vendredi 16 février 2018

QUI SONT MES BÊTES SAUVAGES ?

PREMIER DIMANCHE DE CARÊME
 ANNÉE B
(Mc 1, 12-15)

PETIT RAPPEL POUR LES OUBLIEUX :

Le nom carême vient de la contraction du mot latin quadragesima, qui signifie « quarantième ». La durée de quarante jours commémore à la fois :
    • les quarante jours et quarante nuits du jeûne de Moïse avant la remise des Tables de la Loi
    • et les quarante jours de la tentation du Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique
La pratique du carême remonte au IV e siècle Les jours qui ont précédé la Pâque et la mort de Jésus, ni Jésus ni ses disciples n'ont jeûné. Les récits des Évangiles indiquent qu’à Béthanie, seulement quelques jours avant sa mort, ses disciples et lui se sont rendus chez des gens, où ils ont pris des repas. Jésus a en outre mangé le repas de la Pâque la nuit précédant sa mort. — Matthieu 26:6, 7 ; Luc 22:15 ; Jean 12:2. C'est durant le Concile de Laodicée (348? - 381?) que fut prescrit l'usage exclusif du pain et des fruits secs pendant le temps qui correspondait au carême.

Au VIIe siècle, le carême fut établi dans son calendrier actuel. À cette époque, le jeûne consistait à ne prendre qu'un repas quotidien en fin de journée et à s'abstenir de toute nourriture les jours du Vendredi et du Samedi saints.

Aujourd'hui l 'Église demande aux fidèles de jeûner au minimum les jours du mercredi des Cendres et du Vendredi saint. Mais la pratique réelle du jeûne est difficile à mesurer. En outre, la tradition de manger maigre — c'est-à-dire de s'abstenir de viande et de plat à base de graisse animale — le vendredi se perpétue. Le début du carême est le mercredi des Cendres.
Les trois grands axes du CARÊME :
  • intensification de la Prière,
  • de la Pénitence ( jeûne, abstinence, et ce que l'esprit nous inspire)
  • du Partage ( le jeûne, en particulier, est orienté au partage.)
ILLUSTRATION (ALETEIA)

Le carême, c’est le moment où l’on réfléchit sur soi-même, où on laisse entrer Dieu dans nos cœurs et où l’on s’ouvre aux autres. Une réflexion, et des actions. L’abbé Amar nous explique dans une vidéo que le carême est avant tout l’occasion de « faire un peu le tri dans nos vies, de revoir la place de certaines choses, de certains désirs, de liens qui peuvent (je dis bien qui peuvent) nous ligoter, et nous empêcher d’être vraiment libre ».

 Des privations, donc. Mais
des privations intelligentes. L’abbé Amar aborde le sujet hautement polémique du chocolat : « Ce n'est pas interdit de manger du Nutella pendant le carême, allez-y, prenez en, on s’en moque. La vraie question c’est : « est ce que je suis libre par rapport au Nutella ? » Et puis aussi la cigarette, la télé, ou plein d’autres choses encore ! Les réseaux sociaux, mon smartphone, ma tireuse à bière, ma machine à café… Faites l’essai ! Supprimez tout ça pendant 40 jours – j’ai même envie de dire 10 jours, ou même 3 jours. Vous verrez, c’est très instructif, et on apprend beaucoup de choses sur soi-même ».  

Il s’agit de mener une réflexion constructive, de se débarrasser du superflu. Objectif : laisser plus de place dans nos vies et dans nos cœurs pour l’amour de Dieu. Une stratégie imparable démontrée par le Père Amar : « comme j’accepte d’être moins centré à l’intérieur, sur moi, sur mes désirs, sur mes petits plaisirs, bien logiquement, je vais être plus attentif à l’extérieur. A Dieu d’abord, par la prière, la messe, les sacrements […] Et puis je me tourne vers les autres, vers ceux qui vivent tout autour de moi, peut-être même les plus pauvres et les plus délaissés que j’avais complètement oubliés. C’est pour ça qu’on dit que le carême est un temps de partage. » Les trois « P » du carême : Prière, Pénitence, Partage. (ALETEIA)

