vendredi 23 février 2018

ILS DESCENDIRENT DE LA MONTAGNE

DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME

Année B


(Mc 9, 2-10)
 
L’Évangile de ce dimanche est d'une très grande intensité spirituelle, pour les apôtres, pour les disciples de Jésus que nous sommes, par grâce.

La « transfiguration », littéralement, « le changement de figure », révèle, pour un cours instant, le vrai visage de Jésus , le Fils de Dieu.
Lui, de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu Phil 2, en effet Dieu s'est caché dans notre chair, Il s'est habillé de notre chair, au point de voiler Sa divinité «et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; (Philippiens 2) mais la Transfiguration permet, pour un cours instant de voir Son véritable visage, resplendissant d'un éclat inégalable, d'un éclat qui vient de l'Ailleurs qui participe à la Majesté même du Père, avec qui Il est UN.

Souvenons-nous de Moïse « Or, si le ministère de la mort, gravé en lettres sur des pierres, a été entouré de gloire au point que les fils d'Israël ne pouvaient fixer leurs regards sur la face de Moïse à cause de l'éclat de son visage, tout passager qu'il fût, combien plus le ministère de l'esprit ne sera-t-il pas entouré de gloire? (2Corinthiens 3) l'Ancien Testament
décrivait déjà le visage de Moïse , brillant d'un éclat surnaturel, soulignant ainsi l'origine divine de ses rendez-vous sur la montagne, et, par déduction, de la loi mosaïque «et les fils d'Israël voyaient rayonner son visage. Puis il remettait le voile sur son visage jusqu'à ce qu'il rentrât pour s'entretenir avec le Seigneur. »  (Exode 34) 

Les personnes de Moïse et d’Élie sont les deux personnages les plus importants de la Bible juive. Ils représentent respectivement la loi (la Torah) et les visionnaires (les prophètes). La transfiguration, en décrivant la conversation de ces deux personnes avec Jésus, montre comment Jésus assume ces deux traditions, l'Ancienne et la Nouvelle Alliance.

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean,et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. En tant que disciples du baptiste, Pierre et Jacques sont présents lors du baptême de Jésus et ils ont sans doute entendu la voix du Père «Or, il arriva en ces jours-là que Jésus vint de Nazareth de Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. Et, comme il remontait de l'eau, il vit les cieux entr'ouverts et l'Esprit qui descendait sur lui, comme une colombe. Et il y eut une voix des cieux : " Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j'ai mis mes complaisances. (Marc 1)

Lorsque Le chef de la synagogue demande à Jésus d'intervenir pour sa fille gravement malade Jésus «  Il ne laissa personne l'accompagner, sinon Pierre, Jacques, et Jean son frère. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l'agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. (Marc 5)

Au Jardin des Oliviers c'est toujours Pierre, Jacques et cette fois, Jean le disciple bien-aimé « Il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et veillez. » S'écartant un peu, il tombait à terre et priait pour que, s'il était possible, cette heure s'éloigne de lui. Il disait : « Abba ... Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux (Marc 14)

Au Baptême au moins deux d'entre eux entendent la voix du Père, les trois sont témoins de la résurrection de la fille de Jaïre, nous les retrouvons ici à la Transfiguration ce n'est pas innocent ! En effet, c'est encore eux qui seront invités à se faire proche de Jésus au Jardin des Oliviers. Comment tenir devant une telle souffrance et semblable débâcle, s'il n'y a pas eu, auparavant , un avant - goût du mystère. Nous savons que malgré tout cela il y aura des ratés, Pierre renie, Jacques et les autres fuient, Judas trahit, seul Jean reste debout au pied de la Croix avec Marie, la Mère de Jésus ! Nous pouvons penser qu'après la mort de Jésus, enfermés dans le cénacle, tout ces événements font surface , qu'au bout du tunnel de la Passion commence à sourdre la lumière qui sera couronnée par l'appel à la visite au tombeau vide et les différentes apparitions de Jésus après la Résurrection !

Pierre, quant à lui, ne peut pas, ne pas se souvenir des Paroles qui lui furent adressées par Jésus : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » !! et « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. » Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. » Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd'hui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas. » (Luc 22)

Que ce soit pour les apôtres ou dans nos vies personnelles, tout a du sens, absolument tout , le Seigneur conduit tout, et, si nous savons regarder, si nous relisons nos vies à la lumière de l’Écriture Sainte, nous sommes forcés d'admettre qu'hier préparait notre aujourd'hui, alors nous rendrons grâce et pourrons adorer en vérité !

Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Pendant qu'il priait, l'aspect de son visage devint autre, et son vêtement d'un blanc éblouissant. (Luc 9)
Et il se transfigura devant eux: son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. (Matthieu 17)

Marc nous dit que Jésus fut transfiguré, Luc que son visage devint autre, et Matthieu son visage resplendit comme le soleil, Luc précise qu'à ce moment-là Jésus priait. Que pouvons-nous comprendre et retenir ? Que la prière , la vraie, cette prière qui plonge l'être dans le cœur du Père, est transformante et que toute proportion gardée quand nous prions vraiment, Le Père nous transforme à l'intérieur et à l'extérieur. Nous n'en avons pas nécessairement conscience, mais cela EST ! Là où Dieu est PRÉSENT , cela se voit, les incroyants, ou les mal-croyants ne le nient pas, bien au contraire.

Si le Visage de Jésus resplendit comme le soleil, Il est d'une luminosité telle que c'est difficilement soutenable, certaines icônes représentent les apôtres complètement retournés, tellement la surprise est grande et le rayonnement brûlant !

Quand brûlerons-nous comme Jésus ? Quand nos frères seront-ils renversés en essayant de nous regarder !
 
Il n'y pas que le visage de Jésus qui change mais Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Marc "son vêtement d'un blanc éblouissant". (Luc 9) "ses vêtements devinrent blancs comme la lumière". (Matthieu 17)

Selon les spécialistes le blanc n'existe pas , la lumière est en effet ce qui le définit le mieux. Le blanc de blanc, comme dit la publicité, brûle les yeux, trop de lumière oblige à prendre les moyens d'atténuer cette luminosité . Les Prophètes, notamment Daniel, voient la divinité revêtue d'un manteau blanc et d'une barbe blanche ou comparée à de la laine pure ( Daniel 7 et 10) 
 
Dans la symbolique des couleurs le blanc est symbole de pureté, d'innocence. Au début du christianisme, le baptême était un rite initiatique et se nommait « l'Illumination ». Après avoir prononcé « ses promesses», le nouveau chrétien naissait à sa véritable vie . Il revêtait, selon le Pseudo-Denys, des habits d'une éclatante blancheur. Dans cette « trans-figuration » de Jésus, nous sommes invités à voir tout cela et, surtout la manifestation de Sa divinité. Si les trois apôtres choisis bénéficient de cette grâce insigne n'est-ce pas pour leur permettre de garder la foi au moment de l'abaissement « Il s'est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse, à la gloire de Dieu le Père, que Jésus-Christ est Seigneur» (Philippiens 2)
 
N'est-ce pas pour soutenir notre marche que le Seigneur, nous fait don de moments privilégiés ( retraite, intensité dans la prière,immanence parfois, signes évocateurs...) qui nous permettent de tenir dans l'épreuve et de porter notre regard plus loin ? 
 
Élie leur apparut avec Moïse,et tous deux s’entretenaient avec Jésus. ( Nous avons évoqué le sens de cette présence plus haut) Pierre alors prend la parole et dit à Jésus :« Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes :une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »De fait, Pierre ne savait que dire,tant leur frayeur était grande. La réaction de Pierre n'a rien de surprenant ! Les apôtres vivent une grâce d'exception, d'une intensité à nulle autre pareille, on peut imaginer qu'ils éprouvent une immense paix, la grâce des grâces ! Ils sont inondés par la lumière qui émane de Jésus, ils sont associés à Son intimité, ils perçoivent Sa Gloire comment auraient-ils envie de redescendre pour affronter la banalité et parfois la cruauté du quotidien et entendre les sarcasmes des ennemis de leur Maître ? Le désir de Pierre est légitime et parfaitement altruiste puisqu'il parle de dresser une tente pour Jésus, pour Moïse et Élie, dans son élan, il en vient à s'oublier et à oublier ses frères ! La paix et la joie le (les) comblent, ils resteraient bien là pour l'éternité si une nuée les couvrit de son ombre,et de la nuée une voix se fit entendre :« Celui-ci est mon Fils bien-aimé :écoutez-le ! »

La nuée céleste qui les enveloppe est le signe de la présence divine « La nuée couvrit la tente de la Rencontre, et la gloire du Seigneur emplit la Demeure. Moïse ne pouvait pénétrer dans la tente de la Rencontre, à cause de la nuée qui reposait sur elle et de la gloire du Seigneur qui remplissait la Demeure. A chaque étape, lorsque la nuée s'élevait et quittait la Demeure, les fils d'Israël se mettaient en marche. Si la nuée ne s'élevait pas, ils restaient sur place jusqu'au jour où elle s'élevait. » (Exode 40) 

 La voix céleste affirme la divinité du Fils pour enjoindre les disciples à l’écouter. Selon le texte évangélique. Écouter Jésus, c’est-à-dire, lui obéir avec intelligence, c’est donc obéir à la Sagesse éternelle, dont la Loi et les Visionnaires bibliques furent des expressions partielles. La religion juive trouve ici son accomplissement et son dépassement dans la religion chrétienne, laquelle contient la religion juive et la transcende. Dans la Bible, Moïse et Élie avaient eu la révélation de leur message sur une montagne : « Lorsque le Seigneur eut achevé de parler à Moïse sur la montagne de Sinaï, il lui donna les deux tables du témoignage, tables de pierre, écrites du doigt de Dieu. (Exode 31) et Élie se leva, mangea et but, et, avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, à Horeb. (1Rois (CP) 19) 
la transfiguration donne un visage à cette révélation. Ce que ces deux personnes avaient entre-aperçu sur leur montagne était la Raison divine faite homme, Jésus. Les apôtres vont devoir, maintenant, se rendre à l'évidence : ils viennent de recevoir une grâce incomparable, chargée de force et d'intelligence de la foi . Cette grâce exceptionnelle est comme un fortifiant qui devrait leur permettre d'affronter, le moment venu, la dure réalité du rejet de leur Maître, ils doivent à présent revenir à la réalité du quotidien. Ce qui vient de se passer est un avant-goût de ce qu'ils vivront et que tout chrétien est appelé à vivre durant l'éternité. Pour le moment il convient de continuer le combat contre les passions qui agitent l'être intérieur mais aussi celles du monde environnant, la route est encore longue, ils ne doivent pas céder à la « gourmandise spirituelle : « dressons ici trois tentes... » le monde les attend , tout en continuant à se former à l’École de Jésus, il leur revient d'annoncer la Bonne Nouvelle de l'Amour infini de Dieu aussi : Soudain, regardant tout autour,ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.Ils descendirent de la montagne,et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu,avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,

Comblés , débordants d’allégresse, ils osent ouvrir les yeux, et, stupéfaction : ils ne virent plus que Jésus seul ! L’Évangile ne dit rien de ce douloureux moment où il est impératif de revenir à la banalité du quotidien , nous savons simplement qu'Ils descendirent de la montagne, Sans doute ne réalisent-ils pas encore le privilège dont ils ont été gratifiés et qui engage l'a-venir, ils apprennent seulement qu'il ne doivent raconter à personne ce qu’ils avaient vu,avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, Et c'est Jésus qui leur en donne l'ordre en des termes qui malgré tout les dépasse. La Passion-Résurrection le prouvera ce n'est qu'avec la venue de l'Esprit Saint que tous ces événements trouveront leur accomplissement et que leurs yeux s'ouvriront vraiment. « Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: "C'est le Seigneur!" Simon-Pierre, ayant entendu que c'était le Seigneur, mit son vêtement et sa ceinture, car il était nu, et se jeta dans la mer. » (Jean 21)

Jésus s'approcha, et prenant le pain, il leur en donna; il fit de même du poisson. C'était déjà la troisième fois que Jésus apparaissait à ses disciples, depuis qu'il avait ressuscité des morts.Lorsqu'ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre: " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci?" Il lui répondit: "Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime." Jésus lui dit: "Pais mes agneaux." Il lui dit une seconde fois: "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu?" Pierre lui répondit: " Oui, Seigneur, vous savez bien que je vous aime." Jésus lui dit: "Pais mes agneaux." Il lui dit pour la troisième fois: "M'aimes-tu?" et il lui répondit: "Seigneur, vous connaissez toutes choses, vous savez bien que je vous aime." Jésus lui dit: "Pais mes brebis." (Jean 21)



Simon avait bien besoin d'être conforté dans Sa Mission de Pasteur universel, de colonne de l’Église naissante, devant ses frères, Jésus, le Miséricordieux le sait, et le confirme dans l'appel initial « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église … Pais mes agneaux, paix mes brebis ! » 
 
Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants
. (114, 9)

Je crois, et je parlerai,
moi qui ai beaucoup souffert. 
Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !

Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?
Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.

Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple,
à l’entrée de la maison du Seigneur,
au milieu de Jérusalem !
L'Ermite

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