vendredi 20 octobre 2017

ET A DIEU CE QUI EST A DIEU !

XXIX e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Année A
(Mt 22, 15-21)

ET A DIEU CE QUI EST A DIEU !



En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège
en le faisant parler.
Nous savons pertinemment que les Pharisiens supportent mal les interventions de Jésus mais l'introduction de cette péricope me semble particulièrement virulente. Chaque membre de cette phrase a une portée belliqueuse et manifeste des esprits rusés.
Ils prennent soin de tenir conseil, pour se mettre d'accord sur la stratégie de leur intervention dans le but de piéger Jésus, donc, de Le mettre en difficulté en Le poussant à tenir des propos qui Le condamneraient ! C'est ce qu'ils cherchent !. Ils montrent ici leur méconnaissance de qui est Jésus et affichent leur malice sournoise ! Ne pointons pas trop vite notre index pour les stigmatiser car celui qui touche à son frère touche à Jésus ! « Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez » (Mat. 25, 40)  en bien, comme en mal ! Alors n'hésitons pas à rentrer dans la chambre de notre cœur pour nous interroger sur nos agissements en famille, au travail, dans nos loisirs, dans tous les lieux où nous rencontrons des frères en humanité !
Après délibération, nos Pharisiens : lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : » Pour mieux piéger Jésus, ils espèrent que Jésus ne verra pas le subterfuge, ils ne se déplacent pas eux-mêmes, ils Lui adressent leurs disciples, moins connus pensent-ils, à qui ils adjoignent des partisans d'Hérode ! Quelle malsaine subtilité !
Là encore, rentrons dans la chambre de notre cœur, faisons silence et clarifions nos intentions ! Il est des petites ritournelles que nous n'ignorons pas : peut-être serait-il souhaitable d'envoyer tel ou tel il ne se méfiera pas ! Ou, vas-y, toi, il, elle a toute ta confiance ! Cela s'appelle de la manipulation, mais aussi de la fourberie !
Suit la pommade ou, dit plus élégamment, la flatterie ce qui n'est pas moins répugnant :« Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Comment peuvent-ils penser, même un instant, que Jésus va se laisser endormir par de tels compliments ! Jésus est un homme libre , ce que ne manquent pas de souligner les pharisiens : « tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens » sans le croire d'ailleurs ! Mais ils espèrent, naïvement, faire tomber Jésus , créer une fissure , faire chanceler Jésus , brouiller les pistes pour Le déstabiliser. Croient-ils sérieusement que Jésus a oublié leurs murmures, leurs controverses, leurs agissements et questionnements dénoncia-teurs : « Quel est cet homme qui dit des blasphèmes ? Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? » (Luc 5)
« Les pharisiens et les scribes de leur parti récriminaient en disant à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ? (Luc 5)
« Les disciples de Jean jeûnent souvent et font des prières ; de même ceux des pharisiens. Au contraire, tes disciples mangent et boivent ! » (Luc 5)
« Malheur à vous, Pharisiens, parce que vous aimez le premier siège dans les synago-gues et les saluts sur les places publiques! (Luc 11)

« Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l'un de vous a cent brebis (Luc 15)

Nous pourrions continuer longtemps encore mais est-ce bien nécessaire ? Ne sommes-nous pas convaincus de la fourberie des propos tenus ici ? Bien sûr que si ! Mais, si c'est flagrant en ce qui concerne Jésus, l'est-ce autant dans notre propre vie ? Que nous soyons auteurs de flatteries ou victimes ! N'y-a-t-il pas là un appel à cette liberté intérieure qui se traduit dans la vie par des relations simples et vraies au risque de perdre une position sociale, voire un emploi ? Quand nous choisissons Jésus, Jésus s'occupe de tout dans notre vie, c'est la qualité, la profondeur de notre foi qui fait la différence. Si je fais confiance à Jésus, Jésus, Lui prendra ma vie en mains, nous pouvons en être certains ! Ô, bien sûr, il peut y avoir un moment de passage à vide où nous serons en roue libre, mais Jésus ne nous laissera pas sombrer, Il éprouve seulement notre capacité d'abandon !


