CINQUIEME DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
Année A
(Mt 5, 13-16)
Nous sommes toujours dans le Sermon sur la Montagne où Jésus s'est adressé à la foule qui le suivait . Maintenant, Jésus se tourne vers Ses disciples, les apôtres, nouvellement engagés, pour leur préciser quelques aspects importants de leur mission, les appelant d'une certaine manière , à la vigilance.
Jésus disait à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre.Mais si le sel devient fade,comment lui rendre de la saveur ?Il ne vaut plus rien :on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Pour mieux cerner la comparaison j'ai consulté Internet .Voici, ce qui est dit des vertus du sel :
« Le sel dans l'alimentation
A quoi sert le sel ?
Il régule la pression et le volume sanguin. Il est également essentiel au bon fonctionnement des muscles, au cheminement de l’afflux nerveux et au bon fonctionnement du cœur.
Mais voilà, il n’est pas nécessaire d’en consommer beaucoup.Historiquement, l’alimentation humaine ne contenait pas de sel ajouté. Ce n’est qu’il y a 6000 ou 8000 ans, au moment du développement de l’agriculture et de l’élevage, que le sel a commencé à être utilisé pour conserver les denrées alimentaires.
Hélas, le sel est un allié précieux de l’industrie agroalimentaire. Connu comme le principal « exhausteur » de goût, il permet de faire ressortir les saveurs d’un plat, même insipide, en plus d’avoir des propriétés conservatrices connues de longue date. Et ce n’est pas tout : le sel joue un rôle dans la texture de certains aliments, et permet de retenir l’eau et donc, indirectement, d’augmenter le poids des denrées. Une aubaine pour l’industrie ! » (Marjorie CREMADES Diététicienne)
Quand Jésus annonce aux Apôtres et, par extension, à chacun de nous : « Vous êtes le sel de la terre, c'est tout ce qui précède qu'Il attend de chacun , et nous demande d'être !
Le sel dans l’alimentation joue un rôle majeur. Jésus nous dit tout d'abord que nous avons à tenir un rôle majeur essentiel, à et pour, l'équilibre de l'humanité.En effet, celui, celle, qui appose en quelque sorte, sa signature au bas de la charte des chrétiens – les béatitudes - , en adhérant, par son baptême, aux exigences évangéliques, celui-là, partage avec l’Église tout entière, la responsabilité de la Mission confiée par le Maître : faire des disciples , annoncer, baptiser Mt 28 et, surtout, AIMER ! Jésus complètera plus tard par cette exigence : « Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, » (Jn13)… Le chrétien est même appelé à risquer sa vie , à la donner, pour qu'advienne le Royaume annoncé par Jésus car dit St Paul :Le chrétien a sa patrie dans les cieux Pour nous, notre cité est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps si misérable, en le rendant semblable à son corps glorieux, par sa vertu puissante qui lui assujettit toutes choses. (Ph 3) Peu importe sa vie, le chrétien doit être prêt à l'offrir pour sauver ses frères !
Le chrétien comme le sel est « indispensable » l’Église hiérarchique ne peut suffire seule pour atteindre « aux extrémités de la terre » Mt 28 Elle a besoin de femmes, d'hommes, de jeunes, d'enfants, qui, chacun à leur juste place, prend sa part , dans le milieu où , il, elle évolue ! Le « chrétien-sel » est indispensable pour élargir comme le prophétise le Prophète Isaïe, la Tente du Seigneur Dieu : « Élargis l'espace de la tente; qu'on déploie les tentures de ta demeure; ne les retiens pas, allonge tes cordages, et affermis tes pieux! Car tu te répandras à droite et à gauche, et ta postérité prendra possession des nations; et peuplera les villes désertes. Ne crains point, car tu ne seras pas confondue; n'aie point honte, car tu n'auras pas à rougir; » (Isaïe 54)
Comme le sel, le chrétien participe à l’équilibre, il régule Le « chrétien-sel » participe à l'équilibre de la société. Habité, en principe, par l'Esprit Saint, il fait preuve de réflexion, de sagesse, de prudence et sa parole pèse lorsque un groupe précis, doit prendre une décision.
