jeudi 8 septembre 2022

UN PERE, NOTRE PERE, DONT LA JOIE EST D'AIMER

  

VINGT-QUATRIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année C



(Lc 15, 1-32)

le sel est bon; mais si le sel s'affadit, avec quoi l'assaisonnera-t-on? Inutile et pour la terre et pour le fumier, on le jette dehors. Qui a des oreilles pour entendre entende! (Lc 14)

Ce verset conclut le chapitre 14 de l’Évangile selon Saint Luc où nous voyons,comme souvent, Jésus controversé par certains de ceux qui le suivent, pour des questions que nous dirions de casuistique. Nombreux sont ceux qui continuent d'accompagner Jésus en marche vers Jérusalem , le dialogue est souvent intense et exigeant , décapant . C'est sans doute pour cette raison que Jésus termine sur cette brève Parabole où Il encourage le disciple à entretenir la flamme qui brûle en lui .Question pour chacun de nous : donnons-nous du goût, sommes-nous « sel » , là où nous vivons, là où nous passons, dans chacune de nos rencontres ??

Ayant livré Sa pensée, Jésus continue « sa montée » et :

les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.    Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,et il mange avec eux ! » 

Certains viennent pour L' ECOUTER , d'autres pour RECRIMINER . Ces derniers, nous l'avons vu, ne supportent pas les libertés prises par Jésus quant au Sabbat :   « Je vous le demande : Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien, ou de faire le mal ? de sauver une vie, ou de la perdre ? » Alors, promenant son regard sur eux tous, il dit à l'homme : « Étends ta main. » Il le fit, et sa main redevint normale. Quant à eux, ils furent remplis de fureur et ils discutaient entre eux sur ce qu'ils allaient faire à Jésus. (Lc 6)

Ils ne supportent pas de voir Jésus partager des repas avec des pécheurs, ( ils n'ont pas compris que penser cela est déjà péché!) se laisser approcher par les lépreux, pour eux, en effet, s'approcher d'un lépreux, rend l'homme impur, ils tombent tout simplement dans le légalisme car « la lettre tue, mais l'Esprit vivifie. (2Co 3) écrira St Paul ! Jusqu'au bout, Jésus essaiera de les éclairer, c'est le cas encore aujourd'hui avec les trois Paraboles qui suivent !

 
 

   Alors Jésus leur dit cette parabole :    « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue ,jusqu’à ce qu’il la retrouve ?    Quand il l’a retrouvée,il la prend sur ses épaules, tout joyeux,    et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire :Réjouissez-vous avec moi,car j’ai retrouvé ma brebis,celle qui était perdue !’    Je vous le dis :C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion.    Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une,ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison,et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?    Quand elle l’a retrouvée,elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire :‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’    Ainsi je vous le dis :Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

 Jésus dit encore :« Un homme avait deux fils.    Le plus jeune dit à son père :‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’Et le père leur partagea ses biens.    Peu de jours après,le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.    Il avait tout dépensé,quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se

trouver dans le besoin.    Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.    Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs,mais personne ne lui donnait rien.    Alors il rentra en lui-même et se dit :‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,et moi, ici, je meurs de faim !    Je me lèverai, j’irai vers mon père,et je lui dirai :Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.    Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’    Il se leva et s’en alla vers son père


.Comme il était encore loin,son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.    Le fils lui dit :‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’    Mais le père dit à ses serviteurs :‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller ,mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,    allez chercher le veau gras, tuez-le,mangeons et festoyons,    car mon fils que voilà était mort,et il est revenu à la vie ;il était perdu,et il est retrouvé.’Et ils commencèrent à festoyer.    Or le fils aîné était aux champs.Quand il revint et fut près de la maison,il entendit la musique et les danses.    Appelant un des serviteurs,il s’informa de ce qui se passait.    Celui-ci répondit :‘Ton frère est arrivé,et ton père a tué le veau gras,parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’    Alors le fils aîné se mit en colère,et il refusait d’entrer.Son père sortit le supplier.    Mais il répliqua à son père :‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres,et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.    Mais, quand ton fils que voilà est revenua près avoir dévoré ton bien avec des prostituées,tu as fait tuer pour lui le veau gras !’Le père répondit :‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,et tout ce qui est à moi est à toi.  Il fallait festoyer et se réjouir ;car ton frère que voilà était mort,et il est revenu à la vie ;il était perdu,et il est retrouvé ! »

