samedi 26 mars 2022

LE PERE COURUT SE JETER AU COU DE SON CADET

 

QUATRIEME DIMANCHE


DE CARÊME


Année C

(Lc 15, 1-3.11-32)



En ce temps-là,    les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.    Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,et il mange avec eux ! »    Alors Jésus leur dit cette parabole ! Jésus répond par trois paraboles qui montent en puissance de Miséricorde .L'Eglise ne retient que la troisième pour ce dimanche.

Celle de la brebis perdue qui se termine en ces termes :    Ainsi, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance. (Lc 15) 

L'autre traite d'une drachme perdue et retrouvée, conclue par ces mots :Ainsi, je vous le dis, il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. (Lc15)

Vient ensuite la très belle et profonde Parabole du Père Miséricordieux.

« Un homme avait deux fils.    Le plus jeune dit à son père :‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’Et le père leur partagea ses biens.    Peu de jours après,le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,     et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.    Il avait tout dépensé,quand une grande famine survint dans ce pays,et il commença à se trouver dans le besoin.    Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.    Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs,mais personne ne lui donnait rien.    Alors il rentra en lui-même et se dit :‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,et moi, ici, je meurs de faim !    Je me lèverai, j’irai vers mon père,et je lui dirai :Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.    Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’    Il se leva et s’en alla vers son père.Comme il était encore loin,son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.    Le fils lui dit :‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’    Mais le père dit à ses serviteurs ...

Et ils commencèrent à festoyer.    Or le fils aîné était aux champs.Quand il revint et fut près de la maison,il entendit la musique et les danses.    Appelant un des serviteurs,il s’informa de ce qui se passait.    Celui-ci répondit :‘Ton frère est arrivé,et ton père a tué le veau gras,parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’  

Nous sommes en présence de trois personnes :

    Le Père, ( Notre Père) avec un cœur de Père, à nul autre pareil !

Ses deux fils :

Le fils aîné travailleur certes, mais nous le verrons, centré sur lui, intéressé et jaloux

Le fils cadet, gai luron immature, qui rêve d'indépendance, de vie facile, de strass, de paillettes et plus,  au point de ne plus tenir en place dans sa vie terne de tous les jours et de demander son héritage , avant l'heure, pour mener une vie de jouissance loin du carcan familial !‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. ! Cette formulation a de quoi nous étonner , quelle prétention, quelle audace, comment peut-il oser ?

Un pécule, c'est une sécurité quand on prend soi même les moyens de l'alimenter or c'est loin d'être le cas . Notre cadet irréfléchi épuise la réserve. Le moment crucial arrive où il doit retourner ses poches qui ne contiennent même plus un sou vaillant pour simplement se nourrir ! Revenir à la maison serait la solution, mais quelle honte , comment oser une telle démarche ? Sa fierté, dans un premier temps, le conduit à chercher du travail mais le traitement subi le renvoie vers son père qui, lui, au moins, est juste avec ses ouvriers ! Cette différence fait tout basculer, c'est dur, mais son père, parce qu'il est PERE , si son cadet fait amende honorable, ne pourra pas lui fermer sa porte ! Il ne demanderait d'ailleurs pas à reprendre sa place, celle d'avant son coup de tête, être traité COMME les ouvriers lui suffirait, il mangerait à sa faim ! Alors il cherche les mots qui pourront toucher son Père, et, sur le chemin du retour , il les apprend pour ne pas bégayer le moment venu. Père j'ai péché

N'est-ce pas , plus proche de nous , la méthode de Ste Bernadette. Quand La toute Belle Dame décline son identité, Bernadette, sans plus attendre court et court, et répète la leçon apprise pour ne rien oublier. Le sens des mots lui échappe, mais La « Toute Belle Dame » l'a chargée d'une mission qu'il ne faut pas déformée, elle arrive, à bout de souffle, auprès du Bon Père Peyramale, qui ne sait où se mettre quand il entend la fillette prononcer des mots qu'elle n'a pas pu inventer dans son ignorance : « Que Soy era Immaculada Councepciou » « Que dis-tu là » s'exclame bouleversé, déstabilisé le Bon Père, en se cachant le visage ..

