vendredi 9 mars 2018

DIEU A TANT AIME LE MONDE

QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME
(Jn 3, 14-21)
Dieu a tant aimé le monde


En ces jours-là,
tous les chefs des prêtres et du peuple
multipliaient les infidélités,
en imitant toutes les abominations des nations païennes,
et ils profanaient la Maison
que le Seigneur avait consacrée à Jérusalem.
Le Seigneur, le Dieu de leurs pères,
sans attendre et sans se lasser,
leur envoyait des messagers,
car il avait pitié de son peuple et de sa Demeure.
2 Ch


Le livre des Chroniques est un complément des livres historiques. A ce titre, il relit l'histoire du peuple de Dieu. L'auteur n'a rien de l'historien amateur, mais il écrit pour la gloire de Dieu, les péripéties de ceux qui ont construit sa maison et la desservent.

Le Seigneur dit à Moïse "Je vois que ce peuple est un peuple au cou raide. Maintenant
laisse-moi: que ma colère s'embrase contre eux et que je les consume! Mais je ferai de toi une grande nation." (Exode 32)

«Je vois que ce peuple est un peuple au cou raide. (Deutéronome 9)

Même quand ce peuple se rebelle, qu'il se montre dur et raide, Dieu qui s'est engagé à son égard reste fidèle, Il intervient quand c'est nécessaire pour l'empêcher de sombrer.
Toute l'histoire de l'humanité nous montre que ce peuple oscille constamment, Dieu le porte à bout de bras jusqu'au moment où il envoie Son propre Fils, ce Fils unique pour lui manifester Son amour. Dieu est fidèle, l'homme, nous en faisons l'expérience , l'est beaucoup moins. L'humanité est centrée sur elle-même, pourtant Dieu n'a qu'un désir, qu'une volonté, lui faire partager le bonheur éternel.

« Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; et il m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, en Juda . Quiconque parmi vous fait partie de son peuple,que le Seigneur son Dieu soit avec lui,et qu’il monte à Jérusalem ! »(2 Ch 36, 14-16.19-23)

Malgré l'infidélité de son peuple, malgré ses tergiversations, malgré sa rébellion constante, Dieu continue à espérer ce peuple :
Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés,nous qui étions des morts par suite de nos fautes,il nous a donné la vie avec le Christ :c’est bien par grâce que vous êtes sauvés.

Oui c'est par grâce , par pur amour , parce que Dieu ne se renie pas, que nous sommes sauvés, mais à quel prix !
C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés,et par le moyen de la foi.Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil.C’est Dieu qui nous a faits,il nous a créés dans le Christ Jésus,en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions. (Ep 2, 4-10)

Pour cela, Dieu a envoyé Son Unique nous montrer la route à suivre, Jésus s'est fait le plus petit des petits pour tenter d'élever le cœur de l'homme, un homme qui après 2000 ans reste bien raide, bien dur, rongé par le désir de pouvoir, d'avoir, de supériorité, de faire-
valoir, de paraître, oubliant que l'être est la seule brèche qui ouvre à l'amour ! Apprenons à lire, à écouter, à entendre , Jésus qui nous parle, fixons notre regard sur ce signe qui nous est proposé aujourd'hui, oui, regardons Jésus et vivons avec Lui, cette Passion d'Amour. Chaque Rencontre, est pour Jésus une Passion d'Amour, car c'est pour CHACUN que Jésus se donne, se livre «  ma vie, nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne ». Jésus se donne et se donne encore et toujours parce qu'Il sait aimer. Ne détachons pas notre regard du « serpent » de la croix !

Nicodème, dont le nom signifie « vainqueur du Peuple » est ce Pharisien qui était venu rencontrer Jésus de nuit, il est aussi chef des Juifs. Il s'agit donc d'un homme très important dans la société de son temps , apparemment riche, puisqu'il apportera au moment de l'ensevelissement de Jésus, un mélange de myrrhe et d'aloès d'environ cent livres.