Trois Paraboles et bien des points communs voilà ce que Jésus propose aujourd'hui à notre réflexion . Laisserons-nous Son message nous bousculer ? Essayons de décortiquer :

Trois personnages essentiels : un berger qui aime ses brebis ; une femme, plutôt pauvre, qui a besoin du peu qu'elle possède pour les échanges quotidiens nécessaires à la vie de sa famille ; un père de famille qui a deux fils et dont l'un rêve d'indépendance, de modernité, d'une vie différente, de rêve !


Trois situations éprouvantes qui génèrent de l'angoisse : une brebis sur cent s'égare le berger ne supporte pas cette absence ; une pièce d'argent sur dix « prend le large » cela suffit pour angoisser la maîtresse de maison, qui se projette vers une fin de mois difficile ; un fils tendrement aimé qui ose , avant l'heure, demander son héritage et prend la liberté d'aller le dilapider et qui plus est, avec des prostituées selon le frère aîné !

Aucun des trois personnages ne se résigne : pour une brebis, une seule, le berger abandonne son troupeau , remue ciel et terre pour tenter de retrouver la brebis égarée, il part à sa recherche ;

la femme pauvre, effectue pourrions nous dire, un ménage de printemps pour tenter de retrouver la pièce d'argent en fugue, elle aussi part à la recherche de cette unique pièce !

Quant au Père de famille, s'il ne quitte pas tout pour retrouver l'enfant qui s'égare car il respecte son choix, chaque jour, les yeux gonflés de larmes, il se rend seul au bout de la propriété, il scrute l'horizon, espérant apercevoir, au  « fin fond » de cet horizon la silhouette de celui qu'il attend , celui qu'il aime, celui qu'il espère, celui qui lui manque tellement, dont l'absence lui est insupportable !

Dans les trois situations un heureux dénouement : le berger retrouve sa brebis, il laisse éclater sa joie, ne fait AUCUN reproche , n'inflige aucune punition, tellement heureux, il la charge tendrement sur ses épaules , l'enveloppe de tendresse , la caresse, et, arrivé à la maison, rassemble ses amis pour PARTAGER SA JOIE et leur demande de se REJOUIR avec lui !

La femme pauvre, à force d'efforts , de remue-ménage dans sa maison, où, du coup tout brille, car elle n'a délaissé aucun coin ni recoin à l'abandon, ramasse le petit objet qui lance des flashes désespérés, et rassemble ses amies pour PARTAGER ; l'apaisement retrouvé, elle leur demande de se REJOUIR avec elle !


Le Père de famille « qui s'est usé les yeux »écrit Paul Baudiquey, à scruter l'horizon,
n'attend pas d'un pied ferme celui qui s'est égaré,mais avec une infinie tendresse, chaque fois qu'il scrute l'horizon , des larmes lui échappent aussi, dès qu'il l'aperçoit, d'aussi loin qu'il l'aperçoit, il se lance à sa rencontre, le laisse bredouiller des mots qu'il n'entend même pas parce que son Amour à lui, le Père, est resté intact. Il couvre la voix de l'enfant avec la sienne, pas pour lui reprocher quoique ce soit, mais pour demander de préparer la fête car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à festoyer . Ce Père, parce qu'il est PERE a tout oublié de ses heures d'angoisse, de son attente, de ses larmes, du temps passé à scruter l'horizon, une seule chose compte le fils PERDU EST RETROUVE! Pas le fils infidèle, ou dévoyé, ou libertin, ou égoïste, ou sans pitié pour son âge avancé, NON ! Le fils perdu, le fils attendu, recherché, espéré, le fils tendrement aimé , follement aimé, non pour lui le Père, pour le seconder dans ses vieux jours, mais pour ce fils aimé pour lui-même, pour le bonheur d'être ensemble,d'être avec, ce qu'il dira à l'aîné ! Aimé gratuitement, parce qu'il est son enfant et que lui, est son PERE !