Et toi mon frère, ma sœur es-tu conscient(e) d'avoir péché , es-tu prêt, prête à courir vers ton Père au sacrement de la Réconciliation, sans condition , pour déposer ton fardeau qui alourdit ta vie, et retrouver la vraie liberté des enfants de Dieu et célébrer dans l'allégresse, la Pâque du Seigneur ?

Sentons-nous l'humilité que demande semblable décision pour ce fils cadet ? Sentons-nous le combat que suppose un tel choix ?

C'est la grande difficulté qu'éprouvent un grand nombre de nos frères qui ont abandonné pour mille et une raisons de rencontrer le Père de toute Miséricorde ! A force de reculer, de se trouver de bonnes raisons, ils ont même anesthésié le petit quelque chose enfoui au fond de leur cœur et qui tente de se rappeler à leur mémoire, ils ont trop peur de l'accueil qui pourrait leur être réservé, trop peur du regard qui sera posé sur eux, trop peur du regard de ceux qui ne se sont jamais éloignés et qui risquent de le regarder étrangement ! alors ils restent boudeurs, dans leur marasme et murmurent contre l’Église Il faut bien trouver un responsable ! Pensons-nous qu'il est de notre devoir de porter quotidiennement dans la prière ces frères anesthésiés pour qu'ils trouvent au fond d'eux-mêmes la force de se lever et de reprendre les paroles du cadet : Père j'ai péché ….

Pendant que notre cadet s'étourdit dans les fêtes et leurs musiques endiablées, il y en a UN qui veille et dont le regard scrute sans cesse l'horizon ! Il y en a un dont le regard s'use à fixer une éventuelle silhouette qui pourrait faire marche arrière ! Un qui, dans son cœur brisé, lourd de chagrin , son cœur qui saigne de cette déchirure, attend dans le silence, espère et espère encore, chaque jour, minute après minute, d'apercevoir au loin, quelqu'un qui ressemblerait à ce fils !

Tel est Dieu notre Père qui nous attend, qui guette notre retour chaque fois que nous tournons les talons pour mener notre vie à notre guise, comme bon nous semble parce que nous croyons n'avoir besoin de personne pour nous accompagner, nous soutenir, nous éclairer. Nous sommes et voulons être notre seule référence, notre seul maître, notre seule boussole : «  je sais ce que j'ai à faire moi ! Je suis grand, grande , je connais la vie etc » !

Le GUETTEUR par excellence, NOTRE PERE,car c'est bien de Lui qu'il s'agit dans cette parabole, d'aussi loin qui lui est possible d'entr' apercevoir un quelque chose qui pointe à l'horizon y dessinant un trait plus sombre, ce GUETTEUR qui tremble d'impatience, reconnaît celui qu'Il connaît si bien et s'élance vers ce qui devient peu à peu une silhouette, puis ouvre Ses bras, épuisé d'avoir attendu et les referme pour le couvrir de baisers et, avant que le dévoyé n'ait pu ouvrir la bouche ordonne l'impensable :Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,    allez chercher le veau gras, tuez-le,mangeons et festoyons,    car mon fils que voilà était mort,et il est revenu à la vie ; il était perdu,et il est retrouvé.’Et ils commencèrent à festoyer.

Chers amis, voilà notre Dieu : Nous devrions le crier à la ronde, monter sur les toits pour annoncer la nouvelle d'un Dieu qui ne cesse de nous attendre , les bras ouverts pour célébrer notre retour ! Dieu notre Père ne cesse de nous attendre, de nous pleurer et quand nous pensons effectuer un semblant de pas vers Lui , c'est Lui qui fait le plus dur, qui nous hisse sur Ses épaules de Père, comme la brebis perdue, et se réjouit avec l’Église ! Le croyons nous avec nos entrailles  ?

