vendredi 18 août 2023

SEIGNEUR, VIENS A MON SECOURS

 

VINGTIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A


(Mt 15, 21-28)


Je laisse de côté le contexte géographique , sociologique et ethnique, ...de la péricope de ce jour, pour m'intéresser seulement aux personnes .

Nous avons Jésus, une femme païenne et les apôtres .

Cette femme, connue sous le nom de Cananéenne, païenne, s'adresse à Jésus, pas à quelqu'un d'autre, dont elle connaît certainement la réputation d'homme qui passe en faisant le bien puisqu'elle « crie » vers Lui et implore sa pitié :

« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »    Mais il ne lui répondit pas un mot. 

Dimanche dernier, nous évoquions le Psaume 33 : « Quand un pauvre crie, le Seigneur entend » et nous avons souvent noté que Jésus est venu accomplir l'Ancien Testament d'où nous tirons les Psaumes. D'autre part nous n'avons jamais vu Jésus faire la sourde oreille , Il va plutôt au devant des timides, des oubliés, des laissés pour compte, son silence surprend ! Cette attitude inattendue nous surprend et conduit les apôtres à réagir :

« Renvoie-la,car elle nous poursuit de ses cris ! »Cette remarque est intéressante car elle touche aux motivations de ses auteurs ! Ils ne semblent pas réagir par compassion, mais parce que cette femme dérange ! Il ne semble pas voir la personne en grande souffrance ,mais le désordre qu'elle génère ! Ils ne demande même pas à Jésus d'intervenir pour l'éloigner , mais de la renvoyer purement et simplement ! C'est une importune, on l'exclut !

Me vient en mémoire la parabole de Jésus sur l'ami importun où Jésus nous montre l'importance de la prière persévérante : : « je vous le dis, quand même il ne se lèverait pas pour lui donner parce qu'il est son ami, du moins à cause de son importunité, il se lèvera pour lui donner tout ce dont il a besoin. (Lc11)

Peut-être pouvons-nous nous interroger sur notre manière d'accueillir ou non, nos frères et sœurs maladroits, dérangeants, différents ! Sur les motivations de nos réactions ? C'est ce qu'on appelle la pureté d'intention ! « Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu » proclame Jésus dans les Béatitudes !

 Jésus répondit :« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »je laisse ce verset , il demanderait un développement trop important pour comprendre la pensée de Jésus à cet instant! Retenons plutôt l'insistance de cette femme qui va même jusqu'à se prosterner devant Jésus :

Mais elle vint se prosterner devant lui en disant :« Seigneur, viens à mon secours ! » 

Se prosterner, c'est s'incliner profondément devant quelqu'un en signe de grand respect, d'adoration, d'humilité, de soumission, d'obéissance. Se prosterner devant quelqu'un c'est reconnaître sa supériorité, son autorité, éprouver un amour intense et lui offrir avec une très grande humilité un signe d'hommage et d'adoration. 

Cette femme reconnaît donc la supériorité de Jésus , très certainement Sa divinité car demander une guérison est audacieux et engage des deux côtés. Cette femme se démarque de son peuple elle ne pense pas aux éventuelles représailles, ce qui compte, pour elle, c'est de voir sa fille en bonne santé parce que son amour pour cette enfant n'a pas de limite. Il y a en elle, dès cet instant, quelque chose de divin car seul Dieu en Jésus, par amour, peut accepter de se nier pour sauver : bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; il s'est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. (Ph 2)

Cette femme, étrangère, païenne, jusque-là ennemie par sa naissance dans le peuple des cananéens, la voilà qui s'approche et se prosterne

Jésus entend puisqu’il va répondre, mais Il sonde aussi la profondeur des sentiments qui habitent cette personne. Cette prosternation devant son ennemi est lourde de sens. Jésus, en effet, est son ennemi puisqu’Il est Juif ,soit elle veut Le compromettre, soit elle reconnaît son Dieu . Que lui répond Jésus ?

« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »

 Les enfants sont les Israélites, qui ont part à l'alliance divine ; les chiens, animaux impurs, représentent les païens, cette femme est encore païenne.Mais Jésus adoucit ce mot, et, par un gracieux diminutif, il désigne ces « petits chiens » favoris qui ont accès dans la maison et jusque sous la table où ils se nourrissent. C'est même à cette intention délicate de Jésus que la Cananéenne s'attache dans son admirable réponse.La cananéenne manifeste une grande finesse et une non moins grande humilité ! Elle s'identifie à une païenne indigne et s'en remet à la Miséricorde de Jésus . Sa seule raison de vivre c'est de mettre sa fille DEBOUT. Elle fait abstraction de tout le reste , elle aime sa fille et veut son bonheur. Cette femme accepte d'être ce petit chien qui se contenterait des miettes trouvées sous la table DU MAITRE ! Elle considère déjà Jésus comme son Maître , l’important, l'urgent c'est cette miette qu'elle ne veut pas laisser s'échapper . Le Maître est là, elle ne va pas Le laisser partir sans obtenir, même ce qui traîne parterre ! Avec des restes on fait de bons plats, il n'y a aucun mépris chez cette femme , aucune colère, elle est prête à tout, accepte tout, le possible dénouement espéré en vaut la peine !

Elle reprit :« Oui, Seigneur ;mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » 

Cette femme, et elle a raison, considère les petits chiens comme des privilégiés : ils ont accès aux miettes ! Cette mère n'en demande pas davantage ! Les miettes lui suffiront ! Elle ne demande pas son intégration, elle ne demande pas un quelconque honneur, dans son humilité elle accepte de rester sous la table pour recueillir ce que les autres laissent tomber, négligent avec indifférence !

Quelle aurait été notre attitude en recevant cette parole plutôt blessante de Jésus? Quand tel frères, un ami, tel prêtre, religieux, religieuse nous renvoie à nous-mêmes comment réagissons-nous ? Faisons-nous confiance à Jésus qui sait intervenir au bon moment, de la meilleure des façons dans nos vies ou bien répandons-nous notre mauvaise humeur autour de nous chargeant cette personne de tous les défauts du monde ? A nous de nous poser les bonnes questions qui nous permettront de grandir .

L'attitude de la Cananéenne touche Jésus :

« Femme, grande est ta foi,que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »Et, à
l’heure même, sa fille fut guérie.

je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes :
dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations,
j’honore mon ministère,
    mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair,
et d’en sauver quelques-uns.

    Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu
quand ils ont été mis à l’écart,
qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ?
Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !

    Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance.
    Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu,
et maintenant, par suite de leur refus de croire,
vous avez obtenu miséricorde ;
    de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire,
par suite de la miséricorde que vous avez obtenue,
mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi.
    Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire
pour faire à tous miséricorde.

Ro 11

2ème lecture du jour


Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,

...........

La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !

Ps 66


L'Ermite



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