vendredi 3 janvier 2025

NOUS SOMMES VENUS ADORER L'ENFANT


ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

Année C



(Mt 2, 1-12)

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand.Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent :« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »    En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.    Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.Ils lui répondirent :« À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :    Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »    Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;    puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
    Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.    Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.    Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
    Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.


QUE FÊTONS – NOUS A L’ÉPIPHANIE

La fête est venue d’Orient où elle a été fixée au 6 janvier : fête des lumières, fête de l’eau, elle est beaucoup plus la célébration de l’inauguration du ministère public du Christ, lors de son baptême  au Jourdain, qu’une festivité des événements de l’enfance de Jésus.

Dans la liturgie latine, là où ce jour n’est pas férié, la célébration de cette fête est fixée au dimanche le plus proche du 6 janvier, afin que le plus grand nombre des fidèles puissent la commémorer.  En 2024, le 7 janvier en France .

En Occident, elle est surtout la fête des Mages ou des « Rois ». Les manifestations inaugurales de la vie publique ne sont pas oubliées, puisque l’office de la fête parle des trois mystères de ce jour comme n’en faisant qu’un : l’adoration des Mages, le baptême de Jésus et les noces de Cana (cf. Antienne de Magnificat aux secondes Vêpres) ; il faut dire cependant que les Mages retiennent presque toute l’attention.

Nous célébrons trois mystères en ce jour : aujourd'hui l'étoile a conduit les mages vers la crèche ; aujourd'hui l'eau fut changée en vin aux noces de Cana ; aujourd'hui le Christ a été baptisé par Jean dans le Jourdain pour nous sauver, Alléluia.

Pour laisser à l’Épiphanie toute sa dimension de « Pentecôte » du cycle de la Nativité, l’Église latine a récemment instauré la Fête du Baptême du Seigneur

Église Catholique de France.

Essayons d'accueillir le message de l’Évangile de ce jour avec un cœur d'enfant, un cœur renouvelé par l'extraordinaire venue de Jésus en notre monde : Dieu dans un Enfant ! Dieu qui se fait l'un de nous ! Dieu dans le costume étriqué de notre humanité ! Dieu inoffensif, et qui, pourtant, éveille des peurs !

Nous sommes en présence de deux regards bien différents :

Premier regard : Des Mages, venus d'Orient, qui ont suivi une étoile pour rendre hommage au roi des Juifs qui vient de naître. Oui, mais voilà, l'étoile qui les précède pour leur indiquer quel chemin prendre, disparaît subitement et les Mages sont désorientés ! Que faire  sinon chercher à se renseigner auprès des gens du Pays, ils ne peuvent pas ignorer ce récent événement : Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent :« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »  

Deuxième regard :

En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.    Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.    Ils lui répondirent :« À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Le Roi Hérode le Grand est l'un des personnages les plus importants de l'Histoire de l'époque . La présence d'un autre possible roi, même enfant, le déstabilise. Qu'en sera-t-il de son Règne, de sa Royauté ? Accepter sans broncher l'existence d'une autre royauté sur son propre territoire ce n'est pas envisageable pour

Hérode, à vrai dire, pour quiconque ! Hérode est connu pour être intraitable et terriblement jaloux de sa position. Si quelqu'un manifeste une trop grande popularité, il le supprime . Hérode n'a pas eu peur de faire assassiner des membres de sa propre famille qui semblaient lui faire de l'ombre ! L'annonce d'un enfant-roi qui vient de naître est loin de le rassurer, il se sent en danger . De plus, cet enfant est présenté comme potentiel roi Juif alors que lui-même, Hérode, a été reconnu comme Roi Juif, à la mort de son propre Père, par le pouvoir Romain qui occupe le Pays  , cette annonce lui est insupportable ! Il a malgré tout la finesse de se renseigner auprès de gens susceptibles de l'éclairer.La clarification apportée, loin de le rassurer le fait vaciller ! Si Hérode est intraitable et cruel, il est aussi fourbe, fort des renseignements reçus  :

Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »

Même sans connaître la suite de l'histoire, on comprend vite la subtilité de sa stratégie. Manipulateur accompli, Hérode se montre gentleman avec les Mages à qui il donne les renseignements recueillis . Il leur demande même de repasser au Palais pour donner des précisions sur cet enfant dans le but hypocrite, d'aller à son tour se prosterner devant lui ! En réalité, nous l'avons compris, Hérode a , depuis l'annonce, la volonté d'éliminer le gêneur . Les Mages l'ignorent, car ils ne sont pas au courant des rivalités intestines, ils repartent heureux, certains d'être proches du but, Bethléem est à environ 9 kilomètres.

 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Ô surprise, l'étoile qui a, un moment disparu, brille de nouveau et les précède Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait,jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Elle va même conduire les Mages jusqu'à l'endroit où repose l'Enfant !

