vendredi 27 janvier 2017

HEUREUX ! HEUREUX ! HEUREUX !

QUATRIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mt 5, 1-12 a)



« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche.  » disait Jésus le troisième dimanche du temps ordinaire !Se laisser convertir c'est se laisser retourner, c'est permettre à Jésus de changer notre regard, notre façon de vivre . Quant au Royaume Il est personnalisé par Jésus Lui-même qui vit ce qu'Il dit et qui est en phase absolue avec le bon vouloir du Père.
Aujourd'hui, Jésus nous livre la clef qui nous permettra d'approcher l'ambition qu'Il a pour chacun de nous. Cette clef n'est pas à l'eau de rose, elle réclame, non seulement, notre attention, mais toute notre intelligence, pour nous en servir adroitement et parvenir à ouvrir la porte du Royaume.
Il ne s'agit surtout pas de se méprendre sur cette succession de « Heureux » il convient d'introduire la clef – les Béatitudes – dans la serrure qui ouvrira la porte du Royaume , qui nous permettra de nous ajuster au plus près au bon vouloir du Père !


Habituellement, quand Jésus gravit la montagne, c'est pour chercher le silence et la solitude et s'entretenir avec son Père. Nous voyons, assez souvent, Jésus s'éloigner de la foule qui voudrait Le retenir, pour parler seul à seul avec son Père.

Ici « voyant les foules, Jésus gravit la montagne.Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. » Jésus semble gravir la montagne pour prendre de la hauteur, il verra la foule et la foule le verra. Jésus désire être entendu de tous, il prend soin de s'installer, c'est une façon d'inviter à faire de même. Bien que relatif, ce confort dispose à l'écoute, Jésus peut alors enseigner.

Cette introduction n'est pas sans importance, être à l'écoute suppose un certain confort. Si je suis constamment dérangé par la douleur d'une mauvaise position, par un rayon de soleil, un courant d'air, mon attention sera affaiblie, voire, annihilée.

Neuf fois de suite, Jésus va nous dire « heureux », heureux qui ? Heureux les pauvres de cœur, heureux ceux qui pleurent, heureux les doux, heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, heureux les miséricordieux – voilà une réalité devenue familière – heureux les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés, ceux que l'on insulte, ceux de qui on dit toutes sortes de mal ! Ne trouvons-nous pas cela curieux ? Jésus est-Il sérieux ?

Enseigner de cette façon,aujourd'hui, dans un monde où il est de bon ton de se faire une place au soleil, d'avoir de l'argent dans les poches, un patrimoine conséquent, de « s'éclater » dans des fêtes à répétition, d'écraser le petit ou l'homme de bonne réputation, dans la vie et dans les tribunaux, de faire appel jusqu'à obtenir gain de cause, de faire la guerre au voisin, de se défendre bec et ongles sortis, de donner coup pour coup en gestes et en paroles, de dénigrer son prochain pour réduire son influence et faire planer des doutes, Jésus ne se trompe-t-il pas de clef ? N'est-Il pas légèrement naïf et avec Lui tous ceux qui acceptent de Le suivre sérieusement, comme les premiers Apôtres et cela depuis plus de deux-mille ans ? Ne faudrait-il pas revoir cet enseignement, le mettre à la portée de chacun pour remplir nos églises, y revoir une masse de jeunes qui choisissent les cabarets, les boîtes de nuit parce qu'on y danse, on y fait la fête, l'alcool coule abondamment ? Ce discours n'est-il pas dépassé ?

Eh bien non ! Jésus ne se trompe pas, Jésus est parfaitement lucide, la clef du bonheur qu'Il propose est la bonne clef pour un vrai bonheur. Tous ceux énumérés jusque là, et bien d'autres encore, sont des bonheurs éphémères qui, la plupart du temps, laissent un goût d'amertume, une lassitude, un bonheur qui sonne faux , qui ne comble pas mais étourdit et anéantit la personne ! Le bonheur proposé par Jésus mérite notre attention, notre intérêt, il n'est pas inutile de nous asseoir avec Jésus sur la montagne , pour laisser résonner en nous la musique de ces béatitudes !

« Heureux les pauvres de cœur,car le royaume des Cieux est à eux.

Jésus ferait-il ici l'éloge de la pauvreté matérielle, de la pauvreté de l'esprit ? Si c'était le cas, ne serait-Il pas en contradiction avec ces autres Paroles et, surtout avec Ses actes ? Quand Jésus dit : « Heureux les pauvres de cœur », n'oublions surtout pas « de cœur » ! c'est-à-dire :

Heureux ceux qui sont attentifs à leurs frères, ceux qui regardent le frère d'un regard renouvelé, ceux qui s'émerveillent de ce qu'ils sont et de ce qu'ils font, de ce qu'ils deviennent, jour après jour ,ceux qui voient le positif de et dans leur vie !

Heureux ceux chez qui perdurent la simplicité, la fraîcheur de l'enfance, ceux qui reconnaissent ne pas tout savoir et qui osent le dire en rendant grâce à leur Inspirateur, l'Esprit de Vérité qui leur permet d' avancer vers la Vérité tout entière !
Ceux qui connaissent leurs limites,leur péché et acceptent de s'agenouiller pour en recevoir le pardon !

Quant à la pauvreté matérielle n'est-elle vraiment pas louable ? Jésus ne l'a-t-il pas épousée en se faisant l'un de nous ? Il ne s'agit pas ici, de la pauvreté-misère que nous devons combattre, mais de cette pauvreté qui rend le cœur libre, qui ouvre le cœur, rend disponible, permet de voir juste, élimine la peur lancinante du voleur...

Alors oui, heureux les pauvres car ils s'intéressent à l'essentiel et le Royaume s'ouvre à eux ! Ne suffit-il pas d'avoir ce qu'il faut ? A quoi bon faire des réserves ?

« Éloigne de moi la fausseté et la parole mensongère; ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m'est nécessaire:de peur que, rassasié, je ne te renie et ne dise: « Qui est le Seigneur?»; et que, devenu pauvre, je ne dérobe, et n'outrage le nom de mon Dieu. » (Proverbes 30)

Jésus n'a-t-Il pas donner l'exemple ?

« Bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; il s'est abaissé (Philippiens 2)

Et nous pourrions poursuivre... D'ailleurs, en survolant les autres béatitudes nous découvrirons aisément que cette première résume toutes les autres !

Heureux ceux qui pleurent,car ils seront consolés.Jésus ne dit pas de se réjouir du malheur des autres Il serait en totale contradiction avec Lui-même, Jésus sait que les larmes lavent le regard, le purifie et rend le cœur plus fraternel, plus compatissant, plus ouvert aux autres.

La superbe fait peur, les larmes attirent la compassion, la consolation, la fraternité. Les larmes sont ce langage universel qui rapproche les êtres et les cœurs !

« Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie; pleurez avec ceux qui pleurent. Ayez les mêmes sentiments entre vous; n'aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez point sages à vos propres yeux; ne rendez à personne le mal pour le mal; veillez à faire ce qui est bien devant tous les hommes. (Romains 12) conseille St Paul !

Les larmes font partie de notre condition humaine, souvenons-nous de la veuve de Naïm, des larmes de M.Madeleine sur les pieds de Jésus, des larmes de Marthe et Marie au décès de Lazare, de celles de Pierre après sa trahison. Jésus ne loue pas la cause des larmes, mais les larmes elles-mêmes, qui permettent de rentrer en soi, de partager la souffrance de manifester sa vulnérabilité et rendent plus humains !

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage . Pour être doux il faut être particulièrement fort ! Il convient de serrer le poing dans sa poche, de contenir les soubresauts de l'amour propre blessé pour ne pas devenir blessant à son tour, pour ne pas rendre coup pour coup . Le doux est patient avec lui-même et avec les autres, il ne cède à aucune violence, il est plein d'humilité, se connaissant, il est compréhensif, favorise le dialogue, il ne veut pas éteindre la mèche qui fume encore, il garde la porte ouverte au dialogue, il donne du temps au temps ...Jésus nous dit ailleurs « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons: je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes, car mon joug est doux et mon fardeau léger. (Matthieu 11)

« Ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix. » (Éphésiens 4)


« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,car ils seront rassasiés. » Et cela, davantage pour les autres que pour soi ! Jésus ne dit-il pas «  si votre justice ne dépasse celle des scribes et des Pharisiens vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux ! » Et ailleurs « Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi. Vous avez appris qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi, moi je vous dis aimez vos ennemis faites-leur du bien ... » Jésus va à l'encontre de l'ambiance du moment… il ne peut y avoir de justice sans un amour dévorant, brûlant...

« C'est la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi. Il s'agit de connaître le Christ, d'éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en moi sa mort, (Philippiens 3)

L’œuvre de la justice sera la paix, Et le fruit de la justice le repos et la sécurité Is 32, 17

Être juste, pratiquer la justice c'est vivre selon le cœur de Dieu, c'est être ajusté à Sa volonté, l'homme juste par excellence, ne fut-il pas St Joseph ? Cet homme humble, silencieux, fidèle qui aime vraiment jusqu'à prendre le risque d'accueillir Marie malgré des apparences douteuses, l'autre nom de la justice serait l'Amour, un amour vrai, fort, sincère, pur !

« Heureux les miséricordieux,car ils obtiendront miséricorde. »
« le jugement est sans miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde » écrit St Jacques. Dieu Père EST MISÉRICORDE que serions-nous sans ce Père plein de tendresse et de miséricorde qui se penche sur nous et nous offre son unique ? Et nous refuserions d'accueillir le frère qui nous a blessé, nous lui refuserions notre pardon alors que Jésus ne cesse de nous pardonner ? Les dons, les sacrifices sont fades et n'ont aucun sens si le cœur n'est pas en harmonie avec ces gestes apparemment généreux ! La plus
grande, la plus louable des générosités n'est-ce pas le pardon gratuit et inconditionnel ? Celui qui nous vaut le Salut !

« Je veux la miséricorde et non le sacrifice. Car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Matthieu 9)

« Mais vous, ô notre Dieu, vous êtes bon, fidèle et patient, et vous gouvernez tout avec miséricorde. » (Sagesse 15)

« Celui qui a pratiqué la miséricorde envers lui. " Et Jésus lui dit: " Va, toi aussi fais de même. » (Luc 10)

« Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre." (Jean 8)

Qui oserait ?


« Heureux les cœurs purs,car ils verront Dieu. » Le cœur pur est ce cœur sans malice, qui non seulement se garde de tout mal, mais porte un regard positif sur les êtres, les actes, les situations. Un cœur qui essaie de comprendre , refuse de s'arrêter à la paille dans l’œil du voisin.

« Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur; Celui qui ne livre pas son âme aux idoles » Ps 24, 4

« Tout est pur pour ceux qui sont purs; mais rien n'est pur pour ceux qui sont souillés. »Tite 1:15

« Ô Dieu! crée en moi un cœur pur, Renouvelle en moi un esprit bien disposé » Ps 50 Voilà un verset de psaume qui devrait sans cesse tournoyer dans notre esprit !
Pur ne signifie pas naïf, il est important d'exercer son discernement, mais sans juger :

« Ne va pas décider trop vite d'imposer les mains à quelqu'un, et te rendre complice des péchés d'autrui : garde-toi pur. » (1 Timothée 5)

« Quand on vient de prendre un bain, on n'a pas besoin de se laver : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, ... mais non pas tous. » Jésus est serein, Jésus est la pureté par excellence, mais Jésus est lucide, Il connaît le cœur de l'homme, c'est pour le sauver qu'Il est venu !
« Il savait bien qui allait le livrer ; et c'est pourquoi il disait : « Vous n'êtes pas tous purs. » Jn 13)

« Pharisien aveugle, purifie d'abord l'intérieur de la coupe afin que l'extérieur aussi devienne pur. » (Matthieu 23)

Jésus ne craint pas de dénoncer la fausse pureté, celle de l'apparence, Il invite à cette vérité profonde, sincère : je suis ce que je suis et rien de plus !

« Heureux les artisans de paix,car ils seront appelés fils de Dieu. »

La paix, ce don de Dieu par excellence, ce fruit de l'esprit « Le fruit de l'Esprit, au contraire, c'est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. Contre de pareils fruits, il n'y a pas de loi. » (Galates 5)

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne.. » Jean 14:27

La paix de Jésus, celle qu'Il nous donne, celle qu'Il annonce et nous demande d'annoncer, est le fruit d'un combat ! Un combat contre les puissances du mal qui nous malmènent en nous, mais aussi dans notre environnement.

« Qu'il évite le mal et pratique le bien, qu’il recherche la paix, qu'il la poursuive. » (1Pierre 3) Et saint Pierre sait de quoi il parle

« Cherche à vivre dans la justice, la foi, l'amour et la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur. » (2 Timothée 2) Timothée, que nous fêtions cette semaine, ne parle pas autrement et nous retrouvons les fruits de l'Esprit de la Lettre aux Galates !

« C'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne ; ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. » (Jean 14) Jésus insiste souvent et ne nous dupe pas , il ne s'agit pas d'une paix facile du genre ; « bof laisse tomber » mais d'une paix acquise par la maîtrise , voire une certaine violence que l'on se fait à soi-même pour ne pas rendre le mal pour le mal, la paix de Jésus est une victoire sur toutes les formes de morts !

« Je vous ai dit tout cela pour que vous trouviez en moi la paix. Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde. » (Jean 16)
Jésus est vainqueur du monde, des forces du mal qui « grouillent » dans le monde et par sa mort-résurrection Il nous rend également victorieux à condition, comme Saint Paul de mener le bon combat celui où domine l'amour !

« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,car le royaume des Cieux est à eux. »

Notons bien la raison de cette persécution qui peut et qui doit nous rendre heureux : pour la justice ! Heureux donc ceux qui luttent pour instaurer un monde meilleur même s'ils doivent connaître l'incarcération pour un temps ! Pensons à Nelson Mandela, et tout près de nous ce cultivateur hors la loi pour protéger des migrants, et tant d'autres d'ailleurs ! J'abrège pour arriver à la dernière béatitudes petite ou grande sœur de celle-ci et qui mérite notre attention parce qu'elle a de quoi nous surprendre :

« Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,car votre récompense est grande dans les cieux ! »


Là encore ne sautons pas à pieds joints sur l'essentiel de cette Parole de Jésus ; « à cause de moi » ! Si nous sommes critiqués en raison de notre inconduite il nous reste à rentrer en nous-mêmes pour accueillir la Lumière sur notre vie, mais Jésus précise « à cause moi », c'est-à-dire en tant que disciples et donc appelés à annoncer la Bonne Nouvelle du Salut.

Qui peut dire, qu'il ou elle, est à ce point ajusté à l’Évangile qu'il ne puisse attirer insultes, médisances calomnies ? Et si c'est le cas, je me permets une assertion qui pourra vous paraître énorme et en laquelle je crois profondément. Je suis absolument sincère en le pensant et en l'écrivant : ces situations, certes douloureuses, devraient être pour chacun de nous l'occasion de rendre grâce ! Oui de rendre grâce ! elles nous permettent de mieux nous connaître, de sonder notre attachement au Christ et à Son Évangile , elles sont un chemin de purification qui nous rapproche de Jésus, de Sa Passion, Lui, l'Innocent absolu ! Elles peuvent être le révélateur qui nous montre ce que Dieu attend de nous, si nous savons nous asseoir sur la montagne pour comprendre ce qui nous arrive en cet instant d'épreuve. Ce chemin difficile, décapant, est notre chemin de Damas, et, avec St Paul nous pouvons en toute humilité et sincérité dire du fond du cœur ; « TOUT EST GRACE » Il nous faut apprendre à percevoir la lumière de la nuit, dans la nuit !

« Nous peinons dur à travailler de nos mains. Les gens nous insultent, nous les bénissons. Ils nous persécutent, nous supportons. Ils nous calomnient, nous avons des paroles d'apaisement. Jusqu'à maintenant, nous sommes pour ainsi dire les balayures du monde, le rebut de l'humanité. » (1Corinthiens 4)

« Nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés ; terrassés, mais non pas anéantis. Partout et toujours, nous subissons dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. En effet, nous, les vivants, nous sommes continuellement livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre existence mortelle. » (2 Corinthiens 4)

« D'autres ont subi l'épreuve de la moquerie et des coups de fouet, des chaînes et de la prison. Ils ont été lapidés, sciés en deux, massacrés à coups d'épée. Ils ont mené une vie errante, vêtus de peaux de moutons ou de toisons de chèvres, manquant de tout, harcelés et maltraités - mais en fait, c'était le monde qui n'était pas digne d'eux ! - Ils vivaient çà et là dans les déserts et les montagnes, dans les grottes et les cavernes. » (Hébreux 11)

Que dire en conclusion ? Oui, les béatitudes sont la clef du Royaume, j'irai même plus loin, en affirmant que dès le début de Sa prédication, Jésus nous livre un condensé de ses trois années de vie apostolique, les faits, gestes, paroles de Jésus, n'apportent, en réalité, qu'un éclairage, ils sont les différentes notes de la partition « Béatitudes ». Comme nous sommes durs de cœur et d'oreille, il était indispensable que Jésus les mette en musique pour nous ouvrir à l'harmonie du Royaume et nous permettre de découvrir qu'un seul mot pourrait signifier le coeur, le Royaume : Amour ! La vie nous est offerte pour apprendre à aimer et seulement cela ! Alors, dépêchons-nous : Aimons !

La grande merveille de l’Évangile, c'est d'être, et de rester, toujours d'actualité, il n'y a pas un mot à changer, l’Évangile depuis plus de deux mille ans s'écrit au présent !

HEUREUX CEUX QUI L'ACCUEILLENT ET ESSAIENT D'EN VIVRE !

Cherchez le Seigneur,
vous tous, les humbles du pays,
qui accomplissez sa loi.
Cherchez la justice,
cherchez l’humilité :
peut-être serez-vous à l’abri
au jour de la colère du Seigneur.

    Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ;
il prendra pour abri le nom du Seigneur.
    Ce reste d’Israël ne commettra plus d’injustice ;
ils ne diront plus de mensonge ;
dans leur bouche, plus de langage trompeur.
Mais ils pourront paître et se reposer,
nul ne viendra les effrayer.
Sophonie

ce qu’il y a de fou dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour couvrir de confusion les sages ;
ce qu’il y a de faible dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour couvrir de confusion ce qui est fort ;
    ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde,
ce qui n’est pas,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour réduire à rien ce qui est ;
    ainsi aucun être de chair
ne pourra s’enorgueillir devant Dieu.
1 Cor


« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,car votre récompense est grande dans les cieux ! »


L'Ermite

vendredi 20 janvier 2017

SE CONVERTIR OU LAISSER DIEU ME CONVERTIR ?

TROISIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mt 4, 12-23)



Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste,il se retira en Galilée.Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm,ville située au bord de la mer de Galilée,dans les territoires de Zabulon et de Nephtali C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe :Pays de Zabulon et pays de Nephtali,route de la mer et pays au-delà du Jourdain,Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière.Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort,une lumière s’est levée.

Voici ce qu'écrit le Dr James FLEMING à propos de Nazareth :
« Nazareth était un village petit et insignifiant à l’époque de Jésus. Bien qu’on puisse attester sa création dans les années 600 à 900 avant notre ère, il était trop petit pour être inclus dans la liste des lieux d’habitation de la tribu de Zabulon (Josué 19: 10-16), qui mentionne douze villes et six villages. Nazareth n’est pas non plus citée parmi les 45 villes de la Galilée mentionnées par Josèphe, et son nom est absent des 63 villes de Galilée mentionnées dans le Talmud. Il semble que les mots de Nathanaël de Cana, « Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth? » (Jean 1,47), caractérise bien l’apparente insignifiance de ce site. Il est inutile de dire que le peuple de Judée n’avait jamais entendu parler de Nazareth. »

Capharnaum est un village de pêcheurs, de l'ancienne province de Galilée sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade. A une certaine époque ce village faisait de 6 à 10 hectares et sa population avoisinait les 1700 personnes.

Son nom vient de l'hébreu et signifie la compassion, la consolation ; littéralement il s'agit du village du consolateur! A l'époque du récit évangélique Capharnaüm comprenait un poste de douane et une petite garnison romaine commandée par un centurion, ce qui explique la présence de Lévi (Matthieu) qui devait y avoir un bureau d'où il prélevait la taxe maritime sur les pêches et la taxe frontalière sur les marchandises.C'est aussi dans cette bourgade que vivent Simon Pierre, son frère André, ainsi que Jacques et Jean, tous des pêcheurs !

Cette bourgade possédait un double avantage sur Nazareth pour l'activité messianique de Jésus.

C'était un carrefour de première importance par sa situation sur la route de Damas et ce carrefour se trouvait assez éloigné des centres importants et spécialement de Tibériade où Hérode Antipas avait établi sa capitale. Jésus pouvait ainsi répandre largement son message sans s'attirer trop vite des ennuis de la part des chefs politiques et religieux

Ensuite cette bourgade avait une population très variée même les relations entre les habitants et les romains se caractérisaient par une cordialité surprenante . Un centurion romain avait construit la synagogue pour la communauté juive et de leur côté les anciens du village le payaient en retour en plaidant sa faveur pour obtenir de Jésus la guérison de son serviteur (Lc 7, -10)

Les habitants étaient des travailleurs acharnés, économes et ouverts. C'est à ces gens que Jésus s'adresse, c'est de cette même communauté de Capharnaüm que Jésus choisit la plupart de ses disciples , soit parmi les pêcheurs, soit parmi les publicains.

Très vite la maison de Pierre est devenue la maison des amis de Jésus et Jésus Lui-même a choisi cette maison comme étant sa maison. De même que Capharnaüm est très vite devenue la ville de Jésus, de même la maison de Pierre a pu s'appeler à juste titre la Maison de Jésus.

Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort,une lumière s’est levée.La Lumière dont il est question ici, n'est autre que Jésus Lui-même venu s'installer dans cette petite ville où se croisent une multitude de personnes, Capharnaüm étant un lieu de passage, un carrefour des nations ! Tout en restant relativement discret, Jésus peut prendre le risque d'annoncer la Bonne Nouvelle. On comprend, dès lors, qu'À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer:« Convertissez-vous,car le royaume des Cieux est tout proche. »

Le Royaume ? C'est Lui, Jésus , en personne . Pierre ne lui dira-t-il pas un jour :  « A qui irions-nous, tu as les Paroles de la vie éternelle »Jn,6

Jésus ne craint pas de commencer sa prédication en invitant à la conversion. D'ailleurs, en parlant ainsi, ne met-il pas Ses pas dans ceux de Jean Baptiste qui proclamait : " Que celui qui a deux tuniques en donne une à qui n'en a point, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. (Luc 3)

Se convertir, c'est se tourner vers, se laisser retourner, c'est laisser entrer en soi, une autre manière de vivre et d'appréhender les relations, c'est laisser entrer en soi cette Lumière qui apporte un éclairage nouveau, une manière nouvelle de vivre et d'être. C'est s'abandonner à l'Esprit Saint qui devient le guide suprême de nos vies, c'est accepter d'être bousculé par les Paroles de Jésus, c'est un revirement total de notre manière de voir, d'entendre, de parler, de se comporter.

Se laisser convertir, car c'est de cela qu'il s'agit, on ne se convertit pas soi-même, mais on se laisse remettre en question par une Parole, celle de Jésus Lumière qui éclaire nos ténèbres, Lumière qui dérange, qui propulse pour peu que nous Le laissions agir en nous !

Le « convertissez-vous » de Jésus est cet appel à accepter les valeurs évangéliques qu'Il est, Lui-même, dans Sa Personne de Fils unique et Bien-aimé du Père !

C'est accepter et décider de Le regarder et de Lui permettre de changer notre regard : Bienheureux les pauvres, bienheureux les doux, bienheureux les affamés , bienheureux quand on dira du mal contre vous, réjouissez-vous ! » Ce n'est pas une façon ordinaire de voir les choses, notre esprit terre à terre aurait plutôt tendance à dire, à faire et à penser ; « heureux ceux dont les poches débordent d'argent, ceux qui savent se défendre, on ne va pas se laisser marcher sur les pieds , ceux qui se nourrissent de caviar ...ceux qui brillent , ce sont des veinards ! »
Ô nous ne le disons pas aussi grossièrement, c'est plus subtil, plus habile, plus sophistiqué, mais le fond, n'est-il pas celui-là ? RE-TOUR-NONS-NOUS, ou plutôt, laissons-nous retourner par Jésus et nous verrons et nous comprendrons, et nous expérimenterons que les valeurs évangéliques sont bien différentes et autrement attractives ! Béni soit le Seigneur qui ne cesse de nous inviter à marcher avec Lui !

Jean est en prison, il avait des disciples pour l'aider dans sa mission de Précurseur,Jésus dira un jour « la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux, » s'Il le dit, c'est qu'Il le sait ! Pas plus que Jean, Il ne peut, Il ne veut, rester seul, de plus, Il sait qu'Il prend des risques qu'Il devra payer à un moment ! S'Il reste seul, qui continuera l’œuvre entreprise ? Dieu veut avoir besoin des hommes, Il leur fait cet immense honneur, l'homme devient coopérateur de Dieu et c'est Dieu qui se glisse en lui pour continuer Son œuvre ! Faut-il encore qu'Il puisse habiter notre humanité, que nous Lui fassions un peu de place  :

« Comme il marchait le long de la mer de Galilée,il vit deux frères,
Simon, appelé Pierre,et son frère André,qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.Jésus leur dit :« Venez à ma suite,et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent »

N'est-ce pas impressionnant de voir ces hommes en plein travail, laisser là leurs filets et suivre Jésus sur le champ ?

« Quand St François, après sa conversion, comprenait quelque chose de nouveau, il le mettait immédiatement en œuvre »

Ne sommes-nous pas trop frileux quand Jésus nous invite à avancer ? Ne cherchons-nous pas, comme le jeune homme riche, ou comme les deux appelés chez saint Luc, à faire diversion en évoquant nos multiples engagements en cours ?

Si Jésus appelle, c'est une grâce insondable pour l'appelé, il est choisi pour servir certes, mais il reste le premier bénéficiaire du don de Dieu ! Ce don incomparable qui se décline en liberté intérieure, union aux Trois Personnes divines, communion avec les frères, harmonie de vie et j'en passe ! Et il ne s'agit pas uniquement de l'appel au ministère ou à la vie consacrée, c'est un bouleversement profond pour toute personne qui accepte de permettre au Seigneur de renouveler son regard, de le changer radicalement parfois. L'appel de Jésus, quel qu'il soit, est porteur de paix intérieure, de lumière et cette lumière se laisse voir sur les visages de ceux qui ne trichent pas !

Un pas de plus est franchi quand Jésus appelle Jacques et Jean :

De là, il avança et il vit deux autres frères,Jacques, fils de Zébédée,et son frère Jean,qui étaient dans la barque avec leur père,en train de réparer leurs filets.Il les appela.

Aussitôt, laissant la barque et leur père,ils le suivirent. »

Ils ne quittent pas seulement leurs filets, mais aussi leur père, celui qui leur a donné la vie ! N'est-ce pas un déchirement ? A moins d'être dénaturé on ne laisse pas sa famille sans un brisement du cœur ! Avec leur père, ils partageaient le travail et se préparaient, comme souvent, à prendre la succession, et voilà que Jésus déjoue leur projet ! Ne faut-il pas que Jésus exerce une extraordinaire attraction pour que ces deux jeunes hommes laissent tout et se mettent en route sur ses pas ? N'oublions pas que l'objectif est annoncé ;« Venez à ma suite,et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »

Ils vont passé de la pêche animale à la pêche humaine ! De la nourriture à la gratuité totale ! Ils sont appelés à montrer un chemin de désintéressement, de fraternité ! A Entrer dans un chemin de conversion ils sont appelés, à montrer la route à d'autres, appelés à leur faire connaître la Bonne Nouvelle de l'amour du Père ! Oh, ils ne voient pas cela immédiatement, le voile se lèvera peu à peu en emboîtant le pas à la suite de Jésus, il faudra même la mort et la résurrection de Jésus pour qu'ils prennent vraiment leurs responsabilités, mais ils acceptent de marcher avec Lui et c'est en marchant qu'ils découvrent la grandeur de cet appel.

N'en-est-il pas de même pour nous ? Quand nous entrons dans le dessein du Père, nous ne voyons pas le terme, c'est au jour le jour que nous découvrons et c'est ainsi que grandit l'enthousiasme pour la mission. Plus on avance plus on est heureux de servir un tel Maître ! Mieux on comprend aussi le sens de ce filet qui remonte plein de poissons de toutes les espèces, des petits, des grands, des rouges, des gris, des bariolés, des gentils, des plus difficiles, des
dangereux...Dans les filets du croyant appelé à suivre Jésus, on doit trouver le même contenu ...Jésus choisit tous les hommes, Jésus appelle tous les
hommes, du pire qui se laisse regarder jusqu'au fond de l'être Jésus peut faire un saint ! Sommes-nous prêts à entrer dans ce projet de Jésus ? Ou développons-nous un regard méfiant quand il n'est pas malveillant, voire désespéré : « celui-là, mais vous n'y pensez-pas ! » Or « celui-là » Jésus nous le confie ! Jésus nous invite à accueillir toute personne, telle qu'elle est, là ou elle en est aujourd'hui, comme Il nous a appelé initialement, chacun, pour nous dynamiser !


Jésus parcourait toute la Galilée ;
La Galilée était mal famée et c'est là que Jésus commence sa prédication « que peut-Il sortir de bon de Nazareth ? «  Ne l'oublions pas Jésus n'a pas choisi le Palais d'Hérode mais ce carrefour des Nations où grouillent bien et mal et c'est là qu'Il jette le filet !

C'est donc à la périphérie de nos villes, là où des jeunes (filles et garçons) se prostituent, là où des migrants dressent des tentes plus que sommaires, que Jésus nous attend aujourd'hui ! Pas tous bien sûr, car il y a bien des façons de parcourir « nos Galilées » ne serait-ce qu'en ouvrant la porte à la personne révoltée, en donnant du temps à la personne isolée, en écoutant celle qui rabâche jusqu'au jour où elle pourra extraire du fond de son fond, le poids qu'elle déposera dans le cœur de Son Seigneur, en visitant les malades à l'hôpital ou chez eux . Jésus nous appelle à être des passeurs pas de ces passeurs qui dépouillent leurs frères, mais de vrais passeurs d'amour, qui transmettent le Flambeau de La Parole qui retourne une vie, n'importe quelle vie, même celle du terroriste qui nous semble perdu !

« il enseignait dans leurs synagogues,proclamait l’Évangile du Royaume,guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. »

Voilà l’œuvre de Jésus : enseigner, annoncer, guérir ! Chacun, selon les dons reçus et nous sommes invités à les développer, pour servir au mieux nos frères, tous nos frères, n'importe quel frère :

- transmettre ce que nous avons reçu et orienter pour compléter ce que nous proposons. Orienter vers la personne qui pourra parfaire .

- Nous nourrir de la Parole au quotidien et donner envie de faire de même
participer à la guérison des cœurs blessés, troublés en ouvrant les portes qui libèrent ! Tel prêtre qui pourra offrir le pardon de Jésus !

Tout cela est à notre portée si notre cœur est ouvert et tourné vers le mieux être de nos frères .

Mais je ne suis pas capable pensons-nous, je n'ai pas la formation adéquate etc

Croyons nous que les apôtres quand ils ont emboîté leurs pas dans ceux de Jésus avaient des connaissances pointues ? C'était, précise l’Évangile, « des pécheurs en mer » et Jésus en fait des pécheurs d'hommes! N'est-ce pas oublié ou prendre à la légère ce que nous dit Jésus ; » je ne vous laisserai pas seuls, vous recevrez l'Esprit Saint qui vous conduira à la vérité tout entière »

Certes Il fera sourdre en nous un besoin de formation, mais Il nous éclairera si nous L'écoutons pour dire le mot qui convient, ouvrir la bonne porte utile, ouvrir aussi l'oreille du cœur qui en écoutant vraiment permettra au frère de trouver en lui la marche à suivre pour vivre vraiment dans et de l'amour ! De plus nous sommes membres de l’Église, nous ne sommes pas seuls, livrés à nous-mêmes, nous rejoignons une communauté vivante et agissante, alors c'est vers cette communauté que nous entraînerons nos frères et ils trouveront ainsi leur chemin de vie . Alors

 « le joug qui pesait sur lui,(sur eux)
la barre qui meurtrissait son épaule,(leurs épaules)
le bâton du tyran,
tu (Jésus les brisera ) les as brisés comme au jour de Madiane.


Et tous ensemble nous chanterons :

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?


J’ai demandé une chose au Seigneur,
la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur
tous les jours de ma vie,


Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »


L'ermite



vendredi 13 janvier 2017

AVANT MOI IL ETAIT

DEUXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

 (Jn 1, 29-34)



Avec ce dimanche nous entrons dans le cycle du temps ordinaire. Il sera interrompu par le temps du carême, la semaine Sainte, la fête de Pâques sommet de notre foi chrétienne, la fête de l'Ascension, celle de Pentecôte et nous reprendrons ce cycle jusqu'à l'Avent 2017 !

Nous le commençons avec Jean Le Baptiste, le cousin de Jésus qui présente Jésus à ses disciples et aux personnes qui lui demandent le baptême au Jourdain !

Voyant Jésus venir vers lui,Jean le Baptiste déclara :« Voici l’Agneau de Dieu,qui enlève le péché du monde ;c’est de lui que j’ai dit :L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi,car avant moi il était.

Jésus prend l'initiative de venir rencontrer Jean Le Baptiste. Il en est toujours ainsi dans nos vies, c'est Dieu qui prend l'initiative, il suffit de discerner, d’acquiescer et de se mettre en route, à Sa suite !

On le comprend aisément quand on connaît la raison profonde de la démarche de Jésus !

Inspiré de l'intérieur, Jean Le Baptiste décline, sans hésiter l'identité réelle de Jésus. Tous ceux qui l'entendent ne peuvent pas comprendre mais ils ne peuvent pas restés insensibles non plus , l’Évangile révélera bientôt, que certains ont quitté Jean, pour suivre Jésus par la suite.

En désignant Jésus comme l'Agneau de Dieu, Jean Le Baptiste, comprend-t-il lui-même la densité de cette expression  qui annonce la Passion du Christ : « Moi, j'étais comme un agneau docile, mené à la boucherie; j'ignorais que leurs sinistres propos me concernaient: " (Jérémie 11)

Et Jean ne s'arrête pas là, il poursuit : «  qui enlève le péché du monde. Jean présente Jésus , même s'il n'emploie pas l'expression, comme le Messie tant attendu, celui qui va délivrer Israël de toutes ses angoisses. Il est loin, très loin, comme ceux qui l'entendent d'ailleurs, d'imaginer quel genre de Sauveur sera Jésus, mais il a cette conviction intime que les choses changeront.

Toutes proportions gardées, ne nous arrive -t-il pas d'éprouver ce genre d'expérience spirituelle ? Dans certaines circonstances de notre marche avec Jésus nous ressentons confusément sa présence agissante , tout en nous posant une multitude de questions et c'est au bout de l'étape que nous comprenons qu'Il était vraiment là et nous guidait !

Jean Le Baptiste ne se contente pas de lever le voile sur l'avenir il révèle bien plus grand encore : « L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi,car avant moi il était. » Là encore le précurseur ne peut expliciter ce qu'il révèle, mais il sait pertinemment que l'homme Jésus est bien plus que ce qui apparaît. Il ne parle pas ici de l'humanité de Jésus puisque en tant qu'homme Jean le devance de quelques mois, mais il comprend que Jésus est présent aux origines !D'ailleurs n'en a-t-il pas fait l'expérience, surprenante pour un profane, dès le sein d’Élisabeth,  quand au moment de la rencontre des deux futures mamans, Jean a tressailli dans le sein de sa mère ?

En écoutant la proclamation de ces paroles dans nos églises nous risquons de les laisser passer sans les entendre résonner au fond de notre être ! Or elles révèlent l'origine et la mission de Jésus ! Ce n'est pas pour rien que Jean-le Baptiste est reconnu comme le plus grand et le dernier des Prophètes . Certes, tous les prophètes ont annoncé d'une façon ou d'une autre le Messie, mais Jean-Baptiste est celui qui le révèle comme Dieu : ( Il était avant), comme Sauveur : ( L'agneau qui enlève le péché), en Le désignant quand il Le voit approcher du Jourdain où lui, baptise ! Oui Jean le Baptiste est le plus grand des Prophètes, il reçoit d'En Haut, la grâce de révéler notre Dieu et Sauveur !

Et moi, je ne le connaissais pas ;mais, si je suis venu baptiser dans
l’eau,c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. »

Dans ce verset étonnant Jean-Baptiste désigne, une autre expérience spirituelle que nous pouvons vivre si nous avançons en union profonde avec Jésus ! Celle d'actes que nous posons sous l'inspiration de l'Esprit Saint : au moment, nous ne comprenons pas vraiment et c'est après coup que nous exprimons un acte de foi en disant «  Dieu était présent, Dieu agissait par moi, et je ne savais pas : «  Ce n'est pas moi qui vis, écrit St Paul, c'est le Christ qui vit en moi »

Jean Le Baptiste nous dit ici « si je suis venu baptiser dans l’eau,c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » il signifie par-là que les baptêmes qu'il opère n'ont de sens que parce qu'ils vont permettre la manifestation publique de Jésus, où Jésus sanctifie les eaux du Jourdain et où le Père Le révèle comme Son Fils Bien-Aimé.

Jean a été conduit au Jourdain pour célébrer ces baptêmes, il exécute une motion intérieure, il ne connaît pas, il ne peut imaginer, que Celui qui vient et le précède, puisqu'il était avant lui , Celui qu'Il comprend être plus grand que Lui parce qu'Il est le Fils unique, va lui demander le baptême. C'est renversant et le Précurseur ne manque pas de le souligner. « Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. » (Matthieu 3)

Dieu nous précède toujours, « il nous conduit par de justes chemins » dit un psaume, nous ne comprenons pas nécessairement telle mission, telle démarche et arrive un événement qui éclaire tout ce qui précède ! C'est ce qui se passe ici :

Alors Jean rendit ce témoignage :« J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui.Et moi, je ne le connaissais pas,mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit :Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer,celui-là baptise dans l’Esprit Saint.’Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

Si Jean est venu baptiser dans l'eau à la demande du Père c'est pour lui permettre de participer à la révélation du Père (qui intervient) du Fils (sur qui descend l'Esprit) et de l'Esprit (symbolisé par la colombe). Effectivement Jean est le plus grand des prophètes comme le dira Jésus, il a eu cette grâce insigne de révéler le Fils dans une relation trinitaire.

« En vérité, je vous le dis, parmi les fils de la femme, il ne s'en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste; mais le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. » (Matthieu 11)

« Enfin, qu'êtes-vous allés voir? Un prophète? Oui, vous dis-je, et plus qu'un prophète. C'est celui dont il est écrit: Voici que j'envoie mon messager en avant de vous, pour vous préparer la voie devant vous. » (Luc 7)

Si Jean Le Baptiste désigne Jésus, c'est à nous qu' incombe cette mission aujourd'hui. Nous sommes, nous devons être ces précurseurs qui ouvrent des chemins pour nos frères !

Mais nous devons aller plus loin aussi, en Le manifestant par nos choix de vies évangéliques. Un chrétien doit se démarquer non pour attirer les regards de l'ensemble, non pour être admirer, mais pour manifester l'amour de Dieu dans toutes ses actions, dans son regard, dans et par ses engagements . 

« L'exemple de Jean Le Baptiste nous invite à assumer toutes les conséquences de notre rencontre avec Jésus même celle de se faire discret pour Lui laisser toute la place » écrit Karem Bustica dans prions en Église.


Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens. »

Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles.


À vous, la grâce et la paix,
de la part de Dieu notre Père
et du Seigneur Jésus Christ.
St Paul aux Cor.

L'Ermite