SIXIEME DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
Année B
(Mc 1, 40-45)
" Allons ailleurs dans les bourgs voisins, afin que j'y prêche aussi; car c'est pour cela que je suis sorti. " Et il alla, prêchant dans leurs synagogues, par la Galilée entière, et chassant les démons. (Mc 1) disait Jésus en conclusion de l’Évangile de dimanche dernier et voilà qu'Un lépreux vint auprès de Jésus ;«
Quand
un homme aura sur la peau une tumeur, une inflammation ou une
pustule,
qui soit une tache de lèpre,on l’amènera au prêtre
Aaron ou à l’un des prêtres ses fils.Le
lépreux atteint d’une tâche portera des vêtements déchirés et
les cheveux en désordre,il se couvrira le haut du visage jusqu’aux
lèvres,et il criera : “Impur ! Impur !”Tant qu’il gardera
cette tâche, il sera vraiment impur.C’est pourquoi il habitera à
l’écart,son habitation sera hors du camp. »
Tel était le sort des malades de la lèpre au temps de Jésus. Et cette situation, malgré l'accueil de Jésus perdurera bien longtemps encore. Au Moyen âge notamment quand ils circulaient, les malades de la lèpre devaient annoncer leur présence en agitant une clochette et en criant : impur ! Impur ! Il n'y avait pas de place pour eux dans les hôpitaux … à la fin du XIe siècle des établissements spécialisés voient le jour :les léproseries.Presque chaque village avait sa léproserie ! C'est à partir de cette période que circuleront de fausses informations à propos de ce fléau. Ces quelques mots, pour dire à quel point le malade de la lèpre était rejeté, d'autant que cette maladie, comme beaucoup de maladies d'ailleurs, était considérée comme une punition du péché, le sien ou celui de la famille .Au point que Jésus devra clarifier cette déduction auprès de ses apôtres :Jésus vit, en passant, un aveugle de naissance. "Maître, lui demandèrent ses disciples, est-ce que cet homme a péché, ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle?" 3 Jésus répondit: "Ni lui, ni ses parents n'ont péché, mais c'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. (Jn 9)
Se mettre à genoux devant Jésus, c'est Lui manifester un profond respect , une grande admiration , c'est reconnaître sa propre petitesse et la grandeur de Celui à qui on s’adresse. Le lépreux exprime tout cela par son geste d'humilité .Cf l'Apocalypse : Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent [Celui qui vit aux siècles des siècles]. (Ap 5)
Le malade implore humblement et avec foi :« Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Notons qu’il ne parle pas de guérison , mais sa purification, ce qui va au-delà d'une simple guérison, pourtant très importante dans son cas. En effet, qui dit guérison, dit réintégration dans la société, lui, l'exclu,( Jésus aussi sera « élevé » au rang des exclus à l'heure de Sa Passion et de Sa mort ) le banni pourrait trouver ou retrouver sa place parmi ses frères , ce n'est pas rien dans sa situation ! Peut-être aussi, dans le contexte de l'époque, voit-il lui-même un lien de cause à effet : « moi ou quelqu'un dans la famille a péché et j'en porte les stigmates» !
Saisi de compassion, Jésus étendit la main,le toucha et lui dit :« Je le veux, sois purifié. »
Jésus ne pose aucune question au lépreux demandeur, « saisi de compassion » Jésus connaît toutes les restrictions auxquelles sont soumis ces malades, Il a sondé leur immense souffrance . Jésus est saisi, bouleversé, ébranlé, touché à la fois par la situation du malade et par le risque qu'il prend en s'approchant de Lui, Jésus, devant Son entourage.
L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. » (Lc 4)
Comme Il le fait ici, Matthieu montre Jésus en pleine action salvifique :
Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. Sa renommée se répandit dans toute la Syrie et on lui amena tous ceux qui souffraient, atteints de maladies et de tourments de toutes sortes : possédés, épileptiques, paralysés ; et il les guérit. (Mt 4)
A Jean- Baptiste qui s'étonne de ce qui lui est raconté, Jésus adresse ce message :
Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute! (Lc7)
Qui peut se permettre d'agir et de parler ainsi sinon l'Envoyé du Père, le Messie tant attendu ? Revenons à notre frère lépreux :À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.
