vendredi 28 avril 2017

LEURS YEUX ETAIENT AVEUGLES !

TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES
LES DISCIPLES D'EMMAÜS
Lc 24,13
Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu,vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies.(Actes)



Voilà où en sont les deux disciples qui font route vers Emmaüs. L'horizon est complètement bouché, ils sont bloqués sur ce passé récent, dépités, anéantis, ils avaient tellement espéré ! Ils laissent là, la communauté des apôtres, repliée, enfermée et attente d'une éventuelle manifestation ...on ne sait jamais !
« Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine),deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs,à deux heures de marche de Jérusalem,et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. » Ces deux personnes sont dans la déréliction la plus totale, incapables de réfléchir, d'essayer de comprendre l'événement, c'est la nuit la plus absolue, ils ne pensent qu'à cela, ne voient que cela, ils sont devenus incapables de faire mémoire des Paroles et des actes de Celui qui avait fait naître en eux une immense espérance ! Dans notre langage, nous dirions : « ils broient du noir » tout est noir, aucune lueur dans leur esprit, dans leur regard, ils sont totalement abattus, il leur est impossible de percevoir le moindre scintillement !
Ces deux disciples, chers amis, ce peut être vous, ce peut être moi, ce peut être cet époux, cette épouse, ce jeune, ce(tte) voisin(e), cet(te) ami(e) complètement replié(e) sur soi, enfermé(e) dans l'épreuve qui l'accable ! A ces moments-là, nous voyons l'épreuve et seulement elle, elle obstrue tout, il n'y a qu'elle, tout est complètement bouché à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur ! Nos sens se rétrécissent, se ferment totalement, nous risquons de nous replier complètement, rien ne nous atteint, il y a la douleur et elle seule. Si quelqu'un réussit à prendre un peu de distance et risque un mot de consolation, un mot d'ouverture, d'apaisement, c'est peine perdue ! Nous n'entendons que le fracas de notre douleur et, parfois certains se rebellent, rejettent la faute sur autrui, accusent, se démènent , crient, deviennent injustes, médisants et malfaisants ! Il nous faut du temps pour permettre à Jésus, de se glisser discrètement, au cœur de notre détresse et pour entendre Sa voix apaisante nous demander : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Comme pour les deux disciples « leurs yeux, (nos yeux) étaient (sont) empêchés de le reconnaître. » Et pourtant, quelle que soit l'épreuve du moment, c'est Jésus qui passe dans nos vies !
Le Seigneur passe...
ouvriras-tu
quand frappe l'inconnu?
Peux-tu laisser mourir la voix
qui réclame ta foi?

Le Seigneur passe...
entendras-tu
l'Esprit de Jésus-Christ?
Il creuse en toi la pauvreté
pour t'apprendre à prier.
Le Seigneur passe...
éteindras-tu
l'amour qui purifie?
Vas-tu le fuir et refuser
d'être l'or au creuset ?
Nous avons la fâcheuse habitude de voir, dans l'épreuve, soit une punition de Dieu, (qu'ai-je fait au Bon Dieu?) soit la conséquence de comportements inadaptés, déviants, soit l'injustice de quelqu'un qui nous veut du mal et nous en fait, rares très rares, sont ceux qui se posent, essaient de comprendre, le dessein de ce Dieu qui nous aime.

Il peut y avoir des personnes qui nous veulent du mal et nous en font mais si le Seigneur
permet, c'est qu'Il a un projet supérieur pour nous ! L'épreuve est toujours parole de Dieu dans notre vie, encore faut-il savoir la lire, l'entendre, la décrypter pour nous orienter dans le sens de l'attente de ce Dieu d'amour ! Il convient d'apprendre à imposer le silence à tous nos bruitages intérieurs pour entendre la douce brise de l'amour de Dieu qui nous murmure : va plus loin, plus haut, plus profond, entends ce que j'attends !
Dans la Parole de ce jour, Cléophas redit toute l'histoire à Celui qui vient de la vivre, Jésus !
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit :« Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »Il leur dit :« Quels événements ? »Ils lui répondirent :« Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth,cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple :comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré,ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël.Mais avec tout cela,voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur.Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau,elles n’ont pas trouvé son corps ;elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision :des anges, qui disaient qu’il est vivant.Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau,et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ;mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Le traumatisme est tel ,qu'ils n'arrivent plus à retrouver un peu de lucidité , à se poser les bonnes questions sur l'événement et ce qui leur a été rapporté, ils sont tellement dans leur marasme qu'ils ne lèvent même pas les yeux pour dévisager cet interlocuteur arrivé d'on ne sait où et qui les écoute avec bienveillance et, sans nul doute miséricorde. Ils sont tellement enfermés qu'ils reçoivent Sa Parole un peu comme hors du temps, :
« Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa
gloire ? »Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes,il leur interpréta, dans toute l’Écriture,ce qui le concernait. Jésus parle mais Ses Paroles glissent...Tout ça, ils le savent, mais en surface, LA PAROLE n'a pas pris chair en eux, ils n'en sont pas imprégnés, c'est un discours parmi d'autres discours, un de plus qui n'arrive pas au cœur de leur être, il n'y a qu'une chose qui demeure : ils ont cru et ils sont dépités, désabusés, défaits, ils ne voient que leur détresse, l'apparent échec d'un vécu récent : Jésus qui leur avait donné un élan, avait nourri leurs ambitions, n'est plus, c'est terminé !
Cela ne vous évoque rien ? Ne reconnaissez-vous pas notre superficialité ? Chaque dimanche, pour certains,chaque jour, depuis que nous fréquentons la Parole de Dieu, nous l'entendons, mais passée la porte de l'église ou de la chambre, nous nous lançons à corps perdu dans nos activités cloisonnant au maximum notre foi et notre quotidien ! La foi, son expression, c'est de l'ordre intime, de l'ordre privé, nous construisons un mur pour bien séparer les domaines ! Ne nous étonnons pas dés lors ,d'avoir des réflexes plus sous humains, qu'humains ! Nous récoltons ce que nous semons ! Comment reconnaîtrions-nous, Jésus chez l'immigré, le sorti de prison ... « j'étais en prison, j'étais un étranger, nu, ... » Ne nous étonnons pas d'être envahis par la tristesse, ne nous étonnons pas de ne pas reconnaître Ses passages, Sa présence dans nos vies, dans l'épreuve. Nous sommes tous les Cléophas de notre époque ! Nous avançons, les yeux rivés sur nos chaussures incapables de reconnaître « Celui qui passe dans nos vies ! » Celui qui nous fait signe pour nous entraîner plus loin, plus profond !
Le Seigneur passe...
oseras-tu
lancer ton cri de joie?
Christ est vivant, ressuscité,
qui voudra l'héberger?
Il s'est malgré tout, passé quelque chose : 

« Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient,Jésus fit semblant d’aller plus loin.Mais ils s’efforcèrent de le retenir :« Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. »Il entra donc pour rester avec eux. »
Un indicible ne leur permet pas d'abandonner « ce compagnon de route » ils ont marché ensemble, il leur semble naturel de partager le repas et de le garder pour la nuit ! Leur cœur est resté entrebâillé, l'inconnu peut s'y glisser et il ne se fait pas prier ! 
« Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. » Leurs yeux se dessillent, les écailles tombent, la solennité du geste : «  ayant pris le pain,il prononça la bénédiction » ce pain rompu et partagé dans diverses circonstances, ils voient autrement, la souffrance s'estompe, le cœur est brûlant, les doutes disparaissent (Lui aussi d'ailleurs!) mais la Paix est revenue, et la Paix ? C'est Lui, ils le savent !
« l’ayant rompu,il le leur donna. » ils n'ont vu cela nulle part ailleurs, c'est bien de Lui dont les femmes ont parlé, en transmettant le message de l'Ange, Lui que les compagnons ( les apôtres) n'ont pas retrouvé dans le tombeau trouvé ouvert comme les femmes le leur avaient dit ! Il est là avec eux, à la Table des éprouvés, des désespérés . Le temps de prendre conscience de cette insondable grâce et Il disparaît à leurs regards mais pas sans gonfler leur cœur de joie et leur permettre de réaliser « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous,tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »En
écoutant Sa Parole sur la route, imperceptiblement, leurs cœurs s'étaient raffermis, réchauffés, mais ils n'avaient pas les mots pour le dire ! C'est après, maintenant, qu'ils comprennent …
Cette expérience ne nous est pas totalement étrangère, qu'en pensez-vous ? Ne nous arrive-t-il pas, souvent, dans nos combats d'éprouver cette Présence chaleureuse, aimante, et cependant nous demeurons incapables de Le rejoindre là où Il habite, tout au fond de notre être. Vienne un événement, parfois très bénin , et nous reconnaissons Sa présence mais nous étions empêchés de Lui dire notre Amen !
Le Seigneur passe...
ouvriras-tu
quand frappe l'inconnu?
Peux-tu laisser mourir la voix
qui réclame ta foi?

Le Seigneur passe...
entendras-tu
l'Esprit de Jésus-Christ?
Il creuse en toi la pauvreté
pour t'apprendre à prier.
Quand nos deux compagnons comprennent, la fatigue tombe, ils n'ont plus faim, une seule chose compte : « À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :« Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre.À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route,et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. » Ils pensaient annoncer l'incroyable nouvelle et voilà que les apôtres ont eu la même expérience : JESUS EST VIVANT ! JESUS EST RESSUSCITE PREMICE DE NOTRE DEVENIR EN LUI !


C’est pourquoi mon cœur est en fête,
et ma langue exulte de joie ;
ma chair elle-même reposera dans l’espérance :
    tu ne peux m’abandonner au séjour des morts
ni laisser ton fidèle voir la corruption.
    Tu m’as appris des chemins de vie,
tu me rempliras d’allégresse par ta présence. Actes 2

Le Seigneur passe...
entreras-tu
dans son eucharistie?
Rappelle-toi que dans son corps
il accueille ta mort.
Le Seigneur passe...
oseras-tu
lancer ton cri de joie?
Christ est vivant, ressuscité,
qui voudra l'héberger?
Le Seigneur passe...
attendras-tu
un autre rendez-vous?
Pourquoi tarder?  Prends avec lui
le chemin de la vie.
Le Seigneur passe.
Quand PASSE le Seigneur ouvrons la porte, ll nous conduit vers des horizons illimités !

L'Ermite

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