POUR QUE LES BREBIS AIENT LA VIE

QUATRIEME DIMANCHE DE PAQUES

DIMANCHE DU BON PASTEUR

Journée de prière pour les vocations

(Jn 10, 1-10)

« Convertissez-vous,et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ
pour le pardon de ses péchés ;vous recevrez alors le don du Saint-Esprit.

Car la promesse est pour vous,pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin aussi

nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. » ...Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre furent baptisés.Ce jour-là, environ trois mille personnes se joignirent à eux. Act 2, lisons-nous dans la première lecture de ce jour ! Que signifie, se convertir, ou mieux encore, se laisser convertir ?

L’évangéliste Saint Jean relate une conversation entre Jésus et Nicodème, un notable juif :

  Jésus lui répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de renaître, ne peut voir le règne de Dieu. » Nicodème lui répliqua : « Comment est-il possible de naître quand on est déjà vieux ? Est-ce qu’on peut rentrer dans le sein de sa mère pour naître une seconde fois ? » Jésus répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. (Jn 3, 3-5) AELF

Jésus ne se fie pas aux apparences mais il est touché par les intentions qui habitent le cœur.

Pour Jésus, l’image de la seconde naissance selon l’Esprit de Dieu, dit quelque chose d’essentiel. Dés leur naissance, les êtres humains sont aimés de Dieu mais leur accueil actif de l’amour de Dieu et leur liberté sont requises. La naissance ne suffit pas en elle-même pour accéder à la révélation. Jésus dit de lui même qu’il est la Vérité et la vie mais aussi le chemin. Il est un passage à vivre, celui de la confiance en un Dieu qui se fait connaître tout au long de la route des hommes. Il s’agit d’une confiance aussi en la vie humaine capable d’accueillir la force qui la transforme et lui donne sens.

« Dieu, qui est invisible, s’adresse aux hommes comme à des amis et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion » (Constitution Dei Verbum, concile Vatican II, n° 2). Pour l’homme, devenir un être religieux implique un choix décisif. Naître, connaître, reconnaître, c’est seulement ce dernier acte, entièrement volontaire, qui manifeste la conversion. Ainsi dans la conversion, c’est l’homme qui se met à la découverte de Dieu.

« La foi et la conversion jaillissent du « cœur », c’est-à-dire du plus profond de la personne humaine, et l’engagent tout entière, explique le Directoire Général pour la Catéchèse (n°55). Par sa rencontre avec Jésus Christ et par son adhésion à sa personne, l’être humain voit se combler ses attentes les plus intimes, il trouve ce qu’il a toujours cherché et l’obtient en abondance. La foi répond à cette « attente », souvent inconsciente et toujours limitée, de connaître la vérité sur Dieu, sur l’homme et sur sa destinée. Elle est comme une eau pure sur le chemin de l’homme, pèlerin à la recherche de son foyer ».

La foi chrétienne est attachement à la personne du Christ et à la Vérité qu’il incarne. Mais cela n’est jamais fait une fois pour toutes. La foi n’est pas définitivement acquise. Elle nécessite d’être entretenue par la lecture biblique, la pratique des sacrements, la prière personnelle, l’accueil de l’Esprit Saint dans la vie quotidienne.

La conversion peut être un bouleversement, un renversement , tel Saint Paul, dont la conversion fut fulgurante au point de le désarçonner sur la route qui le conduisait à

Damas. De persécuteur des chrétiens, il devient un ardent prédicateur de la Bonne Nouvelle.

Tel François d'Assise, jeune fêtard malgré tout insatisfait, qui rêvait de chevalerie et qui est rejoint sur sa trajectoire par une voix qui le bouleverse :

" François, lequel vaut le mieux, de servir le maître ou de servir le serviteur ?"  

Il retourne à Assise pour demeurer fidèle à son rêve de grandeur et c'est là que, après une maladie qui risque d'aboutir à la mort, il médite sur sa vie vaine en attendant que la voie qui s'est ouverte en lui , le conduise à son vrai destin. Nous connaissons la suite . Se convertir, c'est franchir la « Porte étroite » dont Jésus nous parle aujourd'hui ! Et, cette Porte étroite, c'est Jésus Lui-même, c'est le baptême et tous les sacrements que nous offre l’Église, au Nom de Jésus ! 

 « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte ,mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.Celui qui entre par la porte,c’est le pasteur, le berger des brebis. Jésus est en même temps la Porte et le Pasteur, c'est par Lui que nous accédons au Père ! «  Sans Moi, vous ne pouvez rien faire ! »

Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. (Jean 10)

CO-NAITRE c'est-à-dire, naître avec, et naître avec qui, de qui, par qui ? Naître de Jésus, avec Jésus, en Jésus ! Et Jésus, c'est la Parole incarnée, Jésus, c'est l’Évangile, la Porte

étroite c'est l’Évangile, c'est par l’Évangile que nous devons passer, c'est par lui, que nous connaissons et connaîtrons Jésus ! Et c'est au sein de l’Église que nous apprenons, jour après jour à mettre nos pas dans ceux de Jésus ! Pas à côté, ni devant, mais dans les Siens. Jésus est le seul qui puisse nous apprendre à marcher de façon évangélique ! Il est le seul, dans le silence et le recueillement, qui puisse se révéler de façon juste à notre cœur et, pour cela il nous faut naître et renaître de l'eau et de l'Esprit ! Et jusqu'à notre dernier souffle, nous n'aurons jamais fini de Re-naître, car, l’Évangile est une source jaillissante, toujours nouvelle, dont le voile se lève chaque fois que nous le consultons, chaque fois que Jésus parle à notre cœur par les événements ! Quand nous ouvrons l’Évangile,, il nous révèle de nouvelles surprises, ce n'est qu'en Dieu, que nous Le comprendrons vraiment. Ici, nous avançons par petites touches et c'est le merveilleux de ce compagnonnage de Jésus . Jésus ne nous étouffe pas par une nourriture trop abondante, c'est un peu comme la mère oiseau qui donne la becquée à ses oisillons !

"En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s'il ne naît de nouveau, ne peut voir le royaume de Dieu. Jn 3 dit Jésus à Nicodème et nous n'en finissons pas de naître, d'advenir à notre vraie stature de fils et de filles de Dieu ! Et cela n'est pas réservé aux sages et aux savants : "Tu es le docteur d'Israël, et tu ignores ces choses! Jn 3 » Car Jésus se révèle aux petits, à ceux qui ont compris qu'il faut arrêter de raisonner et de résonner, ceux qui, humblement, se mettent à l’École de l'Amour ! « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits. (Luc 10) D'où vient-il en effet que l'on trouve des personnes démunies de tout et qui expriment une acuité spirituelle étonnante ? Dieu veut avoir besoin de nous , Il nous honore en cela, mais Il n'a pas besoin de nous pour se manifester, j'ai plusieurs fois eu l'occasion de le dire !

Le portier lui ouvre,et les brebis écoutent sa voix.Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom,et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes,il marche à leur tête,et les brebis le suivent,car elles connaissent sa voix.Jamais elles ne suivront un étranger,mais elles s’enfuiront loin de lui,car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. » Jésus parle dans l'absolu de la co-naissance ici ! C'est trop souvent en effet que nous suivons d'autres voix, et voies ! C'est trop souvent que nous accordons notre adhésion au dernier qui parle, à celui qui parle le plus fort, le plus haut, celui qui s'impose ! Est-ce que nous écoutons cette voix qui parle à notre cœur ? Y-a-t-il assez de silence dans notre vie pour nous permettre de reconnaître la voix du Bien-Aimé Jésus ? Comme la colombe du cantique des cantiques prenons-nous le temps de Le chercher pour Le trouver , ou mieux nous laisser rejoindre ? « Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui. Toute la nuit j'ai cherché celui que mon cœur aime. (Cantique 2)

Vous avez entendu ? Jésus connaît chaque brebis par son nom ! Et chacune est sensée reconnaître Sa voix ! Pour reconnaître Sa voix, il convient d'avoir pris l'habitude de tendre l'oreille de son cœur ! D'avoir pris l'habitude d'ouvrir bien grands ses yeux pour saisir Sa présence dans les événements , jusque dans les plus petits de notre vie ! Les vraies brebis du bercail de Jésus refuseront toujours de suivre d'autres voix que la sienne ! Celles qui s'éloignent hélas, qui broutent un peu partout, ne L'ont pas vraiment rencontré, Lui, le Bien-Aimé du Père , elles ne sont pas rentrées dans son intimité, elles sont restées à la périphérie, soit par légèreté, soit par peur d'être saisies totalement par cet amour fort et exigeant !

