vendredi 26 janvier 2018

UN ENSEIGNEMENT NOUVEAU

QUATRIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

ANNÉE B

(Mc 1, 21-28)


L’Évangile de ce dimanche me semble d'une étonnante densité, chaque verset est riche d'enseignement , certains termes sont particulièrement percutants et donnent envie de nous attarder pour pénétrer plus profondément dans la connaissance intime du Seigneur Jésus.

La semaine dernière Jésus appelait Ses quatre premiers apôtres , leur mission globale est claire : ils ne pécheront plus des poissons, sinon occasionnellement, mais des hommes ! Encore faut-il savoir à quoi correspond cette première mission !! C'est en vivant aux côtés de Jésus, que les apôtres vont apprendre leur nouveau métier comme ils ont appris le précédent auprès de leur père.

La première démarche s'effectue à la Synagogue, ceci semble assez normal, et manifeste à tous, l'enracinement Juif de Jésus. « Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm.Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, » Remarquons que Jésus n'entre pas n'importe quel jour à la Synagogue, il s'agit du jour du sabbat un jour où le peuple se rassemble pour la prière , l'écoute de l’Écriture et celle d'un enseignement :

La synagogue est une institution qui ne remonte pas au-delà de l'exil (587-538 av. J.-C.). Dispersés en Égypte, en Mésopotamie, les exilés avaient pris l’habitude de se réunir le


jour du sabbat d'abord sur la place du village, puis dans des maisons particulières, pour y écouter les grands récits fondateurs de leur foi. Les synagogues se sont multipliées sur tout le pourtour de la Méditerranée. Il y en eut bientôt dans chaque cité où vivaient des juifs. En terre d'Israël, chaque village avait la sienne et on en dénombrait, paraît-il, plus de 300 à Jérusalem ! À la fin du 1er siècle, après la destruction du Temple (par les romains en 70 ap. J.-C.), la synagogue va prendre dans le judaïsme une importance capitale. Qu'elle garde aujourd'hui.

Au Ier siècle, chaque synagogue possédait au moins les cinq rouleaux de la Torah (la "Loi de Moïse" ou Pentateuque), le rouleau d’Isaïe - le prophète le plus lu - celui des Douze petits prophètes et celui des Psaumes. Elle avait une fonction d’enseignement importante. Ceux qui ne pouvaient, faute de moyens, fréquenter les écoles rabbiniques, s’y instruisaient, au besoin par la simple consultation des livres saints (Ac 17,11).

Mais la fixité des habitudes liturgiques indique que l'élément fondamental en était la lecture, en hébreu, d'un passage de la Torah. En écho, ce texte premier était "commenté" par un passage tiré des livres des Prophètes, passage que l'on considérait alors comme "parole d'accomplissement". Puis les deux lectures étaient traduites en araméen, langue du peuple, et prolongées, actualisées, par une exhortation ou homélie. Ainsi, dans un va-et-vient entre divers textes et entre les Écritures et la vie, les fidèles s'abreuvaient-ils à la Parole comme à une source.
 
Le Sabbat est aussi un jour strict de repos : Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.Mais le septième jour est le jour du repos du Seigneur, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes.Car en six jours le Seigneur a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et Il s'est reposé le septième jour: c'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du repos et l'a sanctifié. Ex 20:8-11
 
Le Sabbat est un signe d’appartenance à Dieu et sanctifiez mes sabbats, pour qu'ils soient un signe entre moi et vous, afin que vous sachiez que je suis Yahweh, votre Dieu. Ez 20 ,20.

Il ne peut être aboli Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu abolir, mais parfaire. Mat 5 ,17-19

Il est éternel : Car comme les nouveaux cieux et la nouvelle terre, que je vais créer, subsisteront devant moi, -- oracle du Seigneur, ainsi subsisteront votre postérité et votre nom.De nouvelle lune en nouvelle lune, et de sabbat en sabbat, toute chair viendra se prosterner devant moi, dit le Seigneur. Is 66 ,22-23. 
 
En écho, ce texte premier était "commenté" par un passage tiré des livres des Prophètes, passage que l'on considérait alors comme "parole d'accomplissement" dimanche dernier Jésus ne disait-Il pas « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche ». et là, il enseignait.On était frappé par son enseignement,car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.

 Les Scribes, pour le dire d'un mot, étaient les professeurs de théologie, les philologues et les juristes de leur temps. Il ne leur manquait qu'une chose, c'est qu'ils n'étaient pas en même temps prêtres. Au temps de Jésus, tous les Scribes sans exception, appartenaient au parti des Pharisiens; on peut donc les considérer comme les représentants scientifiques du pharisaïsme. Ils étaient en même temps les maîtres des jeunes gens qui devaient les remplacer un jour. Ce qui caractérisait leur manière d'enseigner, c'est que leur doctrine, se transmettait oralement, de génération en génération.

