vendredi 30 juin 2023

NE RIEN PREFERER AU CHRIST

 

TREIZIEME DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

Année A



(Mt 10, 37-42)

Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. Car je suis venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mère; et on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. (Mt 10, 33-36)

Comme dimanche dernier, nous passons sous silence ces versets. Ils apparaissent, en effet comme hors contexte, Jésus parle de Lui-même alors que dans les versets suivants, Jésus continue Son enseignement sur les exigences de la Mission

Jésus disait à ses Apôtres :    « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ;celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ;

La sequela Christi (Suivre le Christ) est d'une grande exigence, elle implique de nombreux renoncements et une adhésion totale à l’Évangile, tout l’Évangile. L'Envoyé, l'Apôtre, doit bien réfléchir quand il répond positivement à l'appel : « viens, suis-moi » . A voir la promptitude avec laquelle certains apôtres ont répondu, nous restons parfois perplexes et sans voix :

Comme il marchait le long du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient un filet dans le lac; c’étaient en effet des pêcheurs.Il leur dit: «Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes.»Aussitôt, ils laissèrent les filets et le suivirent.(Mt 4)

En passant, Jésus vit un homme, nommé Matthieu, assis au bureau du fisc, et il lui dit: " Suis-moi. " Il se leva et le suivit. (Mt 9)

Les premiers laissent leur père avec ses filets de pêche, le second abandonne son bureau ...on peut aisément penser que les uns et les autres, après une réponse spontanée, sont revenus ,auprès de leurs proches, avec l'accord du Maître Jésus, expliquer leur décision .

Sans doute émanait-il de Jésus une étonnante force d'attraction qui inspirait une confiance absolue dès le premier regard. Toutefois, si dans la spontanéité certains apôtres, fascinés, ont répondu présents immédiatement, ils ont eu le temps de réfléchir sérieusement par la suite, et Jésus s'est chargé, nous l'avons déjà vu, et le voyons encore aujourd'hui, de les aider à faire le tour des exigences de ce premier OUI. Ils ont eu trois années pour cela !

Il est important de bien comprendre le premier verset de notre péricope d'aujourd'hui.Quand Jésus appelle à Le suivre, Il demande de faire un choix radical , un choix où on ne regarde pas en arrière : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait pour le royaume de Dieu. » (Lc 9) . Choisir le Christ, implique des ruptures , un détachement total de ce monde , des affections, des biens de ce monde et des affaires du monde. « Vous ne pouvez servir Dieu et le Richesse. »  (Lc 16).

Quand l'appelé est placé devant un tel choix, il ne doit rien préféré au Christ. S'il reconnaît dans son cœur cet appel, confirmé par son accompagnateur, {nul n'est bon juge de sa propre cause car on ne peut être juge et partie (Proverbe latin)} même si ses parents s'y opposent et veulent contrarier sa vocation, s'il aime vraiment le Christ, il Le suivra. Pierre, dans les Actes nous dit :Pierre et les apôtres répondirent: " Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. (Ac 5) Cependant, si l'appelé est encore mineur, il attendra sa majorité , et, le moment venu, il répondra à cet appel.

Choisir le Christ, c'est ne plus faire qu'un avec Lui ! C'est perdre, parfois une famille ,( souvent momentanément d'ailleurs) pour être en paix avec soi . « Celui qui aime sa vie, la perdra; et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle. (Jn 12) D'ailleurs, la personne qui est conduite à semblable rupture continuera d'aimer ses parents, sans la moindre rancune, espérant le jour où ceux-ci comprendront son choix et où la famille sera de nouveau réunie ! Car Dieu a dit: Honore ton père et ta mère; et: Quiconque maudira son père ou sa mère, qu'il soit puni de mort. (Mt 15)

Il est évident, que ce peut-être crucifiant, Jésus en est conscient puisqu'il complète ainsi cette exigence par une autre :

celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.    Qui a trouvé sa vie la perdra ;qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. Il s'agit «  de perdre pour se trouver » Il s'agit de perdre sa vie pour le Christ Jésus, pour continuer Son œuvre de Salut, pour annoncer la Bonne Nouvelle ,pour répandre et étendre la bonne odeur du Christ :En effet, nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui se perdent: (2 Co 2)

Choisir le Christ, c'est ne plus faire qu'un avec Lui ! disions-nous plus haut effectivement, Jésus ne dit-il pas au chapitre 15 de St Jean : Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits: (Jn 15) Celui donc qui demeure en Jésus et en qui Jésus demeure ne fait plus qu'un avec lui depuis son baptême, depuis qu'il a été greffé au Tronc-Jésus, de même que Jésus ne fait qu'un avec le Père.Mon père et moi nous sommes un." (Jn10) dès lors qui voit son frère, voit Jésus, « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. (Mt 25) Jésus qui n'a pas dédaigné de prendre chair de notre chair, s'identifie à l'humanité :

Qui vous accueille m’accueille ;et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ;qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche,à l’un de ces petits en sa qualité de disciple,amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. » 

Jésus serait-Il en contradiction avec ce qu'Il exprime ailleurs ?  Mais toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret (Mt 6) Je ne pense pas . Dans notre péricope nous sommes dans le domaine de l'ÊTRE, non de l'avoir ! Quand nous accueillons une personne dans sa qualité de fille ou de fils de Dieu sachant que Jésus habite toute personne, même celle qui ignore cette « habitation », nous reconnaissons en elle, en lui, plus grand qu'elle ou lui, nous reconnaissons l'amour créateur, l'amour divin, qui dépasse tout.Nous reconnaissons ou devrions reconnaître l'image de Dieu «  Et Dieu créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu: (Gn 1) Respecter mon semblable c'est respecter l’œuvre de Dieu, c'est lui rendre les honneurs dus à toute créature , à la Création tout entière.

Il me semble, une fois encore que St Paul peut nous éclairer par un très beau passage de la lettre aux Philippiens : « ces titres( les titres qui le définissent aux yeux des hommes) qui étaient pour moi de précieux avantages, je les ai considérés comme

un préjudice à cause du Christ. Oui certes, et même je tiens encore tout cela comme un préjudice, eu égard au prix éminent de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur. Pour son amour j'ai voulu tout perdre, regardant toutes choses comme de la balayure, afin de gagner le Christ,et d'être trouvé en lui, non avec ma propre justice, - c'est celle qui vient de la Loi, - mais avec celle qui naît de la foi dans le Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi; afin de le connaître, lui et la vertu de sa résurrection, d'être admis à la communion de ses souffrances, en lui devenant conforme dans sa mort, pour parvenir, si je le puis, à la résurrection des morts.

Ce n'est pas que j'aie déjà saisi le prix, ou que j'aie déjà atteint la perfection; mais je poursuis ma course pour tâcher de le saisir, puisque j'ai été saisi moi-même par le Christ. Pour moi, frères, je ne pense pas l'avoir saisi, mais je ne fais qu'une chose: oubliant ce qui est derrière moi, et me portant de tout moi-même vers ce qui est en avant, je cours droit au but, pour remporter le prix auquel Dieu m'a appelé d'en haut en Jésus-Christ. (Ph 3)

Saint Paul , lors de sa rencontre avec le Christ a vécu un total retournement, il s'est laissé saisir par le Seigneur cherchant désormais, à vivre pour Lui, de Lui, en Lui, à ne faire plus qu'un avec Lui. Il est devenu, par la grâce de Dieu , un homme nouveau, entièrement tendu vers le Royaume ce qu'il exprime ainsi :pour remporter le prix auquel Dieu m'a appelé d'en haut en Jésus-Christ

Saint François d'Assise, après sa conversion,  ne parle pas différemment :

 « Le Seigneur me donna » est la formule qui en scande le déroulement. Pour exprimer le sens de la rupture avec son passé, François se contente de rappeler un fait, sa rencontre avec les lépreux : « Lorsque j'étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir les lépreux. Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je leur fis miséricorde. Et, en m'en allant de chez eux, ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l'âme et du corps ; et après cela, je ne restai que peu de temps et je sortis du siècle. »

L'apôtre de Jésus est appelé à se donner comme Jésus lui même se donne. Jésus lui demande, avec le temps bien sûr, de mourir à tout ce qui n'est pas Dieu. Être ami de Dieu est , doit être, sa seule véritable richesse qui ne passera pas . Préférer un bien matériel, une affection humaine, se préférer soi, c'est s'établir dans l'indigence. Choisir Jésus, c'est choisir la Vie, c'est être tendu vers la Lumière, c'est préférer la Vérité à tous les artifices du monde !

Perdre sa vie

(CFC/Gelineau/Sodec)

STANCE
Perdre sa vie pour accueillir le Christ,
se livrer au Christ pour rencontrer le Père,
se trouver soi-même comme un don de Dieu.

REFRAIN
Je te suivrai, Jésus, montre-moi le chemin.
1
Qui aime son père et sa mère plus que moi
N'est pas digne de moi.
2
Qui refuse de prendre sa croix
N'est pas digne de moi.
3
Qui perd sa vie à cause de moi
La gardera.


L'Ermite

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