samedi 16 janvier 2016

MAINTENANT PUISEZ !

PREMIER DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Jn 2, 1-11)






    il y eut un mariage à Cana de Galilée.
La mère de Jésus était là.
    Jésus aussi avait été invité au mariage
avec ses disciples.
    Or, on manqua de vin.
La mère de Jésus lui dit :
« Ils n’ont pas de vin. »

Marie constate un manque : discrètement, Marie en fait la remarque à Jésus, c'est sa première intercession ! Marie a vu parce qu'Elle est attentive à ce qui se passe. Comme Jésus, Elle est invitée et loin d'être repliée sur elle-même, elle observe avec bienveillance et repère immédiatement le malaise qu'engendrera cette situation. Elle se met à la place des jeunes mariés et veut leur éviter semblable déconvenue.

Peut-être pouvons-nous retenir trois éléments :

- la discrétion de Marie : Marie n'impose rien, elle souligne simplement une situation inconfortable. Dans semblables situations, quelle est ma conduite ?
Est-ce que je parle haut et fort, est-ce que je fais savoir à qui veut l'entendre que je suis intervenu «  c'est grâce à moi si la situation s'est inversée ! » ou je ferme les yeux, ou , comme Marie, j'attire discrètement l'attention de la personne la mieux placée pour remédier au manque ?

- d'entrée, Marie intercède, Elle est une Mère secourable, même sans notre supplication, Marie voit nos attentes et les soumet à Jésus, toutefois, il est bon de lui en parler, pour lui manifester notre confiance.Nous pouvons compter sur l'intercession de Marie.

- Si Marie intercède c'est parce qu'Elle s'identifie à ces jeunes et ressent profondément la gêne qui sera la leur : en cette année jubilaire n'est-il pas bon de réfléchir sur notre propre comportement dans nos relations. Souvent nous entendons, « c'est leur problème », « je ne me sens pas concerné » « qu'il, qu'elle se débrouille, ça ne me regarde pas » n'est-ce pas alors le, « je m'en lave les mains de Pilate » ?

Un seul verset et nous voilà, si nous le voulons vraiment, entrés dans cette année jubilaire, si nous voulons vraiment renaître, nous plonger dans la miséricordieuse tendresse de Dieu, Père, et Fils et Esprit Saint, nous voilà confrontés au tamis de l’Évangile !

« Il (Jésus) tient en main sa pelle à vanner il va nettoyer son aire de battage et amasser le blé dans son grenier. Quant à la balleil la brûlera dans un feu qui ne   ne s'éteindra jamais. »

    Jésus lui répond :
« Femme, que me veux-tu ?
Mon heure n’est pas encore venue. »

Ce verset a fait couler beaucoup d'encre, a suscité bien des commentaires, des questions. Je pense, quant à moi, que cette traduction ne rend pas exactement la pensée de Jésus, ou bien ce dialogue porte une profondeur qui nous échappe. Aussi, j'emprunte l'explication qu'en donne Le Pape émérite Benoît XVI

« Je crois que nous pouvons très bien comprendre l'attitude et les paroles de Marie; il nous est cependant d'autant plus difficile de comprendre la réponse de Jésus. Déjà, l'appellation ne nous plaît pas: "Femme" - pourquoi ne dit-il pas : mère ? En réalité, ce titre exprime la position de Marie
dans l'histoire du salut. Il renvoie à l'avenir, à l'heure de la crucifixion, où Jésus lui dira: "Femme, voici ton fils - Fils, voici ta mère" (cf. Jn 19,26-27). Il indique donc à l'avance l'heure où Il fera devenir la femme, sa mère, mère de tous ses disciples. D'autre part, ce titre évoque le récit de la création d’Ève: Adam, au milieu de la création et de toute sa richesse, se sent seul, comme être humain. Ève est alors créée, et en elle, il trouve la compagne qu'il attendait et qu'il appelle du nom de "femme". Ainsi, dans l’Évangile de Jean, Marie représente la femme nouvelle, définitive, la compagne du Rédempteur, notre Mère : l'appellation apparemment peu affectueuse exprime en revanche la grandeur de sa mission éternelle.

Mais ce que Jésus dit ensuite à Marie, à Cana, nous plaît encore moins: "Que me veux-tu, femme? Mon heure n'est pas encore arrivée" (Jn 2, 4). Nous serions tentés de répondre: Tu as beaucoup à voir avec elle ! C'est elle qui t'a donné ta chair et ton sang, ton corps.

Et pas seulement ton corps : avec son "oui", provenant du plus profond de son cœur, elle t'a porté dans son sein et, avec amour maternel, elle t'a donné le jour et introduit dans la communauté du peuple d'Israël. Mais si nous parlons ainsi avec Jésus, nous sommes déjà sur la bonne voie pour comprendre sa réponse. Car tout cela doit rappeler à notre esprit que lors de l'incarnation de Jésus, deux dialogues vont de pair et se fondent l'un avec l'autre, devenant une seule chose.

Il y a tout d'abord le dialogue que Marie entretient avec l'Archange Gabriel, et dans lequel elle dit: "Qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38).
Mais il existe un texte parallèle à celui-ci, un dialogue, pour ainsi dire, à l'intérieur de Dieu, qui nous est rapporté par la Lettre aux Hébreux, quand il est dit que les paroles du Psaume 40 sont devenues comme un dialogue entre le Père et le Fils - un dialogue dans lequel commence l'incarnation. Le Fils éternel dit au Père: "Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m'as façonné un corps... Voici je viens... pour faire [...] ta volonté" (He 10, 5-7; cf. Ps 40, 6-8). Le "oui" du Fils: "Je viens pour faire ta volonté", et le "oui" de Marie : "Qu'il m'advienne selon ta parole" - ce double "oui" devient un unique "oui", et ainsi, le Verbe devient chair en Marie. Dans ce double "oui", l'obéissance du Fils prend corps ; Marie, avec son "oui" lui donne un corps.

"Que me veux-tu, femme?". Ce qu'au plus profond ils ont à voir l'un avec l'autre, c'est ce double "oui", dans la concomitance duquel a eu lieu l'incarnation. C'est ce point de leur très profonde unité que le Seigneur vise à travers sa réponse. C'est précisément là que renvoie la Mère. Là, dans ce "oui" commun à la volonté du Père, se trouve la solutionNous devons nous aussi apprendre toujours à nouveau à nous acheminer vers ce point ; là apparaît la réponse à nos interrogations.

A partir de là, nous comprenons à présent également la deuxième phrase de la réponse de Jésus: "Mon heure n'est pas encore venue". Jésus n'agit jamais seulement de lui-même ; jamais pour plaire aux autres. Il agit toujours en partant du Père, et c'est précisément cela qui l'unit à Marie, car c'est là, dans cette unité de volonté avec le Père, qu'elle a voulu elle aussi, déposer sa demande.

C'est pourquoi, après la réponse de Jésus, qui semble repousser la demande, elle peut dire de manière surprenante aux serviteurs avec simplicité: "Tout ce qu'il vous dira, faites-le" (Jn 2, 5). Jésus n'accomplit pas un prodige, il ne joue pas de son pouvoir dans un événement qui est au fond entièrement privé. Non, il accomplit un signe, avec lequel il annonce son heure, l'heure des noces, l'heure de l'union entre Dieu et l'homme. »

Et c'est parce que Jésus et Marie sont sur la même longueur d'onde que cette dernière poursuit avec une tranquille simplicité ; Elle sait, d'une conviction profonde et intérieure, que Jésus ne laissera pas ces jeunes dans l'embarras, Jésus et Marie se comprennent parfaitement :

    Sa mère dit à ceux qui servaient :
« Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

Cette remarque nous rejoint dans notre aujourd'hui, Marie s'adresse à chacun de nous, c'est chacun qu'Elle invite « à faire tout ce que Jésus dira ».Jésus s'adresse à chacun de nous, là où nous sommes, et là où nous en sommes, dans notre vocation spécifique. A nous de nous recueillir, d'établir un silence profond dans notre être, pour entendre ce que Jésus nous demande de précis, notamment en cette année Jubilaire. Ne négligeons pas le don de Dieu !

« 
Voici, j'envoie un ange devant toi, pour te protéger en chemin, et pour te faire arriver au lieu que j'ai préparé. Tiens-toi sur tes gardes en sa présence, et écoute sa voix; ne lui résiste point, parce qu'il ne pardonnera pas vos péchés, car mon nom est en lui ».… Ex 23

L'ange peut-être une personne envoyée par Dieu, il peut être un événement à travers lequel Dieu s'exprime, demandons-Lui de ne pas passer à côté, de ne pas tourner le dos, demandons Lui de savoir « reconnaître » Ses passages, sa Présence et d'emboîter le pas allègrement, la joie dans le cœur et débordant d'action de grâce d'avoir « été choisi » pour entrer dans le « oui » de Jésus et de Marie.