La fête bat son plein, on mange, on chante, on danse, on boit, tous sont heureux sauf un petit mouton noir, noir de colère, de jalousie quand il apprend la raison d'une telle abondance, d'une telle joie, il refuse d'avancer, de partager la joie commune, prêt à rebrousser chemin. Son Père le supplie. Lui qui a tant pleuré le cadet va-t-il devoir pleurer l'aîné ? Patient, comme Il sait l'être, Il ECOUTE et Il entend les reproches étonnants de cet aîné qu'Il aime comme Lui-même Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres,et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.   Le Père découvre douloureusement que ce fils, sur qui Il pensait pouvoir s'appuyer, ce fils qu'Il aime s'est conduit et se conduit, comme un mercenaire. Dans sa colère, ce fils aîné inverse la situation , il révèle ses motivations profondes, il ne travaille pas pour le bien commun, il se situe à l' extérieur du bien familial et inconsciemment, s'abaisse lui-même au niveau des employés, qui, au fond sont plus fils que lui, puisqu'ils se réjouissent du retour du cadet et participent à la fête. Il n'est pas fils , il est aux travaux forcés ! Il n'a pas travaillé par amour, mais par devoir, par intérêt, dans l'espoir d'en tirer un profit personnel. Le retour du cadet lui importe peu ! Il n'est qu'amertume et reproches : Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras ! Son cœur est embourbé, c'est un nœud de serpents emmêlés les uns dans les autres . Il va plus loin encore ,Il foule à ses pieds le bonheur d'être sans interruption, en compagnie de son Père , il est jaloux et qui dit jalousie, dit rivalité ! L'aîné ne voit pas un frère dans son cadet mais un rival, il se sentait bien en fils unique durant les péripéties de vie du plus jeune. Au fond, il ne l'aimait pas, c'était un gêneur et son retour met en lumière ses passions cachées et inavouables.

Loin d'entrer dans sa colère, loin de lui faire la morale, de le réprimander d'une quelconque façon, le Père souligne l'insondable bonheur de « l'être ensemble » et montre son insondable amour , cet amour absolument gratuit qui n'attend rien d'autre

que la confiance, cette confiance manifestée par le retour du cadet, sûr qu'il serait accueilli : Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.    Il fallait festoyer et se réjouir ;car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »

Fils cadet ou fils aîné, en ce temps de Carême, Dieu garde Son cœur et ses bras ouverts. N'ayons pas peur de nous jeter dans Ses bras , Il saura nous enlacer dans Sa tendresse et nous serrer sur son cœur en nous disant : « viens c'est pour toi que Jésus, mon unique , a versé Son Sang »

c’est bien Dieu
qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui :
il n’a pas tenu compte des fautes,
et il a déposé en nous la parole de la réconciliation.
    Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ,
et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel :
nous le demandons au nom du Christ,
laissez-vous réconcilier avec Dieu.
    Celui qui n’a pas connu le péché,
Dieu l’a pour nous identifié au péché,
afin qu’en lui nous devenions justes
de la justice même de Dieu.

2 Co

Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette méditation de Paul BAUDIQUEY, prêtre assomptionniste je me permets de l'ajouter en conclusion. Paul Baudiquey commente avec poésie et profondeur l’œuvre de Rembrandt sur le Père Miséricordieux.

« le retour du fils prodigue ». Paul Baudiquey est l’auteur du livre « Un Évangile selon Rembrandt » (Mame , Paris collection Un certain regard, janvier 1989).



L’homme qui a peint le « retour du prodigue » est un homme sans façade. Un homme lavé de toute parole vaine. L’œuvre est immense. Elle s’ouvre sur l’espace d’une confidence unique dans toute l’histoire de l’art occidental. C’est le premier portrait « grandeur nature » pour lequel Dieu lui-même ait jamais pris la pose. Le Père en majesté inscrit sa majuscule au commencement de tout. Voûté comme un arc roman, et de courbe plénière. Sa stature s’accomplit dans l’ovale géniteur qui rayonne au tympan.