Jésus, Lui, livre un enseignement qui vient de l'intérieur et non pas seulement des livres, souvenons-nous de ses douze ans quand ses parents le cherchent «ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant; et tous ceux qui l'entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses. (Luc 2) » 

Jésus est habité, Il est l'homme-Dieu, et c'est ce qui lui donne cette autorité soulignée par l’Évangéliste Marc. LA PAROLE qu'Il est en Lui-même, fait ce qu'elle dit, Elle porte un fruit immédiat et visible par tous ! Lui, la Parole de Dieu incarnée, quand Il s'exprime donne Vie, plénitude de Vie! Jésus ne parle pas pour ne rien dire, Il ne parle pas seulement pour remplir les têtes, pour donner des repères, Il fait ÊTRE ce qu'Il dit. C'est là, la grande différence, nous le verrons dans ce qui suit.

L'acte joint à la Parole qu'Il va exprimer ,va asseoir Son autorité mais en même temps indisposer certains de ses interlocuteurs qui se sentent floués parce qu'ils n'ont pas en eux, cette capacité à rendre efficace immédiatement leur enseignement. De plus, d'entrée de jeu, si j'ose dire, Jésus se révèle « maître du Sabbat » puisqu'un jour où nul ne travaille Il ose une parole qui permet à un frère d'exister différemment. Nous ignorons le contenu de l'enseignement de Jésus ce jour-là , par contre, nous constatons qu'un homme, dans la foule, est touché au plus profond de son être , il se met à gesticuler , à crier et interpelle l'Auteur de ce qui bouge en lui !

« Oui, les temps sont accomplis » « le Royaume de Dieu est tout proche », le « Royaume-Jésus », est là, présent au milieu des hommes ! Tout change en un instant LA PAROLE qu'est JÉSUS nous entraîne dans la nouveauté , dans un monde nouveau , où l'humanité enchaînée peut espérer sa libération, non avec des armes, des tueries mais par l'expression d'une PAROLE qui sauve parce qu'elle donne Sa vie « ma vie nul ne la prend mais c'est moi qui la donne » pour permettre à l'humanité de goûter la vraie Vie !

Or, il y avait dans leur synagogue, un homme tourmenté par un esprit impur,qui se mit à crier :« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es :tu es le Saint de Dieu. » Celui qui ligote cet homme et le fait souffrir ne peut supporter plus longtemps cette Présence, dont l'autorité s'impose naturellement .Le Satan , qui a fait le choix de son camp, en se permettant d'interroger Jésus, se piège lui-même « Es-tu venu pour nous perdre » il reconnaît aux yeux de tous, la capacité , la force d'autorité qu'exerce la Présence de Jésus !

En Sa présence, l'impur, le Mal, se sent mis à jour, c'est un peu comme si le grouillement des passions s'inscrivait sur son front se donnant à voir à tous ceux qui sont présents. Pour lui, la seule façon de s'en sortir, c'est l'attaque, cette attitude devrait, pense-t-il, détourner l'attention et mettre à mal le « REVELATEUR – JÉSUS » ! En même temps, tout en cachant derrière son attaque son mal-être, et comme pour le faire oublier, disparaître, le meilleur moyen n'est-ce pas la provocation ? La dénonciation ? et, en dénonçant, il s'enferme car il met en lumière l'identité de Celui qu'il attaque. Il s'accuse lui-même, puisqu'il sait, il révèle sa propre déchéance et met à jour sa propre capacité à identifier la sainteté. Pour la montrer du doigt, il faut en avoir fait l'expérience « Je sais qui tu es :tu es le Saint de Dieu. »

Sur une surface immaculée, le plus imperceptible défaut de fabrication saute aux yeux, c'est, toutes proportions gardées, ce qui se passe ici , la seule présence du Saint de Dieu révèle le Mal , celui-ci n'a pas besoin de démonstrations pour discerner la différence et cette différence n'a pas à se dire, elle s'exprime d'elle-même ce qui provoque la rage de celui qui se découvre démasqué ! Jésus peut alors intervenir :

Jésus l’interpella vivement : il est bon de noter que Jésus n'entre pas en polémique et qu'il
s'adresse, non pas à l'homme, mais au mauvais qui possède cet homme. Si Jésus s'était justifié, s'il avait répondu à la provocation il ouvrait une brèche et permettait au démon d'entrer en conflit ouvert et interminable. Non, Jésus lui impose de se taire !

