samedi 26 septembre 2015

COUPE ! ARRACHE !

VINGT SIXIÈME DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE

(Mc 9, 38-43.45.47-48)

COUPE ! ARRACHE !

    Jean, l’un des Douze, disait à Jésus :
« Maître, nous avons vu quelqu’un
expulser les démons en ton nom ;
nous l’en avons empêché,
car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
    Jésus répondit :
« Ne l’en empêchez pas,
car celui qui fait un miracle en mon nom
ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
    celui qui n’est pas contre nous
est pour nous.
    Et celui qui vous donnera un verre d’eau
au nom de votre appartenance au Christ,
amen, je vous le dis,
il ne restera pas sans récompense.

« Ou ton œil sera-t-il mauvais parce que, moi, je suis bon? »  (Matthieu  20) ce verset s’est imposé à mon esprit à la lecture de cette péricope. Pourquoi, en effet, sommes-nous dérangés quand le bien se fait là où ne l’attendions pas ? Oublions-nous si facilement que c’est le même Esprit Saint, qui anime tous les hommes qu’ils le sachent ou non ? C’est la même source qui coule en chacun ! « C’est le même Dieu qui opère tout en tous. »  (1 Corinthiens  12). L’important n’est-il pas que le bien s’accomplisse, que le bien triomphe ? Que dirions-nous du témoin d’une scène de violence qui n’interviendrait pas la personne étant d’une autre religion, d’une autre couleur ? Souvenons-nous de la séquence du Bon Samaritain dans l’Évangile de Luc.

Bien sûr, ici, il s’agit d’agir  ou non, « au nom de Jésus »  mais, je me répète le BIEN c’est Jésus Lui-même, donc tout bien vient de Lui. « Tu es

le bien, tout bien, le souverain bien, Seigneur Dieu vivant et vrai. Tu es amour, charité ; » disait St François d’Assise. Soyons heureux quand le bien se réalise et rentrons en nous-mêmes, pour discerner toutes les occasions qui nous sont offertes pour l’accomplir et que nous négligeons !

Toutefois, un étonnement demeure. La remarque vient de l’Apôtre Jean, celui qui aura, le moment venu, ce privilège inouï de reposer sa tête sur la poitrine de Jésus. « Jean, l’un des Douze, disait à Jésus » : Jean, comme tout un chacun, n’est pas né « saint » il est appelé à la sainteté, nous sommes appelés à la sainteté, et cette dernière est un devenir. C’est en mettant instant après instant, jour après jour, nos pas dans ceux de Jésus, c’est en Lui permettant de nous bousculer par Sa parole de Vérité, c’est en acceptant de nous laisser relever par son Amour chaque fois que nous avons failli,(sacrement de réconciliation) que nous gravissons, peu à peu l’échelle de la sainteté ! Alors bonne route à chacun car elle est haute cette échelle qui nous conduit au sommet !  

Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! » Josué, fils de Noun, auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître,  arrête-les ! » Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » La peur d’être supplanté n’est pas nouvelle, les disciples de Moïse font la même expérience que l’apôtre, et si nous réfléchissons sincèrement, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, affirmerons-nous n’avoir jamais été tenté par ce genre de réaction  ou de questionnement ?

    Celui qui est un scandale, une occasion de chute,
pour un seul de ces petits qui croient en moi,
mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou
une de ces meules que tournent les ânes,
et qu’on le jette à la mer.
    Et si ta main est pour toi une occasion de chute,
coupe-la.
Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains,
là où le feu ne s’éteint pas.
    Si ton pied est pour toi une occasion de chute,
coupe-le.
Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
    Si ton œil est pour toi une occasion de chute,
arrache-le.
Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
    là où le ver ne meurt pas
et où le feu ne s’éteint pas. »

Si je néglige ce petit voyage au fond de mon être, Jésus, Lui, vient me réveiller par des propos sans concession ! Ta main t’entraîne au péché ? coupe là ! Si c’est ton pied ? Agit de même ! Quant à ton œil ? Arrache-le ! Cependant, Jésus ne nous demande pas de nous mutiler, ce serait une aberration, et un péché tout aussi grave voire plus, que celui commis par mésusage des sens. Jésus semble vouloir attirer notre attention sur la façon dont nous utilisons notre corps.

