DIMANCHE DES RAMEAUX
Année C
C’est en mémoire de ce jour que les catholiques portent des rameaux (de buis, d’olivier, de laurier ou de palmier, selon les régions). Ces rameaux, une fois bénis, sont tenus en main par les fidèles qui se mettent en marche, en procession : marche vers Pâques du peuple de Dieu à la suite du Christ.
La foule nombreuse venue pour la fête apprit que Jésus venait à Jérusalem ; ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre et ils criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Ces paroles sont chantées comme antienne d’ouverture au lieu où les fidèles se sont réunis : après une brève allocution, le célébrant bénit les rameaux et l’on lit le récit évangélique de l’entrée messianique de Jésus avant de se rendre en procession jusqu’à l’église.
La tradition chrétienne veut que l’on emporte, après la messe, les rameaux bénis, pour en orner les croix dans les maisons : geste de vénération et de confiance envers le Crucifié. (Église Catholique de France)
Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Ceux qui chantent cela en ce dimanche des Rameaux et de la Passion du Christ sont , pour la plupart, ceux qui Vendredi, crieront : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas ! crucifie-Le ! crucifie-Le »Pilate décida de satisfaire leur requête. Il relâcha celui qu'ils réclamaient , le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir ! » Matthieu précise Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte allait croissant, prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, en disant: " Je suis innocent du sang de ce juste; à vous de voir ! " Et tout le peuple répondit: " Que son sang soit sur nous et sur nos enfants! " Alors il leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait flageller Jésus, il le remit (aux soldats) pour être crucifié. (Mt 27)
Il nous arrive de vivre ce temps de la Passion comme un événement du passé nous oublions ces paroles du Christ Lui-même :
Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette; or celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé. (Lc 10)
" En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne l'avez pas fait. " (Mt 25)
" En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. " (Mt 25)
apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Mt 28,20
Un Père de l’Église ne disait pas autrement : Tu vois ton frère, tu vois ton Dieu ! Jésus compte sur nous
Christ
n'a pas de mains :
Il
n'a que nos mains
Pour
faire son travail aujourd'hui.
Christ
n'a pas de pieds :
Il
n'a que nos pieds
Pour
conduire les hommes sur son chemin.
Christ
n'a pas de lèvres :
Il
n'a que nos lèvres
Pour
parler de lui aux hommes.
Christ
n'a pas d'aides :
Il
n'a que notre aide
Pour
mettre les hommes à ses côtés.
Nous
sommes la seule Bible
Que
le public lit encore.
Nous
sommes le dernier message de Dieu
Écrit
en actes et en paroles.
Prière
anonyme du XVème siècle
Telle est notre responsabilité !
Entrons, si vous le voulez bien , dans la Passion selon St Luc, nous retiendrons
seulement quelques versets :« J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare :jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. » Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce Et cependant, voici que la main de celui qui me livre est à côté de moi sur la table. . Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres quel pourrait bien être, parmi eux, celui qui allait faire cela.
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Parce que cela me paraît totalement indécent, égoïste, inadapté, hélas à notre image, je souhaite attirer notre attention sur le contraste saisissant entre ces deux passages de la Passion selon Saint Luc .
Je remarque, dans le premier paragraphe, la solennité grave qui préside à l'Institution de la Sainte Cène :
- « Manger cette Pâque » avec le groupe des appelés, Ses successeurs, et Jésus note qu'il s'agit de la dernière jusqu'à son accomplissement dans le Royaume.
- L'annonce discrète mais certaine que l'un d'entre eux va prendre une part active dans les événements qui suivront : « voici que la main ... »
- La curiosité, plutôt déplacée, du groupe qui s'interroge sur l'identité du traître ! « Qui pourrait bien être celui-là ? »
Et cette indifférence affichée qui fait sombrer les disciples dans ce que j'appelle volontiers une chamaillerie d'enfants gâtés , centrés sur eux-mêmes pour mesurer qui est le meilleur, le plus grand, le plus fort, le plus performant … N'est-ce pas surprenant , déstabilisant, ?
Jésus entre dans la Passion, dans ce chemin douloureux où Il va être confronté aux pires turpitudes humaines et Ses amis , ceux qu'Il continue de former, s'attardent et s'attachent à des mesquineries de jardin d'enfants
Pas de colère, pas d'impatience, chez Jésus, mais le souci d'enseigner, d'éclairer , d'aimer encore et toujours : je suis au milieu de vous comme Celui qui sert, (comprenne qui pourra !) comme Il le dit ailleurs et, sous entendu « Comme le Fils ne peut rien faire de Lui-même , Il ne fait que ce qu'Il voit faire au Père », en conséquence, devenez serviteurs comme le Fils !Et cela met à nu tous nos calculs, toutes nos recherches de nous-mêmes, toutes nos incohérences ! De plus, quand nous participons à l'Eucharistie dominicale, notre esprit est-il présent dans notre corps ? Que faisons-nous ? Est-ce nous communions au mystère célébré ou bien nous profitons de ce bon moment de calme pour préparer le prochain repas de famille , pour nous projeter dans l'organisation d'une nouvelle sortie, de prochaines vacances etc...
Avançons avec Jésus, sur la route escarpée de la Passion :
Jésus a fait de Pierre Son successeur « je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, (Mt 16), Jésus connaît la générosité de Pierre le fougueux, mais Il connaît aussi ses fragilités, Il le prévient et l'assure d'avoir Lui-même, Jésus, prié pour que sa foi ne défaille pas Pierre le téméraire, le présomptueux affirme avec véhémence :« Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. » mais Jésus sait , Lui, et reprend « Je te le déclare, Pierre :le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois,tu aies nié me connaître. Et malgré cela Jésus continue de lui faire confiance . Après cet épisode ô combien douloureux, pour Jésus , pour Pierre aussi, qui ne peut retenir ses larmes, Pierre demeure cette pierre, ce roc, choisi par Jésus pour faire grandir l’Église parce que les dons de Dieu sont sa repentance Dieu ne révoque pas ses paroles. (Is 31)
S'il nous arrive de tomber lourdement ne craignons pas le regard gonflé de miséricorde de Jésus, Jésus continue de nous regarder avec tendresse et nous redit : n'aie pas peur, viens, suis-moi mais Il ne s'impose pas Il espère notre repentir, nos larmes. Et, soyons certains, que Jésus ne punit pas, Il ne reprend pas ce qu'Il a une fois donné !
« Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? » Un baiser ! Ce
Quel sens donnons-nous à ce geste tellement banalisé aujourd'hui ? Il n'est pas indifférent de nous arrêter pour réfléchir à la densité que nous accordons à ce témoignage d'affection pour qu'il ne soit plus galvauder et redevienne ce qu'il a longtemps été, le signe de l'affection, de la tendresse, de l'amitié sincère, de l'amour vrai !
A la Maison, au bureau, à l'école, dans la rue, osons-nous dire sans ostentation mais avec fermeté et foi : Jésus est mon ami, ma citadelle, mon roc, ma forteresse, mon libérateur , le rocher qui me sauve ( Ps 18, 61 89 …) ou bien répétons-nous aussi souvent que la question nous est posée : je ne connais pas cet homme ! Là encore, il n'est jamais trop tard, levons les yeux vers le crucifié du Vendredi Saint , en rencontrant Son Regard nous rencontrerons l'Amour, qui Lui, ne nous rejettera jamais !
