vendredi 31 juillet 2020

UN TOUT PETIT RIEN




XVIIIe DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE A
(Mt 14, 13-21)



Or, après que Jésus eut achevé ces paraboles, il partit de là. Étant venu dans sa patrie, il les enseignait dans leur synagogue, si bien que, saisis d'étonnement, ils disaient: " D'où lui viennent cette science et ces miracles? N'est-ce pas le fils du charpentier? Sa mère ne s'appelle-t-elle pas Marie, et ses frères Jacques, Joseph, Simon et Judas? Et ses sœurs, ne sont-elles pas toutes chez nous? D'où lui vient donc tout cela`? " Et il était pour eux une pierre d'achoppement. Mais Jésus leur dit: " Un prophète n'est sans honneur que dans sa patrie et dans sa maison. " Et il ne fit pas là beaucoup de miracles à cause de leur incrédulité. (Mt13)
En ce temps-là, Hérode le tétrarque apprit ce qui se publiait de Jésus, et il dit à ses courtisans: " C'est Jean-Baptise! Il est ressuscité des morts: voilà pourquoi le pouvoir thaumaturgique agit en lui. "
Hérode, en effet, ayant fait arrêter Jean, l'avait chargé de chaînes et jeté en prison, à cause d'Hérodiade, la femme de son frère Philippe, car Jean lui disait: " Il ne t'est pas permis de l'avoir (pour femme). " Volontiers il l'eût fait mourir, mais il craignait le peuple, qui le regardait comme un prophète. Or, au jour anniversaire de la naissance d'Hérode, la fille d'Hérodiade dansa devant (les convives) et plut à Hérode, qui promit avec serment de lui donner ce qu'elle demanderait. Elle, à l'instigation de sa mère: " Donne-moi, dit-elle, ici, sur un plateau, la tête de Jean le Baptiste. " Le roi fut contristé; mais, à cause des serments et des convives, il commanda qu'on la (lui) donnât. et il envoya décapiter Jean dans la prison. Et la tête, apportée sur un plateau, fut donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère. Ses disciples vinrent prendre le corps et lui donnèrent la sépulture; puis, ils allèrent informer Jésus. (Mt14)
Tel est le contexte qui précède immédiatement la Multiplication des pains.Jésus vient d'apprendre la mort violente et injuste du Précurseur, Il a besoin de s'éloigner pour se recueillir, sans doute pour réfléchir aussi. Il entend sourdre les controverses à Son égard et il est souhaitable de prendre du recul pour regarder la situation en face.Jésus emprunte donc une barque pour s'éloigner, trouver le silence dans un lieu désert où Il ne sera pas déranger ! Mais la foule a faim de Sa Parole de Vérité, elle ne Le laissera pas s'éloigner furtivement. Habile elle observe et s'organise.
Quand Jésus apprit la mort de Jean le Baptiste,il se retira et partit en barque
pour un endroit désert, à l’écart.
Cultivons-nous cette faim du « vivre au plus près » de Jésus, avons-nous faim de Sa Parole qui donne la Vie ? Sommes-nous capables de nous organiser pour permettre à des frères qui se déplacent difficilement, de participer au rassemblement dominical ? Au nom du respect de l'autre ne risquons-nous pas l'indifférence ? Qu'importe si notre proposition est refusée, l'essentiel est d'ouvrir une porte qui sera ou non franchie !
Avons-nous investi dans une Bible pour la famille ? Sur Internet, c'est vrai, nous trouvons tout, mais avoir LE LIVRE par excellence permet de lui réserver une place d'honneur dans notre foyer, les enfants peuvent le feuilleter, se familiariser ! Je me souviens de la grande Bible familiale, je revois sa place à la maison. Ne serait-ce que pour enfreindre le rituel qui l'entourait, combien de fois l'ai-je feuilletée enfant ! Prenons les moyens de faire grandir le désir de Dieu !
Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.    En débarquant, il vit une grande foule de gens ;il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades.   
Les foules sont tellement avides qu'elles devancent Jésus et arrivent sur place avant Lui au point qu'Il n'aura pas la possibilité de se recueillir selon son désir ! Qu'aurions-nous dit ? Fait ? Plus d'un je pense aurait envisagé une volte - face. D'autres auraient maugréé devant une foule qui ne respecte rien, même pas le temps du deuil, une foule qui n'a aucun respect de la « vie privée », une foule qui s'impose et n'en démord pas !
Que fait Jésus ? il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades.Jésus reconnaît la Volonté de Son Père, Il ne se détourne pas, ne s'impatiente pas, ne se dérobe pas, Jésus fut saisi de compassion , Il perçoit avec acuité la souffrance de Ses frères en humanité ,leurs attentes, ceux pour qui Il a quitté le sein du Père et Il se met immédiatement à leur service pour y remédier ! Voilà Dieu ! En effet, le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Lc 19)
Les malades présents ne sont vraisemblablement pas perdus mais ils attendent un secours pour plus de bien-être , Jésus l'a compris et Il agit en fonction de leurs attentes ! Le temps passe et...
Le soir venu,les disciples s’approchèrent et lui dirent :« L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée.Renvoie donc la foule :qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! »    
Réalistes les disciples voient venir la nuit, ils connaissent les lieux et sont conscients de la difficulté de trouver ce qui convient pour alimenter semblable foule, ils osent donc une démarche auprès du Maître qui ne se démonte pas :
Mais Jésus leur dit :« Ils n’ont pas besoin de s’en aller.Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
La réponse est pour le moins déstabilisante ! Ils n'ont rien et Jésus semble leur lancer un défi , on pourrait entendre «  débrouillez-vous , faites quelque chose, trouvez vous-mêmes une solution, ce n'est pas « mon problème » Voilà une expression que nous connaissons fort bien : « ce n'est pas mon problème ! » Autrement dit ; « je m'en lave les mains » ce que dira Pilate lors de la condamnation de Jésus :   Pilate vit que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le désordre ; alors il prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je ne suis pas responsable du sang de cet homme : cela vous regarde (Mt 27)
Quand nous disons cela nous passons très vite à autre chose laissant nos frères enfermés, emprisonnés dans leur détresse : en avons-nous conscience ? Jésus n'est pas dans cet esprit, Il n'a qu'un désir : secourir Ses frères et Il fait tout pour éveiller Ses disciples à participer, à se « mettre en quatre » pour chercher et trouver la solution qui répondra à la difficulté du moment ! N'est-ce pas ainsi que se comporte Notre Église, L’Église fondée par Jésus Lui-même ? Ne la trouvons-nous pas toujours aux premières lignes des souffrances humaines, des catastrophes naturelles, la plupart du temps l’Église est pionnière , la société civile, l’État emboîtent le pas. L’Église apporte alors Sa Présence,là où les besoins sont encore plus urgents ! Il en a toujours été ainsi !
Les apôtres ne se révoltent pas, ils ne grommellent pas comme nous le faisons peut-être trop facilement. Dans leur dénuement ils tentent de trouver une solution pour aussi dérisoire qu'elle leur apparaisse, en toutes simplicité, ils présentent la situation à Jésus qui se fait tout accueil . Savons-nous comme Jésus accueillir l'insignifiant en toute simplicité pour donner confiance et permettre à l'autre de rester debout et de grandir ? Voyons-nous dans « les impossibles » que nous rencontrons la Main de Dieu qui nous appelle plus loin, qui fait confiance à notre ingéniosité, qui veut nous permettre de développer nos talents ?
Alors ils lui disent :« Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. »    Jésus dit :« Apportez-les moi. » Jésus aurait pu les ridiculiser, et c'est peut-être l'attitude que nous aurions eue ou que nous avons parfois, quand une proposition nous semble saugrenue ou disproportionnée avec la situation du moment !  Jésus reçoit l'information avec attention et à partir de ce rien donne un ordre surprenant. Jésus utilise toutes les compétences et Il donne l'impulsion pour les déployer ! :
Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe,il prit les cinq pains et les deux poissons,et, levant les yeux au ciel,il prononça la bénédiction ;il rompit les pains,il les donna aux disciples,et les disciples les donnèrent à la foule.    Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. Jésus ne laisse personne dans l'embarras, ni la foule , ni les apôtres ! Pour éviter tout mouvement de foule, en bon organisateur, Jésus demande, lui demande de s'asseoir . Cette mesure évitera la cohue et permettra d'agir dans le calme et avec équité . Nous connaissons tous le proverbe : « il vaut mieux prévenir que guérir » Jésus l'applique avant l'heure dans Sa Sagesse divine, de plus, Jésus sait où Il veut en venir, Il veut associer les apôtres présents, à l'acte qu'Il va poser, sans doute veut-Il leur montrer qu'ils sont vraiment Ses collaborateurs , Ses amis à qui Il fait confiance et qu'Il associe à Sa mission. Chacun étant posé, Jésus peut se tourner vers Le Père comme Il le fait habituellement avant toute intervention qui marquera les esprits . Jésus prend alors ce « petit rien » que l'on pourrait tenir pour ridicule et, levant les yeux au ciel Il prononça la bénédiction
« Quand on bénit, on ne fait pas quelque chose pour soi, mais pour les autres », a expliqué le Pape François le 23 juin 2019.. Ce ne sont pas de « belles paroles » ou des paroles de « circonstance », bénir, c’est dire « du bien des autres et le dire avec amour ». Pour le pape François, il est triste de constater la facilité avec laquelle, de nos jours, on fait le contraire : « on maudit, on méprise, on insulte ». Pris par « une sorte de frénésie », a-t-il poursuivi, « on ne se contient pas et on déverse sa colère sur tout et sur tous ». « Ne nous laissons pas contaminer par l’arrogance, ne nous laissons pas envahir par l’amertume, nous qui mangeons le Pain qui porte en soi toute douceur », a exhorté le pape François.
Jésus prononce la bénédiction, Il dit du bien de Son Père de qui nous vient tout bien, sans doute dit Il du bien de cette foule en attente, qui est là dans la confiance, de Ses apôtres en formation, à qui Il va confier la mission de partager ce « petit rien » . Puis, Jésus rompt le pain un geste qui se répétera lors de la dernière Cène et de siècle en siècle, dans toutes les parties du monde, Jésus rompt le Pain , le donne à Ses apôtres qui le donnent à la foule . Cinq pains , une foule , tous sont rassasiés et il en reste !
N'est-ce pas ce qui arriva à la veuve de Sarepta qui, en partageant son indigence avec Élie vit que :Le pot de farine ne s'épuisa pas, et la cruche d'huile ne diminua pas, selon la parole du Seigneur, qu'il avait dite par l'organe d’Élie. (1R17)
A Élisée son disciple d’Élie , au temps de la famine :Un homme vint de Baal-Salisa, apportant à l'homme de Dieu du pain des prémices, savoir vingt pains d'orge, et du blé frais dans son sac. Élisée dit: «Donne aux gens, et qu'ils mangent.» Son serviteur répondit: «Comment mettrai-je cela devant cent personnes?» Mais Élisée dit: «Donne aux gens et qu'ils mangent. Car ainsi dit le Seigneur On mangera, et il y aura un reste.» Il mit donc les pains devant eux, et ils mangèrent et ils en eurent de reste, selon la parole du Seigneur. (2R 4)
« Notre Dieu est le Dieu des victoires » chantons-nous dans un psaume, notre Dieu ne fait rien à moitié , quand Il donne Il agit avec largesse, c'est l'abondance ! La preuve déjà après la sortie d’Égypte. Toutefois, ici, le peuple murmure pourtant il a vu les merveilles de Dieu ! Mais l'homme est fragile et il a vite fait d'oublier les bienfaits du Seigneur , n'est-ce pas souvent notre cas ,
. J'ai entendu les murmures, des enfants d'Israël. Dis-leur: Entre les deux soirs vous mangerez de la viande, et au matin vous vous rassasierez de pain, et vous saurez que je suis le Seigneur, votre Dieu." Le soir, on vit monter des cailles, qui couvrirent le camp, et le matin il y avait une couche de rosée autour du camp. Quand cette rosée fut dissipée, voici qu'il y avait à la surface du désert quelque chose de menu, de granuleux, de menu comme le givre sur le sol. Les enfants d'Israël le virent, et ils se dirent les uns aux autres: "Qu'est-ce que cela?" car ils ne savaient pas ce que c'était. Moïse leur dit: "C'est le pain que le Seigneur vous donne pour nourriture. Voici ce que le Seigneur a ordonné: Que chacun de vous en ramasse ce qu'il faut pour sa nourriture.. (Ex 16)
Lors de la multiplication des cinq petits pains, c'est aussi la surabondance :
On ramassa les morceaux qui restaient :cela faisait douze paniers pleins.    Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille,sans compter les femmes et les enfants.
Les Douze paniers sont peut-être une allusion aux Douze Tribus d'Israël et nous indiquent l'abondance des dons de Dieu : quand Dieu donne Il donne tout , Il se donne en Jésus le Bien Aimé c'est ce qui sera réalisé lors de la Pâque : Prenez et mangez CECI est Mon CORPS « Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez, mangez : ceci est mon corps. » (Mt26)
Quant au « sans compter les femmes et les enfants » soit il convient de mettre ce verset au compte de la place des enfants et des femmes à l'époque : On lui amenait aussi les tout petits pour qu'il les touchât; ce que voyant, les disciples les gourmandaient. Mais Jésus les appela à lui, disant: " Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis, en vérité: qui ne recevra pas comme un petit enfant le royaume de Dieu n'y entrera point. (Lc 18)
mais j'en doute, car Jésus apporte une attention toute particulière à ces derniers, quant aux femmes, ne sont-elles pas présentes à Ses côtés sur les routes de Palestine, sur le chemin du Calvaire, au pied de la Croix et même à la Résurrection où Marie Madeleine sera chargée d'annoncer la merveille aux apôtres ?  « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit. Jn 20, 11
Retenons essentiellement
  • la surabondance des interventions du Seigneur dans nos vies ! Quand Dieu donne Il se donne mais jamais Il ne trouvera notre apport dérisoire, Il nous aime trop pour nous mépriser, agissons de même avec nos frères !
  • Leur gratuité absolue, pour cela reprenons la première lecture de ce jour : Vous tous qui avez soif,venez, voici de l’eau !Même si vous n’avez pas d’argent,venez acheter et consommer,venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer.    Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
  • Son infini respect pour « les rien » de notre participation, Jésus ne joue pas au comptable et encore moins à l'Inspecteur : Jésus nous aime et c'est pour cette raison qu'Il nous permet de participer à Son Œuvre de Création, chacun selon nos dons et nos capacités. Jésus pourrait faire sans nous, mais Il veut avoir besoin de nous !
  • Sa compassion pour les personnes , Son accueil sans limite qui lui permet d'ouvrir Son cœur à ceux qui attendent tout de lui. Jésus s'oublie pour permettre à Ses frères de trouver la paix en les enseignant, les guérissant, les nourrissant !
    A vous de trouver tous les enseignements de cette péricope pour en vivre et les annoncer autour de vous !


