vendredi 29 avril 2022

M'AIMES-TU ?


TROISIEME DIMANCHE


DE PÂQUES


Année C


(Jn 21, 1-19)




Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.    Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. 

C'est vraisemblablement la troisième manifestation de Jésus à Ses apôtres, il y en aurait eu quatre avant : à Marie Madeleine Jn 20, 16-17, aux femmes revenant du tombeau Mt 28, 8-10, aux disciples d'Emmaüs Lc 24, 13-15 et à Pierre seul Lc 24,34 et trois après, Il vient auprès des disciples réunis deux fois, la seconde fois pour « rassurer » Thomas Lc 24,36 et Jn 20 26-29 , puis à cinq cents disciples 1 Cor 15, 6, à Jacques et aux Apôtres 1 Cor 15,7 , et la dernière fois, lors de l'Ascension Lc 24, 50-53.

Aujourd'hui ils sont sept au bord du lac, un peu désœuvrés semble-t-il puisque Pierre prend l'initiative de partir à la pêche : Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Les six autres ne sachant que faire lui répondent :« Nous aussi, nous allons avec toi. »Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien. La déception est suffisamment troublante pour que l’Évangéliste qui faisait partie de ce groupe, le souligne . Cette nuit-là, ils ne prirent rien ! Passer une nuit entière à jeter le filet, le ramener dans la barque , puis recommencer autant de fois que nécessaire avec le secret espoir de récupérer de quoi s'offrir une bonne grillade, est, on s'en doute, terriblement décevant et frustrant ! De plus, les circonstances font qu'ils n'ont pas vraiment le cœur à l'ouvrage, aussi, quand quelqu'un les interpelle depuis le rivage ils sont à mille milles de penser à Jésus . Chacun rumine un passé récent, et ne voit guère comment mettre en œuvre la récente rencontre où Jésus leur donne mission pour remettre les péchés. Cela nous paraît simple aujourd'hui, nous entendons et réentendons ces paroles pour nous évidentes, mais la mise en œuvre fut, sans nul doute, un rude casse tête au départ. S'abandonner, se livrer à L'Esprit Saint, n'est pas aussi simple que nous pouvons le penser au tout début ! Reconnaître le Christ qu'on a vu mort, enseveli n'est pas facile à distance, même quand Celui-ci parle et leur dit « Les enfants »

Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage,mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit :« Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent  :« Non. ». Non ils n'ont rien ! Ils sont démunis ! C'est donc cet étranger, qui se tient sur le rivage qui va les inciter à tenter une nouvelle expérience, à jeter encore le filet, à se risquer ! Jésus agit ainsi avec chacun d'entre nous , un peu comme s'Il cherche à sonder notre confiance, notre remise totale entre Ses mains. Sans doute veut-Il, dans nos vies, nous faire comprendre « que par nous-mêmes nous ne pouvons rien faire » Jésus veut nous apprendre expérimentalement, que nous sommes « des serviteurs quelconques » et que si nous nous abandonnons, alors nous démultiplions nos possibilités parce que c'est Lui, qui prend « les commandes » et devient le Maître d’œuvre :

Il leur dit :« Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Les apôtres ne
résistent pas, ils n'en sont plus à un effort près Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Voilà « le faire » du Seigneur ! Si nous lui laissons « tenir la barre » Il transforme nos vies et les rend fructueuses ! A nous de nous effacer et de reconnaître que tout ce qui est juste et bon dans notre vie est « l' œuvre de Dieu » et non la nôtre .

Il y en a un, dans le groupe , dont le cœur est resté ouvert, après l'épreuve, un qui reste en éveil et qui sait reconnaître la Présence de l'Absent , c'est le disciple que « Jésus aimait » celui « qui lors du dernier repas « a posé sa tête sur la poitrine du Maître » celui qui est demeuré avec Marie jusqu'au bout et qui s'est « tenu debout au pied de la Croix » cette voix, cette façon d'interpeller , de solliciter l'action , tout cela le rejoint  

Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre :« C’est le Seigneur ! », Jean au regard d'Aigle reconnaît « Le Seigneur » ! Simon-Pierre lui, était en attente, il cherchait à comprendre cette surabondance alors qu'il avait peiné une nuit entière, Pierre alors, ne discute pas, il doit même se dire « mais quel balourd suis-je, comment ne l'ai-je pas reconnu » il se jette à l'eau , toutes les peurs, les questionnements, tombent , il n'y a plus la moindre hésitation, il retrouve sa fougue, sa générosité, sa spontanéité, Pierre se jette à l'eau : Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur,il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.

Sans doute était-il allé à la pêche pour faire diversion, ne sachant plus très bien comment avancer et rassembler ses frères éprouvés comme lui...eux l'ont suivi parce qu'ils en étaient au même point , ils avaient besoin d'être ensemble pour ne pas perdre pied, Jésus comme Il le fait pour chacun de nous les rejoint dans leur marasme et va encore et toujours leur montrer qu'Il garde les commandes et qu'ils ne seront jamais seuls « je suis avec vous jusqu'à la fin des temps » croyez en moi, Jésus leur demande, nous demande de croire, de Lui faire confiance, d'être à l'écoute, attentifs, en éveil, pour saisir Ses moindre inspirations, au fond de notre être ; Quand nous ne savons plus que faire, comment agir allons prendre le  « large du silence » et écoutons, nous reconnaîtrons la voix ce Celui qui nous dit « jette-toi à l'eau », je m'occupe du reste !

Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.Ils croient apporter de quoi se restaurer, ils seront surpris une fois encore d'être devancés, c'est encore Lui, Jésus, qui a tout préparé : le feu pétille (celui de l'amour partagé) le poisson symbole de la mission ( ce sont des hommes que tu prendras désormais) et le pain, rappel de l'Eucharistie où Jésus se donne tout entier pour entretenir notre vie spirituelle . Toutefois Jésus , s'Il nous précède , ne manque pas de solliciter notre collaboration symbolisée ici par Sa requête : 

« Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.    Jésus leur dit :« Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »    Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. Pierre obtempère immédiatement , il ne peut s'empêcher de compter la prise, il y en a 153 , autant que de pays connus à cette époque, donc le monde entier " Allez par tout le monde et prêchez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; celui qui ne croira pas, sera condamné. (Mc 16) Jésus est concret, Il a bien compris que les paroles s'envolent mais que l'expérience, l'image, s'impriment profondément dans l'être des personnes, les apôtres se souviendront de ce vécu, avec le Maître, avant qu'Il remonte vers le Père ! Au terme de cette expérimentation , après un tel effort, vient le moment du partage et c'est encore et toujours Jésus qui donne l'impulsion :

Jésus leur dit alors :« Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander :« Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.    Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.    C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples. Remarquons bien que Jésus ne brûle pas les étapes, Il se fait reconnaître peu à peu, étape après étape, au point que les disciples qu'Il a ainsi rassemblés, n'éprouvent pas le besoin de lui poser la question de confiance « Qui es-tu » ils ont reconnu cette Présence aimée et rassurante . Tout nuage écarté, Jésus peut continuer, sans le dire, simplement par Son action discrète, Jésus rappelle l'important pour un disciple : se rassembler avec tous les frères pour le partage du pain en œuvrant ensemble au bonheur de tous. Jésus n'a pas oublié ce qu'Il disait à Pierre lors de Sa magnifique Profession de foi: « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église », Il connaît le Fragilité de cette « pierre Pierre », s'Il ne lui tient aucune rigueur de son reniement « je ne connais pas cet homme » Jésus, devant ses frères veut lui permettre de se reprendre et d'affirmer, solennellement son adhésion entière comme successeur et comme Premier de file aussi :

Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre :« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond :« Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »Jésus lui dit :« Sois le berger de mes agneaux. »    Il lui dit une deuxième fois :« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment? » Il lui répond :« Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »Jésus lui dit :« Sois le pasteur de mes brebis. »    Il lui dit, pour la troisième fois :« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? »Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait :« M’aimes-tu ? »Il lui répond :« Seigneur, toi, tu sais tout :tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit :« Sois le berger de mes brebis. Beaucoup, vraiment beaucoup de choses, ont été dites à propos de ce dialogue entre Jésus et Pierre le Premier appelé et le Premier Pape . Je ne retiens pour ma part que trois aspects :

  • Pierre est invité à passer du triple reniements à la triple affirmations d'amour

  • Dieu ne reprend JAMAIS ce qu'Il donne

  • aujourd'hui, où que nous en soyons sur le chemin de la foi, c'est à chacun de nous que Jésus pose ces mêmes questions .

" Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen! " Mais il nia devant tous en disant: " Je ne sais ce que tu veux dire. "

« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond :« Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »Jésus lui dit :« Sois le berger de mes agneaux. »

Dans ce « vraiment plus que ceux-ci » j'entends une sous question :est-ce que je peux compter sur toi ? Es-tu prêt, aujourd'hui, à montrer le chemin à tes frères en te donnant jusqu'à l'extrême ? Pierre répond, en s'appuyant sur la prescience du Maître, « Toi, tu le sais : je t'aime », autrement dit Tu connais mes limites, tu sais que je mise tout sur Toi depuis le début, mais que j'ai besoin de Toi pour être vraiment ce que Tu veux que je sois !

Comme il se dirigerait vers la porte, une autre le vit et dit à ceux (qui se trouvaient) là: " Celui-là était avec Jésus de Nazareth! " Et de nouveau il nia avec serment: " Je ne connais pas cet homme. "

« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment? » Il lui répond :« Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »Jésus lui dit :« Sois le pasteur de mes brebis. » 

M'aimes-tu vraiment , pas simplement pour le plaisir d'être ensemble, pas simplement comme on aime son semblable prêt à lui rendre service, mais t'engageant totalement, tendu vers le but, prêt à tout sacrifier et à te sacrifier pour la mission que je te confie en t'oubliant pour que vienne le règne de l'Amour ! Et Pierre donne la même réponse, Pierre s'appuie sur ce que le Seigneur sait, connaît de lui !

 Un peu après, ceux qui étaient présents s'approchèrent et dirent à Pierre: " Pour sûr, toi aussi tu en es; aussi bien, ton langage te fait reconnaître. " Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer: " Je ne connais pas cet homme! "

« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? »Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait :« M’aimes-tu ? »Il lui répond :« Seigneur, toi, tu sais tout :tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit :« Sois le berger de mes brebis.

Ici la question de Jésus est totalement dépouillée, il n'y a plus de comparaison, «  plus que ceux-ci » plus de qualificatif « vraiment »mais toi, Pierre, tel que tu es, avec ce que tu es, tes pauvretés et tes richesses , qui ne viennent d'ailleurs pas de toi pour ces dernières, tout simplement, mais à fond, sans la moindre attente,dans une gratuité totale, m'aimes-tu ? Un peu comme si Jésus veut que Pierre manifeste sur qui, sur quoi il s'appuie, Jésus lui fait gravir un échelon puisque Pierre lui, affirme avec force, en s'engouffrant si j'ose dire dans l'Être de Jésus. D'accord je suis lâche, je suis nul, je suis un pauvre type , je touche parfois le fond de ma misère mais dès que je Te regarde je suis debout, je pleure et tu me relèves alors « Seigneur, toi, tu sais tout :,tu sais bien que je t’aime. » Maintenant que Pierre a fait ce saut dans le vide de lui-même, dans l'inconnu, dans la plénitude de Jésus le seul vrai rocher, la seule forteresse, le seul Salut, maintenant, Jésus peut développer le fond de ce qu'Il attend de Pierre .Lui ayant confié l'universel troupeau, lui ayant montré comment le rassembler, comment se nourrir du même pain, Jésus confirme en révélant le chemin :Amen, amen, je te le dis :quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains,et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »    Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu.Sur ces mots, il lui dit :« Suis-moi. »