Son visage d’aveugle. II s’est usé les yeux à son métier de Père. Scruter la nuit, guetter, du même regard, l’improbable retour ; sans compter toutes les larmes furtives… il arrive qu’on soit seul ! Oui, c’est bien lui, le Père, qui a pleuré le plus. Je regarde le fils. Une nuque de bagnard. Et cette voile informe dont s’enclôt son épave. Ces plis froissés où s’arc-boute et vibre encore le grand vent des tempêtes, des talons rabotés comme une coque de galion sur l’arête des récifs, cicatrices à vau-l’eau de toutes les errances. Le naufragé s’attend au juge, « traite moi, dit-il, comme le dernier de ceux de ta maison ». II ne sait pas encore qu’aux yeux d’un père comme celui-là, le dernier des derniers est le premier de tous. II s’attendait au juge, il se retrouve au port, échoué,
déserté, vide comme sa sandale, enfin capable d’être aimé. Appuyé de la joue – tel un nouveau-né au creux d’un ventre maternel – il achève de naître. La voix muette des entrailles dont il s’est détourné murmure enfin au creux de son oreille. II entend. Lève les yeux, prosterné, éperdu de détresse, et déjà tout lavé dans la magnificence… Lève les yeux, et regarde, ce visage, cette face très sainte qui te contemple, amoureusement. Tu es accepté, tu es désiré de toute éternité, avant l’éparpillement des mondes, avant le jaillissement des sources, j’ai longuement rêvé de toi, et prononcé ton nom. Vois donc, je t’ai gravé sur la paume de mes mains, tu as tant de prix à mes yeux. Ces mains je n’ai plus qu’elles, de pauvres mains ferventes, posées comme un manteau sur tes frêles épaules, tu reviens de si loin ! Lumineuses, tendres et fortes, comme est l’amour de l’homme et de la femme, tremblantes encore – et pour toujours, du déchirant bonheur. II faut misère pour avoir cœur. Et d’une patience qui attend, et d’une attente qui écoute, naît le dialogue insurpassable. Notre assurance n’est plus en nous, elle est en celui qui nous aime. Accepter d’être aimé… accepter de s’aimer. Nous le savons, il est terriblement facile de se haïr; la grâce est de s’oublier. La grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même, comme n’importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ. Encore faut-il avoir appris ce que tomber veut dire, comme une pierre tombe dans la nuit de l’eau; Ce que veut dire craquer, comme un arbre s’éclate aux feux ardents du gel, sous l’éclair bleu de la cognée. Que peuvent savoir de la miséricorde des matins, ceux dont les nuits ne furent jamais de tempêtes et d’angoisses ? Pour retentir à ces atteintes, il faut avoir vécu, – et vivre encore – en haute mer menacé sans doute, naufragé peut-être, mais à la crête des certitudes royales, l’amour alors peut faire son œuvre nous féconder, nous rajeunir. Que nous soyons dans l’inquiétude, le doute et le chagrin, que nous marchions, le cœur serré, dans la vallée de l’ombre et de la mort ! Que nos visages n’aient d’autre éclat que ceux, épars, d’un beau miroir brisé… Un amour nous précède, nous suit, nous enveloppe… L’inconnu d’Emmaüs met ses pas dans les nôtres, et s’assied avec nous à la table des pauvres. Malgré tous les poisons mêlés au sang du cœur, au creux de ces hivers dont on n’attend plus rien, rayonne désormais un été invincible. Morts de fatigue, nous ne saurions rouler que dans les bras de Dieu. Nous avons rendez-vous sur un lac d’or ! Icône de la Trinité de Roublev Le miroir est sans rides. Du fond de toute détresse émerge enfin un vrai visage, exténuées, extasiées, nos faces vieillies de clowns sont l’icône de son Christ, pour l’émerveillement des saints.

Et l’icône est plus fine, plus précieuse, plus belle, quand l’homme qui l’a peinte est passé par l’enfer. Trinité de ROUBLEEV et « Trinité » REMBRANDT, du fond des terres où rayonnent ces images, le Père ne cesse de s’engendrer du Fils, de s’engendrer des fils, sous le couvert fécondateur de mains plus vastes que des ailes. L’ombre d’un grand oiseau nous passe sur la face. Les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent. Paul Baudiquey



Laissez-vous réconcilier avec Dieu, votre Père
Laissez-vous réconcilier avec le Christ, votre frère
Acceptez-vous de prendre la main qu'il vous tend
Et de vous déclarez comme témoin en suivant son chemin?

Réconciliez-vous, réconcilions-nous maintenant

Laissez-vous réconcilier avec Dieu qui est lumière
Laissez-vous réconcilier avec la vie toute entière
Dans notre monde ingrat et plein d'agitation
Ouvrons nos cœurs et vivons dans la réconciliation

Réconciliez-vous, réconcilions-nous maintenant

Que chaque jour soit la fête du jubilé
Que chaque jour soit la fête pour aimer
La réconciliation entre les nations, entre les familles
Entre frères et sœurs du même sang

Réconciliez-vous, réconcilions-nous maintenant

Réconciliez-vous, dirigeants de nos pays
Réconciliez-vous pour dissiper tous vos conflits

Soyez le guide luttant pour plus de justice
Envers les opprimés, abusés, oubliés, repoussés

Réconcilions-nous avec tout l'univers
Que notre monde soit achevé dans l'unité
Réconciliez-vous, réconcilions-nous maintenant

Paroliers : John Littleton




L'Ermite

vendredi 18 mars 2022

VIVONS EN ENFANTS DE LUMIERE

 

TROISIEME DIMANCHE


DE CARÊME


Année C

(Lc 13, 1-9)


Le chemin du Carême commençait avec le combat de Jésus provoqué par le Satan qu'Il remet à sa juste place en brandissant devant lui la Seule PAROLE DE DIEU !

Nous avons contemplé, maladroitement certes, mais avec les yeux du cœur, ce même Jésus TRANSFIGURE, en présence des trois apôtres qui pourront affermir la foi de leurs frères le moment venu : « Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères" (Luc 22,31-32)

Aujourd'hui, en ce troisième dimanche, l'appel de Jésus est pressant , incisif. Jésus avance vers Jérusalem et, chemin faisant, Il enseigne Ses disciples et les foules qui ne Le quittent pas, et se bousculent pour être au plus près de Sa Parole,Lui qui incarne la Parole du Père, et,ne rien perdre de ce qu'Il dit.

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer,mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.    Jésus leur répondit :« Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs
que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?    Eh bien, je vous dis :pas du tout !...Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé,pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?

J'avoue avoir toujours évité ces premiers versets, qui semblaient ne rien apporter au Message de Jésus ! C'est donc pour tous les amis abonnés à ce blog que je me suis arrêtée, persuadée , enfin, que Jésus qui ne parle jamais dans le vide, veut nous dire quelque chose.

Le drame que nous vivons actuellement avec l'agression Russe en Ukraine m'a permis d'actualiser le propos de Jésus. À la place de ces Galiléens, nous pouvons écrire, « ces Ukrainiens », et nous pouvons remplacer la tour de Siloé par tous les accidents  « d'immeubles vétustes », parce que mal entretenus, qui engloutissent en 2022 des familles entières .

A l'époque de Jésus, et cela a longtemps perduré ,puisque nous en trouvons des relents parfois de nos jours, on croyait que le mal, la maladie étaient la conséquence du péché, Jésus ne dira-t-Il pas ailleurs à Ses disciples "Maître, lui demandèrent ses disciples, est-ce que cet homme a péché, ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle?" Jésus répondit: "Ni lui, ni ses parents n'ont péché, mais c'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. (Jn 9)

Penser ainsi serait entrer dans un fatalisme inacceptable pour un croyant. Aucun d'entre nous n'est à l'abri d'une mort subite, violente, imprévue. Pensons à cette famille, papa, maman, deux jeunes enfants, tombés ensemble sous les tirs ennemis, en Ukraine, ne cherchaient-ils pas la vie en courant vers un abri ?

Je pense que Jésus nous invite , comme Il le fera souvent au cours des Évangiles

1 ) à rester vigilant, en état de service « Que vos reins restent ceints et vos lampes allumées! (Lc12)

  1. à être et rester toujours prêts dans le cas où le Maître nous ferait signe « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. (Mc13)

  2. peut-être nous explique-t-il là que nous ne sommes pas maîtres des événements, que le Père seul connaît, pour chacun de nous le meilleur moment, la meilleure heure pour rentrer à la Maison d’Éternité. « Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. (Mc 13)

La fine pointe de cet évangile réside dans ces quelques mots qu'il conviendrait d'écrire en lettres d'or, surtout en temps de Carême, d'autant qu'ils nous sont rappelés chaque année lors de l’imposition des cendres : CONVERTISSEZ-VOUS, LAISSONS-NOUS

CONVERTIR PAR LA PAROLE DE DIEU.Ce que jésus exprime ici en négatif avec un avertissement de taille Eh bien, je vous dis :pas du tout !Mais si vous ne vous convertissez pas,vous périrez tous de même.

Pour ne pas être surpris, pour ne pas être pris au dépourvu, il est souhaitable de rester en état de veille . Je crois avoir déjà rappelé, l'état d'esprit du jeune Louis de Gonzague à ce propos :

Louis jouait dans la cour avec quelques garçons à ce jeu qu’on appelle « la balle au chasseur ». Monseigneur l’aumônier, qui était chargé de surveiller son éducation religieuse, s’approcha de lui et lui dit :

Louis, écoutez-moi ! Supposez qu’à ce moment même on vienne vous dire que la fin du monde va avoir lieu dans un instant, que vous allez paraître devant Dieu, que vous serez jugé par le Juge suprême et que, de son arrêt, se décidera votre éternité. Que feriez-vous ?

C’était, il faut l’avouer, une question bien grave à poser à un garçon qui était en train de renvoyer alertement une balle à ses compagnons de jeu ! Mais Louis de Gonzague ne se montra nullement démonté. Simple et calme comme à son ordinaire, il répondit :

Eh bien, je continuerais à jouer à la balle au chasseur !

Merveilleuse réponse… Qu’aurait-il pu faire de mieux ? Il savait que, depuis sa naissance, il avait toujours aimé Dieu, l’avait toujours servi dans la mesure de ses forces. Dans le Père Tout-Puissant il avait placé son espérance. Pourquoi eût-il eu peur de paraître devant Sa Face ? Et l’aumônier s’écarta, admirant la leçon de surnaturelle confiance qu’une fois de plus l’enfant lui avait donnée.

A chacun de se poser cette question et d'y répondre !

Peut-être est-il utile de se rappeler le sens de cet appel du Seigneur : CONVERTISSEZ-VOUS !

«  On désigne par ce terme, dit le petit dictionnaire de théologie catholique, tout changement d'attitude dans le domaine religieux ou moral, et surtout une adhésion radicale à Dieu et à Ses desseins de grâce par un acte foncièrement et fondamentalement religieux, qui est toujours une affaire d'expérience religieuse vécue et de certitude subjective liée à cette expérience ; mais la question de savoir si, dans un cas concret, Dieu est intervenu d'une manière perceptible pour opérer une conversion reste souvent insoluble. Une telle conversion, peut et doit encore se produire souvent à l’intérieur d'une foi et d'une Église déjà acceptées »

Paul Claudel est le témoin d'un retournement, du rien au Tout :

Arrive enfin le fameux épisode de Noël 1886 à Notre-Dame, qui se déroule lors des vêpres. Il entend le Magnificat. « En un instant, mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher ». (Ma conversion, publié le 13 octobre 1913 dans la Revue de la jeunesse).

Nous avons aussi François d'Assise, Charles de Foucauld , il s'agit là de grands bouleversements de vies qui se laissent toucher par le Dieu trois fois Saint , c'est important car ces personnes deviennent des témoins pour ceux qui marchent dans la nuit. D'autres, comme la plupart des chrétiens que nous sommes, vivent dans un clair/obscur, dans une tiédeur qui font dire à St Jean dans l'Apocalypse 

 «Je connais tes œuvres: je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant! Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche.» ‭‭Ap‬ ‭3:15-16

C'est de cette tiédeur que Jésus veut nous extraire durant le Carême. Jésus veut faire de chacun de nous des témoins et Il insiste tout au long du Saint Évangile, Il a parfois des Paroles très sévères à l'égard des pharisiens que nous sommes .L’Évangéliste St Marc commence par nous rappeler que la venue de Jean le Baptiste n'a pas d'autre raison d'être que de préparer les chemins pour la venue du Seigneur. Et préparer c'est changer nos cœurs de pierre, c'est se convertir : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiersJean le Baptiste parut dans le désert, prêchant un baptême de repentir pour la rémission des péchés. (Mc 1) Quant à Jésus Il affirme que le temps annoncé par Jean le Baptiste est accompli et que nous devons entrer dans ce Salut offert pour vivre pleinement  :

Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche; repentez-vous et croyez à l'évangile. (Mc 1) (Paroles reprises lors de la Liturgie des Cendres, chaque année)

Jésus ne cache pas son projet :

Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir. (Lc 5)

mais Il se heurte à nos suffisances et insuffisances :

Et Jésus, jetant ses regards tout autour, dit à ses disciples : " Combien difficilement ceux qui ont les richesses entreront dans le royaume de Dieu ! " Comme les disciples étaient étonnés de ses paroles, Jésus reprit : " Mes enfants, qu'il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus aisé pour un chameau de passer par le trou d'une aiguille, que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. " Et ils étaient encore plus étonnés, et ils se disaient les uns aux autres : " Et qui peut être sauvé? " Jésus, les yeux fixés sur eux, dit : " Aux hommes impossible ! mais non à Dieu, car tout est possible à Dieu. (Mc 10)

Il nous appelle à un franc dépouillement, ce qui compte c'est le retournement du cœur qui nous fait retrouver le petit enfant qui nous habite toujours :

Celui donc qui se fera humble comme ce petit enfant est le plus grand dans le royaume des cieux. (Mt18)

La conversion reste une grâce qui vient tout droit du Seigneur Lui-même, tel le berger qui n'est autre que Jésus, se met à la recherche de la brebis égarée se réjouissant pour cette brebis retrouvée plus que pour celles qui sont restées fidèles : « Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis qui était perdue. " Ainsi, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent,( se convertit) que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance. (Lc15)

La Parabole qui suit, comme celle du Père miséricordieux, que nous méditerons dimanche prochain , met en évidence l'immense miséricorde du Père à l'égard de Ses enfants.

Jésus disait encore cette parabole :« Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier,et n’en trouva pas.    Il dit alors à son vigneron :‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’    Mais le vigneron lui répondit :‘Maître, laisse-le encore cette année,le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier.    Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.Sinon, tu le couperas.’ »

Patience de Dieu ! Patience de l'Amour ! Qui nous espère toujours ! Nous sommes ce figuier,l'humanité est ce figuier, souvent stérile, dont le Père attend les fruits . Et comme il est dit dans la Première lecture, Dieu constate notre misère et nous envoie le Nouveau Moïse, pour nous délivrer de nos servitudes :« J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte,...Oui, je connais ses souffrance, Je suis descendu pour le délivrer » Celui qui est descendu, c'est bien le Fils unique :

