vendredi 6 septembre 2019

SANS ME PREFERER ...


XXIII è DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE


Année C

(Lc 14, 25-33)

Lecture du livre de la Sagesse
Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ?
Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?
    Les réflexions des mortels sont incertaines,
et nos pensées, instables ;
    car un corps périssable appesantit notre âme,
et cette enveloppe d’argile
alourdit notre esprit aux mille pensées.
    Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre,
et nous trouvons avec effort ce qui est à notre portée ;
ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ?
    
Et qui aurait connu ta volonté,
si tu n’avais pas donné la Sagesse
et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ?

    C’est ainsi que les sentiers des habitants de la terre
sont devenus droits ;
c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît
et, par la Sagesse, ont été sauvés.




« La Sagesse désigne la connaissance équilibrée, naturelle ou acquise des choses, mais aussi la connaissance inspirée des choses divines et humaines. Elle est un attribut de Dieu et une qualité spirituelle Le don de sagesse est un des sept dons de l’Esprit Saint qui permet de discerner le bien du mal (1er Livre des Rois 3, 9). La vraie sagesse vient de Dieu, elle a sa source dans sa Parole ».(Église Catholique)

La sagesse est la grâce de voir les choses avec les yeux de Dieu (9 avril2014,audience générale du pape François)

Demandons cette Sagesse-la pour bien accueillir et bien comprendre l’Évangile de ce jour !