Il arrive que nos vies se frayent un passage à travers ombres et lumières, certaines ombres nous apparaissent comme des montagnes infranchissables et nous perdons pied ! La crainte nous envahit c'est le brouillard absolu, nous ne savons plus quelle direction prendre, pour quelle décision opter, nous sommes un peu perdus et , tentés parfois, d'aller chercher la lumière auprès de personnes, en des lieux, qui ont pignon sur rue et qui risquent de nous dévoyer, d'amplifier subrepticement notre mal-être... Le Soleil-Jésus n'est jamais loin de nous puisqu'Il est en nous , il semble dormir comme dans la barque de Pierre qui s'enfonçait dans les flots en furie, à nous de nous arrêter pour écouter et entendre la petite voix discrète qui se manifeste tout au fond de notre être et l’Étoile percera les nuages pour nous montrer la direction où nous retrouverons le Soleil-Jésus qui nous attend. C'est exactement ce qui arrive au Mages :

Quand ils virent l’étoile,ils se réjouirent d’une très grande joie.    Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds,ils se prosternèrent devant lui. Pourtant, le lieu est bien loin d'être somptueux ! La « maison » selon la Tradition, est un abri pour les animaux ! Où sont les ors ? Où sont les serviteurs ? En guise de draps brodés : de la paille ! Pour réchauffer l'atmosphère : la respiration d'un âne et d'un bœuf ! Pour entourer le Petit Roi Juif un jeune couple démuni de tout, sauf du sens de l'accueil, de l'amour qu'il transpire, pour l'Enfant, pour les passants, les bergers qui sont arrivés les premiers, donc des pauvres , et c'est cette pauvreté qui est la richesse de cette famille à nulle autre pareille ! De quoi rebuter les biens pensants, les monarques qui vivent dans des palais rutilants. Les Mages, eux, n'hésitent pourtant pas, ils ont le cœur pur, ils voient au-delà de l'apparence, ils font partie de ceux qui cherchent non le bien-être matériel, mais le bien-être spirituel, le bien-être du cœur ! C'est devant ce petit Enfant qui n'a l'air de rien, qu'ils se prosternent, Toutes les nations que tu as faites viendront se prosterner devant toi, Seigneur, et rendre gloire à ton nom.Ps 86,9 eux, les érudits de leur temps, les chercheurs, les Conseillers des grands, ils reconnaissent ce qui ne se voit pas mais s'éprouve ! Ils ressentent ce « plus » que dégage cette Sainte famille, cet Enfant qui rayonne comme malgré Lui , Ils ne résistent pas à l'attrait qu'Il exerce et n'hésitent pas à offrir leurs présents. Des présents bien symboliques qui expriment ce qui les anime et comment ils vivent ce moment de grâce  :

Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Le contenu des coffrets devrait nous étonner du moins les deux derniers ! L'or concerne le ROI rien d'étonnant les Mages sont venus d'Orient se prosterner devant le « Roi des Juifs » !

Mais l'encens et la myrrhe c'est autre chose ! L'encens surtout ! Ne fallait-il pas une inspiration divine pour offrir de tels cadeaux ? L'Encens rend hommage à la divinité donc à Dieu  ! qui pouvait deviner dans cet enfant, Dieu Lui-même ? Avec l'encens, c'est la prière des Hébreux qui monte vers Dieu, selon cette parole du psalmiste: « Que ma prière devant toi s'élève comme un encens » (Ps 140, 2).

« L'Église offre à Dieu l'encens pour signifier concrètement son adoration et sa prière (Mt 2, 11), note le dictionnaire de Liturgie. Elle continue ainsi l'hommage central du Christ, qui s'est offert à son Père en odeur de suavité (Ep 5, 2); tous les fidèles sont appelés à répandre en tout lieu la bonne odeur du Christ (2 Co 2, 14-16).» L'encensement signifie que « l'oblation de l'Église et sa prière montent comme l'encens en présence de Dieu » indique par ailleurs la Présentation générale du missel romain. ( La croix)

La myrrhe Baume précieux, produit à partir d'une résine rouge importée d'Arabie, la myrrhe était utilisée pour les noces et des ensevelissements . En tant qu'homme les Mages pouvaient envisager la mort de cet enfant mais pas dans les conditions que nous connaissons.

Nicodème (celui qui la première fois était venu trouver Jésus pendant la nuit) vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d'aloès pesant environ cent livres. Ils prirent le corps de Jésus, et ils l'enveloppèrent d'un linceul, en employant les aromates selon la manière juive d'ensevelir les morts. Jn 19,39
Les Pères de l'Église, comme Irénée de Lyon (IIe siècle), voyaient dans l'or la reconnaissance de la royauté de Jésus, dans l'encens celle de sa divinité, dans la myrrhe sa mort sur la croix, donc son humanité. L'or, l'encens et la myrrhe disaient donc la véritable identité et la grandeur encore cachée de l'enfant nouveau-né, Fils de Dieu. (La Croix)de

Plus près de nous, Karl Rahner, dans une très belle méditation sur l'Épiphanie, voit dans ces présents non des images du mystère de l'Enfant divin, mais les signes du don que nous lui faisons de nous-mêmes. Pour lui, l'or évoque notre amour, l'encens notre nostalgie et la myrrhe nos souffrances. (

LÀ noter que la myrrhe fait partie, comme l'or et l'encens, des produits précieux du commerce international de l'époque de Jésus. L'Apocalypse le mentionne clairement (Ap 18) ( la Croix). a Croix)

les marchands de la terre pleurent et sont dans le deuil à son sujet, ( Babylone) parce que personne n'achète plus leur cargaison: cargaison d'or, d'argent, de pierres précieuses, de perles, de lin fin, de pourpre, de soie et d'écarlate, et le bois de senteur de toute espèce, et toute sorte d'objets d'ivoire, et toute sorte d'objets de bois très précieux, d'airain, de fer et de marbre, et la cannelle, les parfums, la myrrhe, l'encens, le vin, l'huile, la fleur de farine, le blé, les bestiaux, les brebis, et des chevaux, et des chars, et des corps et des âmes d'hommes. Les fruits dont tu faisais tes délices s'en sont allés loin de toi; toutes les choses délicates et magnifiques sont perdues pour toi, et tu ne les retrouveras plus. Ap 18

En cette fête de l’Épiphanie, saurons-nous, nous arrêter devant cet Enfant nouveau-né, pour nous prosterner et reconnaître du fond du cœur, Dieu qui vient nous sauver, aujourd'hui, dans notre vie quotidienne ? Saurons-nous comme les Mages nous prosterner sinon physiquement du moins de tout notre être !

Saurons-nous déposer à Ses pieds :

l'or de notre amour, Dieu reconnu en Lui-même et pour Lui-même et dans nos frères, «  qui voit son frère, voit son Dieu » « Si quelqu'un dit: "J'aime Dieu ", et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; comment celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? Et nous avons reçu de lui ce commandement: "Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère."1 Jn, 4

l'encens de notre prière, celle de l'instant, celle de chaque jour, de chaque instant du jour : merci Seigneur d'être là présent en moi ! Dans mes frères et sœurs !

la myrrhe de notre respect pour ce Corps divin que nous recevons au cours de nos Eucharisties ? Ce Corps présent dans le tabernacle, où nous venons l'adorer, où nous venons L'embaumer de l'offrande de nos vies, pour Son service ?

Saurons-nous Lui demander de nous aider à partir par un autre chemin pour vivre plus proches de Lui, avec davantage d'intériorité, davantage d'écoute, davantage de respect.

Ayant posé les actes significatifs d’allégeance les Mages , le cœur léger et rempli de reconnaissance , peuvent retourner dans leur Pays. Ils auraient pu tenter de s'installer aux alentours de Bethléem, ils préfèrent revenir dans leur propre Pays où ils pourront annoncer la Nouvelle et devenir messagers d'Espérance. N'est-ce pas le sens du terme Épiphanie ? A savoir : la manifestation du Christ aux Nations !

Les Mages ne repartent pas par le même chemin nous dit St Matthieu :avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.Nous n'en saurons pas davantage mais nous pouvons en tirer un éclairage pour notre vie personnelle. Apprenons des Mages la Sagesse et la prudence , évitons de « tenter le diable » si nous savons qu'un danger nous guette en prenant telle orientation , si nous pensons que telle décision est risquée, prions et empruntons un autre chemin , une autre voie, sachons revenir en arrière s'il le faut, pour demeurer avec le Christ, ce petit roi Juif qui est venu pour nous sauver, en prenant sur Lui notre péché.


CHERCHE TON ETOILE

(Bernard/De Courreges/Delgutte/

REFRAIN

CHERCHE TON ÉTOILE
DANS LE CIEL DE L'AVENIR,
DANS LE CIEL DE L'AVENIR.
CHERCHE TON ÉTOILE,
DIEU FAIT SIGNE DE PARTIR,
DIEU FAIT SIGNE DE PARTIR.


1
L’infini n’est pas un rêve,
c’est quelqu’un qui nous conduit :

Plus longtemps qu’une comète
Dieu demeure en notre nuit.
Mais comment le reconnaître
dans le champ de notre vie ?
2
A la source des tendresses
va puiser les mots de chair :
Sous les eaux de ta jeunesse
fleuriront tous les déserts.
Mais comment trouver les gestes
qui réchauffent les hivers ?

3
Sur le mont Béatitude
Christ appelle à son bonheur :

Pour briser nos servitudes
il se fait libérateur.
Mais comment ce feu qui brûle
prendra-t-il dans notre coeur ?
4
Pèlerin de la lumière,
prends la route d’Emmaüs :
Le Passant qui t’interpelle
vient des rives du futur.
Mais comment lui faire fête
au banquet du pain rompu ?

5
Messager de la Nouvelle,
porte au monde le Vivant :
Par tes yeux le jour se lève
sur tout homme qui l’attend.
Mais comment crier merveille
sous un ciel couleur de sang ?


8
N’aie pas peur de l’aventure,
Jésus-Christ est le chemin :
Avec lui la route est sûre,
tu es libre dans sa main.
Va cueillir les joies qui durent,
Dieu fleurit tes lendemains.


L'Ermite

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