« Tu ne désires ni sacrifice ni oblation, tu m'as percé les oreilles; tu ne demandes ni holocauste ni victime expiatoire. Alors j'ai dit: " Voici que je viens, avec le rouleau du livre écrit pour moi. Je veux faire ta volonté, ô mon Dieu, et ta loi est au fond de mon cœur. » (Ps 40)

Et la volonté du Père c'est que tous les hommes soient sauvés, le Salut est offert, donné, mais pour être effectif il doit être accueilli , reconnu, voulu . Comme il faut avoir faim pour se nourrir, soif pour se désaltérer, pour recevoir le Salut de Dieu il convient d'ouvrir son cœur, d'être en attente et espérance, d'une Vie qui donne du sens à notre quotidien ! Nous ne pouvons pas nous sauver nous-mêmes, mais nous sommes sauvés par la foi en Jésus-Christ.Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi; et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu; ce n'est point par les œuvres, afin que nul ne se glorifie. (Eph 2)Nous sommes sauvés par la grâce de Dieu. La grâce, par définition, ne peut être gagnée. Nous ne méritons pas d’être sauvés : nous recevons tout simplement le salut par la foi en Jésus, l'Envoyé du Père. Croire en Jésus- Christ, c'est adhérer, au message de la Bonne Nouvelle détaillée dans l’Évangile et le faire nôtre, pour cela, comme le vigneron bêche et apporte du fumier au figuier desséché, nous devons « bêcher » notre vie spirituelle et lui fournir tous les nutritifs (le fumier) dont elle a besoin pour se développer harmonieusement et efficacement .C'est aussi cela se convertir ! Efficacement, c'est à dire en portant du fruit : « Le fruit de l'Esprit,, c'est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. Contre de pareils fruits, il n'y a pas de

loi. Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. Si nous vivons par l'esprit, marchons aussi par l'esprit. Ne cherchons pas une vaine gloire en nous provoquant les uns les autres, en nous portant mutuellement envie. (Ga 5)





Cessez de récriminer
comme l’ont fait certains d’entre eux :

(Paul parle des Hébreux qui regrettent les oignons d’Égypte)
ils ont été exterminés.
    Ce qui leur est arrivé devait servir d’exemple,
et l’Écriture l’a raconté pour nous avertir,
nous qui nous trouvons à la fin des temps.
    Ainsi donc, celui qui se croit solide,
qu’il fasse attention à ne pas tomber.

1 Co 10

CONVERTISSONS-NOUS ET CROYONS A LA BONNE NOUVELLE !

Le Carême (l'Avent) est le cadeau de l’Église pour prendre au sérieux cette parole de Jésus : Convertissez-vous,
car le royaume des Cieux est tout proche.


Vivons en enfants de lumière

L´heure est venue de l´exode nouveau !

Voici le temps de renaître d´en haut !

Quarante jours avant la Pâque

Vous commencez l´ultime étape ! 


Vivons en enfants de lumière

Sur les chemins où l´Esprit nous conduit :

Que vive en nous le nom du Père !


L´heure est venue de sortir du sommeil !

Voici le temps de l´appel au désert !

Allez où va le Fils de l´homme.

La joie de Dieu sur lui repose.

 

L´heure est venue de lutter dans la nuit !

Voici le temps d´affronter l´Ennemi !

N´ayez pas peur face aux ténèbres.

A l´horizon la croix se dresse.

 

L´heure est venue de grandir dans la foi !

Voici le temps de la faim, de la soif !

Gardez confiance, ouvrez le Livre.

Voici le pain, voici l´eau vive !

 

 L´heure est venue de courir vers la vie !

Voici le temps de trouver Jésus Christ !

Il est présent parmi les pauvres.

Il vous précède en son Royaume.

L'Ermite