Saurons-nous reconnaître dans ce Père rajeuni par les retrouvailles, NOTRE PERE QUI EST AUX CIEUX qui continue de se réjouir chaque fois qu'un de Ses enfants égaré revient vers Lui en accueillant Son Amour totalement gratuit dans les Sacrements de l’Église ? Ce PERE-LA, nous espère sans cesse, et il en sera ainsi tant qu'il y aura une brebis, un agnelet, qui n'en fait qu'à sa tête, parce que ce PERE-LA , veut notre seul bonheur ! Toutes les embûches qui parsèment notre vie, n'ont d'autre raison d'être, que de nous faire lever les yeux vers Celui qui nous espère ! Le Père ne cherche pas Son bonheur, mais le nôtre ! Dieu nous aime absolument gratuitement , parce qu'Il nous veut heureux et nous lui faisons l'affront d'en douter , d'ignorer comme ce fils aîné qui n'a rien de rien compris . Ce fils aîné aime par intérêt, pour ce qu'il pourrait, à un moment ou un autre, soutirer de cette relation :‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres,et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. « Je suis à ton service » en somme il travaille en mercenaire dans l'espoir de quelques profits ,il est serviteur parmi les serviteurs,- Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître. (Jn 15)-


son Père, son frère, n'ont d'autre valeur que la rentabilité du domaine, l'amour, il ne connaît pas, il ne sait pas ce que cela signifie, le vivre vraiment, le bonheur d'être ensemble, de cultiver l'amour, il n'est ni fils, ni frère ! Comme il doit être triste en lui-même , renfrogné, isolé, seul, terriblement seul ! Malgré cela, Le PERE qui ne sait pas faire autre chose qu'AIMER
l'appelle « Mon enfant » Il tente de l'éclairer sur le bonheur, le seul vrai bonheur de « l'être ensemble » tu es toujours avec moi,et tout ce qui est à moi est à toi. Il l'invite « à festoyer, A SE REJOUIR du retour du benjamin, parce qu'il est VIVANT , pleinement VIVANT, qu'il il a osé le retour, qu'il il a fait confiance à l'amour, qu'il croit en l'amour !

« C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion »

La joie dont il est question est une joie communicative. Nous voyons cela par le fait que le berger rassemble ses amis et voisins , la femme invite ses amie et voisines le Père de famille organise un banquet , une vraie fête avec de la musique, qu'on on entend de loin . Il en est ainsi chaque fois que l'un de nous lève , même timidement ses yeux vers le Père , cela Lui suffit , Il comprend sans dessin, sans parole, sans explication, Il nous enveloppe alors de Ses bras, nous charge sur Ses épaules et se réjouit avec tous ceux qui veulent bien partager Son bonheur ! Et s'il y a des boudeurs, Il leur fait signe, car SA JOIE A LUI c'est «  quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous. (1Co 15) et ce sera la JOIE éternelle .



Béni soit Dieu, le Père de Jésus Christ notre Seigneur :

dans sa grande miséricorde,

il nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus Christ

pour une vivante espérance,

pour l'héritage qui ne connaîtra ni destruction,

ni souillure, ni vieillissement.

Cet héritage vous est réservé dans les cieux,

à vous que la puissance de Dieu garde par la foi,

en vue du salut qui est prêt à se manifester à la fin des temps.

Vous en tressaillez de joie,

même s'il faut que vous soyez attristés,

pour un peu de temps encore, par toutes sortes d'épreuves ;

elles vérifieront la qualité de votre foi

qui est bien plus précieuse que l’or

(cet or voué pourtant à disparaître, qu’on vérifie par le feu).

Tout cela doit donner à Dieu louange,

gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ,

lui que vous aimez sans l'avoir vu,

en qui vous croyez sans le voir encore ;

et vous tressaillez d'une joie inexprimable qui vous transfigure,

car vous allez obtenir votre salut

qui est l'aboutissement de votre foi.

(1P 1)




L'Ermite

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire