FÊTE DU 15 AOÛT 2014
1 Cor 15, 20-27
En cette fête de
l’Assomption je me suis trouvée devant un choix très difficile. La liturgie
nous propose trois textes d’une richesse incomparable.
Le premier nous parle de
cette femme, « ayant le soleil pour
manteau, la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. » j’aurais aimé développer ce
texte d’autant que ma maman est entrée dans la paix de Dieu en priant ce
passage de l’Apocalypse.
Le second, de saint Paul aux Corinthiens parle de la
résurrection, j’y reviendrai
Quant au troisième, l’évangile du jour, il nous situe
au cœur de l’étonnante rencontre de Marie et d’Élisabeth sa cousine, et plus précisément
des deux enfants, Jésus et Jean-Baptiste qui se reconnaissent et par l’Esprit
Saint, inspirent la très belle louange d’Élisabeth « Tu es
bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment
ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car
lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli
d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des
paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
J’ai commencé par accueillir cet évangile et je suis
revenue à la lettre de Saint Paul parce qu’indirectement, elle nous présente
Marie comme la première des ressuscités après Jésus bien sûr ! Et c’est
bien ce que nous fêtons aujourd’hui !
Tous revivront, mais chacun à son rang : en
premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il
reviendra, écrit St Paul

Aujourd’hui, nous célébrons Marie mais nous fêtons
essentiellement Jésus, qui n’a pas attendu son retour glorieux à la fin des
temps pour unir à sa gloire cette femme unique entre toutes. « Tu es bénie
entre
toutes les femmes s’écrie Élisabeth et le fruit de tes entrailles est
béni ! » Jésus a choisi de glorifier Marie sans délai en
ne permettant pas que son corps connaisse la corruption du tombeau, mais il l’a
aussitôt élevée dans la Gloire comme une fille de Roi selon ce que nous avons
entendu dans le Psaume 44 : « Fille de roi, elle est là dans sa gloire »
La Dormition de la Vierge Marie est une conviction
ancienne, que célébrait déjà l’Église d’Orient au Ve siècle alors qu’une
première église lui était dédiée, sous ce vocable à Jérusalem.
Et c’est cette conviction demeurée constante par la
suite que le Pape Pie XII a définie comme un dogme de foi à la fin de l’année
Sainte, le 1er novembre 1950, par ces mots : l’Immaculée
Mère de Dieu « au terme de sa vie terrestre, a été élevée en son corps et
en son âme à la gloire du ciel. »
Personne ne peut décrire
avec précision notre état de ressuscités, ni où, ni comment vit aujourd’hui
Marie en son corps. Nous savons que nous entrerons, un jour, avec le Christ et
que nous serons transformés dans l’état définitif pour lequel nous sommes
créés. Nous savons aussi que Marie, est dès maintenant « auprès du Seigneur » dans la
Gloire et qu’Elle participe à sa condition de ressuscité.
Le Mystère de Marie, élevée
au ciel, nous annonce ce que nous deviendrons à notre tour, en marchant à la
suite du Christ. Pour Marie, Dieu a créé une demeure qui sera également la
nôtre et qui sera celle de toute l’Église à la fin des temps. Car l’Église,
enfin purifiée, devenue à son tour, sainte et immaculée, sera un jour élevée et
réunie dans cette même demeure du ciel. C’est pour cela que l’auteur de
l’Apocalypse nous parle de l’Église céleste, « de ce Temple qui est dans le ciel » Comme il nous parle
d’une « Femme ayant pour manteau le
Soleil, la lune sous les pieds, et sur la tête, une couronne
de douze
étoiles ».Ce texte a toujours été appliqué soit à Marie, soit à l’Église.
Le même auteur nous présente à la fin de son livre, au ch.21 la Jérusalem
céleste, l’Église enfin réunie au Christ et à Marie près du trône de Dieu.
Et je vis un nouveau ciel
et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient
disparu, et il n'y avait plus de mer. Et
je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, une Jérusalem
nouvelle, vêtue comme une nouvelle mariée parée pour son époux. Et j'entendis
une voix forte qui disait: " Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes:
il habitera avec eux, et ils seront son
peuple; et lui-même il sera le Dieu avec eux, il sera leur Dieu. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux,
et la mort ne sera plus, et il n’y aura
plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu.
" Et Celui qui était assis sur le
trône, dit: "Voici que je fais toutes choses nouvelles. " Et il
ajouta: " Écris, car ces paroles sont sûres et véritables. " Puis il me dit: " C'est fait! Je suis
l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je
donnerai gratuitement de la source de
l'eau de la vie. »
Ainsi, en Marie, nous savons
combien est grande et profonde l’œuvre de la Rédemption réalisée par le Christ,
et, à quel bonheur Dieu veut amener celles et ceux qui se laissent conduire par
Lui. De la Gloire où nous la contemplons, Marie nous indique, à sa manière, le
chemin où Jésus nous conduit, celui de la foi et de l’humilité.
« Bienheureuse celle qui a cru » s’écrie Élisabeth ! Marie est le modèle des
croyants. Elle a cru aux paroles de l’Ange, Elle a accepté sa mission et sa
vocation propres. Elle a vécu sa foi dans le silence de Nazareth. Elle a cru
malgré les apparences et même lorsqu’Elle ne comprenait pas : Ne saviez-vous pas qu'il me faut être dans les choses de mon
Père? " Mais ils ne comprirent pas la parole qu'il leur dit. (Luc 2, 50) Puis au
milieu des événements bouleversants de la Passion, de la Mort et de la
Résurrection de son Fils, Elle l’a aimé et L’a suivi jusqu’au dernier instant.
« Dieu s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse » Marie a vécu cette expérience mystérieuse et
profondément biblique où Dieu, lorsqu’il établit son règne « renverse les puissants de leurs trônes et élève les humbles ».
Il faut relire le Cantique d’Anne 1 Samuel 2, 1-10 pour voir l’enracinement
biblique de sa foi.
L'arc des puissants est
brisé, et les faibles ont la force pour ceinture. (1Samuel 2)
Marie a proclamé pour les
générations à venir l’esprit des béatitudes et ce qui est au cœur de la Bonne
Nouvelle.
Jésus dira dans le même
sens : » Père je proclame ta
louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux
tout-petits. Oui, Père tu l’as voulu ainsi dans ta bonté »
Ainsi, l’humilité de la
Vierge Marie est la clé de toute vie chrétienne et le fondement de toute
vocation. Si Elle fut ainsi remplie de la grâce et de l’affection de Dieu,
c’est en définitive parce qu’elle a consenti à Lui laisser toute la place. « Ne gardez pour vous rien de vous,
disait St François d’Assise, afin que vous reçoive tout entier, Celui qui se
donne à vous tout entier. » En raison de nos fragilités, c’est pour
nous, le travail de toute une vie.
La foi et l’humilité sont
donc les deux points d’appui de notre route vers la demeure définitive où Marie
habite déjà avec Jésus.
En ce jour où nous célébrons
l’entrée de Marie au ciel avec son corps demandons-lui, les uns pour les autres,
de nous faire grandir dans la foi et dans l’humilité, dans la confiance et
l’abandon !
Ensemble nous recevons dans
la joie, le message de cette fête de l’Assomption de Marie entrée par grâce
dans le sein du Père, glorifiée par Jésus ! Nous nous réjouissons dans la
Trinité Sainte qui continue de favoriser les humbles et de faire pour nous des
merveilles !
Et nous terminons avec Paul
Claudel :
Il est midi, je vois l’église ouverte. Il faut entrer !
Mère de Jésus Christ, je ne viens pas prier. Je n’ai rien à offrir et rien à
demander. Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela, que je
suis votre enfant et que vous êtes là !
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête.
Midi ! Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes !...
Chanter parce que vous êtes belle, parce que vous êtes
Immaculée,
La femme, dans la grâce enfin restituée…parce que vous
êtes la Mère de Jésus-Christ, qui est la Vérité entre vos bras, et la seule
Espérance et le seul Fruit.
Parce qu’il est Midi, parce que nous sommes en ce jour
d’aujourd’hui, parce que vous êtes là, pour toujours, simplement parce que vous
êtes Marie, simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus Christ, soyez remerciée.
L'Ermite
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