Dieu très haut et glorieux,
viens éclairer les ténèbres de mon cœur;
donne-moi une foi droite,
une espérance solide et une parfaite charité;
donne-moi de sentir et de connaître,
afin que je puisse l'accomplir,
ta volonté sainte qui ne saurait m'égarer. Amen
St François d'Assise
Après cette litanie audacieuse et artificielle dans la bouche des envoyés, les voilà qui 
posent la question, que nous dirions de confiance :

Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non,de payer l’impôt à César,
l’empereur ? »  Nous le savons depuis l'introduction ce qui est recherché ici c'est de prendre Jésus en défaut, l'intention est loin, très loin d'être droite ! Jésus lucide sur leurs intentions et « connaissant leur perversité, leur dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? J'emprunte les propos qui suivent au commentaire qu'en donne Marie-Noëlle Thabut :
« Pourquoi « hypocrites » ? Parce que cette soi-disant question n’en est pas une... Hypocrites pour deux raisons : hypocrites, premièrement, parce que cette question, il y a longtemps qu’ils l’ont résolue. À Jérusalem, où se passe la scène, il n’est pas question de faire autrement, sauf à se mettre hors-la-loi, ce qu’ils n’ont pas l’intention de faire, ni les uns ni les autres, qu’ils soient Pharisiens ou partisans d’Hérode. Payer l’impôt à l’empereur, « Rendre à César ce qui est à César », ils le font et Jésus ne leur donne pas tort.
Mais hypocrites, aussi, deuxièmement, parce qu’ils ne posent pas une question, ils tendent un piège, ils cherchent à prendre Jésus en faute... » Et le ton faussement respectueux qui précède la question force encore le trait : « Maître, lui disent-ils, nous le savons, tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ». Toutes ces amabilités ne sont qu’un préambule pour une question-piège ; et ce piège-là, logiquement, Jésus ne devrait pas s’en sortir ; de deux choses l’une : ou bien il incite ses compatriotes à refuser l’impôt prélevé au profit de l’occupant romain et il sera facile de le dénoncer aux autorités, comme résistant ou même comme révolutionnaire et il sera condamné... ou bien il conseille de payer l’impôt et on pourra le discréditer aux yeux du peuple comme collaborateur, ce qui va bien dans le sens de ses mauvaises fréquentations... mais pire, il perd toute chance d’être reconnu comme le Messie ; car le Messie attendu doit être un roi indépendant et souverain sur le trône de Jérusalem, ce qui passe forcément par une révolte contre l’occupant romain. Et puisqu’il a prétendu être le Messie, aux yeux du peuple et des autorités religieuses, il méritera la mort, ce n’est qu’un imposteur et un blasphémateur.
Le piège est bien verrouillé ; de toute manière il est perdu et c’est bien cela qu’on cherche : la première occasion sera la bonne pour le faire mourir ; la Passion se profile déjà à l’horizon, nous sommes dans les tout derniers moments à Jérusalem. Dans sa réponse, Jésus montre bien qu’il a compris : « Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? » Il n’est pas dupe du piège qu’on lui tend...Pourtant il est interdit de penser qu’il pourrait chercher à embarrasser ses interlocuteurs ; Jésus n’a jamais cherché à mettre quiconque dans l’embarras ou à tendre un piège à quelqu’un ; ce serait indigne du Dieu dont la lumière éclaire les bons et les méchants.
Jésus ne répond donc pas au piège par un autre piège. Il traite la question comme une question et il y répond vraiment. Sa réponse tient en trois points : « Rendez à César ce qui est à César » ... « Ne rendez à César que ce qui est à César » ... « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ».
Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit :« Cette effigie et cette inscription,de qui sont-elles ? »Ils répondirent :« De César. »Alors il leur dit :« Rendez donc à César ce qui est à César,et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Ils ont tout prévu, y compris la pièce de monnaie susceptible de faire trébucher
