vendredi 29 janvier 2016

LUI, PASSANT AU MILIEU D'EUX ALLAIT SON CHEMIN.

QUATRIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Lc 4, 21-30)


En ce temps-là,
dans la synagogue de Nazareth,
après la lecture du livre d’Isaïe,
    Jésus déclara :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »

    Tous lui rendaient témoignage
et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche.

Ce verset illustre parfaitement nos comportements humains ! « Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. » Nous espérerions en rester là et nous réjouir de ce témoignage. Nous souhaiterions exprimer notre admiration, voire notre action de grâce devant ce que nous pressentons, parce nous reconnaissons, en Jésus, un être hors du commun, un être exceptionnel, captivant ! Toutefois, le verbe « s'étonnaient » apporte une nuance ambiguë qui trouve une confirmation immédiate dans le verset suivant :

Ils se disaient :
« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »

Les participants s'étonnent vraiment. La famille de Jésus est bien connue, Jésus n'a pas fréquenté les grandes écoles, il appartient à une famille modeste qui travaille manuellement ( déjà à cette époque comme aujourd'hui, à la nôtre, le travail manuel était sous-estimé, il y aurait tellement à dire à ce propos ! ) et lui-même a appris le métier de charpentier auprès de son père putatif. Un bon métier certes, mais qui ne l'inscrit pas dans la classe sacerdotale ou dirigeante. Tout cela surprend, dérange, interroge, crée même un malaise, comme ce sera le cas lors du discours sur le Pain de Vie en St Jean :"N'est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère? »

Il n'est pas rare, en effet, dans nos relations, d'entendre faire l'éloge d'une personne et de l'accompagner immédiatement, d'un bémol dépréciatif. Écoutons - nous ! Observons nos comportements personnels et ceux de notre environnement, que remarquons-nous ?N'avons-nous pas des
difficultés à reconnaître les talents de nos frères et sœurs surtout quand ceux-ci appartiennent à un milieu qui nous est étranger ? Que peut-il sortir de bon de cette famille ? Son père est comme ceci, sa mère est comme cela, son frère a fait de la prison, sa sœur … N'avons-nous pas des difficultés à reconnaître la personne dans sa valeur personnelle, avec ses dons propres, ce qui fait sa valeur pour la promouvoir. Pourtant, nous le savons, c'est à chacun d'entre nous qu'il est dit : Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime, je donne des humains en échange de toi, des peuples en échange de ta vie. Isaïe 43, 4

Ne jugez point sur l'apparence, mais jugez selon la justice." Jn 7,24

Jésus n'est pas dupe, ce malaise ne lui échappe pas, et il exprime tout haut ce que les gens n'osent pas dire mais pensent si fort que c'est un peu comme si Jésus entendait le murmure de leurs cœurs qu'Il lit sur leurs visages :

  il leur dit :
« Sûrement vous allez me citer le dicton :
‘Médecin, guéris-toi toi-même’,
et me dire :
‘Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm :
fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’
« Amen, je vous le dis :
aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays..

Jésus est confronté – cela ne fait que continuer d'ailleurs, n'a-t-il pas dû fuir en Égypte pour échapper à Hérode ? - à toutes nos bassesses, nos rivalités et jalousies … Ce qui anime le cœur de ses contemporains, nous habite souvent et contribue à édifier des murs entre nous. Nous oublions, qu'en agissant ainsi, aujourd'hui encore, c'est Jésus que nous rejetons, que nous malmenons. Quand j'empêche mon frère de devenir ce qu'Il est au fond de lui-même, j'empêche Jésus de se faire connaître et de révéler le Père. C'est tout-à-fait ce que nous dit Jésus, en Matthieu dans la péricope parallèle à celle de Luc : »" Un prophète n'est sans honneur que dans sa patrie et dans sa maison. Et il ne fit pas là beaucoup de miracles à cause de leur incrédulité. »

