vendredi 24 novembre 2017

BREBIS ? BOUC ? BREBIS ET BOUC ?

FÊTE DU CHRIST, ROI DE L'UNIVERS
(Mt 25, 31-46)


Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis,
et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau
quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis,et j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de nuages et de sombres nuées.
C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer,
– oracle du Seigneur Dieu. La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit. Et toi, mon troupeau

– ainsi parle le Seigneur Dieu –, voici que je vais juger entre brebis et brebis,
entre les béliers et les boucs.


Qui d'entre nous peut imaginer le Seigneur Dieu un bâton à la main, revêtu d'une tunique de berger, se déplaçant dans de verts pâturages (Psaume de la Liturgie) pour veiller sur son troupeau ? 
 
Qui L'imagine battant la campagne pour retrouver la brebis égarée et la ramener avec tendresse, sur Ses épaules, à la bergerie ? 
 
Qui peut concevoir ce Dieu d'amour au chevet de la brebis malade lui prodiguant des soins pour lui permettre de retrouver sa place ! 
 
Et pourtant c'est bien de notre Dieu, dont il est question dans la lecture d’Ézéchiel , Dieu, en Jésus fait homme , s'est approché de l'humanité, la nôtre, « Allons jusqu'à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d'y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. (Luc 2) allant jusqu'à s'agenouiller pour lui laver les pieds , et c'est Lui qui rentre à Jérusalem juché sur un âne, « Voici que ton roi vient à toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et sur un ânon, fils de celle qui porte le joug» (Matthieu 21) pas dans un carrosse, sur le dos d'une ânesse dit l’Évangile , c'est encore Lui qui meurt comme un paria sur l'infâme croix devenue son trône de gloire avant de retourner vers le Père où Il nous accueillera si nous acceptons de nous mettre au service de nos frères comme Il nous en a donné l'exemple 
Qui a déjà vu un monarque terrestre dans cette posture ? Nos rois terrestres habitent des palais grandioses, rutilants d'orfèvrerie, faisant bonne chair, se désaltérant dans des coupes de valeur, se restaurant dans des assiettes rares, servis au doigt et à l’œil par de dévoués valets et femmes de chambre, servis par une cour toute en courbettes et ronds de jambe … Avez-vous déjà rencontré un roi, un Président, un chef d'entreprise, un général ramenant un subalterne épuisé sur ses épaules, lui préparant un repas, un lit ? Et si l'un d'eux sort du rang nous le supportons mal et le traitons de démagogue... l'enfermant dans un rôle, l'empêchant de manifester son humanisme. « Lequel d’entre vous, demande Jésus, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : ’Viens vite à table’ ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt : ’Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour.’
Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : ’Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir.’ »
Or c'est Lui, Jésus qui « jugera entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs. » comme Il nous le révèle dans l’Évangile qui suit !
En ce temps-là,Jésus disait à ses disciples :« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.
La Gloire, le trône du Christ , ces réalités risquent de nous fourvoyer si nous nous projetons dans nos expériences terrestres ! En effet, la gloire des hommes est à mille milles de celle de Dieu ! Les trônes de nos monarques, les chaises sophistiquées de nos Présidents n'ont absolument rien à voir avec la Gloire, le trône de Dieu ! Qui pourrait imaginer Jésus , Celui qui nous révèle Dieu Père enveloppé, drapé dans des ors rutilants, un cadre flamboyant ? Il est important de faire taire nos représentations humaines et de plonger, aussi profond que possible dans ce que nous balbutions de la grandeur de notre Dieu ! Notre Dieu n'est grand que dans sa petitesse extrême , inimitable . Nous pouvons l'approcher mais nous ne pourrons jamais l'imiter ! Dieu s'est abaissé pour nous élever ! Qui est capable de cela hormis Lui-même ? « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme,il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix !Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » Phil 2
La gloire du Père, Son trône c'est me semble-t-il, ce resplendissement de lumière et d'amour inégalables,, la lumière étant l'explosion de l'amour, propre à la Trinité sainte, en un mot c'est la grâce qui est en Elle et qui circule dans Ses créatures par la pure magnanimité d'un Dieu qui offre son amour et s'offre en Jésus-Christ pour nous Le révéler ! « Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus en temps opportun. (Hébreux 4) Le trône de la grâce c'est le trône de l'amour reçu et donné, partagé ! Il ne s'agit pas d'être écrasés, d'avoir peur, la Lettre aux Hébreux nous invite au contraire à nous approcher du trône de la grâce pour obtenir miséricorde!et l'auteur précise  «Car nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos infirmités; pour nous ressembler, il les a toutes éprouvées hormis le péché. » (Hébreux 4) Et cette gloire nous sommes invités à la partager : « Jésus avait été abaissé un peu au-dessous des anges, et maintenant nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de sa Passion et de sa mort. Si donc il a fait l'expérience de la mort, c'est, par grâce de Dieu, pour le salut de tous. En effet, puisque le créateur et maître de tout voulait avoir une multitude de fils à conduire jusqu'à la gloire, il était normal qu'il mène à sa perfection, par la souffrance, celui qui est à l'origine du salut de tous. (Hébreux 2)

Ce n'est pas en raison de faits d'armes, de conquêtes , de comptes en banque saturés , non, c'est au prix d'une vie livrée, d'une vie de service , que Jésus de retour dans le sein du Père participe à cette gloire rayonnement d'un amour époustouflant et c'est sur cet amour que nous serons jugés et que nous entendrons Jésus nous dire :

‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ;j’étais malade, et vous m’avez visité ;j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’Alors les justes lui répondront :‘Seigneur, quand est-ce que nous

t’avons vu...?tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ?tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ?tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison...Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’ Et le Roi leur répondra :‘Amen, je vous le dis :chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères,c’est à moi que vous l’avez fait.’

Jésus, Maître du monde n'est pas venu pour en tirer profit, pour remplir Ses greniers célestes, pour rivaliser avec nos monarques et Présidents, pour être applaudi, recevoir des dessous de table, Jésus s'identifie à toute souffrance ! C'est Sa façon de révéler Sa Royauté ! Les Pharisiens ont du mal à concevoir un tel Roi . Et c’est pour cela que, face à un homme sans défense, fragile, humilié, comme l’est Jésus, un homme de pouvoir comme Pilate reste surpris ; surpris parce qu’il entend parler d’un royaume, de serviteurs. Et il pose une question qui lui semblera paradoxale : « Alors, tu es roi ? ». Quel genre de roi peut être un homme dans ces conditions-là ? Mais Jésus répond par l’affirmative : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité, écoute ma voix » (Jn 18, 37). 
Jésus parle de roi, de royaume, cependant, il ne se réfère pas à la domination, mais à la vérité. Pilate ne comprend pas : peut-il exister un pouvoir qui ne s’obtient pas par des moyens humains ? Un pouvoir qui ne réponde pas à la logique de la domination et de la force ? Jésus est venu révéler et apporter une nouvelle royauté, celle de Dieu ; il est venu rendre témoignage à la vérité d’un Dieu qui est amour et qui veut établir un royaume de justice, d’amour et de paix . Celui qui est ouvert à l’amour, écoute ce témoignage et l’accueille avec foi, pour entrer dans le royaume de Dieu. Quand je soigne un malade, que je visite une personne incarcérée, que j'accueille un migrant, que je partage mon pain, c'est Jésus que je rencontre , c'est Jésus que je soulage sur le chemin du Golgotha . Mais encore faut-il VOIR et RECONNAÎTRE dans la personne secourue, Celui qui a établi Sa demeure chez elle, en elle ! Avec nos têtes dures nous nous demandons pourquoi Jésus insiste à ce point en explicitant l'inverse de la situation !
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche :‘Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits,dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ;j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ;j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ;j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.’
 Alors ils répondront, eux aussi :‘Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison,sans nous mettre à ton service ?’
Il leur répondra :‘Amen, je vous le dis :
chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits,c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.

Jésus est obligé de préciser, Il doit expliquer son jugement :Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’Seigneur, quand t’avons-nous VU avoir faim... ?chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères,c’est à moi que vous l’avez fait.’chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits,c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.

Voir et Reconnaître Jésus dans le petit, le pauvre, le nécessiteux, n'est pas automatique je peux agir intervenir par simple altruisme,pour avoir une relative bonne conscience sans voir et reconnaître que je suis auprès de Jésus qui me sauve en sauvant le frère , Il me
sauve de mon repliement, de mon égoïsme, de mes enfermements de toutes les barrières que je monte entre les frères et ma propre vie ! Jésus dans le frère me permet de sortir de mes limites , Il m'ouvre à l'universalisme de l’Amour !

P.S. En réalité, ce passage de l’Évangile me «  titille » constamment, aussi, j'ajoute quelques réflexions qui tournent dans mon esprit. Chacun prendra ce qui lui convient le mieux ! Notre Roi est Celui qui nous jugera, nous le savons, mais nous avons appris, dans les livres, les enseignements, l’Écriture Sainte, des témoignages et, encore plus par expérience personnelle, qu'Il est avant tout notre Frère venu pour nous révéler Notre Père qui n'hésite pas à envoyer ce Roi tellement différent des autres, un Roi qui, comme Lui,  est lent à la colère et plein d'amour » infiniment miséricordieux, qui pardonne et prend pitié, … Alors je pense que « brebis ou bouc » quelles que soient nos défaillances, les maladresses et les limites de notre amour, notre Roi trouvera toujours un recoin pour nous accueillir, sinon dans la gloire étincelante, du moins dans un infime rai de cette lumière incandescente , si nous avons tant soit peu de bonne volonté, comme Il a offert, en un clin d’œil, ce bonheur à nul autre pareil, au larron repenti qui quittait cette terre en Sa compagnie ! Restons dans la confiance, notre Roi est AMOUR , Il n'est qu’Amour ! Et quand Il nous secoue tendrement, c'est pour nous réveiller, pour nous entraîner plus haut et plus loin !
Seigneur, délivre-moi de moi-même, ouvre mon cœur à toute détresse :


Heureux ceux qui m’aident à vivre
D’après saint Vincent de Paul
Heureux ceux qui respectent
mes mains décharnées et mes pieds déformés.
Heureux ceux qui conversent avec moi
bien que j’aie désormais quelque peine
à bien entendre leurs paroles.
Heureux ceux qui comprennent
que mes yeux commencent à s’embrumer
et mes idées à s’embrouiller.
Heureux ceux qui, en perdant du temps à bavarder
avec moi, gardent le sourire.
Heureux ceux qui jamais ne me font observer :
“C’est la troisième fois que
vous me racontez cette histoire !”
Heureux ceux qui m’assurent qu’ils m’aiment
et que je suis encore bonne
ou bon à quelque chose.
Heureux ceux qui m’aident à vivre
l’automne de ma vie…
et j'ajoute :
Heureux ceux qui voient et reconnaissent
leur Maître, leur Seigneur, et leur Roi !

dans le plus petit des petits

Amen !


R/ Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.
(cf. Ps 22, 1)

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.

Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;

j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

l'Ermite

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