 Rappelons-nous la Parabole de la lampe en St Luc chapitre 11 : « La lampe du corps, c'est ton œil. Tant que ton œil est sain, tout ton corps aussi est éclairé; mais s'il est gâté, ton corps aussi est dans les ténèbres.  Vois donc à ce que la lumière qui est en toi ne soit pas ténèbres.  Si donc tout ton corps est éclairé, n'ayant aucune partie ténébreuse, il sera tout éclairé, comme lorsque la lampe t'éclaire de son éclat. » En effet, un regard ténébreux contamine l’ensemble, il peut nous conduire à poser des gestes désordonnés et entraîner nos pas dans des lieux inadaptés à notre engagement baptismal. Et ainsi de suite. La clef de ce  passage est donc un appel à la conversion radicale, à un changement radical de vie pour mettre avec amour, nos pas dans les pas du Maître.

Croyons-nous que Jésus se serait agenouillé aux pieds des apôtres s’Il avait déconsidéré les pieds ? D’ailleurs, Pierre, dans un premier temps récalcitrant, quand il comprend la profondeur de la démarche s’écrie : "Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la  tête!"  (Jean 13) C’est tout notre être qui est appelé à se laisser transformer par l’amour. Cette prière de Pierre peut et doit devenir nôtre. Ne craignons pas de demander au Seigneur
  
   -  de laver notre regard pour qu’il devienne et soit bienveillant en toute circonstance.
« Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi?  Ou comment peux-tu dire à ton frère: " Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil, " toi qui ne vois pas la poutre qui est dans ton œil? Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras à ôter la paille qui est dans l'œil de ton frère. » (Luc 6)

-      De laver nos mains de toute âpreté afin qu’elles soient généreuses et expriment tendresse, partage, accueil sincère…
« et ayant reconnu la grâce qui m'avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont regardés comme des colonnes, nous donnèrent la main, à Barnabé et à moi, en signe de communion, pour aller, nous aux païens, eux aux circoncis.  Seulement nous devions nous souvenir des pauvres, ce que j'ai eu bien soin de faire. » (Galates 2)

-      De laver nos pieds pour qu’ils nous portent à la rencontre de nos frères, qu’ils nous conduisent sur le chemin lumineux de l’amour…
     " Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent le bonheur! "  (Romains 10)

-      De maîtriser notre langue pour qu’aucune parole blessante, destructrice, ne passe la barrière de nos lèvres..
-      « celui qui garde sa parole, c'est en lui véritablement que l'amour de Dieu est parfait; par là nous connaissons que nous sommes en lui.  (1Jean 2)
     
-      Et surtout de remplir notre cœur de sa compassion, de sa miséricorde,
« Aimez-vous ardemment les uns les autres, du fond du cœur, régénérés que vous êtes d'un germe non corruptible mais incorruptible, par la parole de Dieu vivante et éternelle. (1 Pierre 1)

Nous serons alors de vrais fils du Père et des frères de Jésus.

« L'œil ne peut pas dire à la main: " Je n'ai pas besoin de toi; " ni la tête dire aux pieds: " Je n'ai pas besoin de vous. "  Au contraire, les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont plus nécessaires;  et ceux que nous tenons pour les moins honorables du corps, sont ceux que nous entourons de plus d'honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes, nous les traitons avec plus de décence,  tandis que nos parties honnêtes n'en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de respect à ce qui est moins digne,  afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres.  Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres s'en réjouissent avec lui. » (1 Corinthiens 12) 

Cet extrait de la première lettre aux Corinthiens peut aussi nous inspirer et nous guider sur le chemin de la sainteté. Toute personne a une place dans la communauté humaine, et chacune peut contribuer à la construction du corps tout entier. L’essentiel est de participer à partir de ce que je suis, en regardant tout semblable comme une sœur, comme un frère !

