vendredi 27 octobre 2017

L'AMOUR N'EST PAS AIME !

XXX e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Année A
(Mt 22, 34-40)


En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve :
La controverse évoquée, portait sur la résurrection des morts :" Vous êtes dans l'erreur, ne comprenant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. Car, à la résurrection, on n'épouse pas et on n'est pas épousé; mais on est comme des anges de Dieu dans le ciel. Quant à la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit, en ces termes: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob? Dieu n'est pas Dieu des morts, mais des vivants. " Et les foules, en entendant cela, étaient remplies d'admiration pour son enseignement. (Matthieu 22) Les foules sont admiratives, mais les Sadducéens n'ont pas apprécié ; ceci est arrivé jusqu'aux Pharisiens qui ont déjà échoué dans le piège tendu dimanche dernier, et cette nouvelle tension n'est pas faite pour les apaiser ! Nouveau Conseil, nouveau traquenard, les Pharisiens s'endurcissent et tentent une nouvelle fois de «  mettre Jésus à l’épreuve » !
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »  C'est un docteur de la Loi qui parle, il détient donc des arguments pour éventuellement nourrir et alimenter le conflit ! Il connaît parfaitement les commandements que la Loi explicite et auxquels un croyant doit s'attacher pour vivre en parfait pratiquant. Jésus Lui, souvenons-nous n'est pas venu abolir la Loi, Il est venu la parfaire :« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. (Matthieu 5) Il va même jusqu'à préciser pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. » Notre Docteur de la Loi est donc bien téméraire d'oser poser semblable question à Jésus !
Jésus lui répondit :« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement.Dire qu'il y a un premier permet de supposer qu'il y aura un second ! Mais arrêtons - nous sur cette première partie .
Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, comme Jésus le disait dimanche dernier aux Pharisiens, L'aimer de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit comme Il le dit aujourd'hui au Docteur de la Loi, c'est la même chose : c'est mettre Dieu au-dessus de tout !
Aimer vraiment n'est pas facile, et aimer Dieu que je ne vois pas l'est encore moins ! Comment cela peut-il se concrétiser dans ma vie de chaque jour ? Nous avons un modèle unique et un unique modèle : Jésus Lui-même ! « Courrons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi. (Hébreux 12) »Mais écrit Paul Baudiquey « Jésus n'est pas un modèle ( je préfère penser : n'est pas seulement un modèle) Jésus est un appel, un appel à aimer comme Lui seul sait aimer ! Et nous savons où l'Amour l'a conduit! Oui, regarder Jésus, fixer sur Lui notre regard, c'est être appelé par Jésus Lui-même, à vivre comme Lui ! St Augustin écrit : « Porte donc Celui avec qui tu marches, pour parvenir à Celui avec qui tu désires demeurer »
En effet si nous regardons Jésus, nous ne nous tromperons pas, Jésus nous apprend à aimer le Père , parce qu'Il vit étroitement uni au Père, « Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire en lui ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » (Jean 3)
Parce qu'Il aime son Père, Jésus Le consulte sur la « montagne », avant toute décision importante, Jésus aime le Père et le Père aime Jésus, parce que Jésus fait sans cesse ce qui plaît au Père . « Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d'après ce que j'entends, et ce jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Si je me rendais ce témoignage à moi-même, mon témoignage ne serait pas vrai ; (Jean 5)
Car la volonté de mon Père, c'est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jean 6)
Aimer c'est préférer le Père à soi, à ses petits caprices du quotidien, aimer c'est choisir Dieu à chaque instant de notre existence. « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi (Matthieu 10)
Souvent, nous sommes surpris par la violence qui nous habite et qui envahit le monde ! Faut-il être surpris ? Dans toutes les couches de la société, dans bon nombre de lieux de rassemblements, Dieu est absent ! Non ! Lui, est présent, mais nous L'ignorons, nous fermons la porte de notre cœur à Sa voix qui murmure au fin fond de notre cœur , là où Il se blottit attendant notre réveil, notre prise de conscience, car, Lui, Dieu ne se lasse pas de nous attendre « de nous espérer » écrit Paul Baudiquey dans l'un de ses poèmes.
Ce Shema Israël est inscrit dans l'histoire humaine depuis les origines «  Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » lisons-nous au chapitre 6 du Deutéronome !
« Il faut que le monde sache que j'aime mon Père, et que je fais tout ce que mon Père m'a commandé. (Jean 14) Pourquoi Jésus veut-Il que le monde sache qu'Il aime le Père si ce n'est pour l'entraîner vers les sommets de l'amour !

C'est Saint François d'Assise qui parcourait les rues d'Assise en criant à qui voulait l'entendre : « L’amour n’est pas aimé, et c'est ce qu'il aurait dit au sultan Al-Kamil. Alors
que les croisés assiègent Damiette, en Égypte, François veut rencontrer le sultan pour lui annoncer l’Évangile. Fou, inconscient aux yeux des croisés qui tentent de le retenir, il manque de peu d’être exécuté par les musulmans mais finit par s’entretenir avec le sultan. Celui-ci, autant que nous le sachions, porte grande attention aux propos de François, à l’annonce de l’Evangile, à l’annonce de l’amour y compris des ennemis.
Mais qu'elle est donc cette volonté du Père ? « la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. (Jean 6)
C'est pour cela que Jésus est venu, c'est dans ce but qu'Il s'est offert et continue de s'offrir parce que :
Aimer c'est tout donner, aimer c'est tout donner,
aimer c'est tout donner, et se donner soi-même ;


Quand je parlerais les langues des hommes et des anges,
Si je n'ai pas l'Amour
je suis comme l'airain qui sonne ou la cymbale qui retentit ,


Si je prophétisais et connaissais tous les mystères,
Si j'avais la foi à transporter les montagnes
sans l'Amour je ne suis rien !


Quand je distribuerais ce que je possède en aumônes
Et si je livrais mon corps à brûler dans les flammes
cela ne me sert de rien.

N'est-ce pas le message de ce chant liturgique qui reprend l'hymne à la charité de la Lettre aux Corinthiens ? N'est-ce pas ce que vite Jésus dans Sa Passion, Sa mort et Sa Résurrection ? Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde , les aima jusqu'au bout. (Jean 13)
      Peut-être pouvons-nous faire nôtre la si belle prière de Saint François d'Assise :
      « Seigneur, je T'en prie, que la force brûlante et douce de ton Amour prenne possession de mon âme et l'arrache à tout ce qui est sous le ciel, afin que je meure par amour de ton Amour, comme Tu as daigné mourir par Amour de mon amour. Amen. » 
      Nous savons que nous resterons toujours en deçà mais nous pouvons le désirer et, le désirant, le demander ! Nous savons aussi qu' Il ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. (Matthieu 7)
      Et pour que cet amour ne reste pas éthéré, Jésus nous invite à le concrétiser au quotidien en aimant sincèrement nos frères ! C'est tout le sens de la deuxième partie de l’Évangile de ce jour « Et le second lui est semblable :Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »Faut-il encore s'aimer soi-même ! Se recevoir chaque matin de Dieu, Lui rendre grâce pour Sa présence dans nos vies, dans notre cœur, sur notre route. Nous n'aurons jamais fini de reconnaître Dieu à l’œuvre dans nos vies depuis cet instant de notre conception jusqu'à l'instant suprême où Il ouvrira Ses bras en disant : Venez les bénis de mon Père : j'ai eu faim , soif, j'étais nu, découragé, prisonnier de mes frères et de moi-même, replié, malade, seul, abandonné et vous M'avez nourri, désaltéré, vêtu, encouragé, libéré, soigné, accueilli ...
      En effet :Si quelqu'un dit : « J'aime Dieu », alors qu'il a de la haine contre son frère, c’est un menteur.nous dit St Jean dans sa première Lettre « En effet, celui qui n'aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d'aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et Si tu n'aimes pas ton frère que tu vois alors que tu dis aimer Dieu que tu ne vois pas, tu es un menteur ! »
La première lecture de ce jour , qui remonte à l'Exode, nous éclaire sur la façon d'aimer son frère en vérité :« Tu n’exploiteras pas l’immigré,tu ne l’opprimeras pas,car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte.Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin.Si tu les accables et qu’ils crient vers moi,j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée :


vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins. Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple,à un pauvre parmi tes frères,tu n’agiras pas envers lui comme un usurier :tu ne lui imposeras pas d’intérêts.Si tu prends en gage le manteau de ton prochain,tu le lui rendras avant le coucher du soleil.C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ;c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir.S’il crie vers moi, je l’écouterai,car moi, je suis compatissant ! »

N'avons-nous pas là une excellente trame pour un examen de conscience ? Très , trop, souvent nous entendons dire :  «  je ne demande pas le sacrement de la Réconciliation  parce que je ne sais pas quoi dire », c'est que, soit, nous ne lisons pas l’Écriture Sainte, soit en la lisant notre esprit est ailleurs, soit encore nous la recevons comme une Parole du ou d'un passé révolu ! Mais quelle erreur ! Ce passage de l'Exode n'est-il pas actuel et de tous les temps ? L’Évangile n'est-il pas actuel et de tous les temps ? Chaque verset est un appel à vivre autrement, à vivre mieux ! Non pas pour nous culpabiliser, nous écraser mais pour nous dynamiser, nous élancer vers plus de vie, plus de joie, plus de paix ! Nous n'aurons jamais fini d'appliquer l’Évangile à notre vie. J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire dans ce blog : « aucun homme, lisons-nous dans Ecclésiaste 6, n'est assez juste ( entendons saint) sur terre pour faire le bien sans pécher » Oui, nous lisons bien ! On peut pécher en faisant le bien ! Par vanité, par orgueil s'estimant l'auteur de ce bien etc ...Par-nous mêmes écrit quelque part St François, nous ne sommes que péché ! Et encore une fois nous ne devons ni culpabiliser, ni désespérer, ni dire à quoi je sers ou à quoi cela sert-il, non ! Non, avec St Paul nous devons vivre pour nous laisser saisir par le Christ « Pour moi, frères, je ne pense pas l'avoir saisi, mais je ne fais qu'une chose: oubliant ce qui est derrière moi, et me portant de tout moi-même vers ce qui est en avant, je cours droit au but, pour remporter le prix auquel Dieu m'a appelé d'en haut en Jésus-Christ. » (Philippiens 3) Oui nous devons courir de tout notre être vers Jésus en semant le bien, jusqu'à l'heure de l'épanouissement de notre vie dans la Vie !
Quant aux Prophètes cités par Jésus ils n'ont fait rien d'autre, que signifier le lien étroit qu'il y a entre l'amour de Dieu et l'amour du frère : « Le jeûne que je préfère, ne consiste t-il pas , écrit Isaïe , en ceci: détacher les chaînes injustes, délier les nœuds du joug, renvoyer libres les opprimés, briser toute espèce de joug? Ne consiste-t-il pas à rompre
ton pain à celui qui a faim, à recueillir chez toi les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, à le couvrir, à ne point te détourner de ta propre chair? Alors ta lumière poindra comme l'aurore, et ta guérison germera promptement; ta justice marchera devant toi; la gloire de Yahweh sera ton arrière garde. Alors tu appelleras, et Yahweh répondra tu crieras, et il dira: "Me voici!" Si tu bannis du milieu de toi le joug, le geste menaçant, les discours injurieux; si tu donnes la nourriture à l'affamé, et si tu rassasies l'âme affligée; Ta lumière se lèvera au sein de l'obscurité, et tes ténèbres brilleront comme le midi. (Isaïe 58)
Et : « On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bon, et ce que le Seigneur demande de toi : c'est de pratiquer la justice, d'aimer la miséricorde, et de marcher humblement avec ton Dieu. (Michée 6)
Est explicité ci-dessus ce que Jésus exprime quand Il dit ;Il ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !, mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. (Matthieu 7) Et c'est cela que Jésus veut faire comprendre au Pharisiens et à ce qui se cache de pharisaïsme en chacun de nous !
Peut-être pouvons-nous supplier notre Dieu et Père de nous faire entrer toujours plus profondément dans Sa volonté sainte qui nous nous conduit à l'Amour !
« Dieu Tout-Puissant, éternel, juste et bon, par nous-mêmes nous ne sommes que néant et pauvreté ; mais Toi, à cause de Toi-même, donne-nous d'agir selon Ta volonté, telle que nous La connaissons, et de vouloir toujours ce qui Te plaît ; ainsi nous deviendrons capables, intérieurement purifiés, illuminés et embrasés par le feu du Saint-Esprit, de suivre les traces de ton Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ, et par Ta seule grâce, de parvenir jusqu'à Toi, Très-Haut, qui, en Trinité parfaite et très simple Unité, vis et règnes et reçois toute gloire, Dieu Tout-Puissant dans tous les siècles des siècles. Amen. » 


TRES BELLE ET SAINTE FETE DE LA «  TOUS SAINTS » demandons à ceux qui louent sans cesse le Seigneur dans le Royaume de nous entraîner dans leur sillage pour nous permettre de connaître cette allégresse quand notre vie s'épanouira en Dieu !
Saint François, ce chantre de l'Amour de Dieu n'hésite pas à louer les vertus, cette louange peut nous éclairer et nous aider dans notre marche vers le Père !


Saint François d'Assise (1182-1226)
« Salut, reine Sagesse, que le Seigneur te garde, avec ta sœur, sainte et pure Simplicité. Dame sainte Pauvreté, que le Seigneur te garde, avec ta sœur, sainte Humilité. Dame sainte Charité, que le Seigneur te garde, avec ta sœur, sainte Obéissance. Vous toutes, saintes Vertus, que le Seigneur vous garde, Lui de qui vous procédez et venez. Nul homme en ce monde, si d'abord il ne meurt, ne peut posséder une seule d'entre vous. Qui possède l'une et ne blesse pas les autres, il les possède toutes. Qui blesse l'une les blesse toutes et n'en possède aucune. Chacune d'elles met en déroute les vices et péchés : Sainte Sagesse confond Satan et toutes ses malices. Pure et sainte Simplicité confond toute sagesse de ce monde et toute sagesse de la chair. Sainte Pauvreté confond cupidité, avarice, et les soucis matériels de ce monde. Sainte Humilité confond l'orgueil et tous les vaniteux de ce monde et toutes les prétentions de ce monde. Sainte Charité confond toutes les tentations qu'elles viennent du diable ou de la chair et toutes les craintes égoïstes. Sainte Obéissance confond toute volonté propre et tout charnel attachement et toute charnelle obstination. C'est elle qui tient le corps mortifié pour qu'il obéisse à l'esprit, pour qu'il obéisse à son frère. C'est elle qui rend l'homme docile et soumis à n'importe quel homme de ce monde, et non seulement aux hommes, mais aux bêtes et aux fauves eux-mêmes, les laissant disposer de lui comme ils veulent, autant que d'en haut leur permet le Seigneur ! Amen .

L'Ermite

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire