samedi 22 mars 2014

ECOUTEZ-LE !

transfiguracion13.jpgDeuxième dimanche de Carême 2014.

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère,
et il les emmène à l'écart, sur une haute montagne.

Pour la Galilée, le mont Thabor (c’est de lui qu’il est ici question) est une haute montagne. Jésus, nous le savons, quand Il désire vivre un moment fort seul ou avec ses disciples se retire à l’écart et, le plus souvent sur une montagne lieu de silence et de solitude par excellence. Là, Il peut se recueillir plus facilement pour parler à son Père, là aussi, il peut enseigner ses disciples quand la foule avide de l’entendre ne le rejoint pas ! Si Jésus entraîne ses apôtres, les trois qu’Il a choisis, à l’écart, sur une montagne c’est qu’Il a quelque chose d’important à leur dire, ou à leur permettre d’expérimenter. Souvenons-nous du Mont Sinaï où Moïse rencontrait le Seigneur son Dieu, où il s’entretenait avec Lui, où il reçut les Tables de la loi …

Moïse descendit de la montagne de Sinaï; Moïse avait dans sa main les deux tables du témoignage, en descendant de la montagne; et Moïse ne savait pas que la peau de son visage était devenue rayonnante   (Exode 34)
  •      Disciples de Jésus, savons-nous, avant de prendre une décision importante nous recueillir pour recevoir du Seigneur les lumières dont nous avons besoin ?
Rencontrer Dieu n’est pas anodin ! Rencontrer Dieu transforme ! Rencontrer Dieu transfigure ! Faut-il encore se laisser vider de soi, de ses prétentions, pour revêtir le Christ ressuscité ! C’est toute la démarche du baptême où le Christ nous habille de Lui –même. Et c’est un des aspects du passage d’évangile proposé à notre méditation aujourd’hui. L’Évangéliste poursuit :

Il (Jésus) fut transfiguré devant eux ;
son visage devint brillant comme le soleil,
et ses vêtements, blancs comme la lumière.

De Jésus, les apôtres ne connaissent que l’enveloppe humaine, cette chair qu’Il emprunte à notre humanité pour se faire proche de nous. Certes ils reconnaissent en Jésus un Maître qui les éclaire par ses enseignements et sa manière de vivre, ils voient bien les actes qu’il pose : guérisons, pain multiplié… mais comme nous disons en langage familier : ça glisse un peu ! Ils s’émerveillent, puis la vie continue ….Plusieurs fois Jésus évoque sa fin douloureuse, mais comme nous le faisons souvent, c’est tellement difficile à entendre qu’ils préfèrent parler de ce qui les préoccupe dans l’immédiat, par exemple : qui est le plus grand dans le Royaume de Dieu, qui siégera à Sa droite ?
  •      Disciples de Jésus, sommes-nous conscients de la merveille qu’est le sacrement du Baptême, savons-nous remercier le Seigneur pour ce don merveilleux et l’entretenir par la prière et les sacrements ?
Ici, loin du bruit, loin de l’agitation des foules, dans le silence de la montagne, Jésus peut être totalement ce qu’Il est : à savoir Lumière née de la Lumière ! Ici, Jésus peut laisser entrevoir qui il est vraiment et, si les apôtres ne comprennent pas tout, s’ils sont dépassés par ce qui se passe, ils ne pourront pas l’oublier ; et, le moment venu, ils se souviendront de ce moment extraordinaire où ils ont approché non seulement l’homme Jésus mais le Dieu d’amour, le Fils bien-aimé du Père !!

Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s'entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :
« Seigneur, il est heureux que nous soyons ici !
Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »

L’intensité de ce qu’ils vivent à cette heure les dépasse, c’est trop fort, ils se sentent très bien, ils sont heureux, revenir au quotidien, c’est envisager de descendre de la montagne, alors Pierre, qui n’a guère envie de retrouver ce train-train quotidien, fait une proposition toute terre à terre : dresser trois tentes pour que perdure la merveille :
  •      Disciples de Jésus, quand il nous arrive de vivre une expérience forte dans notre vie spirituelle (après une retraite, un sacrement …) ne nous est-il pas arrivé de souhaiter demeurer sur la montagne pour jouir de la gourmandise spirituelle ? N’oublions jamais que ces moments forts sont des lumières sur notre route pour nous propulser plus loin, pour nous soutenir dans les moments de fragilité…
Ici, c’est la voix du Père qui va les tirer de leur rêverie :

Il parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ;
et, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ;
écoutez-le ! »
Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre
et furent saisis d'une grande frayeur.

Ce que le Christ manifestait ainsi à ses disciples au sommet de la montagne, ce que Dieu ratifiait de sa Parole, n’était pas un simple spectacle nouveau, mais la manifestation éclatante de la divinisation en Lui de toute la nature humaine, y compris le corps, et de son union avec la splendeur divine. "La divinité de celui qui a prit notre humanité"
Voilà ce que dit la prière de l’offertoire de ce jour !
  •      Disciples de Jésus, comment pouvons-nous écouter le Verbe de Dieu, la Lumière née de la Lumière, comment, nous, aujourd’hui, pouvons-nous reconnaître sa voix ? Nous avons de nombreux moyens mis à notre disposition par l’Église : l’Écriture sainte, les sacrements, les enseignements, la prière, les frères...A nous de  saisir les possibilités qui nous sont offertes pour vivre toujours plus de Lui (Jésus) par Lui et en Lui.
L’iconographie chrétienne traduit les versets qui suivent d’une façon très réaliste. Les apôtres sont tellement bouleversés d’entendre la voix du Père qu’ils se retrouvent à terre, nous dirions familièrement les quatre fers en l’air et n’osant plus regarder !
Jésus s'approcha, les toucha et leur dit :
« Relevez-vous et n'ayez pas peur ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.

Nous l’avons remarqué, quand Jésus guérit, Il touche la personne,  il lui impose les mains,il prononce une Parole , c’est aussi le propre des sacrements…Jésus n’agit pas autrement ici, Il touche les apôtres pour les rassurer, les apaiser , Il leur demande de se relever …Rencontrer Jésus, se laisser approcher peut faire peur parfois : où cela va-t-il nous conduire nous demandons-nous ?


  • *     Disciples de Jésus n’ayons pas peur, Jésus connaît notre cœur, Jésus connaît nos limites, Il ne demandera pas plus que ce qui nous est possible de porter, vivons dans la confiance et l’abandon.

En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre :
« Ne parlez de cette vision à personne,
avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. »

 la vision a disparu. Les apôtres retrouvent le paysage de la Galilée. Ils ne peuvent vivre aujourd’hui dans l’éternité de la vision divine. Jésus est au milieu d’eux et redevient le charpentier de Nazareth, l’ami quotidien, fascinant,mystérieux,attachant.

Ils viennent de vivre en un instant ce qui est plus qu’une lumière d’
espérance puisqu’ils ont découvert une autre réalité dont ils mesureront la richesse au travers du temps et de la mesure de leur pauvreté et de leur faiblesse.

Mais aujourd’hui et dans les jours à venir, c’est à travers l’humiliation et la souffrance qui viennent pour Jésus, comme pour nous, que désormais la lumière doit briller. "C’est toi mon fils bien-aimé" a dit le Seigneur au moment du 
baptême de Jésus au Jourdain. "Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le" leur a-t-il dit au Thabor.
  •    Disciples de Jésus, marchons avec Lui, vers sa Pâque, vers notre Pâque aussi ne perdons pas de vue que nous sommes pèlerins et que notre vraie demeure est en Dieu, avec Jésus.

Notre route terrestre n’est pas éternelle elle nous prépare à la rencontre du Dieu vivant et vrai.

L'ermite

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