vendredi 3 novembre 2017

UN SEUL PERE ! UN SEUL MAITRE !

XXXI e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE A

(Mt 23, 1-12)
Nous approchons de la Passion de Jésus, les apôtres seront bientôt confrontés à la victoire apparente des forces du Mal , leur Maître sera humilié devant eux, eux-mêmes perdront pied, Ce sera le triomphe apparent des ténèbres ! Les années lumineuses passées avec le Maître, même inoubliables, vont alimenter une multitude de questions, n'ont-ils pas tout quitté pour Le suivre ? Jésus sait très bien qu'il y aura un moment de flottement. « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. » Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. » (Luc 22) Nous connaissons la suite !
Aussi, Jésus fait-Il tout pour parfaire la formation des foules qui se pressent auprès de Lui, et celle de ses apôtres car ils devront soutenir l’Église naissante, et entretenir la flamme de ceux qui ont eu la grâce de L'approcher. 
Lui-même, Jésus, a dû faire face aux controverses des Pharisiens, aux pièges dressés sur son chemin pour Le faire tomber. Il sait très bien qu'il y a d'excellents Pharisiens mais Il a
expérimenté aussi la suffisance d'un bon nombre , leurs contradictions, leur interprétation rigide de la Loi de Moïse, il est donc extrêmement important qu'Il éveille les uns et les autres à vivre en personnes libres , à exercer leur discernement fidèles à une conscience bien formée, en mettant toujours l'amour du prochain au-dessus de tout ! « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » sans se tromper d'Amour évidemment ! C'est semble-t-il tout le sens de l'enseignement de ce jour . C'était vrai hier, cela reste encore vrai aujourd'hui ! Nous pouvons parfois être troublés par les comportements de nos frères chrétiens, de certains prêtres, religieux, religieuses, ne revêtons pas notre habit de Pharisien, cherchons à comprendre, envisageons une démarche auprès des personnes dont les attitudes, les paroles nous choquent, si nous pensons avoir raison, demandons conseil, et si nous y sommes encouragés posons les actes qui conviennent en pareils cas, pour le bien de tous !
Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Jésus ne rejette pas les propos tenus par les Pharisiens, ils sont conformes à la loi, ils appellent au respect, mais Jésus est conscient de la distance établie entre le dire et le faire : Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Voilà le problème : leurs actes diffèrent des conseils qu'ils donnent ! Si Jésus le note c'est qu'Il nous invite à être vigilants !« Celui qui observera les commandements et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux » (Mt 5,19). « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7, 21) C'est une très bonne intention que celle d'annoncer le droit, la justice, la paix mais si nous voulons être crédibles, si nous voulons entraîner nos frères sur le chemin de la sainteté il est important de vivre ce que nous annonçons . C'est vrai en éducation, c'est vrai aussi dans nos relations entre
adultes ! « Ces enfants, écoute-les, respecte-les, aime-les, aide-les à se prendre eux-mêmes en mains...ils te regardent vivre, que tu le veuilles ou non, tu as une responsabilité vis-à-vis d'eux : si tu ralentis, ils s'arrêtent ; si tu critiques, ils démolissent ; si tu doutes, ils désespèrent ; si tu marches devant, ils dépasseront ; si tu donnes ta main, ils donneront leur peau et si tu pries, alors ils seront des saints ! » (Tagore)
Nous savons dès lors ce que Jésus attend de chacun de nous ! En soulignant les comportements de certains Pharisiens Jésus nous indique clairement ce qui est contraire à l'amour du frère :
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. N'est-ce pas ce que nous appelons un abus de pouvoir , le désir de domination ? Ne vous est-il jamais arrivé de vous surprendre à exiger une attitude, un comportement d'un enfant, d'un subalterne, d'un égal aussi, et de vous demander intérieurement si votre vie rendait compte de semblable exigence ? Il est évident qu'il est bon d'indiquer la route mais il est encore meilleur de la prendre soi-même ! Nous connaissons tous le proverbe d'Origène : « Faites ce que je vous dis et non pas ce que je fais »! Proverbe, plein d’ironie,qui concerne tous les beaux parleurs qui se mêlent de donner à tout venant des conseils dont ils auraient fort souvent, besoin pour eux et qui ne cessent de recommander aux autres de pratiquer les vertus dont ils ne se préoccupent pas eux-mêmes. Ce proverbe a justement son origine et son explication dans ces paroles de l’Évangile selon Saint Matthieu .
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens :ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils
aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Ah le paraître, ce besoin de briller, de choisir celle que l'on imagine être la meilleure place dans un dîner ! Ce besoin d'attirer l'attention , de la concentrer ! Les phylactères sont deux petits cubes de cuir noir que les Juifs portent l’un sur le front, l’autre sur le bras gauche à hauteur du cœur. Ils contiennent quatre passages de la Torah :Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces commandements que je te donne aujourd'hui, seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les attacheras sur ta main pour te servir de signe, et ils seront comme un frontal entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. (Dt 6)
Mettez donc sur votre cœur et sur votre âme ces paroles que je vous dis. Vous les lierez comme un signe sur vos mains, et elles seront comme des fronteaux entre vos yeux. Vous les enseignerez à vos enfants, et vous leur en parlerez, soit quand tu resteras dans ta maison, ou que tu iras en voyage, soit quand tu te coucheras ou que tu te lèveras. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes: afin que vos jours et les jours de vos enfants, dans le pays que le Seigneur a juré à vos pères de leur donner, soient aussi nombreux que les jours des cieux au-dessus de la terre. (Dt 11) Il s'agissait d'un moyen pour rester en présence constante de la Loi et non d'une façon d'attirer l'attention. Toute chose est bonne mais tout dépend de l'usage que nous en faisons !
Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. (Matthieu 6) nous dit ailleurs Jésus. Il ne s'agit pas de se cacher mais de rester discrets, de vivre en vérité, non pour attirer les regards !
Et lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme les hypocrites, qui exténuent leur visage, pour faire paraître aux hommes qu'ils jeûnent; en vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, (Matthieu 6)
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner ,et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres,car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Ce verset a été longtemps une interrogation pour moi , je ne pouvais pas penser qu'il y avait là une volonté de tout niveler de la part de Jésus, mais alors que voulait-Il dire ? Je l'ai peut-être mieux compris en Afrique, lors d'une célébration du Jeudi Saint à l'occasion du Lavement des pieds ! Le prêtre responsable pastoral de la paroisse avait proposé que chaque « Corps » soit représenté par un binôme : supérieur / subalterne , chacun lavant les pieds de l'autre à son tour : un père de famille lavant ceux de son enfant et inversement, un patron ceux de son ouvrier et inversement, un enseignant ceux d'un élève et inversement … Sans autre commentaire que ce magnifique geste manifestant que nous sommes, ou devons êtr, serviteurs quelle que soit notre fonction. Les parents sont au service de leurs enfants pour leur permettre de grandir sous le regard du Seigneur, les enfants sont au service de leurs parents à toute s les étapes de la vie en les servant par les progrès qu'ils font, en leur donnant satisfaction par leurs attentions, en les protégeant quand l'âge les rend plus vulnérables. Chacun de nous peut se livrer à cet exercice pour connaître la juste attitude, l'attitude chrétienne, dans les différentes situations citées plus haut : chef d'entreprise/ Ouvrier et inversement... «  Vous m'appelez le Maître et le Seigneur: et vous dites bien, car je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné l'exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez aussi vous-mêmes.
En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son maître, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. (Jean 13)
Et Jésus n'hésite pas à affirmer haut et fort : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé,qui s’abaissera sera élevé. »

Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu? (1Corinthiens 4) lisons-nous sous la plume de St Paul aux Corinthiens !
En effet ne sommes-nous pas tous débiteurs à l'égard du Seigneur ? Qui que nous soyons nous recevons TOUT de Sa main , notre devoir n' est-il pas de faire fructifier Ses dons, ce que nous réalisons plus ou moins bien selon notre engagement personnel ! Puisse, la parole de Saint Paul, dans la liturgie de ce dimanche, nous bousculer : « Et voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu : quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre,vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement,non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants. » et si ce n'est pas le cas, alors, humblement demandons au Seigneur de nous renouveler et demandons-lui avec force et disons – Lui  :

Garde mon âme dans la paix
près de toi, Seigneur.
Seigneur, je n’ai pas le cœur fier
ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.
Attends le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais.
L'Ermite
APPENDICE : Litanie pour demander le don d'humilité


Seigneur,
ayez pitié de moi.
O Jésus, doux et humble de cœur,
exaucez-moi.
Du désir d'être estimé,
délivrez-moi, Jésus.
Du désir d'être recherché,
délivrez-moi, Jésus.
Du désir d'être aimé,
délivrez-moi, Jésus.
Du désir d'être loué,
délivrez-moi, Jésus.
Du désir d'être honoré,
délivrez-moi, Jésus.
Du désir d'être préféré,
délivrez-moi, Jésus.
Du désir d'être consulté,
délivrez-moi, Jésus.
Du désir d'être approuvé,
délivrez-moi, Jésus.
Du désir d'être ménagé,
délivrez-moi, Jésus.
De la crainte d'être humilié
délivrez-moi, Jésus.
De la crainte d'être rebuté,
délivrez-moi, Jésus.
De la crainte d'être calomnié,
délivrez-moi, Jésus.
De la crainte d'être oublié,
délivrez-moi, Jésus.
De la crainte d'être raillé,
délivrez-moi, Jésus.
De la crainte d'être injurié,
délivrez-moi, Jésus.
O Marie, mère des humbles,
priez pour moi.
Saint Joseph,
protecteur des humbles,
priez pour moi.
Saint Michel,
qui le premier avez terrassé l'orgueil,
priez pour moi.
Tous les justes sanctifiés
surtout par l'esprit d'humilité,
priez pour moi.
Oraison
O Jésus,
dont la première leçon a été celle-ci:
"Apprenez de moi que je suis doux
et humble de cœur,"
enseignez-moi à devenir humble
de cœur comme vous.
Ainsi soit-il.


Évangile de la vie




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