SOLENNITE DE LA FÊTE
DU SAINT SACREMENT
Année C
(Lc 9, 11b-17)
Origines de la fête du Saint-Sacrement
La fête du Saint-Sacrement, que les anciens appelaient la Fête-Dieu, est une fête catholique et anglicane, célébrée en principe le jeudi qui suit la fête de la Trinité (en référence au jeudi saint), c’est-à-dire soixante jours après Pâques. Mais, en vertu d'une dérogation prévue par les livres liturgiques, elle est reportée au dimanche qui suit la Sainte-Trinité dans les pays où elle n'est pas inscrite au nombre des jours chômés (France, Italie, etc.) Actuellement, le nom officiel de la fête, dans l’Église catholique, est « Solennité du corps et du sang du Christ ». Elle commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l'Eucharistie, sous les espèces du pain et du vin consacrés au cours de la messe.
Les origines de la fête remontent au XIIIe siècle. L'élévation de l'hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Mais l'impulsion décisive en vue d'une fête spéciale fut donnée par sainte Julienne de Cornillon et la bienheureuse Ève de Liège. La fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV.
C'est un jour férié dans certains pays catholiques. Pendant la procession de la Fête-Dieu, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement pavoisées de draperies et de guirlandes. On abrite le Saint-Sacrement sous un dais porté par quatre notables. On marche habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin de la procession.
L'histoire de la solennité s'inscrit dans le sillage du débat théologique suscité par l'hérésie de Béranger de Tours, qui niait la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Dans la bulle Transiturus qui institua la Fête-Dieu, le pape Urbain IV écrit qu'« il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques, qu'on rappelle la présence du Christ dans le très Saint-Sacrement ». Les évolutions de la théologie sacramentelle et son développement dans les écoles du XIIe siècle et du XIIIe siècle ont été décisives. Le facteur déterminant qui a permis l'invention et la réception de la solennité de la Fête-Dieu a surtout été l'évolution de la religiosité populaire qui a accompagné ces évolutions théologiques grâce au développement de la prédication. Ce réveil s'accompagnait d'un désir de pouvoir contempler l'hostie pendant la messe : c'est à Paris, vers 1200, que l'existence du rite de « l'élévation », au moment de la consécration, est attestée pour la première fois. (Article de La Croix)
Pourquoi prier devant le Saint-Sacrement?
L’Évangile retenu pour la fête du Saint Sacrement peut nous surprendre, nous attendions plutôt , celui de l'Institution de la Sainte Eucharistie par Jésus . Pourquoi l’Église nous propose t-Elle ce récit de la multiplication des pains ?
Si le ministère « ordinaire » de Jésus permettait déjà de reconnaître en lui les traits du Messie, le miracle des pains et des poissons vient cependant parfaire son profil messianique. Selon les croyances juives de l’époque, l’arrivée du Messie devait s’accompagner d’actes prodigieux rappelant les miracles accompagnant les événements de salut du Premier Testament. Or, le miracle de Galilée n’est pas sans rappeler à la foule qui en sera témoin certains autres miracles alimentaires que la tradition biblique a retenus, impliquant des hommes de Dieu célèbres. Parmi ces actes prodigieux, on pense d’emblée au don de la manne au désert qui nourrit les Israélites durant leur longue marche vers la terre promise. On pense aussi aux miracles alimentaires d’Élie et d’Élisée qui, avant Jésus, multiplièrent huile, farine et pains (1 R 17,7-16 ; 2 R 4,1-7 ; 2 R 4,42-44). Ici, le pain que Jésus donne est plus abondant que ne l’était la manne qui était mesurée pour chaque jour (Ex 16,4.16), de plus, il y a des restes alors que la manne ne pouvait être conservée pour le lendemain (Ex 16,19). Et la multiplication des pains opérée par Jésus est plus spectaculaire que celle d’Élisée : avec cinq pains, Jésus nourrit plus de 5000 convives avec douze paniers de restes ! Élisée dispose de vingt pains initialement pour un nombre indéterminé de convives et de restes non précisés. Oui, ce récit a certainement comme but de nous présenter Jésus comme le Messie des derniers temps, dépassant en gloire Moïse, Élie ou Élisée. ( Patrice Bergeron Professeur de Bible à Montréal)
Le moment est venu, me semble-t-il, de regarder avec notre cœur et d'écouter Jésus nous parler à travers ces versets :
Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,et guérissait ceux qui en avaient besoin.
Nous oublions très souvent, trop souvent que vivante, est la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l'âme, jusqu'aux jointures et jusqu'aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. (He 4)
Peut-être serait-il bon, et souhaitable, avant d'entrer dans l’Évangile qui nous est proposé, de faire un acte de foi, en disant au Seigneur : « Je crois Seigneur que tu me parles aujourd'hui, comme hier aux foules qui te suivaient, je crois que Ta Parole est vivante et qu'elle peut pénétrer ma vie tout entière AUJOURD'HUI. Non seulement, je le crois, mais je le veux et Te le demande avec force.Tu veux me guérir, et je Te demande de me guérir de toutes mes infirmités spirituelles, psychologiques et physiques Amen ! »
Le jour commençait à baisser. Ceci ne vous rappelle-t-il pas un moment grave de la vie de Jésus avec Ses apôtres ? « Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas,repas, il leur déclara : « Amen, je vous le dis : l'un de vous va me livrer. » (Mt 26 ; Mc 14 ; Lc 22) C'est au moment de l'Institution de l'Eucharistie dans Matthieu, Marc et Luc. Les Douze seront au rendez-vous comme ils le sont en Luc au moment de la multiplication des pains. Mais il y a un autre épisode qui se situe après la Résurrection que nous trouvons chez Saint Luc seulement, c'est la rencontre avec les disciples d'Emmaüs cette fois, ce sont les disciples qui évoquent l'heure tardive :« " Reste avec nous, car on est au soir et déjà le jour est sur son déclin. " Dès l'introduction de cette péricope nous sommes plongés dans l'ambiance du repas Eucharistique qui aujourd'hui encore nourrit la foule des croyants affamés de vérité !
Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent :« Renvoie cette foule :qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ;ici nous sommes dans un endroit désert. » Discrets mais réalistes les apôtres savent que la nuit rend difficile toute démarche , de plus, à cette heure tardive, il sera plus compliqué de se procurer de quoi satisfaire la faim d'une telle foule, ils suggèrent donc une démarche humainement sage qui permettra à chacun de s'organiser en fonction de ses besoins et , sans doute de ses moyens ! Là où les apôtres semblent voir une forme de respect des possibilités de chacun, Jésus , qui est venu pour rassembler les enfants de Dieu dispersés « Et non seulement pour la nation, mais aussi afin de réunir en un seul corps les enfants de Dieu qui sont dispersés. « (Jn 11), Jésus voit un risque de dispersion et sans doute le risque d'exacerber les différences et de ce fait, de nuire à l'unité recherchée . Jésus fait une autre proposition, ô combien déconcertante pour les apôtres, plus démunis que quiconque :
3 à manger » cette parole n'est pas au passé mais bel et bien au présent ! C'est à chacun de nous qu'elle est dite AUJOURD'HUI ! Jésus nous demande d’être inventifs , généreux et attentifs pour ne laisser personne sur le bord du chemin ! Inventifs en trouvant la façon discrète de soutenir nos frères en difficultés. Généreux en partageant mais aussi en nous mettant au service de ceux qui ont moins de possibilités pour exister dignement. Attentifs pour discerner les vrais besoins de nos frères, besoins matériels, besoins psychologiques, besoins spirituels.
Ils répondirent :« Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. » Il y avait environ cinq mille hommes.
Les apôtres reconnaissent leur indigence, ils sont démunis devant semblable situation, mais ils sont prêts à donner le peu dont ils disposent et à se mettre au service de cette foule si Jésus le juge opportun ! Ils dressent un constat juste, et laisse Jésus prendre la décision qui convient, ils Lui font confiance .Ils se conduisent en vrais disciples respectueux et aimants.
Ce simple verset est chargé d'enseignements pour chacun de nous si nous consentons à nous mettre à l'école « de la Parole Vivante et agissante ».
Savons-nous regarder et partager les situations humaines telles qu'elles sont, sans exagération en plus ou en moins ?
Sommes-nous prêts à mettre à la disposition du Seigneur, en l’Église le peu que nous sommes et le peu que nous avons ?
Sommes-nous disposés à nous laisser enseigner par Jésus, à nous mettre à Son service quels que soient nos maigres moyens ?
A chacun de répondre dans l'intimité de son cœur !
Jésus a le champ libre ! Les apôtres ne manifestent aucune tension, ils s'abandonnent au discernement du Maître, Jésus, Lui, ne tient pas à agir seul, Il permet aux disciples bien intentionnés, de participer, d'être Ses coopérateurs , St Paul en parle avec assurance dans la première lettre aux Corinthiens ! : « Nous sommes les collaborateurs de Dieu, et vous êtes le champ de Dieu, vous êtes la maison que Dieu construit. Comme un bon architecte, avec la grâce que Dieu m'a donnée, j'ai posé les fondations. D'autres poursuivent la construction ; mais que chacun prenne garde à la façon dont il construit. Les fondations, personne ne peut en poser d'autres que celles qui existent déjà : ces fondations, c'est Jésus Christ. (1Cor 3)
Ici, les apôtres sont à la fois les collaborateurs, parce qu'ils vont aider Jésus, mais aussi le champ de Dieu, Jésus en agissant ainsi et à travers tout ce qu'Il leur permet de vivre, laboure la terre de leur cœur pour qu'ils portent un maximum de fruits. Jésus agit de la même façon avec chacun d'entre nous !
Jésus dit à ses disciples :« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde.Jésus leur apprend à organiser l’Église par groupes à taille humaine. N'est-ce pas ce qui s'est toujours fait , depuis les débuts ? Les paroisses ne sont-elles pas ces groupes animés par un envoyé du Seigneur et l'ensemble de ces groupes ne constituent-ils pas l’Église Universelle ! Nous n'avons rien inventé, Jésus a donné l'impulsion nous apprenant à nous adapter aux lieux et aux temps ! C'est encore vrai aujourd'hui avec l'exode rural et une apparente diminution des vocations. Je m'exprime ainsi parce que je suis persuadée que le Seigneur appelle toujours autant, mais c'est la réponse qui n'est pas à la hauteur du don de Dieu !
