉ.
Un changement s'opère et la PAROLE
du « Maître - JÉSUS » est efficace
,(AUTORITÉ)
elle impose le silence au provocateur (ESPRITS
IMPURS)
qui ne peut lui résister. Et Jésus agit ainsi en présence de Ses quatre premiers apôtres qui l'accompagnent et à qui Il a dit : « Venez à ma suite.Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Mc 1
qui ne peut lui résister. Et Jésus agit ainsi en présence de Ses quatre premiers apôtres qui l'accompagnent et à qui Il a dit : « Venez à ma suite.Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Mc 1
«
Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
(Luc 5)
Et
nous sommes sensés savoir que plus tard, quand ils reviendront d'une
mission confiée par Jésus , les apôtres et leurs compagnons seront
heureux d'être devenus par grâce, des « coopérateurs » : « Les
soixante-dix revinrent
avec joie, disant: Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en
TON NOM. Jésus leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un
éclair. Luc
10
Les
apôtres découvrent que Jésus est vainqueur du Mal, qu'Il libère
l'homme de ses entraves, de son esclavage, c'est donc à cette
mission qu'ils sont associés
N'est-ce
pas le souhait de St Paul dans la seconde lecture « j'aimerais
vous voir libres
de tout souci. » et il conclut la péricope : « C'est
dans votre intérêt
que je dis cela ;ce n’est pas pour vous tendre un piège,mais pour
vous proposer ce qui est bien,afin que vous soyez attachés au
Seigneur sans partage » St
Paul souhaite aux chrétiens de son temps, de développer cette
liberté intérieure parce que c'est bien, pour eux ,et que c'est
ainsi qu'ils vivront dans le Seigneur !
Après
semblable intervention on comprend sans difficulté la conclusion de
ce passage d’Évangile :Sa renommée se
répandit aussitôt partout,dans toute la région de la Galilée.Et
nous verrons désormais un grand nombre de personnes se presser sur
Son passage, toucher, ne serait-ce que le pan de Sa tunique, implorer
Sa miséricorde, supplier, réclamer des miettes etc....
SOMMES-NOUS
DE CEUX-LA ?
La
Prière du Père Lyonnet « Ô
Dieu, notre Père, fais de moi un vrai fils » :
« Fais de moi un vrai fils… Je me tiens devant Toi, ô Dieu saint, avec le sentiment douloureux de mon péché, de ma trahison d’amitié, avec le sentiment de ma fragilité et de mon impuissance, mais confiant en ton Amour merveilleux, Amour jamais lassé, Amour qui ne m’a jamais abandonné. Prends-moi comme je suis, comme je suis fait, pour me refaire à Ta manière et suivant Tes volontés. Je n’ose pas Te dire que je T’aime, je voudrais Te le prouver, mais déjà j’ai besoin de Toi : je ne peux pas T’aimer sans que Tu m’aimes. Ô Dieu, notre Père, crée en moi un cœur nouveau. Fais de moi un vrai fils, un fils digne de la Promesse, un fils en qui coule le Sang de ton Fils, un fils en qui abondamment circule Ta vie. Envoie-moi où Tu veux mais sois avec moi, travaille avec moi, combats avec moi. Seigneur, je T’offre en rougissant mon pauvre amour avec ma volonté de revenir vers Toi. Amen. »
« Fais de moi un vrai fils… Je me tiens devant Toi, ô Dieu saint, avec le sentiment douloureux de mon péché, de ma trahison d’amitié, avec le sentiment de ma fragilité et de mon impuissance, mais confiant en ton Amour merveilleux, Amour jamais lassé, Amour qui ne m’a jamais abandonné. Prends-moi comme je suis, comme je suis fait, pour me refaire à Ta manière et suivant Tes volontés. Je n’ose pas Te dire que je T’aime, je voudrais Te le prouver, mais déjà j’ai besoin de Toi : je ne peux pas T’aimer sans que Tu m’aimes. Ô Dieu, notre Père, crée en moi un cœur nouveau. Fais de moi un vrai fils, un fils digne de la Promesse, un fils en qui coule le Sang de ton Fils, un fils en qui abondamment circule Ta vie. Envoie-moi où Tu veux mais sois avec moi, travaille avec moi, combats avec moi. Seigneur, je T’offre en rougissant mon pauvre amour avec ma volonté de revenir vers Toi. Amen. »
Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
comme au jour de tentation et de défi,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »
Ps
94
L'Ermite