Dit autrement : tu ne t'appartiens plus ! Jusque là tu menais ta vie, aujourd'hui tu deviens Moi, au milieu de tes frères en humanité, moi je pars , toi tu restes jusqu'à ce que vienne ton heure, désormais je suis en toi et tu me laisses entièrement conduire ta vie au service de la Mission que je te confie . Ce n'est plus toi, mais moi qui agis et t'agis, et te conduis par amour, là où tu ne voudrais pas par toi-même. Ne te pose plus de question, laisse-moi les commandes, SUIS-MOI ! Sois le berger de mes agneaux. »« Sois le pasteur de mes brebis. »« Sois le berger de mes brebis « Mes agneaux, mes brebis » je te confie l'humanité entière ! Pas plus que moi-même , tu n'es ni un chef, ni un patron, ni un entrepreneur, tu es un berger, un pasteur , celui qui prend soin, qui protège, nourrit, soigne, montre le chemin, veille à ce qu'aucune brebis ne s'égare, et, le cas échéant, abandonne la multitude pour tenter de ramener celle qui s’égare....

Comme nous le disions récemment : Dieu ne reprend jamais Ses dons : « Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Église » en écho, malgré le reniement, Jésus dit à Pierre Pais mes agneaux, sois le berger, sois le Pasteur, le serviteur comme j'ai fait, tu dois faire ( lavement des pieds) ! Il y a de quoi tomber raide si on s'appuie sur ses propres forces, mais Jésus ne dit-Il pas en Matthieu apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé  Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » à Paul Il dira «  ma grâce te suffit ! «" Ma grâce te suffit, car c'est dans la faiblesse que ma puissance se montre tout entière. " Je préfère donc bien volontiers me glorifier de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. (2Co 12) 

A toi mon frère, à toi ma sœur en humanité Jésus dit aujourd'hui m'aimes-tu ? Si tu m'aimes, suis-moi là où je t'entraîne, laisse-moi faire, laisse-toi faire, sois pour moi une humanité de surcroît ; Tu ne comprends pas ? Abandonne-toi ! Pourquoi cette épreuve dis-tu ? Abandonne-toi ! Pourquoi cette guerre ? Abandonne toi ! Il ne s'agit pas d’être passif bien sûr, mais de rester dans la confiance « Seigneur, toi, tu sais tout :tu sais bien que je t’aime. » Dans la déréliction, dans l'incompréhensible, dans la nuit la plus noire, guette la déchirure du voile où la lumière se fraye un passage CROIS ! SUIS-MOI tu ne seras JAMAIS seul JE SUIS AVEC TOI JUSQU'A LA FIN DE TON MONDE (ton passage),JUSQU'A LA FIN DU MONDE ! CROIS ! SUIS-MOI ! PERMETS-MOI DE T'AIMER !

N'aie pas peur

N'aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ
Laisse-toi regarder car il t'aime (bis).

1.Il a posé sur moi son regard, un regard plein de tendresse
Il a posé sur moi son regard, un regard long de promesses.

2. Il a posé sur moi son regard, et m'a dit : " viens et suis-moi ".
Il a posé sur moi son regard, et m'a dit : " viens, ne crains pas ".

3. Il a posé sur moi son regard, et ses yeux en disaient long
Il a posé sur moi son regard, c'était celui du pardon.

4.Il a posé sur moi son regard, alors j'ai vu qu'Il pleurait

Il a posé sur moi son regard, alors j'ai vu qu'Il m'aimait.

L'Ermite

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