vendredi 8 avril 2016

POURQUOI ?

TROISIÈME DIMANCHE DE PÂQUES 2016

POURQUOI ?

Jn 21, 1-19


Dimanche dernier, Jésus a surpris les apôtres toutes portes verrouillées aujourd'hui, c'est à l'ai libre qu'Il les rejoint, et, qui plus est, au bord de l'eau, Il les attend même, car ceux-ci ont passé la nuit à la pêche ! Au lever du jour, à leur retour, quelqu'un, (Jésus) les interpelle depuis le rivage, eux ne Le reconnaissent pas immédiatement !

« Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage,mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. »

N'est-ce pas impressionnant ? Les apôtres ont vécu trois ans aux côtés de Jésus , Jésus les a rencontrés depuis Sa résurrection, et ils ne Le reconnaissent pas ! Pourquoi ? Sans doute espèrent-ils un Jésus bien différent de Celui avec qui ils ont cheminé, une espèce de « superman » et non Celui qu'ils ont connu, avec qui ils ont longuement parlé, dont ils ont
apprécié les enseignements… un Jésus glorieux, enveloppé d'une lumière éblouissante, irradiante, non pas ce Jésus que l'on peut confondre avec un jardinier, qui allume un feu de braise au bord de l'eau, qui partage un repas comme auparavant .

Certes, nous ne pouvons pas répondre à leur place mais il me semble intéressant de nous poser la question pour nous-mêmes ?

Cela fait vingt, trente, cinquante ans que nous avançons en Sa compagnie, que nous Le « touchons » dans et par les sacrements, que nous nous nourrissons de Lui, que nous Le fréquentons dans Sa Parole de Vérité, et, que vienne l'épreuve, la maladie, la perte d'un emploi, la perte d'un être cher, nous sommes désarçonnés, bouleversés, déstabilisés, nous accusons le monde entier de nous en vouloir, de chercher à nous nuire, à nous écraser, parfois, nous nous révoltons, il nous faut du temps, beaucoup de temps dans certains cas, pour trouver l'apaisement et devenir capables de dire , de croire vraiment, « c'est le Seigneur qui passe », Il me dit quelque chose de précis, Il me conduit là où je ne serais pas allé de moi-même ... » 

Ne ferions-nous pas partie de ceux qui attendent un Jésus, qui, comme une fée balayerait tous les obstacles, nous transformerait en saint en un instant, sans le moindre effort de notre part ? Notre Maître et Seigneur intervient quand nous ne l'attendons pas et là où nous ne l'attendons pas , j'ai plusieurs fois eu l'occasion de le dire, notre Christ nous surprend toujours, à nous de vivre en « veilleurs » pour ne pas nous laisser troubler !
J'apprécie beaucoup le chant liturgique qui développe certains des passages du Seigneur dans nos vies

Le Seigneur passe...ouvriras-tu quand frappe l'inconnu ? Peux-tu laisser mourir la voix qui réclame ta foi ? Le Seigneur passe...

Entendras-tu l'Esprit de Jésus-Christ ? Il creuse en toi la pauvreté pour t'apprendre à prier.

Le Seigneur passe...éteindras-tu l'amour qui purifie ? Vas-tu le fuir et refuser d'être l'or au creuset ?

Le Seigneur passe...entreras-tu dans son eucharistie ? Rappelle-toi que dans son corps il accueille ta mort.

Le Seigneur passe...oseras-tu lancer ton cri de joie ? Christ est vivant, ressuscité, qui voudra l'héberger ?

Le Seigneur passe...attendras-tu un autre rendez-vous ? Pourquoi tarder ?  Prends avec lui le chemin de la vie.
Le Seigneur passe.

Demandons à Jésus ressuscité, les uns pour les autres, non seulement de L'accueillir quand Il passe de façon plus pressante dans nos vies, mais de Le reconnaître, et de comprendre ce qu'Il veut nous dire, ce qu'Il veut creuser en nous pour nous permettre de mieux nous identifier à ce qu'Il attend de nous . Quand passe le Seigneur, soyons en éveil , pour qu'Il nous trouve debout pour emboîter Son pas, Son rythme !

C'est en effet, un Jésus tout ordinaire qui nous attend sur le rivage , il a faim et Il souhaite partager un repas, sur la grève avec Ses amis, avec nous !

Jésus leur dit :« Les enfants,auriez-vous quelque chose à manger ? »Ils lui répondirent :« Non. »Il leur dit :« Jetez le filet à droite de la barque,et vous trouverez. »Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.

Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre :« C’est le Seigneur ! »Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur,il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui,et il se jeta à l’eau. Les autres disciples arrivèrent en barque,traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.Une fois descendus à terre,ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.Jésus leur dit :

« Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons :il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. Jésus leur dit alors :« Venez manger. »Aucun des disciples n’osait lui demander :« Qui es-tu ? »Ils savaient que c’était le Seigneur.Jésus s’approche ;il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.

Cette péricope m'inspire quatre remarques :

- C'est Jean qui, le premier, reconnaît Jésus !

- Pierre entendant la remarque de Jean, n'hésite plus, il se jette à l'eau, pas sans avoir enfilé un vêtement par respect pour son Seigneur !