Jésus ! »Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. » mais Jésus n'entre pas en discussion, Il ne fait aucune remarque désobligeante, son cœur est bien trop pur pour cela, Jésus renverse la situation en leur demandant de qui est l'effigie qu'ils voient :« Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ses interlocuteurs ne peuvent pas passer à côté de l'évidence ! « Ils répondirent :« De César. » Jésus peut alors livrer Son point de vue réaliste : « il leur dit :« Rendez donc à César ce qui est à César,et à Dieu ce qui est à Dieu. » Ceux qui voulaient piéger, se sont eux-mêmes enfermés dans leur traquenard ! L'incident, pourrions-nous dire est clos et chacun peut repartir qui à ses occupations, qui à Sa mission, car l'Heure n'est pas encore venue mais elle approche malgré tout !
Peut-être n'est-il pas inutile de nous arrêter sur ce qui vient de se passer et qui doit éclairer notre marche de disciples si elle tente de s' ajuster, au plus près, aux pas de Jésus !
Rendez donc à César ce qui est à César Jésus leur demande tout simplement d'accomplir leur devoir à l'égard de l'autorité en place à ce moment précis de l'Histoire d'Israël ! Jésus n'exprime aucun engagement, Il ne prend pas parti, Il fait constater ce qu'Il sait bien sûr et renvoie Ses interlocuteurs à leurs responsabilités. Jésus ne dit pas « faites ceci ou cela » Il les met en face de l'évidence que nul ne peut contester. Par la réponse que suscite sa question, Jésus semble toutefois les mettre en garde, il s'agit ici de rendre à César ce qui lui revient, à savoir, l'impôt et rien de plus. Il n'est pas question d'aller au-delà , alors que César exige qu'on lui rende un culte ! Ce serait alors idolâtrer celui qui n'est qu'un homme aussi puissant qu'il s'estime lui-même. A nous de discerner quelles sont nos idoles !
Rendez à Dieu ce qui est à Dieu est un appel discret et cependant manifeste, de les éveiller à reconnaître en Lui, Jésus, ce qu'ils sont empêchés de voir : le Fils unique du Père, Son Envoyé, le Messie attendu depuis des siècles ! C'est tenter de les éveiller à faire la distinction entre le temporel éphémère, et le spirituel qui demeure pour l'éternité. C'est aussi, s'ils le veulent, leur ouvrir l'horizon infini d'un Royaume qui n'est pas de ce monde
« Mon royaume n'est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n'est point d'ici-bas. »Jean 18
C'est nous réveiller, nous inciter à donner à Dieu ce qui Lui revient . Nous savons que si nous ne payons pas l'impôt, les taxes multiples et variées... nous nous exposons à de plus graves problèmes, mais Dieu, Lui ! Dieu reste silencieux ! Sauf si notre conscience n'est pas totalement anesthésiée, il reste alors un petit recoin, exposé à la lumière de l’Évangile fréquenté dans l'enfance , qui nous titille, nous met mal à l'aise et nous suggère de nous arrêter pour faire le point pour évaluer où nous en sommes avec ce Dieu d'Amour ! Rendons-nous à Dieu ce qui est à Dieu dans notre vie de chaque jour ? Quelle place Lui faisons-nous ? Savons-nous Lui demander conseil dans la chambre de notre cœur ? Lui faisons-nous confiance quand les choses ne vont pas comme nous le souhaitons dans notre vie ? Quelle place pour Lui dans notre vie de famille, dans notre vie professionnelle, dans notre vie sociale, nos loisirs ? Quand nous réussissons l’œuvre entreprise, savons-nous remercier ce Dieu de qui nous tenons tout, absolument tout, y compris nos moindres réussites ?
TOUT VIENT DE TOI Ô PERE TRES BON
NOUS T'OFFRONS LES MERVEILLES DE TON AMOUR !
Le moment est sans doute venu , de demander à ce Dieu qui nous aime mieux que nous nous aimons nous-mêmes, quand nous nous aimons ! de Lui demander, comme autrefois le grand Salomon, l'Esprit de Sagesse qui nous conduira à la Vérité tout entière.

Seigneur Jésus, donne-moi cette sagesse
qui juge de haut, qui prévoit de loin.
Donne-moi ton Esprit
qui laisse tomber l'insignifiant en faveur de l'essentiel.
En face des tâches et des obstacles
apprends-moi à ne pas me troubler, à ne pas m'agiter,
mais à chercher dans la foi ta volonté éternelle.
Donne-moi l'activité calme
qui sait envelopper d'un seul regard tout l'ensemble de mes tâches.
Aide-moi à accepter paisiblement les contradictions,
à y chercher ton regard et à le suivre.
Évite-moi l'émiettement dans le désordre,
la confusion du péché
mais donne-moi de tout aimer en union avec Toi.
O Jésus, ô Père, ô Esprit saint, sources de l'être,
unissez-moi à vous et à tout ce qui va dans le sens de l'éternité et de la joie.
Père Sertillanges
Demandez-le également à mon intention ! Merci.
L'Ermite

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