vendredi 1 mars 2024

LE TEMPLE, C'EST VOUS !

 

TROISIEME DIMANCHE

DE CARÊME


Année B


(Jn 2, 13-25)

Voilà quelques semaines, une personne qui vient rencontrer l'Ermite depuis qu'elle a remarqué qu'un Ermitage se cache sur le plateau, est arrivée avec cette remarque - question : « je trouve surprenante, voire déplacée, cette violente colère de Jésus, Lui Jésus , le Saint ! dans le Temple de Jérusalem , j'aimerais avoir votre point de vue » Je lui ai donné un premier point de vue, et, depuis, ce passage d’Évangile ne me quitte pas. J'apprécie donc, de devoir l'approfondir avec vous aujourd'hui, et je lui ferai part de ma réflexion, lors d'une prochaine rencontre.

Ceci étant, il y a bien des façons d'envisager le décryptage de cette péricope et je pense que de nombreux volumes n'y suffiront pas ! car « Vivante est la Parole de Dieu !énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l'âme, jusqu'aux jointures et jusqu'aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n'échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, dominé par son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes ». (Hb 4)

Première approche : je n'ai jamais été troublée par le comportement de Jésus à cette occasion. J'ai toujours assimilé le Temple à nos églises , nos lieux dédiés à la prière et au recueillement et compris, à quel point Jésus pouvait être blessé de voir ce lieu dédié à la rencontre avec Son Père, transformé en rendez-vous d'affaires temporelles où bestiaux et monnaie, prennent tout l'espace. C'est devenu le « sanctuaire » du donnant / donnant alors que Jésus, le Fils du Père est la gratuité absolue ! De là, à rendre au Temple sa destination première, il n'y a qu'un pas et je ne vois pas comment Jésus aurait pu se faire entendre dans le brouhaha des beuglements , des bêlements, des caquètements, et des chamailleries d'hommes qui se vantaient d'avoir réussi l'affaire du siècle sans prendre un moyen efficace ! Jésus n'a frappé personne , Jésus a libéré le Temple !

J'ai souvent pensé, après le Concile , où les chrétiens se débridaient au point que certaines églises, en attendant que commence la messe, devenaient un lieu de gouaille, de marchandage, parfois de critiques, voire d'affaires diverses et variées  qu'il serait bon que Jésus revienne avec Son fouet, pour rendre, à ces lieux, leur sacralité !

Dès que quelqu'un désirait me parler, je l'entraînais dehors et continue d'agir de la sorte quand je sens qu'il convient d'engager une conversation ! Tout lieu, dédié à la prière, appelle respect et silence, hier, comme aujourd'hui ! Ce n'est pas pour rien que l’Église désacralise une église, lorsque celle-ci doit être affectée à un autre service que celui du culte !

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ;il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes :« Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »

Autre approche : j'ose l'emprunter à la revue « initiales N° 236, le propos me paraît clair, simple, très abordable, de confiance, je ne vois pas pourquoi je prendrai un temps précieux de recherche à fouiller à droite et à gauche, quand quelqu'un l'a si bien fait avant moi !

Je cite :

Un refus de commerce dans le Temple

Dans l’Évangile selon St Jean, c’est la première fois que Jésus vient à Jérusalem au moment de la fête de la Pâque. Son premier geste est de se fabriquer un fouet pour chasser les marchands, leurs bœufs, leurs brebis et leurs colombes ainsi que les changeurs. On peut alors s’étonner de cette violence. Après tout, tous ces gens sont là pour que le service du Temple se passe bien : puisque l’on offre des sacrifices d’animaux, il faut bien pouvoir se procurer des bœufs et des brebis. Et pour éviter de faire rentrer dans le Temple des monnaies à l’effigie païenne de l’empereur de Rome, les changeurs sont bien nécessaires.


Le culte dénoncé comme trafic

Alors, qu’est-ce qui peut bien pousser Jésus à un tel accès de colère ? Il le dit lui-même : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Est-ce le commerce qui est visé ? Non, mais plutôt la manière de rendre un culte à Dieu. « Je t’offre un bœuf donc tu me dois ce que je te demande. » Le culte devient un trafic où je pense pouvoir avoir prise sur Dieu. Symboliquement, Jésus déclare ainsi la fin des rites sacrificiels. Ceux-ci seront remplacés par l’offrande que Jésus fera de sa vie. C’est bien ainsi que le comprendront les disciples après la mort de Jésus, comme en témoigne la citation d’un psaume très utilisé dans le récit de la Passion : « Le zèle de ta maison me dévorera » (Ps 69,10).

