CINQUIEME DIMANCHE
DE CARÊME
Année C
(Jn 8, 1-11)
Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Le mont des Oliviers ! Comment ne pas penser à la Passion de Jésus ?
Nous verrons plus loin, dans cette péricope, ce qui guide les scribes et les Pharisiens : Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Ils cherchent en effet, et ce n'est pas nouveau, des chefs d'accusation qui leur permettraient de faire arrêter Jésus. Ils voudraient même le mettre en porte-à-faux avec Sa propre parole puisque au chapitre 3 de St Jean nous lisons :Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. (Jn 3) et au chapitre 12 Jésus dira :car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. (Jn 12)
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère.Le Décalogue, et après lui les Prophètes, condamnent de façon absolue l'adultère sous ses différentes formes. Cette fidélité totale exigée de la femme dès l'Ancienne Alliance peut symboliser celle que Dieu attend de son Peuple ; aussi les prophètes condamnent-ils l'infidélité à l'Alliance comme un adultère spirituel.
L'adultère reçoit dans la loi, une définition restreinte : c'est l'acte qui viole l’appartenance d'une femme à son mari ou à son fiancé Si l'on trouve un homme couché avec une femme mariée, ils mourront tous deux, l'homme qui a couché avec la femme, et la femme aussi. Tu ôteras ainsi le mal du milieu d'Israël. Dt 22,22.
La femme apparaît comme « la chose » de l'homme plutôt que comme une personne avec laquelle il ne fait qu'un dans la fidélité d'un amour mutuel Et l'homme dit: " Celle-ci cette fois est os de mes os et chair de ma chair! Celle-ci sera appelée femme, parce qu'elle a été prise de l'homme. " C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. Gn 2,23
Scribes et Pharisiens connaissent la loi et, du moins en apparence, l'observent scrupuleusement ce qui explique la violence de leur attitude à l'égard de cette femme.On peut d'ailleurs se poser la question : comment considèrent–ils l'homme dans cette situation ? En effet, pour commettre l'adultère, il faut être deux ! N'auraient-ils pas dû présenter le couple à Jésus ? Soit, ils protègent l'homme et se protègent, soit ils le nient ! D'autre part, nous savons que Jésus, s'Il n'abolit pas la Loi ,Il vient, comme Il le dit Lui-même, pour la parfaire :« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. (Mt 5)
Scribes et Pharisiens écoutent et observent Jésus qui, pour eux, apparaît comme laxiste. Cette femme , en situation de péché , leur permet de mettre Jésus en difficulté, du moins, c'est ce qu'ils espèrent. Sans ménagement ils la conduisent à Jésus et : Ils la mettent au milieu, geste particulièrement violent qui manifeste la domination masculine , le droit de vie et de mort qu'ils pensent détenir ,alors que le loi, malgré tout, dans les cas d'adultère traite de façon égale homme et femme !Si un homme commet adultère avec une femme mariée, et s'il commet adultère avec la femme de son prochain, ils seront tous deux punis de mort, l'homme et la femme adultères. (Lév 20)
et disent à Jésus :« Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces « femmes-là ». Et toi, que dis-tu ? Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve,afin de pouvoir l’accuser
Scribes et Pharisiens croient pouvoir coincer Jésus par cette situation : en effet Jésus parle de miséricorde, de Pardon, mais eux placent la Loi en premier donc si Jésus prend position en faveur de cette femme, publiquement, Il entraîne ceux qui Le suivent et L'écoutent, à désobéir à la Loi ! Scribes et Pharisiens marquent un point important pour faire condamner Jésus .
Que répond Jésus ? Rien à ce moment ! Par contre Jésus s’était baissé et, du doigt, il
Jésus garde le silence espérant vraisemblablement, décourager les accusateurs de cette femme, mais eux :
persistait(ent) à l’interroger, il se redressa et leur dit :« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Jésus, Lui, est sans péché, or nous avons rappelé plus haut que Jésus affirme : je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. (Jn 12) Il invite donc, de façon discrète mais ferme, Ses interlocuteurs à rentrer en eux-mêmes, à s'examiner pour les aider à prendre conscience de leur péché personnel, révélant sans doute, qu'il n'y a pas de hiérarchie dans le péché. Tout péché n'est-il pas un manque d'amour ? Et pour leur laisser le temps de la réflexion Jésus choisit le silence Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. La pédagogie de Jésus produit ce qu'espère Jésus : Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Les plus âgés étant depuis plus de temps sur terre ont hélas, manqué plus souvent d'amour ! Le 5 Mars 2017, le Saint Père insistait sur la force de la Parole de Dieu en ces termes : « La Parole de Dieu est l'arme la plus puissante qui soit, la seule qui vaille, la seule qui permette de déjouer le malin » Souvenons-nous de l'épisode des tentations de Jésus au désert : Jésus répond uniquement par la Parole de Dieu. Puissions-nous en faire notre épée, notre bouclier, comme le dit St Paul , dans tous nos combats ! « ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d'arrêter toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et l'épée de l'Esprit, c'est-à-dire la parole de Dieu. (Eph 6)
L'accusée voit et entend ce qui se passe, elle se retrouve seule devant Jésus : Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda :« Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Que peut-il se passer dans cette tête ? Ses accusateurs sont partis, elle est là , devant Celui à qui il était demandé de juger une femme en état de péché . Elle a suivi en silence le déroulement de l'action et doit se poser bien des questions ! Avant de s'exprimer de son propre chef, elle est invitée à répondre à l'apparent étonnement de Jésus, ce qu'elle fait , dépassée par, cette situation ubuesque :Elle répondit :« Personne, Seigneur. »Elle n'ajoute rien , elle constate simplement ce qui est. Après un tel vacarme, et disons-le, une maltraitance avérée ! on a envie de dire : « tout ça , pour ça ! »Mais le dernier mot revient à Jésus et avec quelle densité :
« Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle :elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ?Is 1ère lecture
Jésus ne lui rappelle pas son passé récent, Il la propulse vers un avenir prometteur .Voilà notre Dieu ! Dieu ne ressasse pas notre péché, Dieu nous ouvre des horizons de lumière, Il fait de nous des témoins ? Saurons-nous accueillir cet amour infini au sacrement de la Réconciliation en cette Pâque 2022 ? Comme Saint Paul, avec St Paul , courons nous jeter dans les bras grands ouverts de Jésus qui nous attend !
Une
seule chose compte :
oubliant ce qui est en arrière, et
lancé vers l’avant,
je cours
vers le but en vue du prix
auquel Dieu nous appelle là-haut dans
le Christ Jésus.
(Ph 3, 8-14)
Quelles
merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande
fête ! (Ps
125, 3)
Quand
le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en
rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous
poussions des cris de joie.
Alors
on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait
pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur
fit pour nous :
nous étions en grande fête !
Ramène,
Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème
dans les larmes
moissonne dans la joie.
Il
s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il
s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les
gerbes.
Va !
L'Ermite
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