Jésus venait d’être baptisé. C'est en ces termes que s'ouvre l’Évangile de notre premier dimanche de Carême ! Plusieurs parmi nous attendaient certainement le récit détaillé de Jésus au désert tenté par trois fois par Satan. Nous verrons que Saint Marc donne une version très brève de cet événement mais pas moins dense d'ailleurs ! l’Évangéliste oriente notre attention sur la baptême de Jésus or, les deux lectures d'ouverture de la Liturgie de la Parole parlent :
  • la première d'Alliance
  • la seconde de notre baptême
Et, cette seconde lecture éclaire, donne le sens profond de l'alliance établie par Dieu avec l'humanité : quand Noé construisit l’arche,dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes,furent sauvées à travers l’eau. C’était une figure du baptême qui vous sauve maintenant :le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ.

Jésus, Premier des baptisés, lui qui n'a pas besoin de purification, a épousé vraiment toute notre condition, sanctifié toutes les étapes et ouvert ainsi à l'humanité le chemin du Salut ! Ne nous dira-t-il pas à un moment, : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jean 14) 

Jésus, non seulement, à travers l’Évangile nous montre la Route, mais Il est cette Route, ce Chemin « sans moi, vous ne pouvez rien faire » Jn 15,5 que nous sommes appelés à
suivre pour faire partie de Ses amis. Comme Jésus commence Sa Vie Publique par le Baptême de Jean le Baptiste, de même, la porte qui ouvre une vie nouvelle à l'humanité, est le sacrement du Baptême, signe indélébile de notre alliance avec Dieu Père, et Fils et Saint Esprit ! St Paul est clair : le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ.

Si le baptême acte notre engagement, notre Alliance avec Dieu Trinité cela ne va pas de soi, il y a en effet quelqu'un qui n'apprécie nullement les amis du Dieu d'Amour, comment nous épargnerait-il, s'il a osé attaquer le Fils unique du Père. Il sait qui est Jésus, plusieurs fois, ne lui dira-t-il pas, par la bouche de « possédés » : « je sais qui tu es, tu es le saint, le Saint de Dieu » et Jésus ne manquera pas de lui imposer silence parce que Son heure n'est pas encore venue ! Comme Il le fait ici dans ce séjour au désert, St Marc dans cette version très brève souligne plusieurs points :

Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours,tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages,et les anges le servaient. l'événement désert a lieu immédiatement après le baptême
  • c'est l'Esprit qui pousse Jésus au désert
  • Jésus y reste quarante jours tenté par Satan
  • Jésus est confronté aux bêtes sauvages
  • heureusement, l’Évangéliste introduit une note de douceur : les anges Le servaient
Comment pouvons-nous appliquer ce verset à notre vie de chrétiens engagés par le Baptême à marcher dans les pas de Jésus ?
Il me semble que nous sommes invités à comprendre que si le baptême qui nous lie à la Très Sainte Trinité est « l'arme » par excellence pour faire face au maléfique , il n'exclut pas le combat spirituel . Jésus lui-même, sera constamment confronté au Mal et cela sur tous les fronts, tout au long de sa vie : les scribes, les Pharisiens, nous le rappelions dimanche dernier, dès sa naissance Il doit fuir devant Hérode, Ses apôtres qui ont parfois des difficultés à comprendre Ses paroles, Ses comportements et cela jusqu'aux derniers instants : l'un le trahit, l' autre le renie et Il se retrouvera quasi seul au moment de la crucifixion. 

Dès lors, l'ami de Jésus ne peut pas espérer vivre à la manière de Jésus, sans combat !Le Mal, sous différentes formes, est là , à notre porte ! Invitation à tricher, à mentir, à dérober, à détruire une réputation, provocations de toutes sortes, divisions dans les familles pour des broutilles en général, broutilles qui nous paraissent des montagnes, la société de consommation, le pouvoir, la quête de gloire, le profit... !
 