 Vous tous qui avez soif,
venez, voici de l’eau !
Même si vous n’avez pas d’argent,
venez acheter et consommer,

venez acheter du vin et du lait
sans argent, sans rien payer.
    Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses,
vous vous régalerez de viandes savoureuses !

    Prêtez l’oreille ! Venez à moi !
Écoutez, et vous vivrez.
Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle :
ce sont les bienfaits garantis à David.
(Is 55, 1-3)
L'Ermite

mercredi 22 juillet 2020

OU EST MON TRESOR ? QUI EST MON TRESOR ?


XVIIe DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE A

Avec Jean Le Baptiste, nous avons vu dimanche dernier, que non seulement le Royaume des cieux est tout proche. » (Mt 3) mais qu'il est en nous quand nous vivons au plus près de la Parole , quand tout simplement, Jésus habite en nous par les sacrements. Nous avons compris également que la croissance du Royaume dans nos vies appelle un rude combat pour empêcher l'ivraie de prendre le dessus. C'est à ce prix que nous deviendrons de plus en plus LEVAIN DANS LA PÂTE, ARBRE de grande stature où les petits et les faibles pourront se réfugier et trouveront la protection nécessaire pour leur épanouissement..
Jésus,me semble-t-il, va plus loin aujourd’hui, Il ne craint pas d'affirmer que ce Royaume-Jésus, EST UN TRESOR INESTMABLE et que la personne qui trouve ce TRESOR se déleste de tout autre avoir, pour acheter le lieu où Il a été caché afin d'en devenir propriétaire .En accueillant cette Parabole je ne peux m'empêcher de penser à la si belle fable de Jean de la Fontaine à propos de la mort du laboureur :
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.

Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.

Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.
Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.

Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Jésus disait à la foule ces paraboles :    « Le royaume des Cieux est comparable
à un trésor caché dans un champ
 ;l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau.Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède,et il achète ce champ.
Le Champ c'est notre vie tout entière, LE TRESOR c'est le «  ROYAUME – JESUS », quand, par le baptême nous recevons l'insondable grâce de la foi, il nous revient de cultiver , de retourner la terre de notre vie pour lui faire produire cent pour un ! Ceci nous renvoie à la Parabole du Semeur : « Et il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l'accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent pour un. »
Si nous ne travaillons pas à éliminer tout ce qui fait obstacle au rayonnement de Jésus dans notre cœur, nous étouffons Sa Présence, nous empêchons Jésus de se donner à travers nous  et nous sommes les grands perdants car Jésus trouvera d'autres cœurs moins encombrés, moins fermés . Saint Paul l'avait compris lui qui écrit dans la Lettre aux Philippiens, un passage de cette Lettre qui m'a beaucoup marquée dès ma jeunesse :
Et pourtant quant à moi, j'aurais sujet de mettre aussi ma confiance dans la chair. Si quel qu’autre croit pouvoir le faire, je le puis bien davantage, moi, un circoncis du huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin; Hébreu, fils d'Hébreux; pharisien, pour ce qui est de la Loi; persécuteur de l’Église, pour ce qui est du zèle, et quant à la justice de la Loi, irréprochable. Mais ces titres qui étaient pour moi de précieux avantages, je les ai considérés comme un préjudice à cause du Christ. Oui certes, et même je tiens encore tout cela comme un préjudice, eu égard au prix éminent de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur. Pour son amour j'ai voulu tout perdre, regardant toutes choses comme de la balayure, afin de gagner le Christ,et d'être trouvé en lui, non avec ma propre justice, - c'est celle qui vient de la Loi, - mais avec celle qui naît de la foi dans le Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi; afin de le connaître, lui et la vertu de sa résurrection, d'être admis à la communion de ses souffrances, en lui devenant conforme dans sa mort, pour parvenir, si je le puis, à la résurrection des morts.Ce n'est pas que j'aie déjà saisi le prix, ou que j'aie déjà atteint la perfection; mais je poursuis ma course pour tâcher de le saisir, puisque j'ai été saisi moi-même par le Christ. Pour moi, frères, je ne pense pas l'avoir saisi, mais je ne fais qu'une chose: oubliant ce qui est derrière moi, et me portant de tout moi-même vers ce qui est en avant, je cours droit au but, pour remporter le prix auquel Dieu m'a appelé d'en haut en Jésus-Christ.Que ce soient là nos sentiments, à nous tous qui sommes arrivés à l'âge d'homme; et si, sur quelque point, vous avez des pensées différentes, Dieu vous éclairera aussi là-dessus. Seulement, du point où nous sommes arrivés, marchons comme nous l'avons déjà fait jusqu'ici. (Ph 3)
Certes, cette citation est un peu longue, mais elle est tellement riche, elle nous éclaire tellement sur ce bonheur d'avoir été « saisis par le Christ » et le désir, que dis-je ? La volonté de Le saisir à notre tour, de ne plus Le lâcher, de nous attacher à Lui corps et âme, de nous livrer comme Lui s'est livré à l'amour pour travailler inlassablement et courageusement à l'extension de ce Royaume où règne l'Amour !Sœurs, frères, sommes-nous de ceux qui courent de tout leur être vers ce but pour vivre de Lui, par Lui, en Lui ? Avons-nous faim et soif de Jésus au point de faire le vide en nous pour nous remplir de Lui ? Je viens de passer une petite semaine avec une personne qui a été baptisée aux environs de quarante ans . Quel désir de Dieu , quelle faim, comme elle désire Le connaître , se laisser façonner par Sa Présence ! Elle affiche une extraordinaire simplicité qui lui permet à cinquante ans passés, de poser une multitude de questions pour comprendre les Mystères et en vivre. Je suis émerveillée et je rends grâce. Cette personne n'a pas peur de poser les questions en présence de son époux croyant depuis l'enfance, car, ce chemin de foi ils l’effectuent ensemble, dans l'amour qui les lie et les fortifie. Gloire à Toi Seigneur !
Le « Royaume-Jésus » est un TRESOR mais c'est aussi une Perle de grande valeur, une perle précieuse qui mérite que l'homme renonce à beaucoup de plaisirs éphémères et quand le Seigneur lui en fait la grâce à tout, pour l'acquérir, et ne vivre que pour elle et par elle !
Ou encore :Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche
des perles fines.    Ayant trouvé une perle de grande valeur,il va vendre tout ce qu’il possède,et il achète la perle.
La perle ! Ce joyau incomparable que le jeune fiancé , quand il en a les moyens , offre à sa fiancée pour lui exprimer à quel point il tient à elle ! C'est toujours émouvant de voir une personne présenter sa bague de fiançailles ou la perle offerte par la suite et qu'elle expose avec fierté sur son chemisier ! Notre PERLE, notre JOYAU, à nous chrétiens, c'est JESUS ! Ne craignons pas de l'arborer sur notre vêtement ou quand cela risque d'être pris pour une provocation, sur notre cœur. En Jésus nous détenons la Perle, la Pierre , le Trésor, inégalable, le Bien fondamental qui nous anime et nous rend les plus heureux du monde si nous ...le...voulons ! Si tu veux dit Jésus au jeune homme riche !" Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux; puis, viens et suis-moi. " (Mt 19)
Jésus ne force personne, « LA PERLE- JESUS » se propose, elle ne s'impose jamais ! Par contre, parce qu'elle nous aime, elle ne manque pas, au cours de notre vie, de nous adresser des signaux , de nous redire encore et encore « si tu veux » elle nous le dira même jusqu'à l'extrême de l'extrême, nous permettant ainsi de La choisir pour notre bonheur éternel. C'est pourquoi nous ne saurons jamais si Judas et tous les judas du monde sont damnés car ils ont pu, comme Henri Pranzini ouvrir leur cœur in extremis ! Qu'Il est bon ! Qu'Il est grand et humble notre Dieu ! Qu'Il est infiniment aimant !
Si vous voyez une homme pécher mortellement
Haïssez le péché, mais ne jugez pas l’homme.
Ne le méprisez pas. Ne méprisez personne.
Car vous ne savez pas le jugement de Dieu.
Et tel semble damné qui est sauvé, peut-être.
Et tel semble sauvé qui est déjà damné.
Vous en savez qui son ceux a qui Dieu tendra la main.
Est-il écrit dans le « Chant 'd'Assise »

