vendredi 20 janvier 2017

SE CONVERTIR OU LAISSER DIEU ME CONVERTIR ?

TROISIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mt 4, 12-23)



Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste,il se retira en Galilée.Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm,ville située au bord de la mer de Galilée,dans les territoires de Zabulon et de Nephtali C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe :Pays de Zabulon et pays de Nephtali,route de la mer et pays au-delà du Jourdain,Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière.Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort,une lumière s’est levée.

Voici ce qu'écrit le Dr James FLEMING à propos de Nazareth :
« Nazareth était un village petit et insignifiant à l’époque de Jésus. Bien qu’on puisse attester sa création dans les années 600 à 900 avant notre ère, il était trop petit pour être inclus dans la liste des lieux d’habitation de la tribu de Zabulon (Josué 19: 10-16), qui mentionne douze villes et six villages. Nazareth n’est pas non plus citée parmi les 45 villes de la Galilée mentionnées par Josèphe, et son nom est absent des 63 villes de Galilée mentionnées dans le Talmud. Il semble que les mots de Nathanaël de Cana, « Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth? » (Jean 1,47), caractérise bien l’apparente insignifiance de ce site. Il est inutile de dire que le peuple de Judée n’avait jamais entendu parler de Nazareth. »

Capharnaum est un village de pêcheurs, de l'ancienne province de Galilée sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade. A une certaine époque ce village faisait de 6 à 10 hectares et sa population avoisinait les 1700 personnes.

Son nom vient de l'hébreu et signifie la compassion, la consolation ; littéralement il s'agit du village du consolateur! A l'époque du récit évangélique Capharnaüm comprenait un poste de douane et une petite garnison romaine commandée par un centurion, ce qui explique la présence de Lévi (Matthieu) qui devait y avoir un bureau d'où il prélevait la taxe maritime sur les pêches et la taxe frontalière sur les marchandises.C'est aussi dans cette bourgade que vivent Simon Pierre, son frère André, ainsi que Jacques et Jean, tous des pêcheurs !

Cette bourgade possédait un double avantage sur Nazareth pour l'activité messianique de Jésus.

C'était un carrefour de première importance par sa situation sur la route de Damas et ce carrefour se trouvait assez éloigné des centres importants et spécialement de Tibériade où Hérode Antipas avait établi sa capitale. Jésus pouvait ainsi répandre largement son message sans s'attirer trop vite des ennuis de la part des chefs politiques et religieux

Ensuite cette bourgade avait une population très variée même les relations entre les habitants et les romains se caractérisaient par une cordialité surprenante . Un centurion romain avait construit la synagogue pour la communauté juive et de leur côté les anciens du village le payaient en retour en plaidant sa faveur pour obtenir de Jésus la guérison de son serviteur (Lc 7, -10)

Les habitants étaient des travailleurs acharnés, économes et ouverts. C'est à ces gens que Jésus s'adresse, c'est de cette même communauté de Capharnaüm que Jésus choisit la plupart de ses disciples , soit parmi les pêcheurs, soit parmi les publicains.

Très vite la maison de Pierre est devenue la maison des amis de Jésus et Jésus Lui-même a choisi cette maison comme étant sa maison. De même que Capharnaüm est très vite devenue la ville de Jésus, de même la maison de Pierre a pu s'appeler à juste titre la Maison de Jésus.

Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort,une lumière s’est levée.La Lumière dont il est question ici, n'est autre que Jésus Lui-même venu s'installer dans cette petite ville où se croisent une multitude de personnes, Capharnaüm étant un lieu de passage, un carrefour des nations ! Tout en restant relativement discret, Jésus peut prendre le risque d'annoncer la Bonne Nouvelle. On comprend, dès lors, qu'À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer:« Convertissez-vous,car le royaume des Cieux est tout proche. »

Le Royaume ? C'est Lui, Jésus , en personne . Pierre ne lui dira-t-il pas un jour :  « A qui irions-nous, tu as les Paroles de la vie éternelle »Jn,6

Jésus ne craint pas de commencer sa prédication en invitant à la conversion. D'ailleurs, en parlant ainsi, ne met-il pas Ses pas dans ceux de Jean Baptiste qui proclamait : " Que celui qui a deux tuniques en donne une à qui n'en a point, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. (Luc 3)

Se convertir, c'est se tourner vers, se laisser retourner, c'est laisser entrer en soi, une autre manière de vivre et d'appréhender les relations, c'est laisser entrer en soi cette Lumière qui apporte un éclairage nouveau, une manière nouvelle de vivre et d'être. C'est s'abandonner à l'Esprit Saint qui devient le guide suprême de nos vies, c'est accepter d'être bousculé par les Paroles de Jésus, c'est un revirement total de notre manière de voir, d'entendre, de parler, de se comporter.