Souvent nous avons pensé et dit que cette péricope s'adresse à celles et ceux qui ont entendu l'appel à une vocation spécifique : prêtres, religieuses et religieux ! C'est faire abstraction du premier membre du verset d'introduction :De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : Jésus ne s'adresse pas ici à Ses seuls apôtres mais à la foule qui Le presse de tous côtés  ! Ces gens, venus de partout qui ont faim et soif d'entendre Sa Parole de Vérité, ces gens qui se bousculent pour Le toucher espérant une grâce personnelle et spécifique, telle cette femme  :. « Or, une femme qui avait des pertes de sang depuis douze ans, et que personne n'avait pu guérir, s'approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement. A l'instant même, sa perte de sang s'arrêta. » (Luc 8). Nous sommes bien d'accord, c'est à nous tous que s'adresse la Parole de ce jour ! Et que nous dit Jésus ?« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme,ses enfants,ses frères et sœurs,et même à sa propre vie,il ne peut pas être mon disciple.Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. Jésus nous demande-t-Il de faire abstraction de nos liens familiaux alors que le Père, dans le décalogue nous recommande : « Honore ton père et ta mère, comme te l'a commandé le Seigneur ton Dieu, afin d'avoir longue vie et bonheur sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. » (Dt 5), Non et non ! Jésus, qui est Dieu, ne peut pas dire et ne dit pas autre chose que Son Père qui est Dieu !  « Je ne fais rien de moi-même; ce que le Père m'a enseigné, je le dis. Celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 8,28-29); Alors ?
Peut - être le moment est-il venu de nous asseoir comme le souffle la Parabole de celui qui veut construire une tour pour bien enraciner notre foi dans le cœur de Jésus, dans Sa pensée profonde et non dans la manière de penser du monde qui nous entoure ! Ou, encore, comme ce roi qui part en guerre, devons-nous armer notre vie de toutes les vertus qui nous permettront de participer aux attributs de Dieu pour en accueillir une bonne part qui nous aidera à combattre nos mauvais penchants, nos passions négatives et autres cortège qui nous font si facilement baisser la garde, au lieu de nous tenir debout en femmes et hommes responsables et libres !
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour,ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever,tous ceux qui le verront vont se moquer de lui :Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !’Que de choses en effet ne commençons-nous pas et laissons nous inachevées, par manque de moyens,parfois de réflexion, de courage, de persévérance … A nous de chercher et de trouver nos failles, pour tenter, avec l'aide du Seigneur, d'y remédier ! Jamais seuls évidemment, car notre véritable inspiration est en Dieu !
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi,ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes,affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?S’il ne le peut pas,il envoie, pendant que l’autre est encore loin,une délégation pour demander les conditions de paix. Ces deux rois c'est encore chacun de nous confrontés que nous sommes à toutes nos limites, parfois nos bassesses inavouables, et qui baissons les bras avant d'entrer en guerre en nous aidant de tous les moyens, sacramentaux et sacrements que nous offre l’Église pour mener ce combat spirituel ardu mais ardent qui nous fait triompher du Mal sous toutes ses formes ! Éclaires, fortifiés par l'Esprit de Jésus, nous mènerons avec St Paul le bon combat « J'ai combattu le beau combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. Dès maintenant m'est réservé la couronne de justice qu'en retour me donnera le Seigneur, en ce Jour-là, lui le juste juge; et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront aimé sa manifestation. » (2Tim 4)
« Combats le beau combat de la foi, conquiers la vie éternelle à laquelle tu as été appelé, comme tu l'as reconnu dans une belle profession de foi en présence de nombreux témoins. » (1Tim 6)
Combat qui nous permettra de connaître et de comprendre la hauteur la profondeur de l'Amour de Dieu pour chacun de nous au lieu de nous croire abandonnés, voire exclus !!
« Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur... Vous connaîtrez l'amour du Christ qui surpasse tout ce qu'on peut connaître. Alors vous serez comblés jusqu'à entrer dans la plénitude de Dieu. » (Eph 3)
« Car j'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni le anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu dans le Christ Jésus Notre-Seigneur. » (Rom 8)
Pour cela nous devons cultiver la foi reçue au baptême, entretenir sa flamme !
Oui asseyons-nous et essayons de comprendre ce que nous demande Jésus !
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme,ses enfants,ses frères et sœurs,et même à sa propre vie,il ne peut pas être mon disciple.Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Je rapproche volontiers ces versets de cette autre déclaration de Jésus :
« Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre? Non point, vous dis-je, mais bien la division. Car, désormais, cinq dans une maison seront divisés: trois contre deux, et deux contre trois. Ils seront divisés: père contre fils et fils contre père, mère contre fille et fille contre la mère, belle-mère contre sa belle-fille et belle-fille contre la belle-mère. » (Luc 12)
Jésus nous dit au fond la même chose dans les deux cas : en effet Jésus nous demande de Le préférer et d'en prendre les moyens envers et contre tout et tous ! D'abord, en combattant nos mauvais penchants, ensuite en affirmant cet amour par le témoignage auprès de nos proches . Il nous demande de ne pas céder aux intimidations, aux incompréhensions, parfois aux persécutions qui pourraient venir de ceux à qui nous devons la vie (nos parents par exemple) nos frères et sœurs qui peuvent prendre d'autres orientations et nous provoquer, et cela même au risque de perdre la vie comme le font les martyrs qui restent fidèles quelles que soient les oppositions auxquelles ils sont confrontés. Je ne peux m'empêcher, de penser à ces amis qui ont ouvert la porte de leur cœur à Jésus et qui, pour adhérer à cet amour , ont renoncé à revenir dans leur Pays et se sont coupés de tous les liens familiaux qui mettaient leur vie en danger. Je pense à ce prêtre franciscain qui a pris le risque, après Vingt cinq ans d'éloignement, d'un voyage au Pays et qui est rentré dans sa Communauté en prenant le premier avion parce qu'il était en danger de mort ! Semblable choix ne peut qu'engendrer une immense souffrance, un tiraillement , un déchirement car, qu'avons-nous de plus cher que les membres de nos familles ? Céder à des manipulations familiales serait renoncer à suivre Jésus qui nous demande de nous engager en passant par la porte étroite . Il est évident que nous connaissons alors un tel déchirement que celui-ci devient notre croix lourde, pesante, à porter sur le chemin de la vie, en espérant qu'un jour, ceux que nous aimons le plus au monde après notre divin
Maître comprendront et s'ouvriront à leur tour à la grâce de l’Évangile. « « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Je n'hésiterai donc pas à mettre
mon orgueil dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. (2Co 12) répond Jésus à St Paul qui lui demande de le libérer de cette écharde qui entrave son élan missionnaire ! Il répète la même chose à chacun d'entre nous, Nous devons compter sur Jésus seul et nous en remettre à Ses dons qui ne nous manqueront JAMAIS si nous gardons nos pas dans les siens. Les épreuves ne manqueront pas (l'écharde) mais Jésus nous soutiendra, nous portera et Il conclut :

Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient
ne peut pas être mon disciple. »
Et qu'est-ce qui nous appartient ? St François d'Assise ne craint pas de dire « nous n'avons en propre que notre péché » tout le reste nous est prêté par Dieu pour accomplir notre mission durant la durée de notre pèlerinage terrestre, c'est aussi le propos de Saint Paul :
« Ce que je viens de dire d'Apollos et de moi, n'est qu'une forme que j'ai prise à cause de vous, frères, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas aller au delà de ce qui est écrit, ne vous enflant pas d'orgueil en faveur de l'un contre l'autre.« Car qui est-ce qui te distingue? Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu? (1Cor 4).
Au risque de me répéter et je le dis avec assurance, nous n'avons en propre que notre péché, tout nous vient du Père et quand nous rentrerons à la Maison d'éternité nous n'aurons pour tout bagage que le poids d'amour de notre vie et UNIQUEMENT cela, alors dépêchons-nous d'aimer comme Il nous aime ! Semons l'amour au lieu d'entasser des biens que d'autres s'empresseront de dilapider, aimons vraiment parce que seul l'amour est vrai , mais l'Amour avec un grand A, non nos amours de pacotille qui ne durent pas plus qu'un feu de paille ! Seigneur qui nous aimes, apprends-nous à aimer COMME Tu aimes !

« Seigneur, je voudrais être de ceux qui risquent leur vie, qui donnent leur vie. A quoi bon la vie, si ce n’est pour la donner ? Seigneur, Vous qui êtes né au hasard d’un voyage et êtes mort comme un malfaiteur après avoir couru sans argent sur toutes les routes, tirez-moi de mon égoïsme et de mon confort, que, marqué par Votre croix, je n’ai pas peur de la vie rude et des métiers où l’on risque sa vie : marine, aviation, colonie... Des métiers où l’on engage sa responsabilité. Mais Seigneur, au-delà de toutes les aventures, au-delà de tous les risques d’une vie engagée dans l’action, au-delà de tous les héroïsmes à panache, rendez-moi disponible pour la belle aventure où Vous m'appelez. J’ai à engager ma vie, Jésus, sur Votre parole. J’ai à jouer ma vie, Jésus, sur Votre amour. Les autres peuvent bien être sages, Vous m’avez dit qu’il faut être fou. D’autres croient à l’ordre, Vous m’avez dit de croire à l’amour. D’autres pensent qu’il faut conserver, Vous m’avez dit qu’il faut donner. D’autres s’installent, Vous m’avez dit de marcher et d’être prêt à la joie et à la souffrance, aux échecs et aux réussites, de ne pas mettre ma confiance en moi mais en Vous. De jouer le jeu chrétien sans me soucier des conséquences, et finalement de risquer ma vie en comptant sur Votre amour. Seigneur, délivrez-moi de moi-même, donnez-moi Seigneur, une âme accueillante, un cœur ouvert, une main toujours prête à l’amitié, une main prête à recevoir de Vos mains, souffrances et joies, une âme qu’aucun bouleversement n’effraie, qu’aucun appel ne surprend, et qui soit prête à s’envoler vers Vous au jour où Vous voudrez bien m’appeler en votre Béatitude. Ainsi-soit-il. » 
Abbé Eugène Joly (1901-1987)

L'ermite

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire