vendredi 8 septembre 2017

L'AMOUR EST PATIENT

XXIII e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE Année A


(Mt 18, 15-20)
« Fils d’homme, je fais de toi un guetteur
pour la maison d’Israël.
Lorsque tu entendras une parole de ma bouche,
tu les avertiras de ma part.
    Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’,
et que tu ne l’avertisses pas,
si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise,

lui, le méchant, mourra de son péché,
mais à toi, je demanderai compte de son sang.
Les lectures de ce dimanche, sont particulièrement exigeantes, elles nous révèlent notre responsabilité à l'égard de nos frères. Dans ce passage d'Ezéchiel non seulement le Seigneur nous demande d'avertir le pécheur, de l'exhorter à renoncer au mal, mais, si nous ne nous acquittons pas de cette difficile mission, Dieu, notre Père nous demandera compte de notre pusillanimité mais également du sang de notre frère !
St Paul, insiste à son tour sur la qualité de notre amour fraternel :
n’ayez de dette envers personne,
sauf celle de l’amour mutuel,
car celui qui aime les autres
a pleinement accompli la Loi.
Aimer vraiment son frère, n'est-ce pas lui ouvrir des horizons infinis ? Voir le mal commis, entendre des paroles destructrices et laisser faire est totalement irresponsable. Comme à Caïn, Dieu nous posera la question troublante : « qu'as-tu fait de ton frère ? » Et Jésus ne parle pas différemment ! N'a-t-Il pas dit : « je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ? » Certes, il ne s'agit pas d'arriver avec de gros sabots pour reprendre son frère et lui faire la morale, nous le savons bien ce comportement ne passe pas, il écrase , ferme, et engendre d'autres violences, nous devons apprendre à nous approcher du frère dévoyé comme nous nous approchons d'une fragile fleur vite flétrie si nous la touchons brutalement. J'ai toujours mal quand des personnes « tripotent » des fleurs pour souligner leur beauté. Les fleurs s'admirent, se contemplent mais nous devons les approcher délicatement, avec finesse. Que dit Jésus à ses disciples, et, par ricochet, à chacun de nous  ?
N'oublions pas que, juste avant cette péricope Jésus propose la Parabole de la brebis
égarée dont la conclusion éclaire ce qui suivra : «  De même, n'est-ce pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux, qu'il ne se perde pas un seul de ces petits? » C'est dans cet esprit qu'il nous faut aborder nos frères mais pas n'importe comment .
 « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » L'accueil du frère ne dépend-il pas de notre manière de l'aborder ? Pas uniquement certes ! L'important n'est-il pas de prier auparavant pour demander à Jésus « doux et humble de cœur » de nous donner, l'attitude, les mots, l'amour vrai, sincère, profond, nécessaires à semblable démarche ?
Il s'agit de parler seul à seul, en toute discrétion, avec respect , amour vrai, de frère à frère, sans condescendance ni autoritarisme, en demandant à comprendre ce qui se passe ou s'est passé, sans affirmer avoir compris. Le message passera d'autant mieux que nous nous serons fait petit, simple, à l'écoute et si nous semblons , croyons, ne pas être entendu, prenons patience, ce qui n'a pas été accueilli dans un premier temps ou paraît ne pas l'avoir été, fera son œuvre si nous prions. Donnons du temps au temps ! Souvenons-nous de la deuxième lettre de St Paul à Timothée
Or un serviteur du Seigneur ne doit pas être querelleur ; il doit être plein de bonté envers tous, capable d'enseigner et de supporter la malveillance ; il doit reprendre avec douceur les opposants, car Dieu leur donnera peut-être de se convertir et de connaître la vérité : ils retrouveront alors leur bon sens, et ils se dégageront des pièges du démon qui les a pris et soumis à sa volonté. (2Timothée 2)
et du chapitre treize de sa Première Lettre aux Corinthiens :
La charité est patiente, elle est bonne; la charité n'est pas envieuse, la charité n'est point inconsidérée, elle ne s'enfle point d'orgueil; elle ne fait rien d'inconve-nant, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne tient pas compte du mal-; elle ne prend pas plaisir à l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité; elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.La charité ne passera jamais. (1Corinthiens 13)

Quand nous lisons « charité » entendons « amour » bien sûr ! Si notre cœur est passionné, si la colère embrouille notre esprit, si nous éprouvons des sentiments de vengeance, si notre « majesté » se sent lésée, nous ne sommes pas en mesure d'être fraternel demandons
à Jésus d'apaiser la tempête qui sourd au fond de notre être. Pour être constructif, pour voir le bien du frère et seulement son bien , il convient d'être en pleine possession de soi , paisible, serein, pleinement et seulement aimant !
Par contre, si le frère récidive manifestant ainsi sa mauvaise volonté, alors suivons le second conseil de Jésus :
S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel,et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
En effet, « lier et délier » n'est pas réservé au ministère ordonné dans l'acte sacramentel, le chrétien, de par son baptême, n'est-il pas « prêtre, prophète et roi » ? Chaque chrétien détient ce devoir aimant , cette responsabilité aimante de permettre à son frère de grandir sous le regard de Dieu. Quant à ce verset : « S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. » n'allons pas croire que Jésus nous invite à rejeter, à bannir de façon définitive ! Jésus, comme Il l'a Lui-même pratiqué nous demande de respecter la liberté de la personne. L’Évangile ne s'impose pas, il se propose, « Si tu veux . » L'important n'est-il pas de garder un lien humain, amical et de remettre la personne récalcitrante dans le Cœur de Jésus ? Nous connaissons tous des conversions fulgurantes, alors, restons dans la confiance, dussions-nous pâtir de l'apparente mauvaise volonté d'un frère et offrons cette souffrance, elle contribuera, un jour, à sa conversion. La miséricorde
du Seigneur est infinie. J'aime à me souvenir de la conversion du P.Jacques Loew qui après une jeunesse mouvementée est devenu prêtre … Sœur Augusta, une amie de pensionnat de sa maman, derrière les grilles de son couvent, priait chaque jour pour cet enfant, depuis sa naissance, parce qu'elle savait que sa maman ne l'éduquerait pas dans la foi. Il est devenu prêtre et a initié une nouvelle famille religieuse ! Dieu a plus d'un tour dans son escarcelle ! Il n'est pas étonnant que Jésus conclut ce passage en nous invitant à nous unir dans la prière :
Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Si notre parole n'a pas porté son fruit, du moins à cette heure, la prière est un relais puissant, totalement gratuit ! Nous pensons ne pas pouvoir aller plus loin dans la rencontre du frère , il est impératif de demander à Jésus de prendre le relais et Lui à Son heure, saura rejoindre la personne et parler discrètement à son cœur ! Peut-être ne le saurons-nous jamais, qu'importe, l'essentiel n'est-il pas dans le retour de la brebis égarée ?


Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !
Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.
Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »
L'Ermite

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