En cette année jubilaire de la Miséricorde comme il serait agréable au Seigneur Dieu si nous nous arrêtions sérieusement pour faire le point dans notre vie spirituelle et l’Évangile est l'outil par excellence pour tenter de

mettre notre vie en parallèle avec les exigences de Jésus. Le mot qui s'imposait à mon esprit, est mettre sa vie en « synopse »avec les paroles et les actes de Jésus : chaque verset est appelé à éclairer ma vie concrète !
Faut-il parler d'exigences ? Je ne le crois pas réellement, plus que d'exigences il s'agit tout simplement d'aimer à la manière de Jésus, il s'agit d'imiter Jésus, de Le regarder vivre, de L'entendre parler, d'écouter Ses enseignements et de permettre à tout cela de produire de bons fruits.

    En vérité, je vous le dis :
Au temps du prophète Élie,
lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie,
et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre,
il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
    pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles,
mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon,
chez une veuve étrangère.
    Au temps du prophète Élisée,
il y avait beaucoup de lépreux en Israël ;
et aucun d’eux n’a été purifié,
mais bien Naaman le Syrien. »

En poursuivant par des exemples pris dans l'Ancienne Alliance Jésus veut nous faire comprendre qu'Il n'est la propriété de personne. Jésus est un homme libre qui appelle à la liberté , son message s'adresse à tous les hommes de bonne volonté, à tous ceux qui sont prêts à mettre leurs pas dans les siens, de quelque Pays qu'ils soient car Dieu ne fait pas de
différences entre les êtres, Il ne délaisse aucune de Ses créatures : « votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des Seigneurs, le Dieu grand, fort et terrible, qui ne fait point acception des personnes et qui ne reçoit point de présent, qui fait droit à l'orphelin et à la veuve, qui aime l'étranger et lui donne de la nourriture et des vêtements. Dt 10,1 »

« Car Dieu ne fait pas acception des personnes. Rom 2,11 »

« Quant à ceux qu'on tient en si haute estime, - ce qu'ils ont été autrefois ne m'importe pas: Dieu ne fait point acception des personnes, Ga 2,6 »

Dieu aime chaque personne, à chacun, Dieu donne sa chance, sa grâce est plus juste. La veuve de Sarepta et Naaman le Syrien étaient païens, leur cœur était ouvert, aussi ont-ils été capables d'accueillir le don de Dieu mieux que son peuple ! Dieu ne fait pas de différences entre les hommes je
le redis ici sans craindre de me répéter,Il nous appelle tous à entrer dans son projet d'amour universel. « L’amour ne passera jamais. » nous dit St Paul.

    À ces mots, dans la synagogue,
tous devinrent furieux.
    Ils se levèrent,
poussèrent Jésus hors de la ville,
et le menèrent jusqu’à un escarpement
de la colline où leur ville est construite,
pour le précipiter en bas.
    Mais lui, passant au milieu d’eux,
allait son chemin.

J'apprécie vraiment beaucoup ce verset il me parle beaucoup ! J'y vois la grandeur de Jésus, son infinie liberté ! Ses propos déplaisent, Ses interlocuteurs veulent se débarrasser de Lui, mais Lui, Jésus, poursuit son chemin, Il continue Sa route ! Aucune parole blessante ne sort de Ses
lèvres, Il va, magnanime, doux et humble, miséricordieux… Cette attitude ne le quittera jamais, sur la croix, Il est capable de dire : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ! » C'est parce qu'Il est infiniment libre que Jésus passe à travers la foule et échappe à Ses détracteurs. Il y a en Lui la noblesse d'une âme entièrement orientée vers le Père, à Son écoute et qui ne fait rien d'autre que ce que Lui demande ce Père tendrement aimé !

« ils te combattront,
mais ils ne pourront rien contre toi,
car je suis avec toi pour te délivrer »

Cette prophétie de Jérémie ne s'applique-t-elle pas parfaitement à Celui « qui passe au milieu d'eux et va son chemins ! » Agissons de même et nous vivrons dans l 'allégresse des sauvés !


L'Ermite

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