samedi 25 octobre 2014

QUI LUI EST SEMBLABLE !

       TRENTIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE               
(Mt 22, 34-40) 



« Pour le mettre à l'épreuve » ! Les pharisiens ne désarment pas ! Jésus, la semaine dernière, les renvoyait à leur propre conscience, on pourrait espérer qu’ils se sont calmés, mais non, ils reviennent à charge sur un autre registre  avec cette arrière pensée de  mettre Jésus à l’épreuve. Ils cherchent la faille pour le faire tomber ! Quelle prétention ! Quel manque de foi surtout et quelle méconnaissance ! S’ils avaient tant soit peu compris qui est Jésus ils (les pharisiens, les docteurs de la loi) ne tenteraient plus de le mettre à l’épreuve.

« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »

Jésus, évidemment, n’a aucun mal à répondre, les Écritures, ne sont- elles
pas son domaine ? N’est-Il pas la Parole incarnée ? Calmement, Jésus
reprend les termes du Deutéronome avec une toute petite différence cependant :

Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. (Deutéronome 6)

Remarquons qu’à la place de « toute ta force » Jésus propose de « tout ton esprit ». Sans doute veut-il introduire une note de tendresse là où nous risquons d’envisager une obligation. Dieu, en effet, nous aime avec tendresse

« Je te fiancerai à moi! Dans la justice et le jugement, dans la grâce et la tendresse; (Osée 2)

Mais Jésus qui n’est pas venu abolir mais parfaire va les entraîner sur un chemin qu’ils ne soupçonnent pas :

« Voilà le grand, le premier commandement. »

S’il y a un premier, c’est qu’il y en a un second ! Et celui-là va les prendre de court, même s’il le connaisse, car il figure dans le Lévitique : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur !  Ils ne s’attendent pas au bref commentaire de Jésus.
                                                                                 
« Et voici le second, qui lui est semblable : »

L’adverbe « semblable » a une importance majeure ici ! Quand Jésus affirme que le second est semblable au premier, ne met-Il pas Dieu sur le même plan que le prochain et inversement ?

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Aimer Dieu, aimer son prochain, s’aimer soi-même c’est une seule et même façon d’être ! Si je ne m’aime pas, comment pourrai-je aimer mon prochain et, à fortiori aimer Dieu que je ne vois pas ? St Jean en fait la remarque dans sa 1e lettre :

Si quelqu'un dit: "J'aime Dieu ", et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; comment celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas ?  Et nous avons reçu de lui ce commandement: "Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère." (1 Jean  4)

En réunissant tous ces aspects de l’amour Jésus voit, lui-même, un résumé de la loi et des prophètes :

« Tout ce qu'il y a dans l'Écriture — dans la Loi et les Prophètes — dépend de ces deux commandements. »

Sans amour rien n’existe ! L’amour donne de la densité à tous nos actes, à toutes nos paroles. St Augustin n’écrit-il pas : « Aime et fais ce que tu veux ! » Si j’aime en effet, il n’y a pas de place pour le mal ! Aimer suppose que je développe un grand nombre de qualités : droiture, respect, oubli de soi, service, et tant d’autres, à vrai dire toutes les autres ! Si je mens, si je trompe croyez-vous que je puisse regarder mon semblable droit dans les yeux ? Si je ne me respecte pas moi-même, pourrai-je respecter l’autre, mon frère ? Si je ne pense qu’à mon bien-être, à ma réussite (on peut se demander ici : que signifie réussir ?) est-ce que je serai capable de faire une place à mon frère ? Si je fais des différences entre les hommes est-ce que je peux prétendre aimer ? Souvenons-nous de l’épisode du Bon samaritain :

« Lequel de ces trois (le prêtre, le lévite et le samaritain un étranger) te semble avoir été le proche de l'homme qui était tombé aux mains des brigands? " dit Jésus.  " Celui qui a pratiqué la miséricorde envers lui. "répond le Docteur de la loi. Et Jésus lui répond: " Va, toi aussi fais de même.  (Luc  10) »

Tout homme est mon prochain. Nous pouvons dès lors, entrer en nous-mêmes et nous interroger sur nos comportements.
                              
Nous sommes invités à reconnaître Dieu dans chaque créature. L’Amour est particulièrement exigeant, nous sommes souvent, très souvent conduits à redresser notre vision des choses et surtout des personnes car nous sommes terriblement tentés de regarder ce qui ne va pas chez notre frère au lieu de rendre grâce pour tout ce que le Seigneur fait de lui, en lui :
« Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ? »
remarque Jésus ! Oui, nous sommes très forts pour cela ! Essayons de comprendre pourquoi ? Ne trouvons-nous pas dans cette attitude le moyen de nous rassurer, sur nos propres déficiences ? Aimer ne va pas de soi, rien n’est jamais gagné d’avance. Il faut un intense, un incessant et toujours neuf investissement de soi. Un éveil, une vigilance que rien n’épuise, que rien ne lasse.
Dieu seul sait aimer et Dieu seul sait le prix de l’amour : Dieu, parce qu’Il nous aime follement donne son Fils unique pour révéler qui Il est, et le Fils n’a pas d’autre choix que de se livrer aux mains des méchants dont nous sommes, se livrer librement, sans un mot, sans armes, sans retour sur soi et cela jusque sur la croix, où Il offre gratuitement le paradis au larron repentant.

Je conclus avec quelques vers d’un assomptionniste dont les mots me parlent beaucoup :

AIMER, c’est toujours aller plus loin…
Plus loin que les apparences,
Plus loin que les déceptions,
Plus loin que les lassitudes,
Plus loin que les solitudes.
                               L’Amour est nomade.                                Il parcourt le désert à la recherche d’un puits…
L’Amour est porteur de lumière
Comme le visage qu’il anime et qu’il transfigure :
L’Amour est un feu qui brûle sans se consumer.

En effet, quoiqu’on puisse dire, l’amour ne se consume pas, il est neuf chaque matin, il nous propulse dans l’avenir, il nous fait vivre, il nous permet de nous donner chaque jour un peu plus !

Oh l’amour d’une mère, amour que nul n’oublie, chacun en a sa part et tous l’ont tout entier   écrivait Victor Hugo ! Oui, les vraies mamans savent aimer ! Que de fois je rends grâce au Seigneur pour l’Amour de ma maman et pour l’Amour de toutes les vraies mamans !

Que dire alors de l’Amour fou de Dieu  qui est Père et Mère en même temps ! Chaque jour, apprenons à aimer ! L’Amour est tout qui est Dieu-même ! Fût-on brûler d’amour à en mourir, on n’aime pas encore assez ! On aime jamais assez !



L'ERMITE


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