vendredi 17 octobre 2014

PRENDRE JÉSUS EN FAUTE !

VINGT NEUVIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Mt 22, 15-21



Personnellement je trouve ce passage de l’Évangile terrible, horrible, odieux ! Et, en même temps, il nous éclaire sur ce qui habite nos cœurs parfois ! Dès les premiers mots, nous sommes plongés dans les controverses auxquelles Jésus était soumis. Lui, le Saint de Dieu, Lui, venu pour sauver l’humanité, la soulager, la  guérir de ses maladies de l’âme et du corps, l’aider à porter son fardeau,  la libérer de ce fardeau puisqu’Il propose de le partager est confronté à la malice la plus infâme des hommes de son temps, et d’aujourd’hui, ne l’oublions pas !

Les pharisiens, d’hier et d’aujourd’hui, le visage haineux, transpirant la haine, « se concertent », dans quel but ? Non pas pour le bien mais « pour se donner les moyens de prendre Jésus en faute ».Tel est le contenu de leur réflexion ! « Prendre Jésus en faute » le faire tomber pour se donner de bonnes raisons de l’écarter jusqu’à le faire condamner et le mettre à mort.

« N’exagérons pas, murmurez-vous dans votre cœur, les temps ont changé ! » En sommes-nous si sûrs ? Les divisions ne sont – elles pas présentes, dans nos familles, nos communautés civiles, nos communautés ecclésiales, entre les religions ? Ne se sert-on pas de ces dernières pour éliminer des innocents parce qu’ils ne partagent pas nos idées, notre façon de prier ? Entre les partis politiques qui au lieu de prendre le meilleur de chacun, cherchent à se neutraliser, quand ils ne vont pas plus loin ? Les Pays qui rivalisent au lieu de se soutenir et tentent de grignoter de l’espace chez le voisin son frère ?
De ce mal, chrétiens, nous sommes solidaires et nous y contribuons chaque fois que nous entretenons la division dans notre sphère immédiate, chaque fois que nous repoussons l’autre en raison de sa différence ; si cet autre est différent de moi, je suis différent de lui en partant de son point de vue ! Ne devons-nous pas apprendre à inverser les situations ? Ne sommes-nous pas, obligatoirement différent de l’autre ? Réfléchissons, prions l’Évangile avec sérieux, non pas comme une jolie histoire pour enfants sages mais comme une Parole de Vie qui a conduit Celui qui l’incarne, Jésus, à mourir sur la croix. Que son sacrifice ne soit pas vain, qu’il nous élève et nous relève !

« Tout âme qui s’élève, élève le monde » écrivait Elisabeth de la Trinité mais le contraire est aussi vrai. Celui qui s’abaisse, abaisse le monde, il le tire vers le bas, frères ne soyons pas de ceux-là !

Remarquons la malice de nos frères, oui, nos frères les pharisiens, nous pourrions même oser dire nos « sosies ». « Nous le savons » Ils commencent par se présenter comme des partenaires de Jésus, et ils cherchent à enfoncer le clou par une odieuse flatterie. Nous dirions aujourd’hui « en lui passant de la pommade ». « Tu es toujours vrai, tu enseignes le vrai chemin de Dieu, tu ne te laisses influencer, tu ne fais pas de différences entre les gens »

Ce langage pernicieux ne fait qu’aggraver leur cas, ils assaisonnent leur discours avec tous les ingrédients des faussaires. Ils connaissent certaines qualités de Jésus, mais ils n’accueillent pas son être profond, ce qui fait de Jésus « le Saint de Dieu » comme le criera le possédé ! D’une certaine façon, eux aussi sont possédés par le Mal, parce que c’est le Mal qui guide leurs actes, c’est le Mal qui les domine, qui les conduit.