Ce dimanche est aussi celui où l’Église nous invite à prier plus particulièrement pour les vocations, toutes les vocations. Connaître sa vocation et la suivre, c'est le secret du bonheur ! A la croisée des chemins il est important de chercher et découvrir où, et en quoi je servirai le mieux mes frères. Il ne s'agit pas de chercher et trouver où je gagnerai le plus d'argent, il s'agit de trouver les dons reçus du Père pour les développer et les mettre au service de l'humanité ! L'exercice d'un métier , quel qu'il soit, me propulse vers mes frères ! A plus forte raison, l'appel au ministère ordonné, ou à la vie consacrée ! Combien de parents osent aujourd'hui éveiller leurs enfants ? Certes, il est important de rester discrets, de respecter l'éveil de nos enfants, mais n'étouffons jamais ce qui naît dans le cœur ! Il y a bien des façons d'être des éveilleurs ! Mes parents ne m'ont jamais poussée, ils ont accompagné mes différents engagements, sans la moindre pression et c'est indirectement que j'ai su, alors que j'étais déjà en route, qu'au jour de son mariage, dans la prière, maman avait demandé au Seigneur de lui accorder la grâce d'une vocation au sein de son foyer . Cette intention était dans sa prière quotidienne, mais dans le secret de son cœur !

Parents sommes-nous ouverts à offrir un de nos enfants pour le service de l’Évangile ? Le Seigneur nous le rappelle : « la moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux ! » Les ouvriers ? Ministres ordonnés, religieux religieuses, mais aussi laïcs franchement engagés au service de l’Évangile dans la catéchèse, auprès des malades, des personnes isolées, des jeunes, des pauvres ! Nous avons tant de façons de servir dans l’Église , tant de possibilités sans négliger les appels spécifiques! Il y a tant de façons, aussi, pour des parents de respecter la recherche de leurs enfants, tout en restant très discrets pour éviter des pressions fatales ! Pour mes vingt ans mes parents m'ont offerts trois cadeaux judicieux et très significatifs : un livre pour ma culture, une parure de jeune fille et l'Imitation de Jésus Christ ! Tout fut offert sans un mot mais dans un immense amour respectueux qui faisait confiance ! Ces trois cadeaux ouvraient des perspectives différentes, qui ne m'ont pas échappé. « Vois, je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal.Car je te prescris aujourd'hui d'aimer le Seigneur, ton Dieu, de marcher dans ses voies, et d'observer ses commandements, ses lois et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu multiplies, et que le Seigneur, ton Dieu, te bénisse dans le pays dont tu vas entrer en possession.… »Dt 30 , 15

Jésus employa cette image ( Jamais elles ne suivront un étranger,mais elles s’enfuiront loin de lui,car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. ») pour s’adresser aux pharisiens,mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait.L'image du berger est en effet parlante pour toute personne surtout à l'époque de Jésus où les bergers étaient nombreux ! Tous étaient capables de comprendre le sens de cette mise en garde ! Les brebis ne suivent pas n'importe qui, elles connaissent leur maître ! N'est-ce pas une invitation discrète à ne pas se tromper de Maître pour chacun de nous ? A éviter tous les gourous de notre époque, et Dieu sait s'ils sont nombreux et souvent enfermant ! Jésus, Lui nous invite à une liberté infinie !

C’est pourquoi Jésus reprit la parole :« Amen, amen, je vous le dis :Moi, je suis la porte des brebis.Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ;mais les brebis ne les ont pas écoutés.Moi, je suis la porte.Si quelqu’un entre en passant par moi,il sera sauvé ;il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage.Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie,la vie en abondance. »

Ce dernier verset mérite d'être écrit en lettres d'or ! Jésus nous appelle à la Vie, une Vie, pleine, joyeuse, abondante, nourrie à la source de l'amour ! Refuserons-nous cette grâce ?

R/ Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.
ou :Alléluia ! (cf. Ps 22, 1)

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours

Prière du Pape François  pour demander des vocations.

Père de miséricorde,
qui as donné ton Fils pour notre salut
et qui nous soutiens sans cesse par les dons de ton Esprit,
donne-nous des communautés chrétiennes
vivantes, ferventes et joyeuses,
qui soient source de vie fraternelle
et qui suscitent chez les jeunes
le désir de se consacrer à Toi et à l’évangélisation.

Soutiens-les dans leur application
à proposer une catéchèse vocationnelle adéquate
et différents chemins de consécration particulière.

Donne la sagesse pour le nécessaire discernement vocationnel,
afin qu’en tous resplendisse
la grandeur de ton Amour miséricordieux.

Marie, Mère et éducatrice de Jésus,
intercède pour chaque communauté chrétienne,
afin que, rendue féconde par l’Esprit Saint,
elle soit source de vocations authentiques
au service du peuple saint de Dieu.

Amen.

L'Ermite