vendredi 6 octobre 2017

VERJUS OU FRUIT SAVOUREUX ?

XXVII e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE Année A

(Mt 21, 33-43)


VERJUS OU FRUITS SAVOUREUX ?

La vigne du Seigneur de l’univers,
c’est la maison d’Israël.
Le plant qu’il chérissait,
ce sont les hommes de Juda.
Il en attendait le droit,
et voici le crime ;
il en attendait la justice,
et voici les cris.
Nous sommes toujours avec et dans la vigne du Seigneur et cette vigne nous dit la première lecture «  c'est la maison d'Israël, le plant qu'Il (Dieu) chérissait ce sont les hommes de Juda il en attendait le droit »Voilà dressée la situation et le projet du Père. Cette vigne, ce peuple, Dieu l'aime, Il le chérit et Il attend la droiture, non pas pour Lui, mais pour le peuple lui-même, pour son bonheur car Dieu ne demande rien pour Lui - même, Dieu est DON, Il veut une humanité heureuse, pleinement accomplie « Il (Dieu) attendait qu'elle donnât des raisins, mais elle donna du verjus. Et maintenant, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, jugez, je vous prie, entre moi et entre ma vigne ! Qu'y avait-il à faire de plus à ma vigne, que je n'aie pas fait pour elle ? Pourquoi, ai-je attendu qu'elle donnât des raisins, et n'a-t-elle donné que du verjus? » (Isaïe 5) poursuit Isaïe alors que le chapitre commençait par ce très beau chant d'amour «  Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne.Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile. Il en retourna la terre, en retira les pierres ,pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais. »
Dieu aime son peuple mais c'est un peuple à la nuque raide, ce peuple, au lieu de se considérer à l'image de Dieu, inverse la situation, il pense un Dieu à son image à lui, le peuple, et prête à Dieu les passions qui l'animent, aussi lui est-il difficile de croire à un amour gratuit, miséricordieux, compatissant. Quand les signes de richesses sont manifestes :
« Israël était une vigne luxuriante, qui portait beaucoup de fruit. Mais plus ses fruits se multipliaient, plus Israël multipliait les autels ; plus son pays devenait riche, plus il enrichissait les stèles et les idoles. Son cœur est partagé ; maintenant il va expier : le Seigneur renversera ses autels, détruira ses idoles. (Osée 10) »
au lieu de rendre grâce, de bénir l'Auteur de ces dons, Israël se tourne vers des idoles, construit des autels non pour adorer le Dieu d'amour, mais toutes sortes de faux dieux qui envahissent sa vie et le détournent du seul et unique vrai Dieu, celui d'Abraham d'Isaac et de Jacob ! C'est pour cette raison que Jésus, en bon Juif, qui connaît parfaitement les Écritures, repart du symbole de la vigne, connu des Grands prêtres et des Anciens pour développer ce thème et tenter de les conduire plus loin :
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Écoutez cette parabole :Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ;mais on les traita de la même façon.
Cette Vigne serait encore et toujours le Royaume, les serviteurs sont sans doute les prophètes qui annoncent ce Royaume mais qui sont massacrés les uns après les autres, tous sont rejetés maltraités, jusqu'au dernier à la jonction de l'Ancienne Alliance et de la Nouvelle, à savoir : Jean le Baptiste décapité par Hérode à la demande de sa compagne qu'il dérangeait par ses reproches . Jésus, à un moment dira d'ailleurs aux scribes et aux Pharisiens :
« Par là vous témoignez vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. Comblez donc la mesure de vos pères ! Serpents, engeance de vipères, comment éviterez-vous d'être condamnés à la géhenne ? C'est pourquoi voici que je vous envoie prophètes, docteurs et scribes. Vous en tuerez et crucifierez, vous en flagellerez dans vos synagogues, vous en persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le sanctuaire et l'autel. En vérité, je vous le dis, tout cela viendra sur cette génération. (Matthieu 23) »
Puis Jésus assimile Jérusalem à tous ceux qui ont refusé d'accueillir les prophètes, mais l’étau se resserre et Jésus fait allusion au sort qui lui est réservé  :
« Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés! Que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n'avez pas voulu ! Voici que votre maison va vous être laissée (déserte). Car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais que vous n'ayez dit : Béni celui qui vient au nom du Seigneur! (Matthieu 23) »

Dans la Paraboles de ce jour, les serviteurs qui représentent sûrement les prophètes sont assassinés alors, il n'y a pas d'autre solution que d'envoyer le Fils
« Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils.’ Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux :‘Voici l’héritier : venez ! Tuons-le, nous aurons son héritage !’Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
Sans doute pouvons-nous reconnaître ici, le sort réservé à Jésus, le Fils unique rejeté par les hommes comme Jésus le dit plus loin ! Parce qu'il leur est impossible de reconnaître le Messie ils font tout pour le coincer, Jésus leur échappera souvent « parce que son heure n'est pas encore venue » et quand vient cette heure c'est Lui qui se livre librement , qui se laisse prendre pour le salut de cette humanité rebelle.

Comme la semaine dernière, Jésus demande aux Anciens et aux chefs des prêtres de se prononcer , de donner leur opinion, d'engager une parole :
Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ?»
On lui répond :« Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. »

Ils font là une réponse apparemment logique mais qui relève de l'Ancienne Alliance : « œil pour œil dent pour dent ! » Ils sont loin d'avoir assimilé les enseignements et les exemples que donne Jésus en parcourant les routes de Palestine ! Lui qui passe en faisant le bien, en pardonnant les péchés , ce qui pose question d'ailleurs : pour qui se prend-Il ? « Et les convives se mirent à se dire en eux-mêmes: " Qui est celui-ci qui même pardonne les péchés? (Luc 7) » guérissant les malades , qui rend la vue aux aveugles, nourrit les foules …

Insatisfait pas leur réaction Jésus poursuit :« N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle :c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux !

C'est justement ce qui arrive à Jésus, bafoué, maltraité, rejeté, condamné à mourir sur une croix entre deux malfaiteurs , Jésus est cette pierre angulaire qui rassemble depuis deux millénaires les hommes de bonne volonté. Mort comme un paria Il ressuscite et nous entraîne sur ce chemin de résurrection. Car c'est chaque jour que nous sommes appelés à ressusciter à une vie nouvelle, chaque jour en effet est un jour nouveau qui, si nous le voulons, nous entraîne vers des horizons plus lumineux. Nous devons le vouloir, nous avons tout pour le vouloir et le mettre en œuvre – l’Église et les sacrements qu'Elle met à notre disposition – nous ne sommes pas seuls sur ce chemin parfois difficile certes, mais rendu praticable si nous prenons la main que nous offre Jésus, le Bien aimé du Père, le Fils rejeté par les hommes mais choisi par Dieu ! C'est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux » nous rappelle Jésus ! Car Lui


bien qu'il fût dans la condition de Dieu,
il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu;
mais il s'est anéanti lui-même,
en prenant la condition d'esclave,
en se rendant semblable aux hommes,
et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui;
il s'est abaissé lui-même,
se faisant obéissant jusqu'à la mort,
et à la mort de la croix.
C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé,
et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom,
afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux,
sur la terre et dans les enfers,
et que toute langue confesse,
à la gloire de Dieu le Père,
que Jésus-Christ est Seigneur.
(Philippiens 2)

La voilà l’œuvre de Dieu, la merveille qui éblouit nos yeux, qui devrait les éblouir et nous ravir. Et nous sommes appelés à entrer dans cette lumière, à nous glisser dans Son sillage. Cela peut être un chemin difficile,, mais il n 'est rendu difficile que par nos rébellions, parce que nous nous dressons en travers de la volonté divine. Nous voulons autre chose que ce qu'Il désire pour nous, alors que Lui, sait ce qui est le meilleur pour chacun ! Ne cherchons pas ailleurs les raisons de nos morosités ! Si je vis pour Dieu, par Dieu, en Dieu je reste dans la joie, Jésus que ma joie demeure. Rien ne peut la troubler, me troubler .

« Que rien ne te trouble, que rien ne t'épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. Élevée ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien, que rien ne te trouble. Suis Jésus Christ d'un grand cœur, et quoi qu'il arrive, que rien ne t'épouvante. Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ; il n'a rien de stable, tout passe. Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ; mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience. Que confiance et foi vive maintiennent l'âme, celui qui croit et espère obtient tout. Même s'il se voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs, celui qui possède Dieu. Même si lui viennent abandons, croix, malheurs, si Dieu est son trésor, il ne manque de rien. Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains bonheurs : même si l'on vient à tout perdre, Dieu seul suffit. Amen. » 

Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. » Forcément puisque le Royaume c'est Jésus Lui-même ! Et Jésus ne s'impose pas, Jésus attend seulement d'être accueilli ! A ceux qui L'accueillent, Il se donne sans limite . Il est alors leur Roi, leur référence, leur soutien, leur force . Seul le péché peut L'éloigner mais c'est encore Lui qui repêche, qui tend la main, qui prend sur Ses épaules … pensons à la brebis égarée, ce n'est pas seulement une image, c'est ainsi que Jésus se comporte, Il ne sait, Il ne peut agir autrement ! N'est-Il pas venu pour nous sauver ? « Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige; S'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine. Si vous avez de la bonne volonté et si vous êtes dociles, Vous mangerez les meilleures productions du pays;… » Isaïe

Au terme de cette méditation, il conviendrait de prendre quelques instants dans le silence de notre chambre pour répondre à la question initiale :

  • ma vie, au quotidien, produit-elle un verjus ou tend-elle, à offrir au monde un fruit savoureux, doré, juteux, qui éveille et pose question  au point que l' entourage s'interroge, comme s'interrogeait celui de Jésus :
  • d'où lui viennent cette force tranquille, cette sérénité, ce sourire bienveillant, cet altruisme, ce sens du service...

Confiants dans ce Dieu qui nous sauve faisons notre le psaume de la liturgie :

Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
( la vigne que je suis )
celle qu’a plantée ta main puissante.

fais-nous vivre et invoquer ton nom !
Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ;
que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés.

L 'Ermite

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