HUITIEME DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
Année C
(Lc 6,39-45)
Jésus disait à ses disciples en parabole :« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? A l'évidence , non ! Jésus donne d'ailleurs Lui-même la réponse. Par contre, même s'il semble également évident, le verset suivant exprime une subtilité à laquelle il convient de s'attarder. Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé,chacun sera comme son maître.Y a-t-il un lien entre ces deux versets ? Si c'est le cas, quel est-Il ? Je pense en effet qu'il y a un lien et un appel . Il serait étonnant que Jésus prenne pour exemple un handicap physique. Ne parle-t-Il pas plutôt de nos aveuglements spirituels, bien plus dangereux ceux-ci que le handicap physique ? Si je me complais dans ma nuit de l'esprit, si je ne cherche pas le sens de ma vie, si je n'ai pas de but précis , si au lieu de construire je vais dans tous les sens et ne brasse que du vent, je suis aveugle !
Ne pas voir la vérité, n'est pas forcément une faute, mais ce qui fausse la conscience, c'est de se croire détenteur de cette vérité. C'est ainsi que Jésus répliquait à ses adversaires Pharisiens : "Si vous étiez des aveugles, vous n'auriez pas de péché. Mais à présent vous dites : 'Nous voyons', et votre péché demeure"(Jn 9,41). Cet aveuglement volontaire, qui mène aux ténèbres du refus, Jésus le stigmatise au moment où l'aveugle-né, guéri, se prosterne devant lui :"Je suis venu dans ce monde pour un jugement, afin que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles." (Jn 9) Nous connaissons, nous aussi, cette cécité coupable, l'aveuglement par refus de la lumière. Nous en faisons l'expérience avec tristesse lorsque nous occultons en nous des zones de la pensée ou du senti profond que nous n'avons pas envie d'éclairer ni de convertir, lorsque nous nous fermons à des dialogues qui seraient libérateurs, lorsque, tournant le dos au bien communautaire et à toute réciprocité, nous défendons des privilèges, des coins d'ombre, ou des manières de voir gratifiantes.
Plus surprenante encore est notre propension à voir ou à penser que nous voyons clair comme à travers une vitre translucide, dans la vie de nos frères, au point que Jésus poursuit sa mise en garde et Il ne ménage pas l'hypocrite qui peut se cacher en moi :
La correction fraternelle est un art subtil et délicat qui demande comme dans la première partie de notre péricope, beaucoup d'humilité, la connaissance de soi-même, de ses propres limites, un contexte d'amour fraternel sincère, loyal, réel , un regard purifié, un souci réel du bien de l'autre et des autres , une grande discrétion, un motif valable et avéré...La correction fraternelle suppose également qu'il ne s'agisse pas d'un règlement de compte, d'une vengeance, ou de tout autre passion cachée !
En Matthieu 18, Jésus Lui-même nous indique comment procéder :Si ton frère a péché contre toi, va reprends-le entre toi et lui seul; s'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas, prends avec toi encore une ou deux (personnes), afin que toute chose se décide sur la parole de deux ou trois témoins. S'il ne les écoute pas, dis-le à l’Église; et s'il n'écoute pas même l’Église, qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain. En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. (Mt 18)
L'enjeu de la correction fraternelle n'est pas en premier lieu de rétablir le droit ou d'éviter la contagion du mal il s'agit de permettre à son frère, sa sœur de devenir ce que Dieu espère de lui , d'elle, à savoir : un fils, une fille crée(e) à Son image et ressemblance.
Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche,c’est ce qui déborde du cœur. »
L'homme croyant et chrétien de surcroît est le Temple de l'Esprit Saint : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous? (1Co 3) interroge St Paul. Si l'Esprit Saint habite le chrétien celui-ci en produit forcément les fruits décrits encore par St Paul dans Galates : « Le fruit de l'Esprit, au contraire, c'est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. Contre de pareils fruits, il n'y a pas de loi. Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. Si nous vivons par l'esprit, marchons aussi par l'esprit. » (Ga 5)
En tant que chrétien je ne devrais pas produire d'autres fruits, et pour produire de tels fruits Jésus nous dira « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. (Jn 15) c'est on ne peut plus clair ! Lorsque Jésus exprime cela Il précise :Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu'il en donne davantage. (Jn15) Nous l'entendons c'est le Père qui a les commandes car tout vient de Lui, c'est donc le Père qui veille à la qualité du fruit et prend les initiatives pour que ce fruit soit sain et saint ! Dans la première lecture, Ben Sira le Sage affirme C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre. Alors qu'en est-il du sarment que je suis par grâce ? Suis-je bien en phase avec le CEP-JESUS ou bien
Débarrassez-vous donc du mensonge, et dites la vérité, chacun à son prochain, parce que nous sommes membres les uns des autres.Si vous êtes en colère, ne tombez pas dans le péché ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère. Ne donnez pas prise au diable... Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais, s’il en est besoin, que ce soit une parole bonne et constructive, profitable à ceux qui vous écoutent. N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, qui vous a marqués de son sceau en vue du jour de votre délivrance. Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. (Eph 4)
Il est bon, Seigneur, de te rendre grâce !
(cf. Ps 91, 2)
Qu’il
est bon de rendre grâce au Seigneur,
de chanter pour ton nom,
Dieu Très-Haut,
d’annoncer dès le matin ton amour,
ta
fidélité, au long des nuits !
Le
juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du
Liban ;
planté dans les parvis du Seigneur,
il grandira
dans la maison de notre Dieu.
Vieillissant,
il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur
pour
annoncer : « Le Seigneur est droit !
Pas de ruse
en Dieu, mon rocher ! »
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