vendredi 18 août 2017

QU'IL EST GRAND LE MYSTERE DE LA FOI !



XX e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(Mt 15, 21-28)



Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant :« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David !Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit pas un mot.
Une lecture superficielle et rapide pourrait nous montrer ici, un Jésus, raciste et méprisant, dur même, or, Jésus est le Fils unique de Dieu, Dieu Lui-même, et Dieu ne peut faire des différences entre les hommes . Qui que nous soyons, d'où que nous venions nous sommes aimés , nous sommes fils. St Paul n'écrit-il pas : « vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ.Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d'Abraham, héritiers selon la promesse. Gal 3
D'autant plus que cette femme semble, d'entrée de jeu faire un acte de foi même s'il ne s'agit pas encore de la totalité de l'adhésion au Christ, elle Le reconnaît comme Fils de David, donc de cette lignée qui attend et doit donner le Messie ! Alors, pourquoi, Jésus, ne lui répond-t-Il pas un mot? A mon avis, Jésus la met à l'épreuve et Il met aussi les apôtres à l'épreuve. Cette femme, en tant que mère, expose un souci qui bouleverse sa vie et surtout la vie de sa fille. D'ailleurs, la Cananéenne ne parle pas de son souci de mère, elle parle de sa fille, c'est sa fille qui a besoin d'être secourue. Cette mère cible objectivement la situation , elle n'attire pas le Regard de Jésus sur elle-même qui pourtant subit le contrecoup de ce drame, mais sur sa fille et elle seule, cette femme est entièrement tournée vers les autres, en l’occurrence, la libération de sa fille !
Les disciples, nous le verrons immédiatement, sont beaucoup moins clairs et généreux, pour quelle raison demandent-ils à Jésus d'intervenir ?? Les disciples s’approchèrent pour lui demander :« Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Les disciples sont agacés par les cris de cette mère, elle les dérange ! Au fond leur intervention est particulièrement égoïste, ils ne pensent ni à cette maman, ni à la jeune fille, mais à leur tranquillité, ils souhaitent l'éloigner !
N'y-a-t-il pas là une invitation à visiter les motivations de de nos interventions, de nos comportements, de nos choix ? Que cherchons-nous ? Voulons-nous trouver notre tranquillité ? Voulons-nous avoir de l'influence ? Cherchons-nous un soutien ? Qu'est-ce qui motive mes actions ? Mes paroles ? Demandons à Jésus de nous purifier, de nous donner un « cœur libre et magnanime,un cœur simple, magnifique à se donner » comme le dit le P. de Grandmaison dans sa très belle prière à Marie !
D'ailleurs, les disciples ne demandent pas à Jésus de satisfaire la demande de cette femme mais de la renvoyer purement et simplement !
Le silence de Jésus leur permet de s'engouffrer dans ce qu'ils croient être une faille pour aller plus loin, plus dur !
Et nous ? Quel est notre comportement ? N'avons-nous pas tendance à nous ranger du côté du plus fort, de profiter de sa fragilité et de nous en servir comme d'un tremplin pour mieux enfoncer l'autre ?
Demandons à Jésus de nous éclairer dans toutes nos subtilités afin de devenir vraiment libres !
Dans ce qui suit, si Jésus ne répond pas à la demande des apôtres, Il donne l'impression de vouloir enfoncer encore davantage cette mère éplorée :
Jésus répondit :« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Jésus souligne Sa différence, elle ne fait pas partie de Son cercle, de ceux vers qui, en apparence, Jésus est envoyé ! La femme ne se décourage pas, ne se rebiffe pas, une seule chose compte pour elle : « la guérison de sa fille » ! Elle va même jusqu'à se prosterner, un geste fort qui manifeste le respect qu'elle accorde à Jésus, sa soumission aussi . Le fait de se prosterner n'indique-t-il pas la grandeur de celui à qui je m'adresse et ma petitesse personnelle. Se prosterner n'est pas anodin ! Voici ce qu'écrit un Sage Hindou à propos de la prosternation : « mes frères et sœurs j'aimerais vous témoigner du bonheur que l'on ressent lorsque en pleine prosternation le front posé au sol, le dos courbé et les mains de part et d'autre à plat les doigts joints, je me retrouve en totale soumission face à mon créateur...d'autres vous parleront du bonheur que de se retrouver dans les bras de l'être aimé mais moi je vous dis que lorsque je suis en prosternation alors il n'y a rien d'autre au monde qui me procure une telle extase, je suis comme un Roi dans son château fort derrière ses murailles imprenables
 je suis comme le nourrissons "fraîchement" né, fragile dans les bras protecteur de sa mère
 je ressens un amour incommensurable
 je ressens un amour et un bien être qui me ferait rester des heures et des heures dans cette posture sans que le sentiment de lassitude me gagne...
 je ressens une crainte immense entremêlée d'un sentiment d’invulnérabilité car je me livre à celui qui détient mon âme
j'aime faire la prière la nuit quand la vie et ses tumultes s'endorment
 je plonge dans l'obscurité apparente pour ne laisser que la lumière de "Dieu" illuminer mon cœur
 mon tapis de prière devient alors comme une sorte de surface rigide en pleine apesanteur, je suis prosterné comme dans le vide , dans l'espace, il n'y a plus rien autour de moi
 je suis là le front posé au sol et cette prise de conscience de mon être, de ce que je suis, moi, une simple créature, un vulgaire "atome" à l'échelle de l'Univers et là je me rends compte de cette chance que j'ai, moi, mais qui suis je moi ?
 Rien !!
 et je suis là m'adressant à celui qui créa les cieux et la terre, celui qui créa toute chose apparente et invisible
 je suis là moi, la vulgaire créature devant le maître de l'Univers!!!
 d'autres vous raconteront leurs aventures avec plein de ferveur parce qu'ils ont croisé le regard d'une star du show bizz ou serré la main d'une star de foot et au mieux il ne se remettront pas d'avoir partagé deux trois mots avec celle - ci et en prime ils ont réussi à avoir un autographe...
 je leur laisse tout çà.....
 moi lorsque je me prosterne je n'ai besoin de rien d'autre
 lorsque je me prosterne j'ai conscience d'être un privilégié
 lorsque je me prosterne je savoure chaque seconde
 car chaque seconde n'est que pur bonheur
 chaque prière devient un rendez vous que l'on attend qu'avec impatience
 lorsque je prends conscience de cet état d'humilité cela provoque en moi des sentiments qu'en réalité j'ai énormément de mal à exprimer avec des mots
 Si je vous dis tout cela c'est pour vous faire part de ce que cela peut procurer et vous inviter à goûter à ce bonheur vivre sans avoir vécu ces expérience revient en fait à vivre pour rien car j'ai réalisé vraiment que mon âme atteint un tel degré de bien être qu'il y a une seule évidence dans tout cela : nous avons été créés réellement QUE pour cela !!
 c'est comme si vous achetiez une Ferrari pour y élever des poules !!
 cela ne vous viendrait pas à l'esprit ??
 et bien l'homme ne réalise vraiment la cause de son existence que lorsqu'il se soumet à Dieu et la prosternation profonde révèle cette vérité et je vous jure par Le Très Haut que ce que je vous dis est sincère et je vous invite pour l'amour filial de goûter à ce seul vrai et unique BONHEUR!!
 la prosternation révèle le sens profond de la cause de notre existence
 je le répète
 cette prosternation révèle le sens profond de ce pourquoi nous sommes sur terre
 elle est l'essence de notre soumission à Dieu
 elle est notre seule raison d'exister car sans cette soumission, cela reviendrait vraiment à élever des poules dans une Ferrari.... »

 Cette Cananéenne n'a peut être pas tout cela dans son cœur mais elle se reconnaît petite et soumise devant Celui qui manifeste tant d'amour et de bonté pour les hommes et son cri est toujours le même : « Viens à mon secours ! »
Mais elle vint se prosterner devant lui en disant :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Quant à Jésus Il enfonce « le clou »
Il répondit :« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Je ne peux m'empêcher de repenser à la citation proposée dimanche dernier où St Paul voudrait être anathème pour sauver quelques un de ses frères Juifs ! A mots couverts, Jésus rappelle ici qu'Il est envoyé pour le Peuple d'Israël, qui est le peuple élu, et c'est de et dans ce peuple que naît Jésus , Il a été envoyé pour le rassembler , Il doit s'y consacrer entièrement. Jésus ne rejette pas cette femme mais Il tient à préciser Sa mission première ! Mission qui s’accomplira à la croix où Il souffre non seulement pour Israël mais pour tous les pécheurs du monde entier, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui. La femme est tenace, elle sait ce qu'elle veut et, surtout, elle montre pas son propos qu'elle
reconnaît, dans cet homme-Jésus Celui qui vient pour libérer le peuple de ses servitudes . Il n'y a en elle, aucune rancœur, pas la moindre véhémence , sa réponse est admirable :
Elle reprit :« Oui, Seigneur ;mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »Elle ne demande pas le meilleur, les morceaux de choix, comme un petit chien, elle se contentera des miettes que le Maître laissera tomber. Elle reste dans cet esprit de soumission mais aussi de vénération et d'espérance. Elle attend la manifestation de la magnanimité de Celui qui vient pour sauver, elle ne comprend sans doute pas tout, mais elle sait intuitivement qu'Il vient pour répandre l'amour, cette femme ne se décourage pas, elle reste ferme dans sa demande et croit !
Quelle est mon attitude quand le Seigneur semble « se faire tirer l'oreille » pour répondre à mes prières ? Ai-je l'humilité de me dire qu'Il sait où et comment Il me conduit ? La simplicité de Lui faire confiance ? Est-ce que je crois profondément à Son amour certain(e) qu'Il va répondre à Son heure, à sa manière ? Ai-je assez de confiance pour entendre cette réponse :
Jésus répondit :« Femme, grande est ta foi,que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
Grande est ta foi ! Que tout se passe comme tu le veux ! Jésus en vient à s'émerveiller de la FOI de cette cananéenne , et, comme un « papa gâteau » agit comme elle le veut ! Ce n'est plus la femme qui se soumet, c'est Jésus qui est soumis à la demande de cette personne. Oui, Jésus est capable de se soumettre à notre attente s' Il perçoit notre sincérité. Dieu, en Jésus, soumis à l'humain, en sommes-nous conscients ? Dieu en Jésus, prend les limites de l'humain en s'incarnant . Et l'apothéose en découle : « à l’heure même, sa fille fut guérie. »Jésus ne dit pas, je le veux qu'elle soit guérie, non, c'est la FOI DE CETTE FEMME QUI GUERIT SA PROPRE FILLE !
Mais qu'il est GRAND LE MYSTERE DE LA FOI ! Cette femme a forcé l'aurore à se lever dans la vie de sa fille !




Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu’ils te rendent grâce tous ensemble !
 (Ps 66, 4)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture
sur la terre, tu conduis les nations.

La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !

L'Ermite

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