Tout en sachant que Dieu jusqu'au dernier ersatz, du dernier instant, tend la main à toute personn,e s'il y a refus, il vient de l'humain !
Dans la dernière Parabole nous retrouvons le tri de dimanche dernier, tri que nous découvrirons aussi dans la Parabole du Jugement dernier à la fin des temps : Mt 25, 31-46 :Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel,et les justes, à la vie éternelle. 
Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer,
et qui ramène toutes sortes de poissons.    Quand il est plein, on le tire sur le rivage,on s’assied,on ramasse dans des paniers ce qui est bon,et on rejette ce qui ne vaut rien.    Ainsi en sera-t-il à la fin du monde :les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes    et les jetteront dans la fournaise :
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
En écoutant cette Parabole, nous avons l'impression d'être sur ce rivage, le filet sur les jambes , en train de départager ce que nous estimons bon, moins bon ou carrément mauvais, donc à détruire, sauf que , à la fin des temps nous serons dans le filet et, selon les choix effectués au cours de notre vie , nous serons placés de tel ou tel côté du jugement de Dieu ! A nous de réfléchir , c'est possible jusqu'à notre dernier souffle de vie , nous avons toujours la possibilité de CHOISIR DIEU ! De CHOISIR LA MORT OU LA VIE ! LE BIEN OU LE MAL !
Vois, j'ai mis aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal, en te prescrivant aujourd'hui d'aimer le Seigneur, ton Dieu, de marcher dans ses voies et d'observer ses commandements, ses lois et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu multiplies,.. Mais si ton cœur se détourne, que tu n'écoutes point et que tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir, je vous déclare en ce jour que vous périrez certainement; ... Choisis donc la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, en aimant le Seigneur, ton Dieu, en écoutant sa voix et en t'attachant à lui; car cela, c'est ta vie et de longs jours à demeurer dans la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.» (Dt 30)
Nos choix ne peuvent être équivoques : que ton oui soit oui, que ton non, soit non : « Quand vous dites 'oui', que ce soit un 'oui', quand vous dites 'non', que ce soit un 'non'. Tout ce qui est en plus vient du Mauvais. (Mt 5) Jésus ne tergiverse pas,et nous demande d'emboîter le pas ! N'est-ce pas le sens de la question qu'Il pose ensuite :
« Avez-vous compris tout cela ? »Ils lui répondent : « Oui » Que sommes-nous capables de répondre aujourd'hui ?? Il ne suffit pas de dire « OUI » les actes doivent impérativement suivre, ils doivent s'accorder à notre déclaration d'intention !
Ce n'est pas celui qui m'aura dit: " Seigneur, Seigneur! " qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup me diront en ce jour-là: " Seigneur, Seigneur! n'est-ce pas en votre nom que nous avons prophétisé? n'est-ce pas en votre nom que nous avons chassé les démons? et n'avons-nous pas, en votre nom, fait beaucoup de miracles? " Alors je leur dirai hautement: Je ne vous ai jamais connus. Eloignez-vous de moi, artisans d'iniquité! (Mt 7)
Même un évêque, même un prêtre, même un , une consacrée, un, une ermite quiconque se trouve dans son petit confort, son petit bien-être, le souci de sa petite personne, peut se fourvoyer , s'il accomplit sa volonté, son plaisir et non pas CELLE DU SEIGNEUR ! Rien n'est acquis, nous sommes des pèlerins, nous sommes sur la route de la sainteté, Dieu seul connaît le terme !

Dieu secret,
Tu n'as plus d'autre Parole
Que ce livre scellé
D'où l'Agneau fait jaillir ta lumière :
Tu dis seulement
Ces mots fulgurants :
Je viens ! J'étonnerai vos patiences !
Explique-toi par ce lieu-dit
Que l'Esprit parle à notre esprit
Dans le silence !


Extrait de : Dieu caché

(Rimaud/Berthier/Sodec)

.Jésus ajouta :« C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »

Ce petit verset en mode de conclusion constitue à lui seul une quatrième parabole!Le Scribe ( nous en parlons souvent) était un fin connaisseur de l'Ancien Testament ce n'était pas simple pour lui d'entrer dans le message évangélique, d'en comprendre la nouveauté et d'y adhérer, sans éprouver un sentiment de trahison. J'ai connu cela avec une amie qui s'est laissée rejoindre par Jésus , elle venait d'une religion qui avait ses propres codes, ses obligations, ses impératifs, où la culture religieuse était calquée sur la culture générale , même heureuse d'accueillir l’Évangile libérateur, elle avait besoin, pour la paix de son cœur, de comprendre le pourquoi du comment ….Il en est de même au temps de Jésus : passer de l'Ancien Testament avec une multitude de rites, souvent contraignants , au Nouveau Testament, n'a pas été simple . Il convenait de garder l'essentiel et d'accueillir ce qui accomplissait cet essentiel , tirer de son trésor ( Jésus) toute la nouveauté et garder de l'Ancien (la loi et les Prophètes) tout ce qui éclairait cette nouveauté . Garder l'un, sans rejeter l'autre !
« Mais malheureux êtes-vous, Pharisiens, vous qui versez la dîme de la menthe, de la rue et de tout ce qui pousse dans le jardin, et qui laissez de côté la justice et l'amour de Dieu. C'est ceci qu'il fallait faire, sans négliger cela. » (Lc 11)
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu abolir, mais parfaire. » (Mt 5)
Frères et sœurs de Jésus, touchés par Son appel , nous sommes invités aujourd'hui à bêcher et bêcher encore « la terre de l’Écriture Sainte » Ancien et Nouveau Testaments pour en savourer le suc
Gardez-vous,(gardons-nous) leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Demandons à Jésus de nous donner cette Sagesse dont il est question dans la première lecture, pour chercher, et chercher encore et toujours à nous imprégner, à nous pétrir de cette PAROLE DE VERITE pour ne plus faire qu'UN avec ELLE ; Puisse-t-elle devenir notre respiration, notre raison de vivre et d'être ! CREUSONS ET CREUSONS TOUJOURS PLUS PROFOND la Parole de Dieu et la terre de notre cœur ! LA PAROLE DE DIEU est un chantier infini comme est INFINI NOTRE DIEU !

 « Puisque c’est cela que tu as demandé,
et non pas de longs jours,
ni la richesse,
ni la mort de tes ennemis,
mais puisque tu as demandé le discernement,
l’art d’être attentif et de gouverner,
    je fais ce que tu as demandé :
je te donne un cœur intelligent et sage,
tel que personne n’en a eu avant toi
et que personne n’en aura après toi. »
Nos jours finiront, la richesse restera, nos ennemis si tant est que nous en ayons, disparaîtront, seul demeurera « le CHRIST VIVANT ET VRAI » ! LUI SEUL DONNE DU GOÛT, DU SENS A NOS VIES !

De quel amour j’aime ta loi, Seigneur ! (Ps 118, 97a)
Mon partage, Seigneur, je l’ai dit,
c’est d’observer tes paroles.
Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche,
plus qu’un monceau d’or ou d’argent.
Que j’aie pour consolation ton amour
selon tes promesses à ton serviteur !
Que vienne à moi ta tendresse, et je vivrai :
ta loi fait mon plaisir.
Aussi j’aime tes volontés,
plus que l’or le plus précieux.