Se laisser convertir, car c'est de cela qu'il s'agit, on ne se convertit pas soi-même, mais on se laisse remettre en question par une Parole, celle de Jésus Lumière qui éclaire nos ténèbres, Lumière qui dérange, qui propulse pour peu que nous Le laissions agir en nous !

Le « convertissez-vous » de Jésus est cet appel à accepter les valeurs évangéliques qu'Il est, Lui-même, dans Sa Personne de Fils unique et Bien-aimé du Père !

C'est accepter et décider de Le regarder et de Lui permettre de changer notre regard : Bienheureux les pauvres, bienheureux les doux, bienheureux les affamés , bienheureux quand on dira du mal contre vous, réjouissez-vous ! » Ce n'est pas une façon ordinaire de voir les choses, notre esprit terre à terre aurait plutôt tendance à dire, à faire et à penser ; « heureux ceux dont les poches débordent d'argent, ceux qui savent se défendre, on ne va pas se laisser marcher sur les pieds , ceux qui se nourrissent de caviar ...ceux qui brillent , ce sont des veinards ! »
Ô nous ne le disons pas aussi grossièrement, c'est plus subtil, plus habile, plus sophistiqué, mais le fond, n'est-il pas celui-là ? RE-TOUR-NONS-NOUS, ou plutôt, laissons-nous retourner par Jésus et nous verrons et nous comprendrons, et nous expérimenterons que les valeurs évangéliques sont bien différentes et autrement attractives ! Béni soit le Seigneur qui ne cesse de nous inviter à marcher avec Lui !

Jean est en prison, il avait des disciples pour l'aider dans sa mission de Précurseur,Jésus dira un jour « la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux, » s'Il le dit, c'est qu'Il le sait ! Pas plus que Jean, Il ne peut, Il ne veut, rester seul, de plus, Il sait qu'Il prend des risques qu'Il devra payer à un moment ! S'Il reste seul, qui continuera l’œuvre entreprise ? Dieu veut avoir besoin des hommes, Il leur fait cet immense honneur, l'homme devient coopérateur de Dieu et c'est Dieu qui se glisse en lui pour continuer Son œuvre ! Faut-il encore qu'Il puisse habiter notre humanité, que nous Lui fassions un peu de place  :

« Comme il marchait le long de la mer de Galilée,il vit deux frères,
Simon, appelé Pierre,et son frère André,qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.Jésus leur dit :« Venez à ma suite,et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent »

N'est-ce pas impressionnant de voir ces hommes en plein travail, laisser là leurs filets et suivre Jésus sur le champ ?

« Quand St François, après sa conversion, comprenait quelque chose de nouveau, il le mettait immédiatement en œuvre »

Ne sommes-nous pas trop frileux quand Jésus nous invite à avancer ? Ne cherchons-nous pas, comme le jeune homme riche, ou comme les deux appelés chez saint Luc, à faire diversion en évoquant nos multiples engagements en cours ?

Si Jésus appelle, c'est une grâce insondable pour l'appelé, il est choisi pour servir certes, mais il reste le premier bénéficiaire du don de Dieu ! Ce don incomparable qui se décline en liberté intérieure, union aux Trois Personnes divines, communion avec les frères, harmonie de vie et j'en passe ! Et il ne s'agit pas uniquement de l'appel au ministère ou à la vie consacrée, c'est un bouleversement profond pour toute personne qui accepte de permettre au Seigneur de renouveler son regard, de le changer radicalement parfois. L'appel de Jésus, quel qu'il soit, est porteur de paix intérieure, de lumière et cette lumière se laisse voir sur les visages de ceux qui ne trichent pas !

Un pas de plus est franchi quand Jésus appelle Jacques et Jean :

De là, il avança et il vit deux autres frères,Jacques, fils de Zébédée,et son frère Jean,qui étaient dans la barque avec leur père,en train de réparer leurs filets.Il les appela.

Aussitôt, laissant la barque et leur père,ils le suivirent. »

Ils ne quittent pas seulement leurs filets, mais aussi leur père, celui qui leur a donné la vie ! N'est-ce pas un déchirement ? A moins d'être dénaturé on ne laisse pas sa famille sans un brisement du cœur ! Avec leur père, ils partageaient le travail et se préparaient, comme souvent, à prendre la succession, et voilà que Jésus déjoue leur projet ! Ne faut-il pas que Jésus exerce une extraordinaire attraction pour que ces deux jeunes hommes laissent tout et se mettent en route sur ses pas ? N'oublions pas que l'objectif est annoncé ;« Venez à ma suite,et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »

Ils vont passé de la pêche animale à la pêche humaine ! De la nourriture à la gratuité totale ! Ils sont appelés à montrer un chemin de désintéressement, de fraternité ! A Entrer dans un chemin de conversion ils sont appelés, à montrer la route à d'autres, appelés à leur faire connaître la Bonne Nouvelle de l'amour du Père ! Oh, ils ne voient pas cela immédiatement, le voile se lèvera peu à peu en emboîtant le pas à la suite de Jésus, il faudra même la mort et la résurrection de Jésus pour qu'ils prennent vraiment leurs responsabilités, mais ils acceptent de marcher avec Lui et c'est en marchant qu'ils découvrent la grandeur de cet appel.

N'en-est-il pas de même pour nous ? Quand nous entrons dans le dessein du Père, nous ne voyons pas le terme, c'est au jour le jour que nous découvrons et c'est ainsi que grandit l'enthousiasme pour la mission. Plus on avance plus on est heureux de servir un tel Maître ! Mieux on comprend aussi le sens de ce filet qui remonte plein de poissons de toutes les espèces, des petits, des grands, des rouges, des gris, des bariolés, des gentils, des plus difficiles, des
dangereux...Dans les filets du croyant appelé à suivre Jésus, on doit trouver le même contenu ...Jésus choisit tous les hommes, Jésus appelle tous les
hommes, du pire qui se laisse regarder jusqu'au fond de l'être Jésus peut faire un saint ! Sommes-nous prêts à entrer dans ce projet de Jésus ? Ou développons-nous un regard méfiant quand il n'est pas malveillant, voire désespéré : « celui-là, mais vous n'y pensez-pas ! » Or « celui-là » Jésus nous le confie ! Jésus nous invite à accueillir toute personne, telle qu'elle est, là ou elle en est aujourd'hui, comme Il nous a appelé initialement, chacun, pour nous dynamiser !


Jésus parcourait toute la Galilée ;
La Galilée était mal famée et c'est là que Jésus commence sa prédication « que peut-Il sortir de bon de Nazareth ? «  Ne l'oublions pas Jésus n'a pas choisi le Palais d'Hérode mais ce carrefour des Nations où grouillent bien et mal et c'est là qu'Il jette le filet !

C'est donc à la périphérie de nos villes, là où des jeunes (filles et garçons) se prostituent, là où des migrants dressent des tentes plus que sommaires, que Jésus nous attend aujourd'hui ! Pas tous bien sûr, car il y a bien des façons de parcourir « nos Galilées » ne serait-ce qu'en ouvrant la porte à la personne révoltée, en donnant du temps à la personne isolée, en écoutant celle qui rabâche jusqu'au jour où elle pourra extraire du fond de son fond, le poids qu'elle déposera dans le cœur de Son Seigneur, en visitant les malades à l'hôpital ou chez eux . Jésus nous appelle à être des passeurs pas de ces passeurs qui dépouillent leurs frères, mais de vrais passeurs d'amour, qui transmettent le Flambeau de La Parole qui retourne une vie, n'importe quelle vie, même celle du terroriste qui nous semble perdu !

« il enseignait dans leurs synagogues,proclamait l’Évangile du Royaume,guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. »

Voilà l’œuvre de Jésus : enseigner, annoncer, guérir ! Chacun, selon les dons reçus et nous sommes invités à les développer, pour servir au mieux nos frères, tous nos frères, n'importe quel frère :

- transmettre ce que nous avons reçu et orienter pour compléter ce que nous proposons. Orienter vers la personne qui pourra parfaire .

- Nous nourrir de la Parole au quotidien et donner envie de faire de même
participer à la guérison des cœurs blessés, troublés en ouvrant les portes qui libèrent ! Tel prêtre qui pourra offrir le pardon de Jésus !

Tout cela est à notre portée si notre cœur est ouvert et tourné vers le mieux être de nos frères .

Mais je ne suis pas capable pensons-nous, je n'ai pas la formation adéquate etc

Croyons nous que les apôtres quand ils ont emboîté leurs pas dans ceux de Jésus avaient des connaissances pointues ? C'était, précise l’Évangile, « des pécheurs en mer » et Jésus en fait des pécheurs d'hommes! N'est-ce pas oublié ou prendre à la légère ce que nous dit Jésus ; » je ne vous laisserai pas seuls, vous recevrez l'Esprit Saint qui vous conduira à la vérité tout entière »

Certes Il fera sourdre en nous un besoin de formation, mais Il nous éclairera si nous L'écoutons pour dire le mot qui convient, ouvrir la bonne porte utile, ouvrir aussi l'oreille du cœur qui en écoutant vraiment permettra au frère de trouver en lui la marche à suivre pour vivre vraiment dans et de l'amour ! De plus nous sommes membres de l’Église, nous ne sommes pas seuls, livrés à nous-mêmes, nous rejoignons une communauté vivante et agissante, alors c'est vers cette communauté que nous entraînerons nos frères et ils trouveront ainsi leur chemin de vie . Alors

 « le joug qui pesait sur lui,(sur eux)
la barre qui meurtrissait son épaule,(leurs épaules)
le bâton du tyran,
tu (Jésus les brisera ) les as brisés comme au jour de Madiane.


Et tous ensemble nous chanterons :

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?


J’ai demandé une chose au Seigneur,
la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur
tous les jours de ma vie,


Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »


L'ermite



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