vendredi 22 août 2014

A QUI PERD, GAGNE !

VINGT DEUXIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(Mt 16, 21-27)


Pierre avait dit à Jésus : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »

Ce simple rappel laisse entendre que nous vivons un tournant dans la relation de Jésus et de ses apôtres. Jésus, en effet, accomplit des miracles devant eux, Jésus les envoie en mission, Jésus multiplie les pains, Il étend son influence en milieu païen, Il vient d’effectuer un sondage d’opinions où Pierre le déclare Messie, ce que Jésus ne réfute pas, au contraire. Tout ceci pourrait-on penser le campe en Maître devant tous, ils se sentent en sécurité et pensent que le moment ne tardera plus où, même si Jésus s’en défend, ils pourront l’établir comme roi et ils seront libérés de l’oppression de l’occupant romain. Or voilà que Jésus tient des propos insoutenables qui ne s’accordent guère avec l’idée que les uns et les autres se font de l’avenir !

Jusque là, Jésus a tenu tête aux scribes et aux pharisiens; chaque fois que ceux-ci le remettaient en question, avec finesse, Jésus renversait la situation et les renvoyait à leur conscience, la vraie conscience, là où l’homme est obligé de réfléchir, même s’il donne ensuite une réponse inadaptée pour ne pas perdre la face devant ses partenaires.

Or, voilà que Jésus leur tient des propos irrecevables dans un tel contexte, les uns et les autres viennent de vivre des moments très forts, des heures presque triomphales, où l’on est fiers d’appartenir à Ses proches, de faire corps avec Ses intimes, Jésus semble tout renverser, bouleverser même, Il se met à parler de souffrance, de mort certaine perpétrée par ceux-là que Lui, Jésus, semblait dominer, à savoir : les anciens, les chefs des prêtres, les scribes, Il parle même de résurrection, s’en est trop ! Pierre, le bouillonnant, l’ami aussi, celui qui a reçu, sans tout comprendre d’ailleurs, le « service des clefs », n’y tient plus, fidèle à sa spontanéité, il prend Jésus à part et le morigène :
Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches :

« Dieu t'en garde, Seigneur ! Cela ne t'arrivera pas. »

Hier c’était l’allégresse, on était presque dans l’exaltation et, subitement, c’est un tournant à cent quatre vingt degrés, Jésus annonce un chemin escarpé, rude, où Il devra beaucoup souffrir jusqu’à être tué. Pierre ne peut pas supporter de tels propos, il réagit en ami, en frère même ! La réaction de Jésus ne se fait pas attendre,  tout aussi vive que celle du disciple, elle peut même nous paraître violente :

Mais lui, se retournant, dit à Pierre :
« Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route ; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

A vrai dire, ce n’est pas Pierre en tant que personne qui est ainsi traité par Jésus, mais Jésus démasque celui qui manipule Pierre et le conduit à tenir des propos déplacés, guidés par l’affectif, la domination, la prise de pouvoir.

A ce stade, Pierre n’a pas encore compris quel Maître est Jésus, et sur quelle
route Il les entraîne tous …ce chemin d’humilité, de pauvreté, d’obéissance, de pur service, d’amour totalement désintéressé… cela Pierre et les autres, et chacun de nous, le comprendrons, peu à peu, en glissant nos pas dans les pas du vrai Maître, non un dominateur, mais le Serviteur pas excellence, Celui qui lave les pieds de ses frères ,qui n’a d’autre désir que celui de plaire à son Père,

 « Et celui qui m'a envoyé est avec moi, et il ne m'a pas laissé tout seul, parce que je fais toujours ce qui lui  plaît." (Jean 8)

d’autre volonté que d’accomplir la volonté de son Père,

« Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui  m'a envoyé. » (Jean  6)

 et dans quel but ? Celui de régner certes, non sur des territoires avec des armes et des chars mais dans les cœurs :

Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a  donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. (Jean  6)

Voilà la royauté en action de Jésus ! Et tous ceux qui, après Pierre, après les apôtres, après les Pères de l’Église et tous ceux qui accepteront de marcher dans les pas de Jésus, tous ceux-là apprendront  comme l’exprime Saint Paul dans la seconde lecture de ce jour à se laisser transformer, pour plaire à ce Dieu qui nous aime en Jésus le Sauveur :

« Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »

Le chemin des disciples ne sera pas différent de Celui du Maître, Jésus ne nous trompe pas, 


 Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et

qu'il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera.
Quel avantage en effet un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s'il le paye de sa vie ? Et quelle somme pourra-t-il verser en échange de sa vie ?

Ces versets mériteraient une longue et profonde attention nous aurons, je n’en doute pas, l’occasion de les méditer ensemble, avec l’aide de l’Esprit d’amour :

Seigneur, tu as voulu me séduire, et je me suis laissé séduire ; tu m'as fait subir ta puissance, et tu l'as emporté. À longueur de journée je suis en butte à la raillerie, tout le monde se moque de moi.

proclamait Jérémie dans la première lecture. La « puissance » dont il est question ici n’est pas celle qui fait courber l’échine, il s’agit de la « puissance » d’un Dieu qui est Père et qui n’a d’autre désir, d’autre dessein, que le Salut de ses enfants. Ce Salut passe par de nombreuses purifications, « ces transformations » évoquées par St Paul, cette victoire suggérée par le Prophète «  tu l’as emportée » purifications, qui renouvellent l’être, le libèrent de ses esclavages, le peaufinent, le cisèlent, comme une pierre précieuse, comme l’or éprouvé par le feu

« afin que l'épreuve de votre foi beaucoup plus précieuse que l'or périssable que l'on ne laisse pourtant pas d'éprouver par le feu, vous soit un sujet de louange, de gloire et d'honneur lorsque se manifestera Jésus-Christ. " (1 Pierre  1)

« Car chacun doit être salé par le feu ». Précise St Marc au chapitre 9 de son évangile. Purifier, éprouver, saler autant d’expression qui évoquent que pour sauver sa Vie avec un V majuscule, il est nécessaire de perdre sa vie avec un v minuscule, perdre tout ce qui nous alourdit, nous tire vers le bas, nous maintient dans la poussière, dans des valeurs qui n’ont rien à voir avec l’Évangile, et qui, pour cette raison ne sont pas d’authentiques valeurs mais des futilités qui plombent notre vie.

Soyons sérieux, osons nous poser la question du jour : mes vues sont elles celles de Dieu ou celles du Satan ? à chacun de répondre en son âme et conscience .


L'Ermite

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