vendredi 26 juillet 2024

CINQ PAINS, DEUX POISSONS


DIX SEPTIÈME DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

Année B



(Jn 6, 1-15)

Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade.  Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades.     Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples.     Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.    Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? »     Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.     Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :     « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » 

 Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.     Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient.    Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. »     Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.

  À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »     Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.

Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades.     Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples.  Souvenons-nous : Dimanche dernier nous avons, en Saint Marc, laissé Jésus de l'autre côté de la mer où Il s'était rendu avec les apôtres pour leur offrir un temps de repos, au retour d'une heureuse mission. Or, la foule qui avait observé les mouvements des uns et des autres a deviné le projet et s'est arrangée pour arriver sur les lieux avant le groupe apostolique. Jésus , nous dit Saint Marc, eut compassion, parce qu'ils étaient comme des brebis sans pasteur, et il se mit à les enseigner longuement. Nous retrouvons , aujourd'hui, Jésus ,le collège apostolique et la foule au terme de cet enseignement mais, dans l’Évangile de St Jean qui nous accompagnera durant plusieurs dimanches, avec le chapitre six, connu sous le nom de « DISCOURS SUR LE PAIN DE VIE ». et nommé, Première multiplication des pains, chez les trois autres évangélistes . De ce même événement, St Jean donne un développement beaucoup plus important et surtout, plus théologique .

 Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche c'est la seconde fois que St Jean mentionne la fête de la Pâques , Jésus a l'habitude de s'y rendre, c'est une obligation pour tout bon Juif : Trois fois par année, tout mâle d'entre vous se présentera devant le Seigneur votre Dieu, dans le lieu qu'il aura choisi: à la fête des Azymes, à la fête des Semaines et à la fête des Tabernacles; il ne paraîtra pas devant le Seigneur les mains vides. Dt 16, 16 Peut-être s'en dispense-t-Il cette fois parce que Son Heure n'est pas encore venue et pour ouvrir de nouvelles perspectives à Ses auditeurs .

 Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : «

Jésus est réaliste, cette foule qui Le suit pour l'écouter , pour être guérie le cas échéant, même si elle est affamée de L'entendre, doit éprouver des tiraillements , la faim doit se faire sentir et le lieu est désert. Jésus, a, bien sûr, une idée en tête , St Jean ne manque pas de l'évoquer, mais Jésus veut sonder Ses disciples , n'est-ce pas Sa Mission de préparer  « l'après Son départ  vers le Père »?

Jésus lève les yeux ! Pourquoi ? Sans doute pour communiquer avec Son Père et Notre Père et parce « le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement » [Jean 5,19]. Peut-être aussi, pour faire mémoire du Peuple que la Père a nourri au désert : "j'ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Égypte, et j'ai entendu » Après ce geste de communion, Il peut poser la question à Philippe qui se trouve sans doute à proximité. En l'interrogeant, lui, Philippe, c'est le groupe des Douze qui est sollicité !

Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Peut-être veut-Il voir si les Apôtres se souviennent de la longue marche éprouvante du Peuple de Dieu dans le désert où le Peuple a connu la faim et la soif et où le Père est intervenu en leur fournissant la manne , puis l'eau qui a jailli du rocher ! Le Peuple grommelait contre Moïse et par ricochet, contre Dieu, il avait du mal à demeurer dans la confiance, et eux, les apôtres , et nous , dans la difficulté restons-nous dans la confiance, dans l'abandon , savons-nous nous remettre simplement dans les Mains du Père de qui nous vient tout bien ? Comme Jésus , levons-nous les yeux vers ce Père « tendre et miséricordieux, qui n'abandonne aucun de Ses enfants ?:Mais toi, Seigneur, tu es un Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité. Ps 86

Philippe lui, reste dans le moment présent , sa réflexion ne remonte pas le temps, il reste dans le concret de l'instant et l'embarras de la situation , ses frères sont au diapason, puisque aucun d'eux ne se permet d'intervenir :

 Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. »

Pour lui, pour eux, c'est l'impasse, tous se situent au seul plan humain ! André va tenter une percée de solidarité, avec le bien d'autrui, tout en reconnaissant le dérisoire de sa proposition !

 Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :     « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » 

Sans en être conscient , André, par sa remarque , inscrit-il cette situation dans la continuité de l'Ancien Testament où Élisée, en temps de famine, posa un acte de foi, en nourrissant avec quelques pains une centaine de personnes ? Jésus n'est-Il pas venu « accomplir » l'Ancien Testament ?

Un homme vint de Baal-Salisa, apportant à l'homme de Dieu du pain des prémices, savoir vingt pains d'orge, et du blé frais dans son sac. Élisée dit: «Donne aux gens, et qu'ils mangent.» Son serviteur répondit: «Comment mettrai-je cela devant cent personnes?» Mais Élisée dit: «Donne aux gens et qu'ils mangent. Car ainsi dit le Seigneur: On mangera, et il y aura un reste.» Il mit donc les pains devant eux, et ils mangèrent et ils en eurent de reste, selon la parole du Seigneur Dieu.2 R 4,5 Première lecture

Jésus , quant à Lui, fit asseoir, la foule« Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.     Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient.

 Jésus commence par rendre grâce, ne dit-il pas au chapitre 11 de St Jean « Pour moi je savais que vous m'exaucez toujours; » Jésus est en constante relation avec Son Père , saurons-nous voir là une invitation à faire de même ?

Savoir remercier des grâces passées et de celles de l'instant !

Savoir reconnaître que Dieu est Dieu et, que sans Lui nous ne pouvons rien faire de valable !

Savoir également rendre grâce en nous mettant à table, pour bénir le Seigneur de qui nous viennent tous les dons !

Chez les trois autres évangélistes, Jésus donne les pains à Ses apôtres , chez Saint Jean , c'est Lui-même qui assure le service, c'est Jésus qui rassemble, c'est Jésus qui nourrit et rassasie, comme au désert ce fut Le Père qui donna la Manne pour rassasier Son Peuple affamé ! Nous trouvons ici la structure eucharistique : prendre, rendre grâce, distribuer : Jésus prit le pain, Il rendit grâce et le donna à Ses apôtres en disant : prenez, mangez faites ceci en mémoire de Moi . Jésus lors de cette multiplication se révèle le dispensateur de la Manne nouvelle, ce pain Eucharistique ( Eucharistie signifie rendre grâce) que nous pouvons recevoir chaque jour si nous le pouvons et le voulons, mais, au moins chaque dimanche, en gardant notre cœur ouvert !

Notons qu'avec Jésus c'est l'abondance, Jésus ne se donne pas de façon étriquée, Jésus se donne totalement, entièrement , Jésus ne retient rien pour Lui !( Et Nous ?) Cela jusqu'à la fin des temps !.

Dans la première lecture nous lisions :« Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : ‘On mangera, et il en restera.’ » Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur.

Nous avons ici une autre preuve de « l'accomplissement » Jésus est venu accomplir (parfaire) l'Ancien Testament. Du temps d’Élisée ils mangèrent et il en resta, aujourd'hui c'est encore l'abondance, comme ce le fut d'ailleurs à Cana lorsqu'il n'y eut du vin en abondance et de qualité supérieure !

Quand ils eurent mangé à leur faim,  il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. »     Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.

La loi est intervenue pour faire abonder la faute; mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé, afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ Notre-Seigneur . Rm 5, 20

pour que rien ne se perde Il n'est pas inutile de nous arrêter sur ce membre de verset : sommes – nous attentifs à respecter l'alimentation et tous les produits de consommation dont nous disposons ? Savons-nous partager, donner, avant que cela ne devienne inutilisable ?

Il est intéressant de remarquer quelques expressions telles que : ils rassemblèrent, ils remplirent DOUZE paniers : Jésus n'est-Il pas venu « pour rassembler les enfants de Dieu dispersés ? Il ne dit pas cela de lui-même; mais étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation; Et non seulement pour la nation, mais aussi afin de réunir en un seul corps les enfants de Dieu qui sont dispersés Jn 11,52

Les tribus d’Israël n'étaient-elles pas DOUZE, de même que les apôtres ? Le Nombre 12 exprime l’élection. Ainsi parle-t-on des 12 tribus d’Israël, alors que l’Ancien Testament en signale plus de 12 ! Mais cela signifie que ces tribus sont élues. Les 12 apôtres de Jésus, qu’il nomme Les Douze, sont les élus du Seigneur. L’Apocalypse parle des 12 étoiles qui couronnent la Femme, des 12 portes de la Jérusalem céleste, des 12 anges et des 12 fruits de l’arbre de Vie. (Notes)

12 étant le chiffre de l'aboutissement et de la perfection !

La foule est touchée, émerveillée , par le signe dit l'évangile , elle voit donc plus qu'une générosité , elle n'est pas étrangère à l'attente d'un Messie, il y a des millénaires qu'on en parle elle devine que Jésus est plus qu'un homme , sans doute le Prophète attendu , le Messie de Dieu que le Monde attend :À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »     

Jésus, de Son côté, sait que son Heure n'est pas encore venue , et Il n'est pas venu pour une gloriole humaine ,Il n'est pas venu pour rassasier des foules affamées, Il est venu pour servir, pour révéler que Dieu est Amour, Il est venu combler, non une faim physique, mais une faim spirituelle qui donne du sens à la vie humaine et l'ouvre sur la vie éternelle . Plus tard dans ce même chapitre Jésus dira :

« Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l'homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son empreinte. » Jn 6,27

et au chapitre 17 Il précise que cette vie éternelle est de l'ordre de l'être non de l'avoir, de l'ordre d'une nouvelle naissance «  du naître avec » qui fait devenir fils du Père et frères de Jésus

Or, la vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Jn 17, 2

Car le salaire du péché, c'est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur. Rm 6,23

Jésus ne veut pas créer la confusion, Il ne veut pas parler plus qu'il ne le faut ce qui jetterait du trouble chez certains, alors pour couper court, connaissant leurs intentions matérialistes , leur désir d'en faire un roi purement terrestre qui chasserait l'ennemi et mettrait de l'ordre purement politique, car c'est un Messie politique qu'ils attendent alors

Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. Avec le Père !

Puissions-nous, comme Jésus , savoir nous retirer dans la solitude pour rencontrer ce Dieu qui nous aime !

PSAUME

(Ps 144 (145), 10-11, 15-16, 17-18)

R/ Tu ouvres la main, Seigneur :
nous voici rassasiés.

 (Ps 144, 16)

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !

Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.



L'Ermite

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