vendredi 10 novembre 2017

EGOISTES OU SAGES ? ET MOI, AURAI-JE ASSEZ D'HUILE ?

XXXII e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE A
(Mt 25, 1-13)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : Ce chapitre 25 de Saint Matthieu précède l'entrée de Jésus dans la Passion . Il est composé de trois paraboles, celle qui nous est proposée aujourd'hui, vient ensuite celle des talents et, enfin , la grande parabole du Jugement dernier !
Le temps presse, Jésus veut ancrer Ses disciples, dans l'essentiel, dans ce qui lui semble le plus important avant l'heure décisive où ils se retrouveront « seuls » pour gérer l’Église naissante ! Seuls ! Ils ne le seront jamais, pas plus que nous ne le sommes – Je suis avec vous chaque jour, jusqu'à la fin du monde je ne vous laisserai pas seuls, je vous enverrai le Paraclet qui vous conduira à la Vérité tout entière – cependant il n'y aura plus cette présence sensible et rassurante, il est donc particulièrement important de leur offrir une vision panoramique des enseignements qu'ils devront vivre eux-mêmes avant de les dispenser . Souvenons-nous de la mise en garde de dimanche dernier à propos des pharisiens , : « ils disent et ne font pas ! » C'est une invitation à faire, avant de dire, pour les apôtres, et pour chacun de nous! Matthieu, dans son Évangile, parle 57 fois du Royaume, Luc 42, Marc 20, Jean 5 et, la plupart du temps tous relatent des comparaisons effectuées par Jésus dans le seul but d'enseigner, de former ! C'est encore le cas aujourd'hui :
« Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, ici, il s'agit de jeunes filles invitées à des noces, donc à un moment festif, un moment heureux où elles partageront la joie de ceux qui se lient pour tout une vie ! ( il ne peut s'agir aujourd'hui, que des noces de l'Agneau ) Nous avons tous l'expérience de telles situations. Nous y pensons longtemps à l'avance, nous préparons soigneusement la tenue qui conviendra le mieux au contexte, nous mettons tout en œuvre pour que la fête soit une réussite ! Nous cherchons à éviter toute fausse note qui pourrait nuire à la joie de ce jour unique !
Ici, nos jeunes filles, compte tenu du contexte de l'époque :
prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes,des flacons d’huile.
La remarque n'est pas anodine, cinq sont prévoyantes, cinq sont insouciantes ! Pourquoi cette remarque n'est-elle pas anodine ?
- D'une part, elle engagera un débat sur la responsabilité, le discernement, la lucidité ...
- D'autre part, elle oriente la pensée que Jésus évoquera dans la conclusion, nous y reviendrons.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Quoi de plus normal  ? Quelle que soit la bonne volonté, quelle que soit la profondeur du désir de voir l'époux, notre condition humaine ne manque pas de faire entendre ses droits et ses besoins ! Il est difficile, quel que soit l'âge, de triompher du sommeil quand la fatigue nous gagne ! L'erreur n'est donc pas ici, mais dans la préparation. Les unes pensent avec sérieux à la RENCONTRE , les autres envisagent davantage la fête , elles en deviennent étourdies !
Notons, par ailleurs, qu'il s'agit de l'époux et non des époux, il me semble plausible et quasi certain, de voir , une allusion, aux épousailles de Jésus qui a épousé, pris sur Lui, en Lui, notre humanité à l'exception du péché ! Le verset conclusif me paraît assez explicite pour ne pas en douter !
Au milieu de la nuit, il y eut un cri :Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe.
Au milieu de la nuit, au moment où on ne L'attend plus, quand la brume du sommeil a envahi tout l'être , où il faudra se secouer pour retrouver ses esprits , défroisser les vêtements pour être présentables, constituer le cortège d'accueil et, réaliser subitement que l'huile prévue se révèle insuffisante pour celles, ceux, qui n'ont pas pensé aux accidents de la vie toujours possibles ! Peut-être pouvons-nous prendre un peu de temps pour réfléchir personnellement à « notre huile » sa qualité, sa quantité, il s'agit , vous le comprenez, de tous les éléments de notre vie qui nous permettent de faire face aux imprévus ! Tous ces dons reçus du Seigneur ( nos talents) pour répondre au mieux à Ses attentes ! Prenons-nous les moyens de les développer, de les faire fructifier comme l’Évangile nous le demande, et l’Évangile c'est Jésus Lui-même !
