vendredi 5 octobre 2018

AIMONS !

 XXVII e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

ANNÉE B
Mc 10, 2-16)




Car tout homme sera salé au feu. C'est une bonne chose que le sel ; mais si le sel cesse d'être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre sa force ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. » (Marc 9)

Ce verset que l’Église n'a pas retenu sans doute parce qu'à lui seul, il suppose une longue méditation , conclut le chapitre neuf de Saint Marc. Je tiens à le souligner sans toutefois m'y attarder, pour noter, seulement, l'importance de la remarque de Jésus  et de Son injonction : « Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. » Ne parle-t-on pas du sel de la sagesse ? La péricope qui suit réclame en effet une insondable sagesse pour ne pas se laisser enfermer dans la problématique soulevée par les Pharisiens !

 des pharisiens abordèrent Jésus
et,
pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient :« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »

Les pharisiens, pourtant, n'ignorent pas l’Écriture sainte, ils sont donc sensés connaître ce que nous rapporte la première lecture à propos des origines :l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme,et tous deux ne feront plus qu’un. Dès le récit de la Genèse, Dieu Créateur veut cette Alliance sacrée de l'homme et de la femme au point de la traduire sur le modèle Trinitaire. En effet , si Dieu est Un en trois personnes, le couple est Un en deux personnes, dans l'Esprit créateur ils deviennent donc indissociables.
Dans une première approche, Jésus, comme Il le fait souvent, ne répond pas directement à la question, Il se contente d'évoquer Moïse et d'inviter les Pharisiens à engager une parole : Jésus leur répondit :« Que vous a prescrit Moïse ? » La loi de Moïse est incontournable à l'époque , Jésus le sait et veut les sonder comme eux-mêmes cherchent à le faire pour savoir, sans doute, s' Il connaît , Lui, Jésus , les subtilités de cette loi.
 
Ils lui dirent :« Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus avance pas à pas, pour tenter d'ouvrir leurs yeux d'aveugles-nés : Jésus répliqua :« C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Si Moïse a agi de la sorte, ce n'est pas en raison de sa conviction personnelle mais pour clarifier et statuer sur un constat d'échec, conséquence, du péché ! 
 
Hier, comme aujourd'hui, des lois sont édictées pour pallier à une carence ! Et Jésus va les entraîner plus loin dans le temps, plus haut dans la conception initiale de la cellule familiale originelle : Mais, au commencement de la création,Dieu les fit homme et femme.À cause de cela,l’homme quittera son père et sa mère,il s’attachera à sa femme,et tous deux deviendront une seule chair.Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.Donc, ce que Dieu a uni,que l’homme ne le sépare pas ! » Voilà, le vrai, le beau, l'unique projet de Dieu . Comme je le disais au départ, si le couple humain est à l'image et ressemblance de Dieu il est indivisible, indissoluble. Dieu, qui n'a pas, Lui, de commencement est UN en Trois personnes pour l'éternité et son fonctionnement le montre parfaitement puisque Jésus dit et répète : je ne fais rien que je ne voie faire par le Père ! Je fais toujours ce que le Père Me demande ! Le Père et moi nous sommes UN .le Père est en moi, et moi dans le Père. » Dieu nourrit cette même ambition pour l'union de l'homme et de la femme ! 
 
De plus, la question des Pharisiens , laisse percevoir une main mise de l'homme sur la femme, car c'est l'homme qui renvoie, il n'est pas question de réciproque.
En Dieu les Trois Personnes sont égales , dans le couple, présenté par les Pharisiens l'homme exerce l'autorité et a droit de vie et de mort sur son épouse, elle devient une chose qu'on peut prendre et laisser au gré sinon de ses humeurs, du moins de ses critères d'évaluation. Nous sommes loin , très loin du projet initial du Père : « et tous deux ne feront plus qu’un. »

Jésus clos la conversation, il ne va pas plus loin avec les Pharisiens, Il se contente de rappeler la volonté de Dieu qui fait tout son bonheur, par contre, Il doit continuer de former Ses apôtres, de les instruire, de leur donner des éléments justes de discernement , n'est-ce pas à eux qu'Il dira : « allez de toutes les nations faites des disciples » ? Les apôtres doivent transmettre une doctrine saine et juste, aussi , Jésus continue avec eux et
va plus loin : De retour à la maison,les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara :« Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle.Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre,elle devient adultère. »
Deux remarques :
  • Jésus note la réciproque. Jésus souligne le cas où le mari renvoie son épouse mais il enchaîne sur le cas où c'est la femme qui renvoie son mari. Il les place sur un pied d'égalité.
  • Jésus ne porte aucun jugement Il insiste, sans le dire, sur l'indissolubilité du mariage et contrevenir à cet état de fait, induit une situation d'adultère.
Ceci clairement défini, nous avons les bases pour l'organisation de la cellule familiale mais nous ne pouvons aucunement juger des situations concrètes. Tant d'éléments entrent en jeu pour qu'il y ait sacrement. Il nous appartient de rester proches de ceux qui sont conduits à de douloureuses séparations et de les encourager à rencontrer, dans nos diocèses, ceux qui sont chargés de ces délicates questions. Bien souvent, il n'y a pas eu mariage, surtout en nos temps où, beaucoup de nos frères et sœurs affichent une immaturité flagrante ! Et n'allons pas dire que l’Église rejette les personnes en situation de séparation, l’Église a toujours accueilli les personnes séparées.J'ai déjà eu l'occasion de le dire, enfant, j'avais souvent une « oreille qui traîne » et, sans en avoir l'air, je m'informais en écoutant les conversations des aînés.Je me souviens de mes parents évoquant le divorce d'un proche qui était accueilli, écouté par un prêtre et qui, à certaines conditions, participait aux assemblées du dimanche. 
 