Le véritable sanctuaire

Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit :L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent :« Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? »Jésus leur répondit :« Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »Les Juifs lui répliquèrent :« Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.

Les autorités juives demandent alors un signe qui puisse accréditer le geste de Jésus. La réponse de Jésus n’est pas compréhensible dans un premier temps : « Détruisez ce sanctuaire (Naos) et, en trois jours, je le relèverai. » On remarquera que Jésus ne parle plus du vaste ensemble que forme le Temple de Jérusalem mais du sanctuaire, c’est-à-dire le lieu sacré au centre du Temple, lieu de la présence invisible de Dieu. Les autorités juives reprennent le mot de sanctuaire mais parlent en fait du Temple qui a été agrandi pendant quarante-six ans par le roi Hérode Ier le Grand.

Il y a évidemment malentendu. Jésus se présente comme le vrai sanctuaire, lieu de la présence de Dieu ; ses interlocuteurs ne pensent naturellement qu’aux pierres.

L’évangéliste interprète

Le narrateur précise aussitôt à son lecteur la véritable interprétation de la Parole de Jésus : « Mais lui parlait du sanctuaire (Naos) de son corps. » Le véritable sanctuaire, c’est le corps de Jésus, crucifié et ressuscité le troisième jour.
C’est lui qui assure désormais le rôle que le Temple jouait dans le monde juif. L’évangéliste ajoute que cette lecture ne pouvait être faite qu’après la Résurrection de Jésus. C’est elle qui donne la clé de l’interprétation.

Un Évangile à lire et à interpréter !

Nous le comprenons bien : nous ne pouvons pas rester à une lecture au premier degré. Le problème à régler paraît simple : c’est la présence du commerce dans le Temple.

Premier déplacement : nous passons du commerce à sa signification pour la relation à Dieu. C’est le culte sous forme trafic qui est condamné par Jésus.

Deuxième déplacement : nous passons du sanctuaire, lieu de la présence invisible de Dieu, à la personne de Jésus - sanctuaire, véritable présence de Dieu.

Troisième déplacement : ce sanctuaire détruit et rebâti en trois jours, c’est Jésus mort et ressuscité. L’ensemble de la vie de Jésus n’est compréhensible qu’à la lumière de la fin. C'est-à-dire : Sa RESURRECTION .

Pourquoi ce récit au début de l’Évangile plutôt qu’au moment de la Passion ?

Dans les Évangiles synoptiques (les Évangiles de Marc, Matthieu et Luc), l’épisode de Jésus chassant les vendeurs du Temple se trouve situé juste avant la Passion. En situant cet épisode au début de son Évangile, l’évangéliste Jean en fait une ouverture sur le sens de la mission de Jésus et sur le mystère de sa personne. Dès son arrivée à Jérusalem, Jésus est présenté à la fois comme celui qui vient instaurer le culte véritable mais aussi comme étant lui-même l’unique sanctuaire par lequel on peut avoir accès à Dieu son Père. En filigrane, c’est la mort et la Résurrection de Jésus qui sont annoncées et seront perçues comme clé de lecture de toute sa vie par ses disciples. C’est à ce regard de foi que le récit évangélique nous invite.


Troisième approche et celle-là nous concerne personnellement en ce temps de Carême voulu et accompagné par l’Église, pour nous aider à grandir dans la Foi et dans l'Amour !

N'oubliez pas , écrit Saint Paul, que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous. (1Co 3)

Temple de l'Esprit Saint je suis invité en ce temps privilégié à extirper de mon être, avec la grâce divine, un maximum de « bestiaux et de bestioles » qui grouillent en moi et me pourrissent la vie comme l’Église m'y invitait le Mercredi des Cendres « Convertissez - vous et croyez à l’Évangile ». Ni Jésus, ni le responsable paroissial ne viendront, fouet en mains, pour chasser tout l'encombrement de ma vie spirituelle, mais tout au long du Carême, des propositions me seront faites pour chasser de mon cœur, tout ce qui m'empêche d'aimer Dieu et mes frères. Les lectures de l’Écriture Sainte m'aideront à faire le point, à regarder avec sincérité où le bât blesse . Aujourd'hui  -même, la première lecture développe tout une panoplie de ce qui est juste et bon pour travailler à la venue du Royaume, en soi et, par ricochet dans la cité :

Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole,...( Dieu sait à quel point nous sommes envahi par toutes sortes d'idoles et de faux dieux à notre époque! À commencer par le téléphone portable, en passant par les instituts de bien-être, le sport à outrance , les cabinets de ceci et de cela …)

Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte...Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu,...Souviens - toi du jour du sabbat pour le sanctifier.. (le dimanche pour nous, ce jour-là, est-ce que je prends le temps de rencontrer Celui de qui je tiens tout ? Est-ce que je prends le temps de la prière ?... )

Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.( jeunes ou moins jeunes , sont-ils un poids pour moi ou une vraie source de sagesse ? Est-ce que je sais leur dire ma reconnaissance, les écouter, les regarder vivre, les aimer etc ...)

Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère.(il y a tellement de façons de tuer son enfant, son époux(se), son voisin...il y a des paroles qui tuent , qui paralysent autrui y compris à l'intérieur de la famille...)

Tu ne commettras pas de vol.(moi, jamais ! Et pourtant il est si facile et si commun de s'arrêter sur la route pour subtiliser dans un champ le bien d'un producteur, …)

Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ;tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne :rien de ce qui lui appartient. » ...

Je peux aussi choisir un évangile, en lire quelques pages chaque jour du carême et m'interroger sur ma façon de vivre ce que le Christ me demande ! Quelques exemples pour amorcer :

Jésus dit à Simon: " Mène au large, et jetez vos filets pour la pêche. " Simon répondit: " Maître, toute la nuit nous avons peiné sans rien prendre; mais, sur votre parole, je jetterai les filets. " Et l'ayant fait, ils prirent une grande quantité de poissons; et leurs filets se rompaient. Et ils firent signe aux compagnons, qui étaient dans l'autre barque, de venir à leur aide. Ils vinrent, et on remplit les deux barques, au point qu'elles enfonçaient. (Lc 5) Quand je comprends, parce que l'Esprit Saint parle en moi, que Jésus me demande d'aller à la rencontre de mes frères quelle est ma réaction( les poissons) ? Comme Pierre, est-ce que j'accepte de me jeter à l'eau sachant que si Jésus me le demande, Il me donnera les grâces nécessaires pour accomplir la mission soufflée ? Et ce n'est ici, qu'un infime aspect de ce verset .. ;

Or, comme il était dans une des villes, survint un homme tout couvert de lèpre. (Luc 5) suis-je prêt à me recueillir pour demander au Christ quelle est ma lèpre cachée, mon péché , pour le Lui remettre et recevoir Son pardon ?

Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. (Lc 5) Ai-je cette simplicité de demander au Christ, de me guérir de tant de manques, de tant de maladies de l'âme qui entravent ma vie et m'empêchent d'être heureux et d'avancer ?

Le temps de la purification est venu, c'est le moment d'extraire de nos cœurs tout, vraiment tout ce qui les encombre, de nous libérer de tout ce qui n'est pas essentiel, voire, existentiel, pour redéployer des espaces pour Dieu, des espaces pour l'autre, mon frère. Le vrai Temple du Seigneur, c'est notre cœur, c'est dans ce lieu que le Seigneur veut faire Sa demeure, accepterons - nous, en cette Pâque 2024 de Lui aménager un espace habitable où Il puisse se reposer ? Ne le savez - vous pas ? Votre corps est le temple de l'Esprit Saint, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car le Seigneur a payé le prix de votre rachat. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps (1Co )

Apportons notre pierre pour participer au mieux à la Construction de l’Église UNE ET SAINTE devenons ces « pierres vraiment vivantes » qui la font grandir Plus je vis de la vie de Jésus-Christ, plus l’Église est vivante « Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus. (1P 2) L’Église a besoin de saints que chacun prenne garde à la façon dont il construit. (1Co 3)

PSAUME

(18b (19), 8, 9, 10, 11)

R/ Seigneur, tu as les paroles
de la vie éternelle.
 (Jn 6, 68c)

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;

le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :

plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.

L'Ermite

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