Parce que Jésus l'a touché, parce que Jésus s'est laissé toucher jusque dans Ses entrailles de Sauveur,cet homme n'est plus banni, cet homme n'est plus exclu il peut reprendre sa place dans la communauté humaine! Il y a de quoi sauter, danser, chanter, crier à qui veut l'entendre « j'étais mort et me voici vivant » Cet homme c'est chacun de nous sauvé par le Sang de Jésus Christ ! Nous étions morts, et parce que Jésus n'a pas eu peur de se « mouiller » de risquer Sa vie , nous sortons purifiés « dans et des eaux baptismales » ! Oui : Un grand prophète s’est levé parmi nous,et Dieu a visité son peuple. (Lc 7, 16)
Jésus ne veut pas être pris pour un thaumaturge seulement, mais pour Celui qui montre une direction, Celui qui nous apprend à aimer comme Lui nous aime ! Dans notre Parole de vie de ce jour, comment freiner la joie, le bonheur, la renaissance d'un homme qui était exclu et qui retrouve, en un seul instant, une peau entièrement renouvelée, une peau originelle ! C'est évidemment difficile, notre miraculé , dès qu'il a tourné les talons, crie à qui veut l'entendre et accepte, de voir l'étonnante nouvelle, la Bonne Nouvelle :
Sans doute ne serait-il pas inutile de regarder honnêtement QUI SONT LES EXCLUS D'AUJOURD'HUI dans notre société, dans nos églises, dans notre vie personnelle ? Suis-je prêt(e) à risquer quelque chose de moi même pour annoncer sans peur à toute personne, la Bonne Nouvelle du Salut ? Puis-je dire, en toute vérité « tout homme est mon frère » avec ce que cette assertion suppose d'investissement ? Et étendant la main vers ses disciples, il dit: " Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est pour moi frère, sœur et mère. (Mt12)
Seigneur,
je voudrais être de ceux qui risquent leur vie,
Qui
donnent leur vie .
A quoi bon la vie, si ce n’est pour la
donner ?
Seigneur,
Vous qui êtes né au hasard d’un voyage
Et êtes mort comme un
malfaiteur
après
avoir couru sans argent sur toutes les routes,
Tirez-moi de mon
égoïsme et de mon confort,
Que, marqué par Votre croix, je n’ai pas peur de la vie rude
Mais
Seigneur, au delà de toutes les aventures, au delà de tous les
risques d’une vie engagée dans l’action, au delà de tous
les héroïsmes à panache,
Rendez-moi disponible pour la belle
aventure où Vous m'appelez .
J’ai à engager ma vie,
Jésus, sur Votre parole .
J’ai à jouer ma vie, Jésus, sur
Votre amour .
Les
autres peuvent bien être sages,
Vous m’avez dit qu’il faut
être fou .
D’autres
croient à l’ordre,
Vous m’avez dit de croire à l’amour
.
D’autres
pensent qu’il faut conserver .
Vous m’avez dit qu’il faut
donner
D’autres
s’installent,
Vous m’avez dit de marcher
Et d’être prêt
à la joie et à la souffrance,
Aux échecs et aux réussites,
Et
d’être prêt à la joie et à la souffrance,
Aux échecs et aux
réussites,
De ne pas mettre ma confiance en moi mais en Vous.
De
jouer le jeu chrétien sans me soucier des conséquences,
Et
finalement de risquer ma vie en comptant sur Votre amour .
Seigneur, délivrez-moi de moi-même,
donnez-moi
Seigneur, une âme accueillante,
Un cœur ouvert, une main
toujours prête à l’amitié,
Une main prête à recevoir Vos
mains,
Souffrances et joies,
Une âme qu’aucun bouleversement
n’effraie
Qu’aucun appel ne surprend,
Et qui soit
prête à s’envoler vers Vous
Au jour où Vous voudrez bien
m’appeler en votre béatitude .
(Abbé Joly)
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