Je me règle sur chacun de tes préceptes,
je hais tout chemin de mensonge.
Quelle merveille, tes exigences,
aussi mon âme les garde !
Déchiffrer ta parole illumine
et les simples comprennent.


L'Ermite

vendredi 17 juillet 2020

RETIREZ D'ABORD L'IVRAIE ... EN VOUS ...


XVIe DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE A

En ce seizième dimanche du temps ordinaire nous restons dans une symbolique agraire, n'est-ce pas l'époque des moissons ? En fin pédagogue, Jésus utilise des images qui devraient rejoindre les préoccupations du moment, de tout un chacun, afin de faciliter la compréhension de Son enseignement !
D'autre part, chacune des trois Paraboles de cette liturgie fait référence au Royaume , il me semble que c'est la nouveauté de ce dimanche.
Entre les évangiles et les Actes, le Royaume est évoqué cent trente et une fois et Matthieu, à lui seul, le souligne cinquante sept fois dans les enseignements de Jésus.
Le premier à l'évoquer n'est-ce pas Jean le Baptiste qui est venu préparer les chemins du Seigneur ? Pour ce faire, il appelle à la conversion, car le Royaume est tout proche , sous entendu, en LA PERSONNE DE CELUI QUI VIENT : JESUS ! « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. » (Mt 3) Comme il convient de se préparer pour un événement, Jean le demande pour l'accueil de l'avènement de Celui qui vient, le Fils , le Messie que tous réclament et qu'ils auront du mal à reconnaître quand Il sera là ! Nous ne sommes pas plus subtils !
Jésus, dès Ses premières prédications, ne manque pas de donner les conditions d’accès à ce Royaume : être pauvres ...de cœur, avoir faim et soif de justice, être doux, , avoir le cœur pur moyen par excellence de reconnaître « Le Pur » ….« Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! (Mt 5)
Clairvoyant, lucide,perspicace,transparent Lui-même, Jésus ne s'en laisse pas raconter : Il ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !,(Mt 7) Les courbettes,les flatteries , ce n'est pas son domaine : « pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux » Mt 7
Jésus invite, et nous invite à aller vers l'essentiel : le Royaume et ses valeurs, à se détacher des soucis quotidiens , à vivre l'instant présent en restant dans la confiance Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. (Mt 6) Jésus, tout en comprenant nos fragilités, est l'ennemi des peurs , des inquiétudes. S'abandonner, c'est Lui dire « j'ai confiance en Toi ». Comment pourrait-Il dès lors nous laisser tomber, Son honneur, Sa crédibilité sont en jeu ! Et c'est vrai dans et pour le quotidien de nos vies. Si nous avons l'impression que Jésus se fait tirer l'oreille pour répondre à nos appels , ce n'est qu'une impression , le silence de Jésus est un expression de Son langage, c'est à chacun d'essayer de comprendre , dans le concret de sa vie, ce qu'attend Jésus, pour répondre à Ses appels !
Jésus ne ménage pas Sa peine, Il parcourt villes et villages en faisant le Bien, en rendant la liberté d'être à ceux qui sont entravés par les maladies spirituelles et ou physiques qui fragilisent leur équilibre:Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du
Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant les foules, il eut pitié d'elles parce qu'elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. (Mt 9) Et Il nous invite à participer. Il ne s'agit pas d'ouvrir « le bec pour tout recevoir » il convient de mettre la main à la pâte qui ne lèvera pas sans levain , sans des frères qui donneront d'eux-mêmes pour transmettre le flambeau, pour moissonner là où ils n'ont pas semé, car le Royaume, c'est aussi la gratuité absolue ! L'un sème et l'autre récolte , dans l'absolu, nous ne pouvons JAMAIS dire c'est à moi, l'apôtre ne dit-il pas, « Paul et Apollos et Pierre, le monde et la vie et la mort, le présent et l'avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. «  (1Cor 3)
Jésus ne cherche pas à tout faire par Lui-même et encore moins à nous garder pour Lui, Jésus envoie, Jésus nous envoie, Il nous demande d'être actifs. Être à l'écoute , c'est bien, se donner, c'est mieux, « c'est en donnant que l'on reçoit » écrivait Saint François d'Assise :Car c’est en se donnant qu’on reçoit,c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,c’est en pardonnant qu’on est pardonné,c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
« Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. (Mt 10) Jésus nous invite à retrousser les manches ! Il ne s'agit pas de morale, de « blablabla » mais d'actes concrets: ressusciter des morts, c'est donner envie de vivre et de se donner à ceux qui sont déprimés, à ceux qui s'enterrent, se replient sur eux-même ! Purifier les lépreux : c'est proposer la rencontre avec les sacrements... chasser les démons c'est, par notre présence, habités par Jésus, c'est les faire fuir … à chacun de compléter !
Jésus nous dit également, que ce ne sera pas facile ! Nous devons être déterminés , seuls ceux qui se battent contre le mal qui les étouffe s'emparent du Royaume. C'est cela le combat spirituel ! Lutter de tout son être contre les forces du Mal qui cherchent à nous anéantir, nous neutraliser, nous entraîner vers le bas …
Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu'à présent, le Royaume des cieux subit la violence, et des violents cherchent à s'en emparer. (Mt 11) Non pas ceux qui font violence à leurs frères, mais ceux qui se font violence pour dominer leurs passions !
Ce long préalable devrait nous plonger sans difficultés, dans la Parabole de l'Ivraie.  : Le royaume tout proche c'est l'avènement de la venue de Jésus chez les hommes,c'est le cœur ouvert, le cœur qui accomplit la volonté de Dieu, celui qui Le cherche ,celui qui reconnaît en Jésus son Sauveur et s'attache à Lui s'inscrit dans Son sillage pour annoncer et accomplir les signes du Royaume, celui-là, en effet, est en marche ,il est ce bon grain répandu par le SEMEUR- JESUS mais il fait très vite la douloureuse expérience de l'ivraie dans sa propre vie , dans son entourage, dans le monde ! Ne nous lassons pas d'écouter Jésus :

« Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ.Or, pendant que les gens dormaient,( quand notre attention se relâche, quand nous laissons au malin le droit de nous dominer, de rentrer dans l'intime de nos vies, d'aller et venir à son gré dans notre cœur ) son ennemi survint ( le Mal avec tout son cortège de passions...celui qui consent sans lutter est pris dans l'engrenage infernal)  ;il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla.  Quand la tige poussa et produisit l’épi,alors l’ivraie apparut aussi.( c'est dès l'enfance que l'enfant doit apprendre à maîtriser ses passions. Le rôle des « parents-tuteurs », des éducateurs, est primordial pour permettre à la « graine-enfant » de bien pousser, parfois un tuteur est indispensable pour lutter très tôt contre les déviances) 
Les serviteurs du maître vinrent lui dire :‘Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?’Il leur dit :‘C’est un ennemi qui a fait cela.’Les serviteurs lui disent :‘Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?’ Le Seigneur ne met que du bon, du très bon dit la genèse, dans sa créature, mais le serpent, cet insidieux provocateur, connaît les fragilités de la créature et il connaît toutes les ruses pour laisser croire qu'un bien est un mal et un mal un bien, et la créature, avide d'expériences croustillantes,se laisse séduire presque à son insu . Que faire alors ? Dans sa Sagesse le Seigneur juste et bon, patient et miséricordieux, préfère lui laisser le temps de découvrir, même si elle se brûle dangereusement parfois les doigts et plus, pour qu'elle comprenne expérimentalement et ne retombe pas dans le piège) Il répond : Non, en enlevant l’ivraie,vous risquez d’arracher le blé en même temps.Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ;( en effet vouloir aller trop vite peut conduire à la révolte, au rejet, à la violence... Laisser le temps au temps permet d'accéder à la maturité . La « créature-blé », en sort blessée, marquée à vie , elle a acquis un peu d'humilité , de sagesse, elle connaît un peu mieux ses limites , elle charge, dans ses bagages, une plus grande perspicacité qui la rend lucide sur elle-même et son entourage. La voilà armée pour distinguer le bien du mal , pour brûler tout ce Mal dans le Cœur Brûlant d'amour de Son Dieu et Maître, et participer , à sa juste place, à la moisson qui arrive à maturité ! et, au temps de la moisson,je dirai aux moissonneurs :Enlevez d’abord l’ivraie,liez-la en bottes pour la brûler ;quant au blé, ramasse-poussière le rentrer dans mon grenier.’ »

Même s'ils ont un peu compris, les disciples, comme chacun de nous, réclament des précisions. Ils savent, dans un clair-obscur, que leur mission sera de continuer l’œuvre du « Semeur-Jésus », ils ne veulent pas se lancer sans de solides bases : avons-nous ce souci ? Prenons-nous le temps de la réflexion ? Prenons-nous le temps de nous informer, de nous former, pour accomplir l'Oeuvre de Dieu et non la nôtre ? Rentrons-nous dans ce jeu délétère du « je préfère Paul » ! « Moi je préfère Apollos » ? Alors que nous rappelions dimanche dernier :

Paul, Apollos, ou Céphas, le monde, la vie ou la mort, le présent ou l'avenir, tout est à vous, mais vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu. (1Cor 3)

«  Quand l'un déclare: " Moi, j'appartiens à Paul ", l'autre: " Moi à Apollos ", n'agissez-vous pas de manière tout humaine (1Cor3)

Qu'est-ce donc qu'Apollos ? Qu'est-ce que Paul ? Des serviteurs par qui vous avez été amenés à la foi; chacun d'eux a agi selon les dons que le Seigneur lui a accordés. Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé, mais c'est Dieu qui faisait croître. Ainsi celui qui plante n'est rien, celui qui arrose, n'est rien: Dieu seul compte, lui qui fait croître. (1Cor 3)

C'est à cause de vous, frères, que j'ai présenté cela sous une autre forme, en l'appliquant à Apollos et à moi-même, afin qu'à notre exemple vous appreniez à ne pas vous enfler d'orgueil en prenant le parti de l'un contre l'autre.Qui te distingue en effet ? Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi t'enorgueillir comme si tu ne l'avais pas reçu ? (1Cor 4)


Ses disciples (donc) s’approchèrent et lui dirent :« Explique-nous clairement la parabole de
l’ivraie dans le champ. » ( il s'agit bien sûr, du champ, l'immense CHAMP du monde!)   Il leur répondit :« Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme;( Le Fils de l'homme comme Jésus se plaît à se nommer assez souvent, c'est Lui, Jésus : à la fois Semeur, Celui qui agit, et graine : Parole qui éclaire et fait vivre, Royaume de Dieu en tant que Dieu et répandant partout où Il passe les clefs d’accès à ce Royaume, , cette Vie en Lui, avec Lui, la Vie Éternelle où Il sera, Lui , Jésus, TOUT EN TOUS Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous. (1Co 15)
Alors, il n'y a plus de Grec et de Juif, d'Israélite et de païen, il n'y a pas de barbare, de sauvage, d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il est tout. Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses bien-aimés, revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d'humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous mutuellement, et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur : il vous a pardonné, faites de même. Par-dessus tout cela, qu'il y ait l'amour : c'est lui qui fait l'unité dans la perfection. (Co 3)
 le champ, c’est le monde ;le bon grain, ce sont les fils du Royaume ;l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais.    L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ;les moissonneurs, ce sont les anges.    De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu,ainsi en sera-t-il à la fin du monde. « Dieu Père, Jésus le Fils Bien-Aimé, l'Esprit d'Amour, sont infiniment patients , comme le dit si joliment Paul Baudiquey dans ses poèmes, « Ils nous espèrent toujours », jusqu'au dernier instant. A une maman qui se lamentait du suicide de Son Fils le Saint Curé d'Ars répondait « Madame nous ne savons pas ce qui s'est passé entre le pont et l'eau » N'oublions pas le Bon Larron, Panzani, converti in extremis !

