DIMANCHE DE LA DEUXIEME SEMAINE
DU TEMPS PASCAL
FETE DE LA DIVINE MISERICORDE
Année B
(Jn 20, 19-31)
Deuxième dimanche de Pâques, dimanche in albis, dimanche de Thomas, dimanche de Quasimodo et maintenant dimanche de la Divine Miséricorde. A première vue de quoi se perdre dans la signification du dimanche très particulier qui suit la fête de Pâques. Juxtaposition ou déploiement liturgique ?
Un ancrage historique
La fête liturgique de la Divine Miséricorde a été instituée par Jean Paul II dans la foulée du grand Jubilé du troisième millénaire suite à la canonisation de sainte Faustine Kowalska et avant la consécration par le pape polonais, du monde à la miséricorde du Père. Elle s’inscrit comme un contrepoids aux totalitarismes communiste et nazi. Dans Mémoire et Identité, Jean-Paul II écrit que « L’unique vérité capable de contrebalancer le mal de ces idéologies est le fait que Dieu est Miséricorde.
Un ancrage théologique
Mais cet ancrage historique commun à de nombreuses autres fêtes liturgiques, qu’on songe par exemple à la fête de Notre-Dame du Rosaire liée à la victoire de Lépante, ne saurait occulter l’ancrage théologique spécifiquement pascal de la fête de la Miséricorde dans la pensée de Saint Jean-Paul II. Dès l’Encyclique Dives in misericordia de 1980, il développait, dans le chapitre IV, que la révélation et la mise en œuvre de la miséricorde du Père était au cœur de sa compréhension du mystère pascal (n° 7), clef qui permet d’unifier la lecture des différentes harmoniques du second dimanche de Pâques.
Le Dimanche de Thomas, révélation de la Miséricorde
L’évangile de Thomas (Jn 20, 19-31)
La demande faite à sœur Faustine
La manière dont sainte Faustine dans son journal exprime la demande de Jésus concernant l’institution de la fête de la divine Miséricorde, souligne le jaillissement pascal de la miséricorde divine :
Dimanche in albis, participation sacramentelle à la Miséricorde
L’antienne Quasimodo
Le second dimanche de Pâques, qui clôture l’Octave de Pâques est également celui où, dans la tradition ancienne, les néophytes, baptisés, confirmés et qui avaient reçu l’eucharistie la nuit de Pâques, quittaient le vêtement blanc. Ils faisaient alors partie intégrante de la communauté des baptisés. Une des deux antiennes d’ouverture, l’antique antienne Quasimodo, s’en fait l’écho : « Comme des enfants nouveaux nés ont soif du lait qui les nourrit, soyez avides du lait pur de la Parole, afin qu’il vous fasse grandir pour le salut ».
L’oraison du dimanche
Un prolongement dans les sacrements
Dans le formulaire de Pâques, l’accent est successivement mis sur les dimensions mystériques, sacramentelles de la Pâque lors de la Vigile puis sur la mémoire de la rencontre matutinale du Ressuscité le jour de Pâques. De la même manière, l’antienne d’ouverture et l’oraison de ce dimanche rappellent que, dans la vie chrétienne « ordinaire », l’expérience de révélation de la miséricorde qui a été celle de Thomas au matin du huitième jour passe pour nous maintenant, par les sacrements.
Pour paraphraser saint Léon (Ve siècle), ce qui était visible chez notre Rédempteur, ici la miséricorde du Père, est désormais passé dans les sacrements au premier rang desquels ceux de l’initiation que viennent de vivre les néophytes, mais aussi celui de la pénitence et de la réconciliation qui ne peut se comprendre sans son lien avec le baptême.
Il touche l’homme, il reconnaît Dieu !
Du Traité de saint Augustin sur l’Evangile de Jean.
Thomas n’était-il pas un des disciples, un homme de la foule, pour ainsi dire ? Ses frères lui disaient : Nous avons vu le Seigneur ! Et lui de répondre : Si je ne touche pas, si je ne mets pas mon doigt dans son côté, je ne croirai pas.
Les Evangélistes t’apportent la nouvelle, et toi, tu ne veux pas croire ? Le monde a cru, et le disciple, lui, n’a pas voulu croire ! Leurs paroles sont parvenues jusqu’au bout du monde, et le monde a cru… et Thomas, lui, ne croit pas ?
Il n’était pas encore devenu ce Jour qu’a fait le Seigneur. Qu’il vienne donc, Lui qui est le point du Jour, qu’il vienne et qu’il dise avec patience, avec douceur et sans colère, lui qui guérit toute maladie : Viens, viens donc, touche et crois ! Tu as dit en effet : si je ne touche pas, je ne crois pas ! Viens, touche, mets ton doigt dans mon côté ! Ne sois plus incrédule, mais fidèle ! Je connaissais tes blessures ; j’ai gardé pour toi ma cicatrice !
En approchant la main, Thomas peut compléter sa foi. Quelle est donc la plénitude de la foi ?
De ne pas croire que le Christ est seulement Homme, ou qu’il est seulement Dieu, mais de croire qu’il est Homme et Dieu. Ainsi le disciple auquel son Sauveur donnait à toucher les membres de son Corps et ses cicatrices, ce disciple s’écrie : Mon Seigneur et mon Dieu !
Il a touché l’homme, il a reconnu Dieu ; il a touché la chair, il s’est tourné vers la Parole… La Parole, en effet, a ressuscité la chair et l’a montrée aux yeux des disciples qui ont pu la toucher de leurs mains. Ils touchent et ils s’écrient : Mon Seigneur et mon Dieu ! Voilà le Jour qu’a fait le Seigneur. (Gilles Drouin, Curé d’Étampes)
Après l'éclairage apporté par cette longue introduction il nous sera plus facile de reconnaître la divine miséricorde du Seigneur à l'égard de notre fragile humanité , même si celle-ci nous saute aux yeux dès la première lecture de cette péricope.
Jésus est mort de façon ignominieuse sur l'infâme croix, entre deux brigands, donc au rang des malfaiteurs, alors qu'Il a passé sa vie terrestre à faire le bien, rien que le bien. Ses amis, les apôtres , qu'Il a appelés, formés, l'ont abandonné, trahi , seul Jean est resté jusqu'au bout avec Marie Sa Mère. Voilà que Dieu le Père, qui l'a envoyé pour sauver l'humanité, Le ressuscite et quelle sont Ses premières actions ? Ses premières manifestations ?
Oui, nous lisons et entendons bien , alors que les apôtres sont repliés derrière des portes verrouillées Jésus est là, au milieu d'eux et leur offre LA PAIX et avant qu'ils ne puissent réagir Il leur fait don de l'Esprit Saint « Il souffla sur eux » et les envoie avec la mission extraordinaire de devenir des missionnaires de Sa miséricorde. Les apôtres n'ont pas le temps de dire ouf, de demander pardon non ! C'est au cœur de leur manque que Jésus rempli le vide par sa propre miséricorde et leur demande de la répandre leur laissant le soin de discerner quand c'est possible et quand ce ne l'est pas ! Voilà notre Dieu : à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Et Jésus n'a pas fini de nous surprendre :
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient :« Nous avons vu le Seigneur ! »Mais il leur déclara :« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit :« La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas :« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;avance ta main, et mets-la dans mon côté :cesse d’être incrédule, sois croyant. »Alors Thomas lui dit :« Mon Seigneur et mon Dieu ! »Jésus lui dit :« Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Cette fois encore, nous n'assistons pas à un règlement de compte, à un interrogatoire en règle pour savoir qui a bien agi ou qui a mal agi , non ! Jésus qui sonde les reins et le cœurs , après avoir souhaité la paix :« La paix soit avec vous ! » va droit au but de cette nouvelle visite : « Puis il dit à Thomas :« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Il n'en faut pas davantage pour faire fondre l'apôtre incrédule qui se prosterne et reconnaît « (Son) Mon Seigneur et (Son) mon Dieu ! »
Avec son sens aigü de la pédagogie, Jésus nous apprend comment nous comporter avec nos frères, nos enfants... Il ne s'agit pas d'humilier, d'écraser. Reconnaître son erreur, sa faute , manifeste en soi, un profond et réel acte d'humilité. Au lieu d'enfermer la personne, l'enfant, Jésus nous invite à l'ouvrir à plus grand, plus large, que ses limites et à l'orienter vers un horizon plus large , plus porteur , c'est un peu le « va et ne pèche plus »Jn 8, 11 répondu à la femme adultère que des Pharisiens voulaient humilier ; ou " Va, toi aussi fais de même. (Luc 10) adressé au Docteur de la loi qui cherchait à mettre Jésus dans l'embarras. Jésus lui raconte une histoire qui se termine de façon positive bien sûr et suggère à ce Docteur infatué de lui-même d'agir comme le bon Samaritain, en se mettant au service de toute personne, fut-elle étrangère à sa propre communauté !
Comment douterions-nous de la conclusion qui suit :
Il
y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence
des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais
ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est
le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie
en son nom.
Une vie ne peut se résumer en 20 ou 28 chapitres ! Nous nous en doutons ! Et surtout celle de Jésus notre Seigneur et Maître ! Les évangélistes ont retenu l'essentiel , ce qui leur a permis d'établir un itinéraire cohérent pour nous permettre d'accueillir et d'entrer dans le mystère de la Foi et d'y adhérer pour devenir d'authentiques disciples et témoins de Son amour pour l'humanité. C'est donc dans l'action de grâce que nous recevons ces témoignages et que nous chantons à pleins poumons :
Oui, Seigneur, nous croyons : fais grandir en nous la foi.
1 - Si ta bouche proclame que Jésus est Seigneur ;
si tu crois dans ton cœur
que Dieu l'a relevé d'entre les morts :
tu seras sauvé.
2 - Si ta bouche proclame
que notre Père a fait le monde par amour ;
si tu crois dans ton cœur
qu'il fait tout homme à son image :
tu seras sauvé.
3 - Si ta bouche proclame
que le Christ vient rassembler les enfants de Dieu dispersés ;
si tu crois dans ton cœur
que la Bonne Nouvelle est pour les pauvres :
tu seras sauvé.
4 - Si ta bouche proclame
que le Christ ressuscité a donné son Esprit ;
si tu crois dans ton cœur
que l'Esprit nous entraîne vers le Père :
tu seras sauvé.
L'Ermite
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