    Or, il y avait là six jarres de pierre
pour les purifications rituelles des Juifs ;
chacune contenait deux à trois mesures,
(c’est-à-dire environ cent litres).
    Jésus dit à ceux qui servaient :
« Remplissez d’eau les jarres. »
Et ils les remplirent jusqu’au bord.

Nous voyons bien, ici que Jésus et Marie se sont parfaitement compris. Dans le cas contraire, Marie aurait-Elle invité les serviteurs à accomplir ce que demanderait Jésus et, Jésus, aurait-Il demandé de remplir les jarres ?

Préparer six cents litres d'eau est une démarche bien étrange : à quoi cette eau va-t-elle servir ? Où Jésus veut-Il en venir ? Ne nous arrive-t-il pas de nous étonner jusqu'à maugréer à l'écoute d'un ordre que nous estimons stupide ? Il est évidemment recommandé de dialoguer mais vient le moment d'avancer sans nécessairement bien comprendre, c'est l'heure de la foi, de la confiance absolue car nous le savons avec St Paul : «  toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son éternel dessein. » Rom 8,28 Soyons ces êtres de Foi qui avancent dans la confiance à ce Dieu qui nous aime et ne nous demande jamais rien d'impossible ! C'est souvent après que nous comprenons !

    Il leur dit :
« Maintenant, puisez,
et portez-en au maître du repas. »
Ils lui en portèrent.
    Et celui-ci goûta l’eau changée en vin.
Il ne savait pas d’où venait ce vin,
mais ceux qui servaient le savaient bien,
eux qui avaient puisé l’eau

.
L'eau changée en vin ! Une noce ! Une eau préparée dans des jarres réservées à la purification avant la prière : que veut nous dire Jésus ?

La noce n'évoque-t-elle pas l'Alliance entre deux personnes ? Les ablutions ne sont-elles pas un rite de l'ancienne Alliance ? 0r, Jésus vient faire toute chose nouvelle :« Voici, je fais toutes choses nouvelles » Ap

« Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens: Et moi , je vous dis... » Mt 5, 20

Nous sommes ici, à l'écoute du PREMIER MIRACLE DE JÉSUS, un miracle qui doit, sans nul doute marquer les esprits, pas nécessairement dans l'immédiat, mais là encore, quand l'Heure sera venue, cette Heure à la fois

- désirée

« Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu'il soit accompli!  Luc 12,50

- et redoutée

« Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »Mt 26,39.

Cette fête de Cana n'inaugure-t-elle pas pour l’Église naissante, la longue marche de Jésus vers le don de Sa vie pour le Salut de l'humanité ? N'entre-t-elle pas dans cette succession de signes qui lève le voile sur le Père, sur le Fils et sur l'Esprit d'Amour, jusqu'à l'HEURE, où Jésus verse Son Sang après l'avoir donné en boisson de la Nouvelle Alliance le Jeudi Saint lors du Repas d'adieu ?" Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, répandu pour vous»

La remarque qui suit ne peut pas nous étonner :« Tout le monde sert le
bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon.Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » Le Bon vin en effet ne peut être que Jésus « Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon que Dieu seul. » Lc 18,19 Même si Jésus attribue ce don à son Père, nous savons, nous, qu'Il y participe en tant « que Fils qui ne fait rien qu'Il ne voie faire au Père ! »

L' « heure est venue » pour nous, de rendre grâce : Jésus est venu pour nous permettre de participer à la joie des noces éternelles qu'Il scelle en Son sang, mais Il ne nous laisse pas seuls, Il est avec nous « jusqu'à la fin des temps » par Ses sacrements, dont l'Eucharistie, par son Église, qui en est gardienne. Comme le Maître de cérémonie puise dans l'eau changée en vin, puisons, sans modération à la source d'abondance que sont les sacrements qui nous façonnent, nous pétrissent, nous abreuvent et nous nourrissent ! Devenons des affamés et des assoiffés du don de Dieu !

    Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit.
C’était à Cana de Galilée.
Il manifesta sa gloire,
et ses disciples crurent en lui.


Il semble évident que ce premier miracle de Jésus conforte les apôtres dans leur « sequela Christi ». certes ils ont beaucoup de chemin à faire, tout est à découvrir mais un chemin de confiance s'ouvre, ils pourront, sans crainte, lui poser toutes les questions utiles à leur propre cheminement et à celui de leurs frères en humanité . Ils se feront secouer parfois, remettre à leur juste place, mais ils ne pourront pas douter de Son amour, à l'exception de Juda qui s'en est exclus dans sa désespérance.

Puisons maintenant,
ne craignons pas,
cette source-là est inépuisable !

l'Ermite

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