Si nous prenions le temps de regarder cela à la lumière de Jésus nous comprendrions que l'important est ailleurs ! « mieux vaut pour toi entrer dans la Vie boiteux ou manchot, que d'avoir deux pieds ou deux mains et d'être jeté dans le feu éternel. »Mt 18 
 
Mais nos perspectives sont courtes en général, et nous voyons l'immédiat de l'offense nous nous arrêtons à ce que nous pensons perdre remettant le vrai gain à plus tard bien plus tard ! Nous avons une fringale inouïe de jouissance immédiate ! Où nous mène-t-elle ? Demandons à Jésus la grâce de regarder haut et loin mais en vérité !

Les bêtes sauvages sont justement tout ce grouillement de passions diverses et variées, lancinantes ou violentes qui nous poussent à mal faire et à mal vivre ! Puissions-nous décider vraiment, sincèrement, de changer l'une de ces chaînes qui nous alourdit et nous empêche de remporter le trophée de l'Amour : « Vous savez bien que, dans les courses du stade, tous les coureurs prennent le départ, mais un seul gagne le prix. Alors, vous, courez de manière à l'emporter. Tous les athlètes à l'entraînement s'imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. Moi, si je cours, ce n'est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n'est pas en frappant dans le vide. Mais je traite durement mon corps, et je le réduis en esclavage, pour ne pas être moi-même disqualifié après avoir annoncé aux autres la Bonne Nouvelle.  » (1Corinthiens 9) Comprenne qui pourra, dit ailleurs Jésus !

Ce séjour de Jésus au désert, n'est-il pas un appel pour chacun de nous à savoir nous retirer , à faire silence, pour entendre la voix du Seigneur en nos cœurs ? Oh elle sera parasitée par toutes sortes de sollicitations, plus alléchantes et trompeuses les unes que les autres, (les bêtes sauvages de notre évangile) l'essentiel sera de tenir ce que nous avons décidé, l'effet se manifestera au moment où nous nous y attendrons le moins ! Dieu tient compte de notre désir, de notre bonne volonté, Il n'attend pas des prouesses, Il désire notre détermination , la fermeté de nos choix. Pensons et croyons que nous ne sommes pas seuls
dans ce désert, Jésus marche devant nous, Il en a fait l'expérience avant nous, mettons nos pas dans les siens, Il nous prendra sur Ses épaules . Là nous L'entendrons nous dire parfois tout en douceur, d'autres fois avec pugnacité « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » L'orientation du combat réside en ces quelques mots : se laisser convertir à la lumière de l’Évangile, croire que c'est possible, reconnaître qu'il s'agit d'un chemin de LIBÉRATION . Nous délester de tout ce qui nous encombre en tout ou en partie, nous saurons alors d'expérience, que Les temps sont accomplis :le règne de Dieu est tout proche, Il (Jésus) grandit en nous !

« Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu,
de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances.
Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession.Mais si tu détournes ton cœur, si tu n’obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux ( les convoitises de ce monde) et à les servir, je vous le déclare aujourd’hui : certainement vous périrez, vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession quand vous aurez passé le Jourdain. Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction.Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. » (Dt 30, 15-20)

Nous avions ce passage en première lecture jeudi, je le trouve particulièrement bien adapté à la liturgie de la Parole de ce premier dimanche de Carême. Prenons la Parole de Dieu au sérieux , la Parole de Dieu, c'est Jésus, dans l'Ancien Testament comme dans la Nouveau ! 
 
La Sagesse personnelle de Dieu, son Fils unique, est créatrice et réalisatrice de toutes choses. En effet, dit le Psaume :Tu as tout fait avec sagesse, la terre est pleine de tes créatures. Afin que les créatures non seulement existent, mais existent bien, Dieu a décidé que sa propre Sagesse descendrait vers les créatures (elle est descendue en et par Jésus) afin d'imprimer en toutes et en chacune, une certaine empreinte et représentation de son image (St Athanase d'Alexandrie.)


R/ Tes chemins, Seigneur,
sont amour et vérité
pour qui garde ton alliance.
(cf. 24, 10)

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne m’oublie pas,
en raison de ta bonté, Seigneur.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

l'Ermite

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