Dans semblable situation (celle que nous venons d'évoquer) la réaction immédiate , c'est l'emprunt !
Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes :‘Donnez-nous de votre huile,car nos lampes s’éteignent.’ Les prévoyantes leur répondirent :‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous,allez plutôt chez les marchands vous en acheter.
Voilà le sujet du débat ! Les jeunes filles prévoyantes seraient-elles égoïstes ? En tout cas, nombreux sont ceux qui risquent de penser ainsi. Toutefois, si nous réfléchissons sérieusement, nous serons conduits à voir différemment ! Partager l'huile indispensable à la bonne tenue de la soirée, serait plonger l'ensemble dans l'embarras. Si les jeunes filles prévoyantes se laissent guider par leur seule sensibilité elles feront ce choix imprudent, mais ce n'est pas le cas ! Ces jeunes ont acquis une maturité suffisante pour effectuer le bon choix au risque d'être critiquées et de voir leurs compagnes se détourner d'elles à l'avenir .
Il s'agit là d'une situation fréquente rencontrée dans notre quotidien : si je refuse ce service, si je réponds par la négative à une attente précise, je cours le risque de déplaire, d'être remis en question, jugé etc .Quelle est la juste position ? C'est celle qui me permet d'être en harmonie avec ma conscience si celle-ci est bien formée, en harmonie avec l’Évangile de Jésus-Christ ! Certaines décisions irréfléchies, affectives, seront parfois bien plus nocives pour nos amis(es) et pour nous-mêmes ! Elles sont le début d'un engrenage qu'il est difficile de remonter pour en défaire les nœuds! N'oublions pas trop vite ce qui nous est dit dans la première lecture de ce dimanche : « La sagesse se laisse trouver … elle devance les désirs de ceux qui la cherchent, penser à elle est la perfection du discernement et celui qui veille à cause d'elle sera bientôt délivré du souci. »La Sagesse c'est Dieu Lui-même, Père, et Fils et Esprit Saint, quand tout se brouille, quand nous ne voyons pas quel est le meilleur, appelons la Sagesse de Dieu , la Sagesse qui est Dieu, « elle nous apparaîtra avec un visage souriant ; elle viendra à notre rencontre ! »  Et, je ne le dirai jamais assez, ne craignons pas de consulter notre accompagnateur qui nous éclairera parce qu'il, elle a la distance qui convient !
Être sensible certes, c'est excellent, mais nous confondons souvent, sensibilité et sensiblerie ! Et nous nous fourvoyons  et entraînons nos semblables sur des chemins scabreux ! C'est ce qui serait arrivé à nos jeunes filles prévoyantes si elles n'avaient pas raisonné leur cœur ! C'est très souvent, en éducation, que nous sommes conduits à serrer notre poing dans notre poche pour résister à la « sensiblerie » , pour mettre notre cœur à distance et demeurer pleinement lucides ! Ce matin même, en sortant de la messe j'ai été témoin d'une personne prisonnière de son cœur devant les caprices d'une autre personne, j'ai réagi au minimum soutenue par un autre témoin de la scène et attends le moment de pouvoir en parler avec l'intéressée, en attendant je prie l'Esprit de Sagesse de prendre possession de son âme .
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces,et la porte fut fermée. Plus tard, les autres jeunes filles
arrivèrent à leur tour et dirent :‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !Il leur répondit :‘Amen, je vous le dis :je ne vous connais pas. C'est navrant évidemment, et on a le droit de souffrir pour le sort des jeunes étourdies mais il n'est pas possible de vouloir à leur place , de choisir à leur place, de se préparer à leur place … Quand nos frères et sœurs font de mauvais choix, nous devons tenter de les éveiller, de les éclairer mais la décision finale est de leur responsabilité . Si je ne fais rien pour les aider je partage cette responsabilité, mais si j'ai tenté une démarche, voire plusieurs, je ne peux absolument pas me substituer à la ou aux personnes concernées ! Il ne suffit pas de crier : Seigneur, Seigneur, c'est d'ailleurs une remarque entendue récemment sur les lèvres de Jésus « Ce n'est pas celui qui m'aura dit: " Seigneur, Seigneur! " qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup me diront en ce jour-là: " Seigneur, Seigneur! n'est-ce pas en votre nom que nous avons prophétisé? n'est-ce pas en votre nom que nous avons chassé les démons? et n'avons-nous pas, en votre nom, fait beaucoup de miracles? " Alors je leur dirai hautement: Je ne vous ai jamais connus. Éloignez - vous de moi, artisans d'iniquité! (Matthieu 7) »
L'époux , Jésus, n'hésite pas à durcir le ton : « je ne vous connais pas » Cette parole est particulièrement dure, et pourtant, on ne joue pas impunément avec le feu ! Tout au long de ces trois années, Jésus s'est appliqué à donner les clefs qui ouvrent l’accès au Royaume... tout au long de notre vie Il place des balises sur notre route : l’Église d'où jaillissent les eaux vives des sacrements, les invitations à prier sans cesse, l'Eucharistie, Sa Parole ce trésor qu'il ne suffit pas d'exposer dans sa bibliothèque, mais qu'il est primordial de lire, relire pour faire corps avec, pour devenir Parole vivante du Verbe de Dieu  : « Fils d'homme, mange ce qui est devant toi, mange ce rouleau, et va parler à la maison d'Israël. » J'ouvris la bouche, il me fit manger le rouleau et il me dit : « Fils d'homme, remplis ton ventre, rassasie tes entrailles avec ce rouleau que je te donne. » Je le mangeai donc, et dans ma bouche il fut doux comme du miel. (Ezéchiel 3) Si nous ne voulons pas entendre la remarque cinglante du Maître :« je ne vous connais pas » mangeons et ruminons la Parole de Dieu !
Jésus nous met en garde contre toute forme de légèreté , Il ne nous défend pas de nous amuser, de nous distraire pour nous détendre, Il nous demande simplement d'être à tout
instant prêt pour la RENCONTRE ’Veillez donc,car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » Ailleurs ne dit-Il pas : « Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé.Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. »Mat 24, 42
« Que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme? Que donnerait un homme en échange de son âme?… Marc 8,36
C'est pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas. Mat 24, 44
Je ne peux m'empêcher de penser à Saint Louis de Gonzague je crois,un professeur demanda à lui et à ses compagnons de jeu « que feriez-vous si l'on vous annoncez votre mort immédiate ?  L'un répondit : « J'irai tout de suite me confesser », un autre « je me rendrai à la chapelle pour me préparer dans la prière », quant au jeune Louis il dit simplement « je continuerai ce que je suis en train de faire » révélant ainsi la qualité de son union à Dieu et de son désir de rester dans la volonté de Dieu !
Dieu ne nous demande pas l'extraordinaire Il nous demande d'être là où Il nous veut, dans l'Esprit qui est le sien à chaque instant de notre vie, alors, la RENCONTRE sera une fête, celle de l’Époux avec l'épouse à qui Il dit « viens ! »
Voici que je viens sans tarder. Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie écrite dans ce livre. » (Apocalypse22)
L'Esprit et l'Épouse disent : « Viens ! » Celui qui entend, qu'il dise aussi : « Viens ! »Celui qui a soif, qu'il approche. Celui qui le désire, qu'il boive l'eau de la vie, gratuitement. (Apocalypse 22)
Demandons ensemble et les uns pour les autres :

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

C’est toi que j’espère tout le jour,
en raison de ta bonté, Seigneur.
Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.
Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
Il enseigne aux humbles son chemin.
Les voies du Seigneur sont amour et vérité
pour qui veille à son alliance et à ses lois.
A cause de ton nom, Seigneur,
pardonne ma faute : elle est grande.
Est-il un homme qui craigne le Seigneur ?
Dieu lui montre le chemin qu’il doit prendre.
Son âme habitera le bonheur,

ses descendants posséderont la terre.

Psaume 24, Versets 4-13

L'Ermite

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