« Vous m’avez amené cet homme en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple.Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation. D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. Jésus, le Fils du Père éternel, La Parole éternelle du Père , Celui par qui tout a été fait, la Lumière née de la Lumière se tait par amour ! Jésus qui pourrait donner un signe de Sa puissance, comme un mouton qu'on mène à l'abattoir (Is 53) se laisse conduire d'une juridiction à l'autre « sans ouvrir la bouche » (Is 53) sans secouer les liens qui retiennent Ses mains, sans proférer d'injures ( Is 53) c'est à cause de nos révoltes Is 53) qu'Il est châtie et c'est par Ses blessures que nous sommes guéris , si nous le voulons , si nous accueillons son amour ! Jésus maltraité se tait ! Force du silence, puissance de l'amour qui nous apprennent la non violence, car la violence engendre la violence ! Devant l'Agneau défiguré , inclinons-nous et adorons tout en nous interrogeant sur nos comportements quand un mal nous déchire !
Deux remarques :
comme déjà souligné : la versatilité de la foule !
L'attitude irresponsable du Gouverneur de Province Ponce Pilate.
En ce qui concerne la foule, je nous invite à regarder dans nos vies personnelles, quelle est notre attitude quand nous nous trouvons dans un groupe , quel qu'il soit ( parents d'élèves, politique, ecclésial....) où nous avons une opinion différente de la majorité ?
Avons-nous la simplicité, habillée de courage, en y mettant les formes, d'exprimer notre point de vue et de prendre le risque d'être montré du doigt, écarté ...ou bien aboyons-nous avec les loups, quitte à retourner notre veste à la sortie si quelqu’un nous aborde en soutenant le point de vue de la minorité étouffée ? Avons-nous le courage de nos opinions ? De nos engagements ? De notre différence ?
Là encore, ne « nous lavons-nous pas trop facilement les mains » face aux injustices flagrantes, en nous dédouanant trop facilement : ça ne me regarde pas...je ne me mêle pas des affaires d'autrui ... ce n'est pas mon affaire ….
« Père, pardonne-leur :ils ne savent pas ce qu’ils font. » Lui, le Fils de Dieu, Dieu Lui-même, qui vient d'accepter, pour nous, d'être mis au rang des malfaiteurs, cloué sur une croix, exténué de fatigue et de souffrances, tandis que ses bourreaux Le raillent : « sauve-toi toi-même et nous aussi », dans un ultime sursaut de vie trouve au plus profond de Lui-même, la force de manifester Son amour infini en jetant le trouble dans des cœurs pervertis : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font » ! Peut-on aimer mieux et davantage ? Non bien sûr ! St Paul écrit dans la Lettre aux Romains: « La preuve que Dieu nous aime , c'est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pêcheurs » Rom,5,8 Et juste avant cela St Paul précise : « C'est à peine si l'on meurt pour un juste, et peut-être quelqu'un saurait-il mourir pour un homme de bien. Mais Dieu montre son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Jésus-Christ est mort pour nous. (Ro 5) Depuis ce jour unique dans l'histoire de l'humanité, chacun peut dire, « Jésus a donné Sa Vie pour moi pécheur ! » Trouverons-nous, les mots, les gestes, pour lui dire Merci !
Et tandis que Ses bourreaux continuent de le railler une voix s'élève, entendue de
Sa mission accomplie dans le détail, jusqu'à l'extrême, Jésus peut maintenant partir en paix : « Père entre Tes mains je remets mon esprit » et le dernier mot revient au Centurion
qui surveillait l'exécution de la crucifixion . Retourné par ce qui se passe il ne peut s'empêcher d'exprimer devant tous, le plus bel acte de foi qui soit :
"Certainement, celui-ci était le Fils de Dieu".
Le
Christ Jésus,
ayant la condition de Dieu,
ne
retint pas jalousement
le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais
il s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur,
devenant
semblable aux hommes.
Reconnu
homme à son aspect,
il s’est
abaissé,
devenant obéissant jusqu’à la mort,
et la mort de
la croix.
C’est
pourquoi Dieu l’a exalté :
il l’a doté du Nom
qui
est au-dessus de tout nom,
afin
qu’au nom de Jésus
tout genou fléchisse
au ciel, sur terre
et aux enfers,
et
que toute langue proclame :
« Jésus
Christ est Seigneur »
à la gloire de Dieu le Père.
Ph 2,6-11
L'Ermite
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