Comme le sel , le chrétien est essentiel au bon fonctionnement ,au cheminement du don de Dieu: le chrétien-sel n'est ni figé, ni sclérosé , ni exagérément sûr de lui, il est en marche, et dans sa marche, il suit quelqu'un qui lui murmure :« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. (Jn 14) Il ne propose ni ne décide rien, sans avoir consulté, dans la prière, Celui, Jésus, qui l'éclaire, et le soutient. Il est fier de la foi reçue et la partage même s'il s'attire des railleries, voire des rejets, des violences, c'est l'avis de l'apôtre Pierre :Si l'on fait souffrir l'un de vous, que ce ne soit pas comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme dénonciateur. Mais si c'est comme chrétien, qu'il n'ait pas de honte, et qu'il rende gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien. (1P 4)
Comme le sel, le chrétien apporte sa pierre pour « conserver » : le chrétien-sel est un veilleur, une sentinelle qui ne fait et ne laisse pas faire n'importe quoi, n'importe comment. Quand il ne sait pas, il se forme et s'informe, il reste en lien étroit avec la hiérarchie de l’Église ,avec Sa doctrine,ses rites, pour en garder la pureté .
Comme le sel, le chrétien est un «exhausteur » de goût il permet faire ressortir les saveurs d’un plat, même insipide, là où passe le chrétien-sel, la « pâte humaine » prend du goût, un goût qui s'étend et se répand. Dans notre monde, trop souvent insipide, sa présence rend le Christ présent . Souvent, à l'arrivée d'un vrai chrétien-sel, les conversations changent, les comportements aussi, les histoires grivoises sont tues , on passe à un autre registre !
Voici quelques extraits de L’Épître à Diognète , lettre d’un auteur chrétien anonyme qui date de la fin du IIᵉ siècle. Il s’agit d’un écrit apologétique adressé à Diognète qui pourrait être le procurateur équestre en poste en Égypte entre 197 et 202 ; ou le philosophe stoïcien Diognète, un des précepteurs de Marc-Aurèle : pour démontrer la nouveauté radicale du christianisme sur le paganisme et le judaïsme .
Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire.
Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils ont tout en abondance. On les méprise et, dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie, et ils y trouvent leur justification. On les insulte, et ils bénissent. On les outrage, et ils honorent. Alors qu’ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. Tandis qu’on les châtie, ils se réjouissent comme s’ils naissaient à la vie.
En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde. L’âme habite dans le corps, et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde. L’âme invisible est retenue prisonnière dans le corps visible; ainsi les chrétiens : on les voit vivre dans le monde, mais le culte qu’ils rendent à Dieu demeure invisible. La chair déteste l’âme et lui fait la guerre, sans que celle-ci lui ai fait de tort, mais parce qu’elle l’empêche de jouir des plaisirs ; de même que le monde déteste les chrétiens, sans que ceux-ci lui aient fait de tort, mais parce qu’ils s’opposent à ses plaisirs. »
Dans la Lettre de l'Apôtre St Jacques nous trouvons également ,un beau portrait du chrétien dans l'épreuve :
« la conduite du chrétien dans l'épreuve
Ne voyez qu'un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toute sorte qui tombent sur vous; sachant que l'épreuve de votre foi produit la patience. Mais que la patience soit accompagnée d’œuvres parfaites, afin que vous soyez parfaits et accomplis, ne laissant à désirer en rien. Si la sagesse fait défaut à quelqu'un d'entre vous, qu'il la demande à Dieu, lequel donne à tous simplement, sans rien reprocher; et elle lui sera donnée. Mais qu'il demande avec foi, sans hésiter; car celui qui hésite est semblable au flot de la mer, agité et ballotté par le vent. Que cet homme-là ne pense donc pas qu'il recevra quelque chose du Seigneur: homme à deux âmes, inconstant dans toutes ses voies. Que le frère pauvre se glorifie de son élévation. Et que le riche mette sa gloire dans son abaissement; car il passera comme l'herbe fleurie: le soleil s'est levé brûlant, et il a desséché l'herbe, et sa fleur est tombée, et toute sa beauté a disparu; de même aussi le riche se flétrira avec ses entreprises. Heureux l'homme qui supportera l'épreuve! Devenu un homme éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. »(Jc 1)
Ah ! Excusez-moi, ne partons pas trop vite , Jésus nous demande d'être, non seulement SEL, mais encore LUMIERE , Il affirme même – c'est sous-entendu – que « Porte-Christ, Christophore, nous le sommes par adoption, par notre assimilation au Christ,. Il ne dit pas « soyez » mais « vous êtes » ! En ratifiant la « Charte des béatitudes » par notre baptême, et en l'assimilant, nous « sommes LUMIERE du monde ! Ecoutons-Le :
Si je sors en pleine nuit , les mains dans les poches sans le soutien d'un quelconque faisceau lumineux, quand le ciel encombré d'épais nuages cache les astres nocturnes, j'ai tous les atouts rassemblés pour me retrouver au sol ! De même à l'intérieur, si je dois affronter une coupure de courant sans avoir prévu cette éventualité, et sans connaître suffisamment l'espace où je me trouve, j'ai de fortes les chances de me heurter à tous les obstacles qui occupent le lieu et de me retrouver l’œil au beurre noir, avec , en prime, quelques ecchymoses douloureuses et disgracieuses, ici et là !
« Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde ; celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui. » (Jn 11)
Nous ne sommes pas faits pour la ténèbre, et notre âme encore moins, mais bien pour la lumière ! Si le chrétien s'adonne à des œuvres de ténèbres, quelles qu'elles soient – vices et passions de tous genres - il en sort terni, noirci, cabossé, défiguré, déformé, jusqu'à informe, complètement éteint !
« Autrefois vous étiez ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur, marchez comme des enfants de lumière. Car le fruit de la lumière consiste en tout ce qui est bon, juste et vrai. Examinez ce qui est agréable au Seigneur; et ne prenez aucune part aux œuvres stériles des ténèbres, mais plutôt condamnez-les. (Eph 5)
Agissez en tout sans murmures ni hésitations, afin que vous soyez sans reproche, simples, enfants de Dieu irrépréhensibles au milieu de ce peuple pervers et corrompu, dans le sein duquel vous brillez comme des flambeaux dans le monde, étant en possession de la parole de vie; et ainsi je pourrai me glorifier, au jour du Christ, de n'avoir pas couru en vain, ni travaillé en vain. (Ph 2)
"Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie." (Jn 8)
Suivre Jésus, écouter Sa Parole, obéir à ce qu'il me demande m'établit dans la Lumière. Non une lumière artificielle, fabriquée par les hommes, mais cette lumière intérieure qui illumine d'abord mon cœur et se reflète sur mes frères, leur apportant, épanouissement, joie, chaleur, amour. C'est exactement ce que nous dit Jésus ici :Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Si je veux irradier le monde de la lumière qui m'habite je dois proclamer ma foi et surtout en vivre ! Le rôle de l’Église, donc du chrétien est d'éclairer !
Partage
ton pain avec celui qui a faim,
accueille chez toi les pauvres
sans abri,
couvre celui que tu verras sans vêtement,
ne te
dérobe pas à ton semblable.
Alors ta
lumière jaillira comme l’aurore,
et tes forces reviendront
vite.
Devant toi marchera ta justice,
et la gloire du Seigneur
fermera la marche.
Alors, si tu appelles,
le Seigneur répondra ;
si tu cries, il dira : « Me
voici. »
Si tu fais disparaître de chez toi
le joug, le
geste accusateur, la parole malfaisante,
si tu
donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires,
et si tu
combles les désirs du malheureux,
ta lumière se lèvera dans
les ténèbres
et ton obscurité sera lumière de midi.
Isaïe dans notre première lecture ne parle pas différemment . Jésus ne l'oublions jamais, est venu ACCOMPLIR la loi et les Prophètes nous en avons ici un exemple concret ! Ma manière de vivre au milieu de mes frères , sans le moindre discours , révèle qui habite mon cœur !
Pour être le sel de la Terre
(Bernard/Michel Wackenheim/Bayard)
Refrain
Pour
être le sel de la terre,
Pour être lumière du monde,
Dieu
saint, donne-nous ta Lumière,
Dieu fort, donne-nous ton Esprit
!
1
Nous serons le feu que le Maître veut
répandre,
Flamme réveillée par le souffle de l’Esprit.
Nos
foyers d’amour feront naître une espérance,
Car le monde
attend la brûlure de ta Vie !
2
Nous serons le sel
apportant la joie de vivre,
Sa richesse vient du profond des
océans.
Toute chair a faim des saveurs de l’Évangile,
Fais
que notre pain ait du goût pour les vivants !
3
Nous serons
la lampe qui chasse les ténèbres,
Tu feras de nous des
flambeaux dans ta maison.
Comment rayonner ton visage de
tendresse
Sans être habités par la flamme du pardon?
4
Nous
serons le sel imprégné de ta sagesse,
Tu révéleras les
secrets de ton bonheur.
Nous les redirons aux plus humbles de la
terre
Par des mots de vie qui pourront toucher les cœurs.
5
Nous
serons la braise qui veille sous la cendre,
Tu nous garderas de
mourir à tout jamais.
Fais lever le jour où le feu vient à
reprendre,
Que nos yeux découvrent l’aurore de ta paix !
L'Ermite
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire