vendredi 9 décembre 2016

LE PLUS PETIT !

TROISIEME DIMANCHE DE L'AVENT 2016

 (Mt 11, 2-11)



Ce troisième dimanche de l'Avent est appelé «  dimanche de la joie », cette joie est plus particulièrement présente dans la proposition d'Isaïe qui proclame : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent !
Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! »
Pourtant, il est difficile de se réjouir quand tant de personnes autour de soi sont écrasées par toutes sortes de souffrances : deuils, maladies, chômage, exil, guerres, terrorisme et ses conséquences, détresses de toutes sortes, des populations entières déplacées... Sachons que cette parole d'Isaïe s'adresse à un peuple en souffrance : «  Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent :« Soyez forts, ne craignez pas.Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Alors se dessilleront les yeux des aveugles ... »

La joie dont il est question ici, c'est celle d'un peuple qui sait qu'il n'est pas abandonné, il sait qu'il peut compter sur son Dieu, lequel intervient quelles que soient les apparences trompeuses. C'est ce message-là que nous devons retenir et transmettre. La joie ne tarit pas les larmes mais elle apaise le cœur, elle permet de s'en remettre à ce Dieu qui sait, Lui, ce qui bon pour chacun de Ses enfants. Joie et paix du cœur ne sont pas incompatibles avec l'épreuve, au cœur de l'épreuve nous sommes invités à nous en remettre totalement à notre Père des cieux, à lui faire confiance. A un moment, la lumière se lèvera . « C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière » E.Rostand. Parce que la nuit fait espérer la lumière, donc des jours meilleurs ! Joie, paix, espérance sont intimement liées et permettent de tenir dans l'épreuve.

« la Joie comme « état d’être » se passe de toute raison, elle jaillit d’elle-même, sans lien avec une intention, ni un objet, comme le parfum de la rose qui se donne sans qu’il y ait de la part de la rose une « intention » de se donner. La rose est ce qu’elle est et son être même rayonne dans sa beauté et son parfum. Et bien, la Joie, pourrions-nous dire, est le parfum de la Plénitude de l’Être, dans l’indifférence complète aux objets et même dans l’indifférence aux intentions conscientes du sujet pour la provoquer.

La Joie pure de l’âme est sans cause et sans condition. Il existe dans le langage une expression qui la décrit : la joie sans mélange.
 La joie sans mélange n’appartient pas au temps, la Joie pure est intemporelle. Elle est comme un pétillement d’éternité. 
Il nous manque la communion dionysiaque avec la Vie absolue qui se donne dans la Joie. La Joie, la Vérité et l'Amour sont des signes de la présence de l'Absolu, l'un renvoie immanquablement aux deux autres... » j'emprunte ces propos à un philosophe contemporain qui enseigne à Bayonne. »

Le doute, le questionnement ne sont pas incompatibles avec la paix et la joie du cœur. N'est-ce pas cette étape de la vie du Baptiste qui nous est décrite dans l’Évangile de ce jour ?

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ.Jean le Baptiste a été jeté en prison parce qu'il dérange ! Parce qu'il ne craint pas de dénoncer le mal, de remettre en question le comportement d'Hérode . Jean est confronté à l'épreuve de la privation de liberté, de la solitude.. Croyons-nous qu'il en perde la joie ? Il perd sa liberté d'agir, de se déplacer, mais cela n'entame en rien la joie d'avoir accompli sans sourciller sa mission de Précurseur. Ses disciples l'informent sur ce qui se passe « hors les murs » de sa prison , et Jean souhaite s'assurer que Celui qui rassemble des foules est bien ce cousin pour qui lui, - les faux prophètes ont toujours foisonné, hier comme aujourd'hui - Jean a préparé la route.

Avant de suivre, ou d'entraîner à suivre la nouveauté, il est juste, sage et prudent, de se renseigner, et de préférence à la source ( pour nous l’Église), pour bien discerner si on est sur la bonne voie. Jean n'a que des ouïes dire, puisqu'il est incarcéré , il ne tient pas à induire ses disciples en erreur ! Peut-être même espérait-il, comme beaucoup d'autres, un Messie triomphant, justicier, puissant or ce qu'on lui rapporte ne correspond pas exactement à son attente, d'où son questionnement !

Peut-être aussi est-ce pour lui, tout en vérifiant l'identité de ce thaumaturge, une façon de fortifier ses propres disciples devant qui il disait : « il vient après moi, Celui qui est plus grand que moi » afin qu'ils comprennent que désormais, c'est Lui, Jésus, qu'ils devront suivre !

Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui
doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit :« Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez :Les aveugles retrouvent la vue,et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

La réponse de Jésus ne laisse pas planer de doute. Si l'on reconnaît l'arbre à ses fruits, les fruits présentés par Jésus en retour de la question de Jean le Baptiste, sont significatifs. Jésus dans un autre contexte saura préciser : « Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits.
Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. » Mt 7, 17-18

Les fruits sont visibles : Les aveugles retrouvent la vue,et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts
ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.Il n'est pas commun en effet de voir un aveugle recouvrer la vue, un boiteux marcher normalement, un lépreux guérir, un sourd entendre et encore moins un mort qui ressuscite ! Chacun retournant chez soi en dansant de JOIE et en glorifiant Celui qui effectue de si grandes et si belles choses!

Jésus qui sonde le fond des cœurs, nous le constatons plusieurs fois dans l’Évangile, notamment quand Il dénonce les pensées tordues des Pharisiens, sait qu'il peut y avoir des erreurs d'appréciations sur son mode opératoire aussi ajoute-Il cette mise en garde : « Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » Et nous sommes tous concernés ! D'une part nous pouvons mal interpréter les actes de Jésus, d'autre part nous risquons de vouloir imiter maladroitement dans une lecture trop littérale de l’Écriture ! Je pense à certains excès dans des communautés issues du Renouveau! Nous ne nous tromperons jamais en nous appuyant sur la doctrine de l’Église où/et en cherchant la lumière auprès de ministres qualifiés.

Jésus va profiter de la circonstance pour témoigner à son tour de l'authenticité de la mission de Jean le Baptiste, des paroles et des actes qu'il a posés. Jésus ne répond pas directement à la question, ici aussi Il donne des faits :

Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean :« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ?
un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

Dès cet instant en campant le portrait de Jean le Baptiste, Jésus révèle également les valeurs évangéliques qu'Il épouse et qu'Il propose à ceux qui se mettent à Sa suite, et qui, dans le cas de Jean, Le précèdent. Jésus note la force du Précurseur qui est loin, très loin d'être un roseau agité par le vent, lui qui ne craint pas de dire la « vérité » à ceux qui murmurent, à ceux qui pèchent gravement, tel Hérode ! Jésus souligne également la sobriété de son mode de vie, si Jean attire les foules ce n'est pas en vertu du faste de ses vêtements, peut-on trouver plus simple, plus pauvrement vêtu ? Durant tout son ministère Jésus demandera d'aller à l'essentiel : heureux les pauvres, heureux les affamés et assoiffés de justice, heureux les persécutés pour la justice : n'est-ce pas le cas de Jean incarcéré pour avoir dénoncé l'injustice d'Hérode à l'égard de son frère ?

Et Jésus continue en insistant sur l'esprit d'enfance, de petitesse, d'humilité. Il considère Jean comme le plus grand des prophètes mais grand dans son humilité ! Jean n'est grand que parce qu'il est infiniment petit ! La vraie grandeur, c'est l'humilité, la simplicité. Ce qui fait la grandeur d'une personne c'est « de tout recevoir pour tout donner » écrit St François d'Assise. Et c'est le propre de la Très Sainte Trinité où chacun donne à l'autre ce qu'Il est et ce don fait « être » une troisième personne , l'Esprit de Vérité ! Nul ne réclame quoique ce soit chacun se donne dans une confiance absolue et c'est à cela que nous sommes appelés. C'est justement cela qui symbolise toute la prédication de Jean : se laisser renouveler, laver par le Père, se laisser convertir ! Jean est le plus grand des prophètes nous précise
Jésus, et Il ajoute « toutefois le plus petit dans le Royaume est plus grand que lui ». Ceci ne signifie pas qu'il y a plus petit que Jean mais que la grandeur d'une personne est de l'ordre de la petitesse donc de l'abandon total entre les mais d'un Autre, cet Autre étant le Père de qui vient tout don. Dans le genre, mais Jésus ne le dit pas, le plus petit sera Jésus qui ne « fait rien de Lui-même » qui jusque dans la déréliction absolue de la croix « remet sa vie entre les mains du Père » ce qui Lui vaudra d'être le « premier ressuscité de ce Père dont Il est venu accomplir la volonté » d'amour faut-il ajouter. Sinon d'aucuns pourraient encore mal interpréter !C'est à cet abandon, cette confiance, cette espérance que nous sommes invités, ce que Jésus a vécu de la crèche à la croix !

Et si le doute nous accable, si la nuit s'installe un jour dans notre cœur alors rappelons-nous du conseil de St Jacques en ce dimanche de la joie :

Prenez patience. Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive.Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche.Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres »

et / ou de Ste Thérèse d'Avila :

« Que rien ne te trouble.Que rien ne t'effraie.Tout passe. Dieu ne change pas .La patience tout obtient.Qui possède Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit. »




L'Ermite

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