VINGT SIXIÈME DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
(Mc 9, 38-43.45.47-48)
COUPE ! ARRACHE !
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus :
« Maître, nous avons vu quelqu’un
expulser les démons en ton nom ;
nous l’en avons empêché,
car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit :
« Ne l’en empêchez pas,
car celui qui fait un miracle en mon nom
ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n’est pas contre nous
est pour nous.
Et celui qui vous donnera un verre d’eau
au nom de votre appartenance au Christ,
amen, je vous le dis,
il ne restera pas sans récompense.
« Ou ton œil sera-t-il mauvais parce que, moi, je suis
bon? » (Matthieu 20) ce verset s’est imposé à mon esprit à la
lecture de cette péricope. Pourquoi, en effet, sommes-nous dérangés quand le
bien se fait là où ne l’attendions pas ? Oublions-nous si facilement que
c’est le même Esprit Saint, qui anime tous les hommes qu’ils le sachent ou
non ? C’est la même source qui coule en chacun ! « C’est le même
Dieu qui opère tout en tous. » (1
Corinthiens 12). L’important n’est-il pas
que le bien s’accomplisse, que le bien triomphe ? Que dirions-nous du
témoin d’une scène de violence qui n’interviendrait pas la personne étant d’une
autre religion, d’une autre couleur ? Souvenons-nous de la séquence du Bon
Samaritain dans l’Évangile de Luc.
Bien
sûr, ici, il s’agit d’agir ou non,
« au nom de Jésus » mais, je me répète le BIEN c’est
Jésus Lui-même, donc tout bien vient de Lui. « Tu es
Toutefois,
un étonnement demeure. La remarque vient de l’Apôtre Jean, celui qui aura, le
moment venu, ce privilège inouï de reposer sa tête sur la poitrine de Jésus. « Jean, l’un des Douze, disait à Jésus » : Jean, comme tout un chacun, n’est pas né
« saint » il est appelé à la sainteté, nous sommes appelés à la
sainteté, et cette dernière est un devenir. C’est en mettant instant après
instant, jour après jour, nos pas dans ceux de Jésus, c’est en Lui permettant
de nous bousculer par Sa parole de Vérité, c’est en acceptant de nous laisser
relever par son Amour chaque fois que nous avons failli,(sacrement de
réconciliation) que nous gravissons, peu à peu l’échelle de la sainteté !
Alors bonne route à chacun car elle est haute cette échelle qui nous conduit au
sommet !
Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad
et Médad prophétisent dans le camp ! » Josué, fils de Noun,
auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon
maître, arrête-les ! » Mais
Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le
Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le
Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » La peur d’être
supplanté n’est pas nouvelle, les disciples de Moïse font la même expérience
que l’apôtre, et si nous réfléchissons sincèrement, si nous sommes honnêtes
avec nous-mêmes, affirmerons-nous n’avoir jamais été tenté par ce genre de
réaction ou de questionnement ?
Celui qui est un scandale, une occasion de chute,
pour un seul de ces petits qui croient en moi,
mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou
une de ces meules que tournent les ânes,
et qu’on le jette à la mer.
Et si ta main est pour toi une occasion de chute,
coupe-la.
Mieux vaut pour toi entrer manchot
dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains,
là où le feu ne s’éteint pas.
Si ton pied est pour toi une occasion de chute,
coupe-le.
Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
Si ton œil est pour toi une occasion de chute,
arrache-le.
Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
là où le ver ne meurt pas
et où le feu ne s’éteint pas. »
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains,
là où le feu ne s’éteint pas.
Si ton pied est pour toi une occasion de chute,
coupe-le.
Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
Si ton œil est pour toi une occasion de chute,
arrache-le.
Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
là où le ver ne meurt pas
et où le feu ne s’éteint pas. »
Si je néglige ce petit voyage au fond de mon être, Jésus, Lui,
vient me réveiller par des propos sans concession ! Ta main t’entraîne au
péché ? coupe là ! Si c’est ton pied ? Agit de même ! Quant
à ton œil ? Arrache-le ! Cependant, Jésus ne nous demande pas de nous
mutiler, ce serait une aberration, et un péché tout aussi grave voire plus, que
celui commis par mésusage des sens. Jésus semble vouloir attirer notre
attention sur la façon dont nous utilisons notre corps.