Certes, il y a eu, et il y a, ici et là de graves maladresses, mais elles sont souvent le fruit d'une mauvaise compréhension, y compris chez des prêtres, le rejet est souvent plus redoutable de la part des chrétiens qui, par manque de formation, éloignent leurs frères en souffrance de la Mère Église en colportant des informations erronées.

J'apprécie particulièrement ce passage du chant d'Assise : ô vous tous gens de la terre qui cheminez si douloureusement, ayez d'abord la charité, aimez-vous les uns les autres... , ne jugez pas, car tel semble damné qui est sauvé peut-être et tel semble sauvé qui est déjà damné ! Vous ne savez pas à qui Dieu tendra la main !( j'ajoute : et les raisons pour lesquelles Dieu tend la main) Aimez et ne jugez pas ! »

Avec Thérèse de l'Enfant Jésus que nous célébrions ces jours derniers, il nous suffit d'aimer et d'aimer pleinement. L'Amour est tout qui est Dieu même dit encore le chant d'Assise ! Dès lors : AIMONS !

Cette séquence de l’Évangile se termine, merci Seigneur, sur un rayon de soleil ! Voilà que des gens ont l'excellente idée de présenter des enfants pleins de vie, au Seigneur, hélas un nuage vient assombrir cette lumière, et il vient – n'est-ce pas regrettable ? - des apôtres eux-mêmes ! C'est-à-dire, de ceux qui devraient au contraire, accueillir ces têtes blondes, même bruyantes et remuantes ! Ces enfants, ne sont-ils pas les adultes de demain ? N'ont-ils pas droit eux aussi à s'approcher de Jésus, même quand ils dérangent l'ordre établi ? Heureusement, Jésus leur ouvre Son cœur et les accueille, Il enjoint même aux apôtres, de les laisser s'approcher ,les apôtres n'oublieront pas je pense cette remarque du Seigneur ! D'ailleurs, l’Église n'a-t-elle pas perpétué cette tradition d'accueil : par le baptême le plus tôt possible, par la première communion dès que l'enfant peut comprendre la grandeur de cette démarche ? Notons ici la remarque presque cinglante de Jésus :


    Des gens présentaient à Jésus des enfants
pour qu’il pose la main sur eux ;
mais les disciples les écartèrent vivement.
    
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit :
« Laissez les enfants venir à moi,
ne les empêchez pas,

car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.

Le Royaume appartient à ceux qui cultivent en eux les valeurs de l'enfance : confiance, abandon, joie, simplicité, spontanéité, curiosité,(c'est ainsi que l'enfant découvre et apprend) imagination ...

 Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu
à la manière d’un enfant
n’y entre ra pas. »

    Il les embrassait
et les bénissait en leur imposant les mains.

Aïe ! Jésus nous les propose même comme modèle , si nous n'accueillons pas le Royaume avec la simplicité, la confiance d'un enfant, eh bien ? Vous avez bien entendu, vous avez sans nul doute compris NOUS N' EN-TRE-RONS PAS DANS LE ROYAUME ! « Celui qui peut comprendre, qu'il comprenne ! » (Matthieu 19) Demandons à Marie, avec le P. Léonce de GRANDMAISON, de nous donner ce cœur d'enfant pour bien entendre et comprendre le message évangélique :


Sainte Marie, Mère de Dieu,
garde-moi un cœur d’enfant,
pur et transparent comme une source ;
obtiens-moi un cœur simple,
qui ne savoure pas les tristesses ;
un cœur magnifique à se donner,
tendre à la compassion,
un cœur fidèle et généreux
qui n’oublie aucun bienfait
et ne tienne rancune d’aucun mal.
Fais-moi un cœur doux et humble,
aimant sans demander de retour,
joyeux de s’effacer dans un autre cœur
devant ton divin Fils ;
un cœur grand et indomptable,
qu’aucune ingratitude ne ferme,
qu’aucune indifférence ne lasse ;
un cœur tourmenté de la gloire de Jésus-Christ,
blessé de son amour
et dont la plaie ne guérisse qu’au ciel.

L'Ermite

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