- Le filet est plein de gros poissons, on en compte cent cinquante trois !

- Après cette pêche étonnante Aucun des disciples n’osait lui demander :« Qui es-tu ? »Ils savaient que c’était le Seigneur.

Il ne faut pas longtemps pour que Jean, le disciple bien-aimé, celui que l’Église symbolise par un aigle, reconnaisse son Seigneur. On perçoit ici son acuité spirituelle, cette perception toute intérieure, qui lui permet d'identifier sans hésitation Celui qu'Il avait vu transfiguré sur le Tabor.
Quant à Pierre, il ne réfléchit plus, son tempérament fougueux, en un instant le jette à l'eau, c'est dire à quel point, Jésus a brûlé, saisi, , séduit son être. Il a aussi expérimenté le jugement sûr de Jean, il s'appuie sur lui, fait confiance et prend le risque d'aller plus loin dans cette rencontre inattendue.

Quant au filet, il est rempli de cent cinquante trois poissons et
contrairement à la pêche miraculeuse d'avant la résurrection ici, le filet ne se déchire pas ! ? Pour saint Jérôme, cela pouvait signifier une plénitude, une totalité, puisque les grecs de l’époque avaient répertorié l’existence de 153 espèces de poissons. Ce qui pourrait signifier , l'universalisme du salut et pourrait rejoindre ce qui est écrit à la fin de l’Évangile de Saint Matthieu «  de toutes les nations faites des disciples » Quant au filet, non déchiré cette fois, peut-être pourrions-nous y voir cette aspiration à l'unité de l’Église voulue par Jésus, et, pourquoi pas, l'image de la tunique de Jésus qui n'a pas été partagée « afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. »

Souvenons-nous de l'avertissement de Jésus à Pierre :

"Tu donneras ta vie pour moi! En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas que tu ne m'aies renié trois fois."
et du comportement de ce dernier lors de la Passion de Jésus . Que répond Pierre à la servante qui le reconnaît :

Je ne sais ce que tu veux dire. "

Et, comme on insiste :

" Je ne connais pas cet homme. "

" Je ne connais pas cet homme! " Et aussitôt un coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole de Jésus, qui lui avait dit: " Avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois. " Et étant sorti, il pleura amèrement. »

Le mal est commis, Pierre, au chant du coq se souvient de la Parole de Jésus, il réalise aussitôt sa faiblesse, sa fragilité, sa lâcheté, il sort et « pleura amèrement ».Le dialogue qui suit, ne peut en rien nous étonner, ne devrait-il pas même nous réconforter, nous fortifier, nous rendre débordants d'action de grâce et nous établir dans une paix durable ?

Au triple reniements, Pierre est invité par trois fois à exprimer son attachement à Jésus, et cela devant ses frères comme témoins !

Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre :« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond :« Oui,Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »Jésus lui dit :
« Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois :
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment? » Il lui répond :
« Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit :
« Sois le pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la troisième fois :
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné
parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait :« M’aimes-tu ? »
Il lui répond :« Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit :« Sois le berger de mes brebis.

Quant à Jésus s'Il pose par trois fois la question de confiance à son apôtre, ne nous révèle-t-il pas que Ses dons sont sans retour en arrière, sans repentance ? Ce qui est donné est donné ! Jésus connaît le cœur de Pierre, Il sait aussi qu'ayant expérimenté sa propre fragilité, il sera plus compréhensif, plus frère avec Ses semblables et, cela, pour l'éternité, quel que soit son successeur !Après avoir touché le fond de ses limites il ne peut que devenir prudent face à celles des autres. De plus, cette triple affirmation d'amour, signe son engagement -là où le péché surabonde la grâce surabonde » et le rétablit dans sa mission.de chef du collège apostolique et de l’Église tout entière ! Pierre expérimente l'insondable miséricorde de son Maître, il peut se souvenir de paroles maintes fois entendues » c'est la miséricorde que je veux, non les sacrifices » et Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! »

. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune,tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux,tu étendras les mains,et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »

Dans une vie offerte, livrée à l'amour de ce Dieu qui nous aime, au fur et à mesure que nous avançons sur ce chemin de foi, c'est très souvent, que nous sommes invités, par Jésus, à aller là où nous n'aurions pas choisi d'aller ! C'est Jésus qui conduite tout, Il sait ce qui est le meilleur pour chacun, à nous , comme Jésus le dit Lui-même en conclusion de cette péricope, de Le suivre « suis-moi » C'est toujours Jésus qui montre le chemin et pas le contraire, Il nous devance toujours , nous n'avons qu'à emboîter le pas. »voici que j'envoie mon Ange devant toi pour te garder en chemin, et faire entrer dans le lieu que je t'ai préparé. prends garde à lui, écoute sa voix, ne pense pas que tu puisses l'ignorer, si tu pèches, il ne te pardonnera pas, car Mon Nom est en lui; (Exode 23,20-23). C'est une expérience unique que de se recevoir conduit, porter, accompagner, ne jouons pas de nos gros muscles, entrons, joyeux dans le dessein du Seigneur pour nous, c'est la source de la joie, c'est la source de la Paix du cœur ! « Heureux celui qui entend la Parole de Dieu et qui la garde ! »


« Suis-moi. »


L'Ermite

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