Rappelons-nous la Parabole
de la lampe en St Luc chapitre 11 : « La lampe du corps, c'est ton
œil. Tant que ton œil est sain, tout ton corps aussi est éclairé; mais s'il est
gâté, ton corps aussi est dans les ténèbres.
Vois donc à ce que la lumière qui est en toi ne soit pas ténèbres. Si donc tout ton corps est éclairé, n'ayant
aucune partie ténébreuse, il sera tout éclairé, comme lorsque la lampe
t'éclaire de son éclat. » En effet, un regard ténébreux contamine
l’ensemble, il peut nous conduire à poser des gestes désordonnés et entraîner
nos pas dans des lieux inadaptés à notre engagement baptismal. Et ainsi de
suite. La clef de ce passage est donc un
appel à la conversion radicale, à un changement
radical de vie pour mettre avec amour, nos pas dans les pas du Maître.
Croyons-nous
que Jésus se serait agenouillé aux pieds des apôtres s’Il avait déconsidéré les
pieds ? D’ailleurs, Pierre, dans un premier temps récalcitrant, quand il
comprend la profondeur de la démarche s’écrie : "Seigneur, non seulement
les pieds, mais encore les mains et la
tête!" (Jean 13)
C’est tout notre être qui est appelé à se laisser transformer par l’amour.
Cette prière de Pierre peut et doit devenir nôtre. Ne craignons pas de demander
au Seigneur
- de
laver notre regard pour qu’il devienne et soit bienveillant en toute
circonstance.
« Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l'œil de
ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi? Ou comment peux-tu dire à ton frère: "
Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil, " toi qui ne vois
pas la poutre qui est dans ton œil? Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton œil,
et alors tu verras à ôter la paille qui est dans l'œil de ton frère. »
(Luc 6)
-
De
laver nos mains de toute âpreté afin qu’elles soient généreuses et expriment
tendresse, partage, accueil sincère…
« et
ayant reconnu la grâce qui m'avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui
sont regardés comme des colonnes, nous donnèrent la main, à Barnabé et à moi,
en signe de communion, pour aller, nous aux païens, eux aux circoncis. Seulement nous devions nous souvenir des
pauvres, ce que j'ai eu bien soin de faire. » (Galates 2)
-
De
laver nos pieds pour qu’ils nous portent à la rencontre de nos frères, qu’ils
nous conduisent sur le chemin lumineux de l’amour…
" Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent le
bonheur! " (Romains 10)
-
De
maîtriser notre langue pour qu’aucune parole blessante, destructrice, ne passe
la barrière de nos lèvres..
-
« celui qui garde sa parole, c'est en lui véritablement
que l'amour de Dieu est parfait; par là nous connaissons que nous sommes en
lui. (1Jean 2)
-
Et
surtout de remplir notre cœur de sa compassion, de sa miséricorde,
« Aimez-vous
ardemment les uns les autres, du fond du cœur, régénérés que vous êtes d'un
germe non corruptible mais incorruptible, par la parole de Dieu vivante et
éternelle. (1 Pierre 1)
Nous
serons alors de vrais fils du Père et des frères de Jésus.
« L'œil ne peut pas dire à la main: " Je n'ai pas
besoin de toi; " ni la tête dire aux pieds: " Je n'ai pas besoin de
vous. " Au contraire, les membres
du corps qui paraissent les plus faibles sont plus nécessaires; et ceux que nous tenons pour les moins
honorables du corps, sont ceux que nous entourons de plus d'honneur. Ainsi nos
membres les moins honnêtes, nous les traitons avec plus de décence, tandis que nos parties honnêtes n'en ont pas
besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de respect à ce qui
est moins digne, afin qu'il n'y ait pas
de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns
des autres. Et si un membre souffre,
tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres
s'en réjouissent avec lui. » (1 Corinthiens 12)
Cet extrait de la première
lettre aux Corinthiens peut aussi nous inspirer et nous guider sur le chemin de
la sainteté. Toute personne a une place dans la communauté humaine, et chacune
peut contribuer à la construction du corps tout entier. L’essentiel est de
participer à partir de ce que je suis, en regardant tout semblable comme une
sœur, comme un frère !
L'Ermite