QU’IL EN SOIT AINSI !




L'Ermite

samedi 19 septembre 2015

ILS SE TAISAIENT !

VINGT CINQUIÈME DIMANCHE 

DU TEMPS  ORDINAIRE

(Mc 9, 30-37)

« ILS SE TAISAIENT ! »

Ne vous impressionne-t-il pas ce passage d’Évangile ? Personnellement il me bouleverse et engage une profonde remise en question. Jésus tente de préparer ses disciples aux  événements qui suivront, ceux-ci ne comprennent pas ! Ils sont décontenancés, sans doute perçoivent-ils la gravité des propos puisque le texte dit « ils avaient peur de l’interroger ». Ils semblent avoir peur de savoir, ils préfèrent ignorer et dévier la conversation, parler de choses plus légères, se laisser aller à leurs jalousies et rivalités. C’est de cela dont parle St Jacques dans la seconde lecture :

« Bien-aimés,
    la jalousie et les rivalités mènent au désordre
et à toutes sortes d’actions malfaisantes »

Quelle solitude pour Jésus ! Quelle souffrance ! Il essaie de lever le voile sur la tragédie de Sa vie terrestre et ceux qu’Il a choisis, appelés, qu’Il s’applique à former, Ses tout proches, qui partagent son quotidien, qui viennent d’engager une parole de poids « Tu es le Christ » ceux-là, se chamaillent pour des futilités. Jésus parle d’offrande de soi, de tuerie, de mort, rien n’ébranle leurs préoccupations terre à terre !

Et, encore une fois, ne nous laissons pas aller à juger trop facilement, essayons plutôt de rentrer en nous-mêmes et de sentir la facilité avec laquelle nous détournons la conversation quand la souffrance d’autrui nous affole, quand nous ne savons que dire ou que faire, quand le Mal nous effraye. Ne nous arrive-t-il jamais, de minimiser, de moraliser, de proposer, sans réfléchir, des solutions qu’on ne nous demande pas, et qui tombent forcément à côté …Cherchons-nous au contraire à permettre à cette sœur, ce frère de pouvoir exprimer tout son mal, car le dire c’est entrer en guérison ?    

En ce temps-là,
    Jésus traversait la Galilée avec ses disciples,
et il ne voulait pas qu’on le sache,

    car il enseignait ses disciples en leur disant :
« Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ;
ils le tueront
et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
    Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles
et ils avaient peur de l’interroger.
    Ils arrivèrent à Capharnaüm,
et, une fois à la maison, Jésus leur demanda :
« De quoi discutiez-vous en chemin ? »

Jésus a bien perçu leur gêne et la facilité avec laquelle ils se sont distraient de cet essentiel. Maintenant qu’ils sont « en pause » pourrions-nous dire, qu’ils sont rassemblés, qu’ils ne peuvent pas échapper à une conversation commune, Jésus leur demande d’exprimer leurs préoccupations du moment : «  de quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils ne sont pas fiers, mais pas du tout ! Ils choisissent de se taire. C’est sagesse ! « Ils se taisaient ». Et pourquoi ? Parce qu’ils sont penauds, parce qu’ils ont honte ! Oui, honte de se soucier de savoir qui est le plus grand parmi eux ! Ils ont vu Jésus à l’œuvre, ils marchent avec Lui depuis un certain temps, certains même étaient présents lors de la Transfiguration, et leur centre d’intérêt immédiat est de savoir « qui est le plus grand ». Il est évident qu’ils se sentent pris à leur propre piège
aussi ne se risquent-ils pas de répondre. Qu’à cela ne tienne, Jésus n’insiste pas, Jésus ne va pas « leur rentrer dedans » comme nous disons familièrement, Il ne va pas tenter tout un développement pour expliquer, par « a » plus « b » la bassesse de  leur discussion. Rien de cela chez Jésus, par contre, Il s’assied et les appelle tous à se réunir autour de Lui, signe que le moment est solennel et qu’Il souhaite prendre du temps pour faire passer un message de poids.


    Ils se taisaient,
car, en chemin, ils avaient discuté entre eux
pour savoir qui était le plus grand.
    S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit :
« Si quelqu’un veut être le premier,
qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Jésus ne fait pas la morale, il prend la problématique autrement ! Son échelle des valeurs est bien loin de celle des apôtres et encore plus loin de la notre ! Celui qui veut être grand, celui qui veut être le premier, qu’il soit le dernier et le serviteur de tous ! Et
Lui-même montrera l’exemple en s’agenouillant aux pieds de ses disciples pour leur laver les pieds ! Dieu, en Jésus, à genoux pour le plus humble des services, celui du lavement des pieds ! Essayons de nous mettre en situation, de voir, avec les yeux du cœur, Jésus, à genoux, à nos pieds. Celui qui régit l’univers, là, à nos pieds ! Y-a-i-il plus grande humilité, « plus grande petitesse »que celle d’un Dieu qui s’efface à ce point pour nous permettre d’approcher, tant soit peu, son insondable amour pour chacune de Ses créatures ?

Jésus comprend nos limites, notre incapacité aussi ne s’arrête-t-Il pas à la parole, cette parole, Jésus va l’imager, c’est l’audiovisuel avant l’heure !


    Prenant alors un enfant,
il le plaça au milieu d’eux,
l’embrassa, et leur dit :
    « Quiconque accueille en mon nom
un enfant comme celui-ci,
c’est moi qu’il accueille.
Et celui qui m’accueille,
ce n’est pas moi qu’il accueille,
mais Celui qui m’a envoyé. »

Un enfant en exemple : en effet qu’y –a-t-il de plus fragile, de plus vulnérable, de plus dépendant qu’un enfant ? Et n’oublions pas l’incise « en mon Nom » ! Faut-il encore reconnaître Jésus dans cet enfant ! Et faut-il voir, dans cet enfant, le plus petit, l’ignoré, le sans intérêt, celui devant qui nous détournons la tête. Jésus s’identifie totalement à celui-là, et, chez Lui il ne s’agit pas de mots, c’est une réalité profonde ! Eh bien, celui qui
accueille à son tour, un enfant, un réfugié totalement démuni, sans distinction de race de culture, de religion, qu’il le sache ou non, C’EST JESUS QU’il ACCUEILLE. Mais attention, cela ne dispense pas d’agir avec discernement, avec prudence, c’est en communauté de frères et sœurs que je réfléchis à la meilleure façon d’agir, la naïveté, l’isolement,  sont aussi des erreurs !

PRIÈRE POUR RISQUER SA VIE.

Seigneur, je voudrais être de ceux qui risquent leur vie, 
Qui donnent leur vie. 
A quoi bon la vie, si ce n’est pour la donner ?
Seigneur, Vous qui êtes né au hasard d’un voyage 
Et êtes mort comme un malfaiteur
après avoir couru sans argent sur toutes les routes, 
Tirez-moi de mon égoïsme et de mon confort,
Que, marqué par Votre croix,
je n’ai pas peur de la vie rude
Rendez-moi disponible pour la belle aventure où Vous m'appelez .
J’ai à engager ma vie, Jésus, sur Votre parole.
J’ai à jouer ma vie, Jésus, sur Votre amour.
Les autres peuvent bien être sages, 
Vous m’avez dit qu’il faut être fou.
D’autres croient à l’ordre, 
Vous m’avez dit de croire à l’amour.
D’autres pensent qu’il faut conserver.
Vous m’avez dit qu’il faut donner
D’autres s’installent, 
Vous m’avez dit de marcher 
Et d’être prêt à la joie et à la souffrance, 
Aux échecs et aux réussites, 
De ne pas mettre ma confiance en moi mais en Vous. 
De jouer le jeu chrétien sans me soucier des conséquences,
Et finalement de risquer ma vie en comptant sur Votre amour .
Seigneur, délivrez-moi de moi-même,
donnez-moi Seigneur, une âme accueillante, 
Un cœur ouvert, une main toujours prête à l’amitié, 
Une main prête à recevoir Vos mains, 
Souffrances et joies, 
Une âme qu’aucun bouleversement n’effraie 
Qu’aucun appel ne surprend,
Et qui soit prête à s’envoler vers Vous 
Au jour où Vous voudrez bien m’appeler en votre béatitude .

(Abbé Joly)


L'Ermite

jeudi 10 septembre 2015

TU ES LE CHRIST

VINGT QUATRIÈME DIMANCHE 

DU TEMPS ORDINAIRE

(Mc 8, 27-35)

TU ES LE CHRIST !



Certes j’aime l’Écriture Sainte, mais ce passage de l’évangile m’agrée tout particulièrement !


En ce temps-là,
    Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples,
vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe.
Chemin faisant, il interrogeait ses disciples :
« Au dire des gens, qui suis-je ? » 



Depuis notre baptême, depuis toujours pouvons-nous dire, car, quel que soit l’âge où nous avons été baptisés, Jésus marche à nos côtés de toute éternité ; c’est notre conscience qui s’est éveillée à Sa Présence au moment précis où nous Lui avons ouvert la porte de notre cœur, il y a un moment qu’Il frappait, mais nous étions encombrés ! « Je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi.  (Apocalypse 3) ». En effet, Jésus marche à nos côtés, comme Il le faisait autrefois, sur les routes, avec Ses disciples, et c’est à chacun de nous qu’Il pose cette question de confiance aujourd’hui. Essayons de l’entendre, de l’accueillir, de la mûrir et d’y répondre avec toute la sincérité et l’amour dont nous sommes capables !
Jésus s’enquit, d’abord, de la pensée de Monsieur et Madame tout-le-monde à son sujet, c’est une façon de préparer les disciples à une question plus personnelle.


Ils lui répondirent :
« Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres, un des prophètes. »

Si nous parlons au nom de notre environnement, les réponses seront multiples et variées en nos temps plutôt compliqués.

Pour les gens qui es-tu ?

Tu es l’Existant, mais quel Existant ? Tu es « quelque chose »plus grand que nous mais qui exactement ?

Tu es Celui dont on tire la sonnette d’alarme quand ne sait absolument plus quoi faire  au cas ou !

Ce qui est sûr, c’est que, si tu étais aussi puissant que certains le disent et le croient, tu ne permettrais pas la maladie, le handicap, les guerres, la souffrance sous une quelconque forme…

Sans doute n’ont-ils jamais entendu ce passage du Livre d’Isaïe :


Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille,
et moi, je ne me suis pas révolté,
je ne me suis pas dérobé.
    J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,
et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.
Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.
    Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours



Et s’ils le connaissent, il leur est difficile, sinon impossible, de voir Dieu dans Celui qui se laisse frapper, outrager, cracher dessus, sans mot dire !
Ne sommes-nous pas à l’ère de la force, de la puissance, du toujours plus, toujours mieux, toujours plus performant ? Un Jésus humble, qui se tait quand on l’insulte, est-Il vraiment Dieu ? Est-ce possible ?


Pour beaucoup, qui dit « Dieu », dit « PUISSANCE, POSSESSION, FORCE DISSUASIVE … » Ils sont immensément loin du Dieu révélé, humble, né dans la faiblesse, dans une mangeoire, obligé de fuir le puissant Hérode

pour se protéger… Dieu, en Jésus Christ véhicule des valeurs de fragilité, de faiblesse, d’abandon, de dépendance, d’obéissance, de service, de silence, de solitude, d’amour du plus petit, de l’indigent, et, surtout du pécheur !

Alors, pour toi, pour moi, qui est Jésus ? Je laisse volontairement un espace afin que chacune, chacun, s’arrête, quelques instants et puisse répondre à cette question qui engage nos vies.










Et lui les interrogeait :
« Et vous, que dites-vous ?
Pour vous, qui suis-je ? »
Pierre, prenant la parole, lui dit :
« Tu es le Christ. »
    Alors, il leur défendit vivement
de parler de lui à personne.

Pierre, le fougueux, l’impétueux, avec élan, affirme : »Tu es le Christ » traduisons, le Messie de Dieu, l’oint de Dieu !

Les Philistins apprirent que David avait été oint pour roi sur tout Israël;  (  1 Chroniques 14)

C’est moi que la maison de Juda a oint pour être son roi.  ( 1 Samuel 2)

Et il y demeurera jusqu'à la mort du grand prêtre qui a été oint de l'huile sainte.  (Nombres 35)

L'esprit du Seigneur  est sur moi, parce que le Seigneur m'a oint;  (Isaïe 61)

Samuel prit une fiole d'huile, et la versa sur la tête de Saül; puis il le baisa et dit: «le Seigneur ne t'a-t-il pas oint pour chef sur son héritage?  (1Samuel 10)

Ton trône, ô Dieu, est éternel; le sceptre de ta royauté est un sceptre de droiture.  Tu as aimé la justice et haï l'iniquité; c'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile d'allégresse au-dessus de tous tes compagnons.  (Hébreux 1)

Samuel fut aimé du Seigneur son Dieu; prophète du Seigneur, il a établi la royauté, et il a oint des princes pour commander à son peuple. (Sirac  46)

Vous savez, vous, la chose qui s'est passée dans toute la Judée, commençant par la Galilée après le baptême que Jean a prêché,  comment Dieu a oint de l'Esprit-Saint et de puissance Jésus de Nazareth, qui alla de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l'empire du diable, car Dieu était avec lui. (Actes  10)

Que toute la maison d'Israël sache donc avec certitude que Dieu l'a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié.  (Actes 2)

Quand Pierre dit : « tu es le Christ » il exprime tout cela, il reconnaît en Jésus l’oint du Seigneur Dieu et Père, et, tous les attributs qui découlent de cette onction : Roi, Prophète, Grand Prêtre, Seigneur et Christ ! Pierre place Jésus au-dessus de tous et de tout, dévoilant ainsi, sans bien le savoir, sa divinité. Mais quel Dieu perçoit-il ?


Quant à Jésus Il ne se laisse pas bercer par de belles paroles ni par un élan du cœur, s’il est Roi, Prêtre, prophète, ce n’est pas à la manière du monde qu’Il faut l’entendre : « mon royaume n’est pas de ce monde » mais bien à la manière de Dieu et sa manière c’est : « que le plus grand
soit le plus petit » « qu’il soit comme celui qui sert » « qu’il s’abaisse et il sera élevé » voilà l’empreinte de Dieu.


    Il commença à leur enseigner
qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup,
qu’il soit rejeté par les anciens,
les grands prêtres et les scribes,
qu’il soit tué,
et que, trois jours après, il ressuscite.
    Jésus disait cette parole ouvertement.

Jésus dresse le tableau réel du « serviteur » et cela est insupportable. Pierre, en l’appelant Christ, ne va pas jusque là ! C’est trop fort ! Il ne peut imaginer un Dieu qui souffre, qui est rejeté, tué, sans doute, pour lui, Pierre, ce n’est pas digne d’un Dieu !



Pierre, le prenant à part,
se mit à lui faire de vifs reproches.
    Mais Jésus se retourna
et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre :
« Passe derrière moi, Satan !
Tes pensées ne sont pas celles de Dieu,
mais celles des hommes. »


Voilà, Pierre parle à la manière des hommes ! Quand Jésus l’appelle « Satan » Il dénonce cette façon bien trop humaine de penser et de parler, Et, Jésus va lui montrer que devenir disciple ce n’est pas marcher
sur un tapis douillet mais cela suppose que le disciple prenne « sa croix », sa part de souffrance, pour participer à l’œuvre salvifique du Père.


    Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit :
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite,
qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix
et qu’il me suive.
    Car celui qui veut sauver sa vie
la perdra ;
mais celui qui perdra sa vie 
à cause de moi et de l’Évangile
la sauvera. »

Pierre, comme chacun de nous, ne peut envisager d’être disciple, s’il refuse de prendre le chemin d’amour du Verbe Incarné. Être disciple, c’est prendre sa croix, c’est perdre sa vie à cause de Jésus, parce qu’on aime vraiment Jésus et à sa manière à Lui, jusqu’à l’extrême ! Ce n’est qu’en acceptant « tout Jésus » que nous pourrons répondre, sincèrement, « qui Il est pour soi » Qui osera prétendre être capable de répondre en vérité tant qu’il est en marche sur la terre des hommes ?



L’Ermite

samedi 5 septembre 2015

OUVRE-TOI

VINGT TROISIÈME DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

« OUVRE-TOI »

 (Mc 7, 31-37)


« Soyez forts, ne craignez pas.
Voici votre Dieu :
c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu.
Il vient lui-même et va vous sauver. »
    Alors se dessilleront les yeux des aveugles,
et s’ouvriront les oreilles des sourds.
    Alors le boiteux bondira comme un cerf,
et la bouche du muet criera de joie ;
car l’eau jaillira dans le désert,
des torrents dans le pays aride.
    La terre brûlante se changera en lac,
la région de la soif, en eaux jaillissantes.

N’est-elle pas surprenante cette Prophétie d’Iaïe, environ 700 ans avant la venue de Jésus le Sauveur ? » Voici votre Dieu ! Il vient Lui-même et va vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles et s’ouvriront les oreilles des sourds… » Non seulement Isaïe annonce la venue du Sauveur, mais il précise les actes de ce Sauveur ! Proclamation rafraîchissante « où la terre brûlante se changera en lac et la région de la soif, en eaux jaillissantes. » Jésus, le Sauveur, panse les plaies, guérit maladies et blessures, mais surtout change les cœurs et Jésus ne limite pas ses bienfaits à son entourage, Il ne craint pas de se rendre chez les païens, c’est le cas aujourd’hui, manifestant ainsi qu’Il vient pour tous les hommes, de tous les temps, ceux d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Tous les hommes sont appelés à devenir des fils du Père et des frères de Jésus, frères également entre eux !

Sa réputation a déjà passé les frontières puisque « des gens lui présentent un sourd qui a de la difficulté à parler et le supplie de poser la main sur lui. »

En ce temps-là,
    Jésus quitta le territoire de Tyr ;
passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée
et alla en plein territoire de la Décapole.
    Des gens lui amènent un sourd 
qui avait aussi de la difficulté à parler,
et supplient Jésus de poser la main sur lui.

Il y a là « des gens » qui sont les intermédiaires entre cette personne lourdement handicapée, et, bien sûr, Jésus. Ces gens ne se substituent pas
à la personne en manque, ils la mettent en relation avec Jésus et Le supplie (le terme est fort) de poser sa main.
Jésus est le cœur de notre cœur, nous nous réjouissons qu’Il soit entré dans notre vie, par pure grâce au jour de notre baptême, brûlons-nous de mettre nos frères moins chanceux sur Son chemin de Vérité ? Le supplions-nous, par la prière, de poser Son Regard, Sa Main, sur eux ? Est-ce notre souci le plus profond ? Ce n’est pas toujours facile de L’annoncer par la parole, mais notre vie doit et peut témoigner et, surtout, nous pouvons et devons prier pour que Jésus TROUVE toutes les brebis égarées, ou qui cherchent, mais, n’ont pas de bons guides !

    Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, 

Jésus, comme très souvent, agit dans la plus grande discrétion, Jésus recherche le silence, les lieux plutôt déserts, Jésus ne fait pas du spectaculaire, Il ne cherche pas à s’imposer et, encore moins à se créer une réputation de thaumaturge. Jésus vient accomplir l’œuvre de Son Père, et, pour entendre et faire ce que veut le Père, Il doit l’écouter, or on ne peut écouter dans la bousculade et le brouhaha, c’est pourquoi Jésus entraîne cette personne à l’écart.
Notons les actes de cette démarche de salut, nous sommes en présence des éléments essentiels de tout sacrement :

Le geste : « lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue. »

L’œuvre du Père : « Puis, les yeux levés au ciel, il soupira »

La Parole : « et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » 

Aussitôt Ses oreilles s’ouvrirent ;
sa langue se délia,
et il parlait correctement.

Puissions-nous, nous aussi, nous laisser rencontrer par le Seigneur et nous ouvrir largement à Sa grâce ! Cet homme rassemblait les dispositions requises pour que le Seigneur accomplisse, en Lui, son œuvre de miséricorde et de compassion. Il a accepté l’aide de ses frères en humanité, il a accepté l’intervention aimante du Dieu « riche en miséricorde » il a laissé tomber ses défenses, il s’est offert simplement pour que s’accomplisse le Mystère.

    Écoutez donc, mes frères bien-aimés !
Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi
ceux qui sont pauvres aux yeux du monde
pour en faire des riches dans la foi,
et des héritiers du Royaume
promis par lui à ceux qui l’auront aimé ?

Disait St Paul dans la seconde lecture de ce jour ! « Ceux qui sont pauvres aux yeux du monde » cette précision est importante, en effet, le bien-portant, porte, la plupart du temps, un regard de pitié sur la
personne handicapée. Parce qu’elle est touchée, dans son intégrité physique, nous risquons de la croire diminuée dans son esprit, nous la plaignons et la considérons comme pauvre.  Quelle erreur ! La plupart du temps, le handicap conduit la personne atteinte, à se dépasser, ce qui lui manque d’un côté est compensé et parfois décuplé d’un autre. Il suffit d’approcher tant soit peu, une personne handicapée pour s’émerveiller de la profondeur de sa sensibilité, pour découvrir ses capacités sensorielles, ses astuces pour se débrouiller au maximum, sa délicatesse relationnelle… sa finesse dans l’écoute, les subtilités de son intelligence, Il arrive même que la personne en pleine possession d’elle-même au plan physique, se ressente plus handicapée parce moins capable de développer ce qu’elle est originellement.

Qui est le pauvre dès lors ? Le pauvre c’est chacun de nous, car chacun de nous est tellement loin, de la seule richesse capable de retenir l’attention, la richesse de l’amour vrai, pur, désintéressé, en somme, de l’amour qui est Dieu même !

« Dieu est amour » 1 Jean 4,9 Et cet amour consiste en ce que ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils  (1Jean  4) Dieu est amour; et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. (1Jean 4) la voilà la seule vraie richesse !

Vivre en Dieu et par Dieu, tout recevoir, pour tout donner.

Le Seigneur garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes,
le Seigneur protège l’étranger.

Il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera :
ton Dieu, ô Sion, pour toujours !

(Ps 145, 2)

Qu’Il est grand notre Dieu, Lui qui fait justice aux opprimés, quelle que soit cette oppression !

    Alors Jésus leur ordonna
de n’en rien dire à personne ;
mais plus il leur donnait cet ordre,
plus ceux-ci le proclamaient.
    Extrêmement frappés, ils disaient :
« Il a bien fait toutes choses :
il fait entendre les sourds et parler les muets. »

Oui, notre Dieu fait bien toutes choses, hélas, très souvent, nos yeux sont aveuglés, nos oreilles bouchées, notre parole empâtée, et, surtout notre cœur encombré quand il n’est pas fermé !

Demandons à Jésus Notre Sauveur et Maître de vie, de toucher notre ouïe pour mieux entendre et comprendre ce qu’Il attend de nous.
- De toucher nos yeux pour qu’ils laissent à Jésus le soin de regarder à travers eux,
- De prendre possession de notre parole afin que ce soit Lui qui s’exprime à travers elle
- D’habiter tout l’espace de notre cœur pour qu’il n’y ait plus de place pour l’égoïsme et tous ses serviteurs !

Alors, nous pourrons dire avec Saint Paul en toute vérité :

« Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi.
Ce que je vis maintenant dans la chair,
je le vis dans la foi au Fils de Dieu,
qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi. »
(Galates 2)

OUVRONS-NOUS !


Mieux encore, laissons le Christ Lui-même, nous ouvrir à Son Amour !

L'Ermite