Et que deviennent nos cinq pains et nos deux poissons évoqués timidement, tellement l'offre paraît dérisoire dans semblable contexte ? Nous allons voir que, pour Jésus, rien n'est insignifiant. Jésus n'a peur ni de la faiblesse de nos dons, ni de nos faiblesses personnelles , « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Mc 2)
Après Jésus, St Paul ne se prive pas de faire l'éloge de la faiblesse, de la fragilité, car la conscience des limites permet à Dieu d'agir plus aisément :
C'est pourquoi j'accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. (2Cor 12)
Qui est faible, que je ne sois faible ? Qui tombe, que cela ne me brûle ? S'il faut s'enorgueillir, je mettrai mon orgueil dans ma faiblesse. Dieu, le Père du Seigneur Jésus, qui est béni pour l'éternité, sait que je ne mens pas. (2Cor 11)
Avec les faibles, j'ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile, pour bénéficier, moi aussi, du salut. (1Cor 9)
Accueillez celui qui est faible dans la foi, sans critiquer ses raisonnements. L'un a une foi qui lui permet de manger de tout, l'autre, étant faible, ne mange que des légumes. (Ro14)
Jésus ne méprise rien, ni personne, Il attend seulement notre participation. Nous sommes invités à donner tout ce que nous sommes et pouvons avoir, même si c'est peu, et Jésus accomplit, comme Il le dit ailleurs : « je ne suis pas venu abolir mais accomplir » Mt 5,17 Les apôtres lui remettent ici le peu qu'ils ont ou qui leur a été donné .
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,et, levant les yeux au ciel ,il prononça la bénédiction sur eux,
Jésus ne fait aucune remarque, Il accueille, comme d'ailleurs Il nous accueille tels que nous sommes,( ne sommes-nous pas Son œuvre?) avec ce que nous voulons bien lui remettre de nous-mêmes, de notre avoir, de notre savoir...
Jésus lève les yeux au ciel , nous avons déjà rencontré cette expression. En agissant ainsi, Jésus entre, même s'Ils ne se quittent jamais, en relation étroite et directe avec Son Père de qui Lui-même se reçoit et reçoit tout don . C'est Sa façon de remercier le Père, de Lui rendre grâce de reconnaître ouvertement que sans le Père Il ne peut rien faire. Ces cinq pains et ces deux poissons , même s'il y a eu un ou plusieurs intermédiaires, viennent du Père qui est la source de tout bien, de tout don ! Par ce simple geste, Jésus apprend aux Apôtres, à la foule rassemblée, à chacun de nous, à reconnaître que tout, absolument tout, nous est donné. Quand nous pensons offrir quelque chose au Seigneur nous ne faisons que reconnaître que « tout vient de Lui » St François d'Assise dit « nous n'avons en propre que notre péché » et St Paul :.Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu? (1Cor 4) Quand on a compris cela on baigne dans l'action de grâce, dans la liberté !
En mettant à la disposition de Jésus ces cinq pains et ces deux poissons, les apôtres manifestent leur liberté à l'égard d'un quelconque bien et quand Jésus s'en saisit Il peut prononcer la bénédiction, c'est à dire, dire du bien de ces dons, qui feront du bien, parce qu'ils sont bons, à ceux qui les consommeront. C'est cela le sens de toute bénédiction. Après ces précautions ô combien légitimes, Jésus
Ils mangèrent (la foule) et ils furent tous rassasiés ;puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :cela faisait douze paniers.
En
reconnaissant dans la péricope de ce jour une préfiguration de la
Sainte Cène, nous reconnaissons , dans les douze corbeilles, le don
de la Sainte Eucharistie qui est offerte,à qui reconnaît la
Présence de Jésus dans ce morceau de pain que le célébrant
consacre chaque fois qu'il célèbre la sainte Eucharistie et ceci
depuis le premier Jeudi Saint, jusqu'à la fin des temps que nous
appelons la Parousie. Ce jour où Dieu sera TOUT en tous !
Depuis ce jour où Jésus prit du pain, puis,
ayant rendu grâce,il le rompit, et dit :« Ceci est mon
corps, qui est pour vous.Faites cela en mémoire de moi. » Après
le repas, il fit de même avec la coupe,en disant :« Cette
coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.Chaque fois que vous en
boirez, faites cela en mémoire de moi. » 2e lecture
chante ton
chef et ton pasteur
par des hymnes et des
chants.
Tant
que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le
Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au
repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le
à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est
en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet
divin
la première institution.
--------
Ce
que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Sa
chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier
demeure
sous chacune des espèces..
*
Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en
route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on
ne peut jeter aux chiens.
Ô
bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de
nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens
éternels
dans la terre des vivants.
Amen.
L'Ermite
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