Mais vous, ô notre Dieu, vous êtes bon, fidèle et patient, et vous gouvernez tout avec miséricorde. (Sag 15)

C'est pourquoi le Seigneur est patient à l'égard des hommes et il répand sur eux sa miséricorde. (Si18)

Mais parce que le Seigneur est patient, faisons pénitence de cette faute, et implorons son pardon en versant des larmes. (Judith 8)

Dieu nous laisse tout le temps qui convient pour nous ressaisir, pour nous reprendre et nous remettre en route. Quand Jésus tombe sur le douloureux chemin du Calvaire Il se relève, Il accepte, sans honte, l'aide d'un passant : Simon de Cyrène, Véronique, et Il trouve, au plus profond de Lui-même, la force de réconforter les femmes de Jérusalem tout en les éveillant à plus de lucidité, Sa propre Mère tellement éprouvée et Il se tourne vers autrui même suspendu au gibet de la Croix, pour continuer l'Oeuvre du Père  : « Fils, voici ta Mère ! Mère voici ton Fils » Jésus ne nous laisse jamais seuls dans l'épreuve même quand celle-ci est la conséquence de nos mauvais choix , de notre péché !
Mais Jésus est Le Juste par excellence, Jésus n'est pas un faible qui fermerait les yeux devant le, les récalcitrants, qui refusent sciemment Sa miséricorde :

Le Fils de l’homme enverra ses anges,et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ;    ils les jetteront dans la fournaise :là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.    Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Restons en éveil ! Le seul Juge, c'est DIEU ! Ne nous prenons pas pour qui nous ne sommes pas ! Ce qui nous apparaît comme de l'ivraie ne l'est peut-être pas! Dieu seul sait ! Le jugement final n'est pas de notre ressort, tel qui vit dans le péché peut nous devancer dans le Royaume, Jésus ne dit-Il pas cela quelque part ? " Lequel des deux a fait la volonté du père? — Le dernier, " disent-ils. Jésus leur dit: " Je vous le dis en vérité, les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n'avez pas cru en lui; mais les publicains et les prostituées ont cru en lui; et vous, qui avez vu, vous ne vous êtes pas repentis même par la suite pour croire en lui. (Mt 21)

Pensons à ceux que Jésus appelle « bénis » – non pas ceux qui paraissent bienheureux aux yeux du monde, les heureux élus – mais bien ceux que la culture considère comme des ratés ou des perdants. Le jugement final pourrait bien être une énorme surprise, tant pour les ‘gagnants’ que pour les ‘perdants’.
Dans ce contexte de bon grain et d'ivraie que viennent faire les deux petites ( en tant que volume non point en ce qui concerne leur densité) Paraboles de la graine de moutarde et du levain dans la pâte ? Comment Jésus, ose-t-Il comparer le Royaume à ces deux métaphores?La graine de moutarde nous dit Jésus Lui-même est la plus petite des graines , cette remarque semble bien loin de l'idée que nous nous faisons d'un Royaume et, encore plus du Royaume des cieux ! Cela fait partie du paradoxe évangélique ! Écoutons et essayons d'accueillir : 
:« Le royaume des Cieux est comparable une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ.C’est la plus petite de toutes les semences,mais, quand
elle a poussé,elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre,si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. »  
Une minuscule graine qui donne un arbre immense capable d'abriter une multitude d'oiseaux , voilà le Royaume ! Voilà l'ambition du Père quand Il envoie Son Fils unique, Sa Parole éternelle, sur terre ! Une Parole dans le flot des paroles, - Jésus – pour rassembler des multitudes n'est-ce pas impressionnant ? Or c'est l'ambition de notre Père qui ne veut perdre aucun de Ses enfants ! Certes il y a encore de quoi faire, nous pouvons retrousser nos manches, mais Jésus n'a jamais dit que cela se réaliserait en un jour ! Encore que «  pour Dieu « un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour » Dieu prend Son temps, Dieu est infiniment patient ! L'humanité a la nuque raide, Dieu a le cœur d'un Père « riche en tendresse et en miséricorde », en Jésus, par le don de Sa vie Il a gagné la partie, dans l 'absolu, le Mal est terrassé, la tête du serpent est écrasée, Jésus est revenu victorieux dans le sein du Père, car notre Dieu est le Dieu des victoires !
De même que la graine n’est pas seulement une annonce de la plante à venir, mais qu’elle contient déjà en elle cette plante qui n’a plus qu’à grandir, la Parole de Dieu n’est pas seulement une annonce du Royaume : elle en est déjà, discrètement, la réalisation. Partout où la Parole de Dieu est lue, méditée, annoncée, le Royaume des Cieux est présent.Quand quelques chrétiens prennent au sérieux l’Évangile et décident de vivre la Parole, alors cette communauté qu’ils forment, ce lieu où se vit l’amour de Dieu et du prochain, réalise déjà ce que sera le Royaume. La vie évangélique peut sembler encore modeste, discrète, presqu’invisible parfois ; elle renferme pourtant cette puissance que rien ne peut arrêter, ce pouvoir de transformation de nos cœurs et du monde.Et nous pouvons dire la même chose avec quelques nuances pour ce levain enfoui dans la pâte.

 Il leur dit une autre parabole :« Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine,jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
Le chrétien est, devrait être ce levain qui, là où Dieu le place fait grandir l'amour par sa seule présence.    
Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles,et il ne leur disait rien sans parabole,    accomplissant ainsi la parole du prophète :J’ouvrirai la bouche pour des paraboles,je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde.    Alors, laissant les foules, il vint à la maison.



Il n’y a pas d’autre dieu que toi,
qui prenne soin de toute chose :

tu montres ainsi que tes jugements ne sont pas injustes.
    Ta force est à l’origine de ta justice,
(pas la force des gros bras et de la violence
la force de l'Amour )
et ta domination sur toute chose
( la prise de hauteur pour bien voir)
te permet d’épargner toute chose.
    Tu montres ta force
si l’on ne croit pas à la plénitude de ta puissance,
et ceux qui la bravent sciemment, tu les réprimes.
    Mais toi qui disposes de la force,
tu juges avec indulgence,
tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement,
car tu n’as qu’à vouloir pour exercer ta puissance.
    Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple
que le juste doit être humain ;

à tes fils tu as donné une belle espérance :
après la faute tu accordes la conversion.
LAISSONS-NOUS CONVERTIR A L'AMOUR
Sag 12,13




L'Ermite