Puissions-nous en tirer un enseignement judicieux pour nous-même ! La violence génère la violence, fermons-lui la porte en lui tournant le dos , le plus vexé sera le provocateur qui se retrouvera seul, face à une méchanceté qui le fera reculer et se taire par défaut de combattant ! Ici, Jésus interpelle le mauvais, VIVEMENT ! Il n'y a pas de tergiversation, pas de place pour des batailles de mots :

« Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions,puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Jésus n'a pas de difficultés à reconnaître celui qui perturbe cet homme. Qui mieux que la sainteté déchue (démon) peut reconnaître la Sainteté Créatrice ? Ne faut-il pas être du « sérail » ? Jésus lui impose silence sans doute parce ce qu'il est prématuré de lever le voile sur Sa véritable identité. Le « dévoilement » s'effectuera peu à peu, au gré d'expériences diverses et profondes, enracinées dans le quotidien. Interloqué par la puissance de l'ordre de Jésus, le Satan pousse un cri « de rage » parce qu'il est reconnu, démasqué, et il obéit : « poussant un grand cri, sortit de lui » Ceux qui assistent à l'exorcisme, car c'est bien de cela qu'il s'agit , sont ébahis :
Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux :« Qu’est-ce que cela veut dire ?Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » Les participants posent la bonne question et font une remarque pertinente :

1 – ils constatent qu'il s'agit d'un enseignement NOUVEAU
2- donné avec AUTORITÉ
3- et qui met à mal les ESPRITS IMPURS QUI SE SOUMETTENT.

Si nous ne connaissons pas le contenu de l'enseignement donné par Jésus après la Lecture des textes sacrés du moment, nous apprenons, de la bouche de ses auditeurs du jour, qu'il s'agit de NOUVEAUTÉ. Un changement s'opère et la PAROLE du « Maître - JÉSUS » est efficace ,(AUTORITÉ) elle impose le silence au provocateur (ESPRITS IMPURS)
qui ne peut lui résister. Et Jésus agit ainsi en présence de Ses quatre premiers apôtres qui l'accompagnent et à qui Il a dit : « Venez à ma suite.Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Mc 1

« Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » (Luc 5) 
 
Et nous sommes sensés savoir que plus tard, quand ils reviendront d'une mission confiée par Jésus , les apôtres et leurs compagnons seront heureux d'être devenus par grâce, des « coopérateurs » : « Les soixante-dix revinrent avec joie, disant: Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en TON NOM. Jésus leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. Luc 10

Les apôtres découvrent que Jésus est vainqueur du Mal, qu'Il libère l'homme de ses entraves, de son esclavage, c'est donc à cette mission qu'ils sont associés 
 
N'est-ce pas le souhait de St Paul dans la seconde lecture « j'aimerais vous voir libres de tout souci. » et il conclut la péricope : « C'est dans votre intérêt que je dis cela ;ce n’est pas pour vous tendre un piège,mais pour vous proposer ce qui est bien,afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage » St Paul souhaite aux chrétiens de son temps, de développer cette liberté intérieure parce que c'est bien, pour eux ,et que c'est ainsi qu'ils vivront dans le Seigneur !

Après semblable intervention on comprend sans difficulté la conclusion de ce passage d’Évangile :Sa renommée se répandit aussitôt partout,dans toute la région de la Galilée.Et nous verrons désormais un grand nombre de personnes se presser sur Son passage, toucher, ne serait-ce que le pan de Sa tunique, implorer Sa miséricorde, supplier, réclamer des miettes etc....

SOMMES-NOUS DE CEUX-LA ?


La Prière du Père Lyonnet « Ô Dieu, notre Père, fais de moi un vrai fils » :

« Fais de moi un vrai fils… Je me tiens devant Toi, ô Dieu saint, avec le sentiment douloureux de mon péché, de ma trahison d’amitié, avec le sentiment de ma fragilité et de mon impuissance, mais confiant en ton Amour merveilleux, Amour jamais lassé, Amour qui ne m’a jamais abandonné. Prends-moi comme je suis, comme je suis fait, pour me refaire à Ta manière et suivant Tes volontés. Je n’ose pas Te dire que je T’aime, je voudrais Te le prouver, mais déjà j’ai besoin de Toi : je ne peux pas T’aimer sans que Tu m’aimes. Ô Dieu, notre Père, crée en moi un cœur nouveau. Fais de moi un vrai fils, un fils digne de la Promesse, un fils en qui coule le Sang de ton Fils, un fils en qui abondamment circule Ta vie. Envoie-moi où Tu veux mais sois avec moi, travaille avec moi, combats avec moi. Seigneur, je T’offre en rougissant mon pauvre amour avec ma volonté de revenir vers Toi. Amen. »


Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
comme au jour de tentation et de défi,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
    et pourtant ils avaient vu mon exploit. »
Ps 94


L'Ermite

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