Jésus n’est pas dupe, Jésus, n’est jamais dupe parce qu’il sait, Lui, ce
qu’il y a dans l’homme Jésus connaît nos perversités aussi sa riposte ne tarde pas, il n’y a, en elle, aucune complaisance, Jésus a tout compris et le dit sans ambages : « Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre à l'épreuve ? ». Hypocrites ! Le mot est fort et tellement adapté à la situation : ne veulent-ils pas le prendre en faute ? S’ils semblent lui faire un compliment n’est-ce pas pour le piéger, comme l’exprime Jésus ? Comment peuvent-ils imaginer un seul instant que Jésus rentrera dans leur perversion. Nous voyons à quel point leur concertation est plate et superficielle, ils sont loin de comprendre la Vérité de Jésus et cela les rend lamentables en soulignant leur propre détresse de personnes terriblement pauvres enfermées dans leur péché !

Aujourd’hui, comme par le passé, c’est dans un monde contrasté et parfois éclaté que l’Évangile est semé, que la Parole de Dieu est annoncée. Même si le contexte est différent, notre situation n’est peut-être pas sans similitudes avec celle vécue par Jésus.

Ce dimanche est celui des missions. Il nous est rappelé aujourd’hui que l’Église, c’est-à-dire nous, est investie d’une mission : partager au monde l’Évangile que le Christ lui a révélé.

Par le Baptême tous les chrétiens sont invités à devenir prophètes, à
rendre témoignage à l’Évangile par leurs paroles et leurs actions. Les vrais évangélisateurs aujourd’hui, ce sont tous les baptisés qui ont conscience que leur foi est un trésor à partager. C’est chacun de nous, dans son milieu professionnel, sa famille, son quartier, auprès des personnes que la vie place sur notre route, celles qui nous aident, chrétiennes ou non, c’est chacun de nous qui peut et doit répandre la bonne odeur du Christ !

En effet, nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui se perdent:

Je ne l’invente pas, St Paul l’écrit dans sa deuxième lettre aux Corinthiens ! Le ferment dans la pâte ce sont tous les chrétiens anonymes qui vivent leur foi au cœur du monde d’aujourd’hui. La pâte monte bien plus par notre manière d’être que par nos paroles pour aussi constructives qu’elles soient !

Car le royaume de Dieu consiste, non en paroles, mais en œuvres, déclare encore St Paul dans la lettre aux Corinthiens.

Que notre conduite attire sur chacun de nous les torrents de grâce du Seigneur et non cette remarque, ô combien méritée, qu’Il adresse aux pharisiens. D’ailleurs, Jésus ne s’arrête pas à cela Il renvoie ses interlocuteurs perfides à leur propre réflexion.

Montrez-moi la monnaie de l'impôt. » 

Jésus la connaît cette monnaie, mais Il tient, à son tour, à les renvoyer à leur propre piège, et tenter de leur permettre de prendre conscience de leurs incohérences :

Ils lui présentèrent une pièce d'argent. Il leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? - De l'empereur César », répondirent-ils.
Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »


La remarque de Jésus n’est pas du tout polémique. Jésus ne cherche pas l’affrontement, ni la discussion inutile qui ne peut qu’envenimer la relation déjà bien tendue. Jésus les replace en face de la Vérité toute simple sans chercher à mettre le Pouvoir civil en opposition avec Celui de qui nous tenons tout. Jésus situe chacun à sa juste place, Jésus n’oppose pas, Il rassemble. César lui-même n’est rien sans Dieu mais Jésus se garde bien de le dire. Jésus leur demande simplement de respecter l’Un et l’autre, d’accorder à l’Un et à l’autre l’honneur qui convient et de servir l’Un et l’autre avec droiture.

Dieu nous veut libres responsables et créatifs. Dieu nous fait confiance. A nous de trouver les règles pour vivre en société et pour gérer nos biens. Dieu, tout comme l’Église n’est pas là pour nous dicter les réponses en ce domaine.



Dieu nous rappelle cependant que s’il faut rendre à César ce qui lui appartient ; il nous faut remettre aussi entre les mains de Dieu ce qui a été créé à sa propre effigie, à son image à Lui. Notre vie comme celle de tout homme. Évangéliser n’est-ce pas justement faire découvrir à tout homme qu’il a été créé à l’image de Dieu, qu’il est enfant de Dieu ? N’est-ce pas cela la Bonne Nouvelle ?

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté :
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi !
Il gouverne les peuples avec droiture.

                                                           Psaume 95



 L'Ermite

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