Il s'agit d'un homme en recherche de Vérité, il reconnaît que Jésus accomplit de grandes choses et que nul ne peut agir de la sorte si Dieu n'est pas avec lui !
St Augustin commente ce passage : « Nicodème vient vers le Seigneur, mais il vient de nuit. Il vient vers la lumière, et il vient dans les ténèbres. Dans les ténèbres, il cherche le jour (…) mais c’est encore à partir des ténèbres de sa chair qu’il parle. »
Suit un très bel échange sur naître et renaître et la difficulté des Pharisiens à accueillir le message évangélique « nous témoignons de ce que nous avons vu, et vous n'acceptez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel ? Car nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. (Jean 3) 

 Pour le P. Zundel, naître à nouveau, ou entrer dans la vie éternelle, c'est devenir vivants dès ici-bas. Il ne s'agit pas d'attendre la vie éternelle, mais d'y entrer dès maintenant : «Il est donc bien clair que la vraie question, c’est d’être un vivant avant la mort. Il est bien vrai qu’on entre pas dans le ciel comme s’il s’agissait d’aller quelque part. Il faut devenir le cielEt la référence à l'épisode de la marche des Hébreux dans le désert où Moïse est conduit à élever un serpent de bronze . Le peuple était en effet aux prises avec des serpents venimeux »

Le peuple arraché à l’Égypte par Moïse est en marche vers la Terre Promise ; mais une fois passée l’exaltation, il faut bien affronter le quotidien dans le désert.L'épisode du
serpent de bronze se situe un des mauvais jours : les Hébreux sont assaillis par des serpents venimeux, et comme ils n’ont pas la conscience très tranquille (parce qu’une fois de plus ils ont « récriminé », comme dit souvent le livre de l’Exode), ils sont convaincus que c’est une punition du Dieu de Moïse ; ils vont donc le supplier d’intercéder pour eux.

 L’objectif de Moïse, c’est de convertir ce peuple toujours soupçonneux, toujours méfiant
à une attitude de foi, c’est-à-dire de lui faire confiance à tout moment.Pour éduquer son peuple à cette attitude de foi, Moïse s’appuie sur une pratique qui existait déjà : la coutume d’adorer un dieu guérisseur ; ce dieu était représenté par un serpent de bronze enroulé autour d’une perche ; c’était ni plus ni moins une pratique magique : il suffit, croit-on, de regarder un objet magique et tout s’arrange. Moïse va convertir ce qui était jusqu’ici un acte magique en acte de foi : il leur dit : « Faites-vous un serpent, et regardez-le (en langage biblique, regarder veut dire adorer) ; alors vous serez sauvés ; mais sachez que celui qui vous guérit, c’est le Seigneur, ce n’est pas le serpent.

L'humanité, dans son ensemble ne sait pas que Dieu est AMOUR et qu'Il n'a d'autre but que notre bonheur :lequel consiste à vivre, aimer, partager. Et parce qu’elle ne le sait pas, elle s’enfonce dans son propre malheur, en recherchant avec frénésie des satisfactions trompeuses : posséder, dominer. En conséquence, haine, violence et meurtre jalonnent son histoire. Pire que tout, dans son ignorance, l’homme accuse Dieu de tous ses malheurs, qu’il prend pour des punitions divines. Grâce à cette radicale incompréhension des hommes, Jésus est venu « pour rendre témoignage à la vérité », comme il le dira à Pilate. Il paiera de sa vie ce témoignage, car les hommes n’acceptent pas cette révélation d’un Dieu trop différent de celui qu’ils imaginent ; mais jusque sur la croix il restera fidèle à lui-même : aimant et pardonnant. Il y aura donc désormais deux manières de regarder la croix du Christ : elle est la preuve de la haine et de la cruauté de l’homme, mais elle est, bien plus encore, l’emblème de la douceur et du pardon du Christ. C’est pour cela qu’on peut dire que la croix est glorieuse : parce qu’elle est le lieu où se manifeste l’amour parfait, c’est-à-dire Dieu lui-même. :« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,mais obtienne la vie éternelle  

De la même manière que, dans le désert, il suffisait de lever les yeux avec foi vers le Dieu de l’Alliance pour être guéri physiquement, désormais, il suffit de lever les yeux avec foi vers le Christ en croix « « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19, 37)pour obtenir la guérison intérieure. C’est bien l’histoire de celui que nous appelons « le bon larron » dont nous parle l’Évangile. Parce qu’il a « levé les yeux » avec foi vers Jésus, il s’est entendu dire :« Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Luc 23) » Voilà la bonne nouvelle apportée au monde par Jésus : le Royaume de l’amour est accessible à tous, sans exception.Jésus, par Sa vie prend à son compte les paroles du Prophète « Si vos péchés sont comme l'écarlate, ils deviendront blancs comme la neige. S'ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine. (Isaïe 1)
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,non pas pour juger le monde,mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Dieu ne fait pas des calculs d'apothicaire, Dieu aime, un point c'est tout ! Dieu aime chaque être humain et le veut heureux, absolument heureux et pour être heureux, l'humanité doit apprendre chaque jour à « regarder Jésus » dans l’Écriture, dans les sacrements, sur l'Arbre de la croix. Pour regarder, c'est-à-dire, adorer, il convient de lever, d'élever son regard au lieu de le baisser sur ses extrémités terre à terre.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement,celui qui ne croit pas est déjà jugé,du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.Et le Jugement, le voici :la lumière est venue dans le monde,et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière,parce que leurs œuvres étaient mauvaises.Celui qui fait le mal déteste la lumière :il ne vient pas à la lumière,de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;mais celui qui fait la vérité vient à la lumière,pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »  
Faire la vérité, préférer la lumière c'est choisir, bien choisir ! C'est vouloir le bien, tout le bien, seulement le bien rien que le bien, donc l'Amour, vouloir le beau, au sens de la pureté des lignes, de leur simplicité, de leur vérité, vouloir le grand au sens de larges horizons, loin du repliement sur soi , tourné vers l'autre et vers l'Autre qui se nomme Jésus, car qui voit son frère, voit Jésus ! Or, chaque jour, nous sommes confrontés à nos mesquineries, à nos petitesses, à nos ténèbres, celles des bas fonds de notre être, là où grouillent les serpents venimeux qui s'entrelacent les uns les autres jusqu'à former de gros paquets de nœuds de jalousies, de comparaisons, de rivalités, de propriétés des services qui ne sont plus des services mes des appropriations qui éloignent les autres et vont jusqu'à les détourner, les éloigner !Il n'y a plus de place pour le frère, la sœur ! Nous
restons ce peuple à la nuque raide, nous n'avons toujours rien compris , nous ne savons pas regarder, adorer Jésus caché dans le Tabernacle ( la tente de la Rencontre de dimanche dernier) Jésus sur la croix, les pieds et les mains percés, le Cœur ouvert déversant sur CHACUN des fleuves d'eau vive ! 
 
Quand comprendrons-nous que ce n'est pas ce que l'on fait, ni QUI le fait qui est important mais ce que l'on EST, Quand comprendrons-nous L'AMOUR ?Quand comprendrons-nous que «  c’est bien par grâce que vous êtes sauvés » (Ep 2, 4-10) ? « Nous n'avons en propre que notre péché » disait St François d'Assise !

« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
Selon ta grande miséricorde,
efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.
Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

 Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
Dans le secret, tu m’apprends la sagesse.

 Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; 
Lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés.

 Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
Renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton Esprit Saint.

 Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.

 Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ;
 

Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem. »
( Psaume 50, 3-20) 
 

L'Ermite

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