TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES
Année B
(Lc 24, 35-48)
Nous pouvons imaginer l'émotion qui habite les deux disciples d'Emmaüs de retour auprès des disciples réunis .
Ils ont fait route avec un « inconnu » auprès de qui ils ont ouvert leur cœur et partagé leur déception à propos de Jésus en qui ils avaient mis toutes leurs espérances, bien différentes de celles pour lesquelles « ce Jésus » était venu . Au moment de faire étape, ils lui offrent l'hospitalité , Sa conversation les intrigue, Ses arguments les troublent, ils ont envie et besoin d'en savoir davantage. Or, voilà qu'au cours du repas, cet inconnu devient le Maître de la situation, en rompant le Pain sans autre discours, et c'est ainsi qu' Il se fait RECONNAÎTRE, puis Il disparaît à leur regard, ce qui induit un changement radical chez les deux disciples, une transformation surtout, qui les conduit à entreprendre immédiatement le chemin inverse pour partager avec les disciples l'étonnante expérience spirituelle qui bouleverse leur vie.
Peut-être pouvons-nous nous arrêter quelques instants pour considérer cet avant propos et ce qu'il peut apporter à notre cheminement personnel.
LA RENCONTRE : rencontrer le Christ sur notre route est loin d'être anodin, il s'agit là d'une grâce insigne qui bouleverse et transforme une vie, notre vie. Certes, certains ont été plongés dès leur naissance dans un contexte chrétien, mais cela ne suffit pas ! Il est important, indispensable, de faire une expérience personnelle, d'être conduit, au cours de notre chemin de vie personnel, à « reconnaître » Jésus « à Le choisir » comme Compagnon de route. Si nous ne faisons pas cette expérience nous restons à la surface et risquons de chosifier la foi, notre foi, cette foi qui nous vient des apôtres !
LE BOULEVERSEMENT : cette RENCONTRE unique, dynamise une vie, elle propulse sur des chemins inattendus et devient, en soi, un envoi en mission. Celui, celle qui s'est laissé(e) rencontrer par le Christ, ne peut plus se taire. Non seulement il, elle , éprouve le besoin de partager son expérience, comme vont le faire les deux disciples d'Emmaüs, mais aussi d'annoncer la Nouvelle d'un Christ bien vivant au cœur du monde ! J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, écrit Saint Paul(2 Co 4, 13). nous aussi nous croyons, et c’est pourquoi nous parlons.
L'EXPERIENCE SPIRITUELLE cette RENCONTRE qui génère un profond BOULEVERSEMENT est en même temps une expérience spirituelle unique qui reste, malgré tout, difficile à relater parce qu'elle rejoint la personne dans ce qu'elle est, dans ce qu'elle a, de plus intime, de plus personnel. Il y a un AVANT et un APRES ! Et cela se voit , écoutons encore Saint Paul : « Nous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image » (2 Co 3, 18). Voilà, nous sommes transformés cela se voit bien plus
que ça ne se dit ! Et c'est cette expérience de la foi vécue sur la route, et surtout à l'étape, que les disciples d'Emmaüs viennent partager avec les onze ! Ils n'hésitent pas à « rebrousser chemin » pour partager ce qu'ils viennent de vivre, ils ne peuvent pas garder cette « expérience » pour eux seuls :Les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit :« La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit :« Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »
Les deux disciples témoignent de cette expérience unique et, voilà que Jésus Se rend présent comme pour confirmer leur partage et offre à TOUS, la PAIX ! Certains sont intérieurement retournés , leurs esprits se brouillent au point de donner prise à des pensées troubles ce qui encourage Jésus à proposer de Se laisser toucher ! Jésus qui a demandé à Marie Madeleine de ne pas Le retenir, prend ici le temps de rassurer et
permet que Ses propos soient vérifiés , comme Il l'a fait avec l'Apôtre Thomas :Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.» Jésus laisse voir les cicatrices de Ses plaies et permet le contact pour vérifier qu'Il est bien là, en chair et en os ! Et tout bascule alors : on passe de l'interrogation à la constatation, de la crainte à la joie, d'une éventuelle hallucination ( peur de voir un fantôme) au saisissement, on retient son souffle car Celui qu'on a vu mort , qu'on a abandonné aux malfaiteurs est là, vivant , serein, offrant Sa Paix, ce don tellement précieux dont on a particulièrement besoin après cette épreuve.Si nous réfléchissons, ne sommes-nous pas conduits à constater qu'il en est ainsi bien souvent dans nos vies ? A certaines heures, nous sommes dans le brouillard le plus opaque, tout semble terminé, nous ne voyons aucune issue possible, nous sombrons dans la tristesse et voilà que soudain une main nous est tendue, offerte, une parole exprimée et nous reprenons courage, l'envie de nous battre pour vivre pleinement . Souvent, hélas, nous appelons cela « la chance » au lieu de reconnaître Dieu à l'œuvre dans notre vie !
Je lis actuellement, un livre qui m'a été offert : « un consultant chez des religieuses » de Matthieu DAUM, où le couple, son couple fait cette douloureuse expérience, alors qu'à la demande d'amis, il envisageait un changement radical dans sa vie professionnelle. Puis, sans prise de risque inconsidéré de sa part, tout s'écroule, c'est la nuit absolue, il faut reprendre sa vie en mains, revoir la situation, se battre, sans rien casser, espérer et croire qu'il y a un possible, un a-venir ! Reconnaître la Présence de Dieu dans sa vie, une Présence qui en permettant que capote le projet, sauve cette famille et l'aiguille différemment, permettant à cet homme de dire avec certitude « DIEU M'A SAUVE ». Cet homme dit Dieu, reconnaît l'action de Dieu dans sa vie, alors que tout en respectant, il n'y croyait pas vraiment jusque là ! Oui, Dieu nous sauve de toutes nos impasses, il suffit de s'arrêter pour le reconnaître, le dire et en témoigner ! Oserons-nous le reconnaître !
Le revirement est tellement inattendu, la joie qu'il procure tellement surprenante que nous avançons sur la pointe des pieds et n'osons pas nous abandonner à la joie pure et simple, à la laisser monter en nous et s'épanouir, c'est exactement ce que vivent ici les disciples : Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus tellement humain tout en étant tellement Dieu, là encore ne discute pas inutilement que fait-Il ? Il demande à manger comme n'importe lequel d'entre nous le ferait avec simplicité :
Jésus leur dit :« Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. « Malgré leur joie de revoir Jésus, il y
a encore chez eux certains doutes que le Seigneur dissipa en leur demandant de la nourriture qu’il mangea devant eux. Les disciples furent les témoins irrécusables de la résurrection de Jésus, avec la pensée si douce, pour eux comme pour nous, qu’il est le même, hier, aujourd’hui et éternellement. Lorsque nous le verrons, nous verrons cette personne bénie qui a marché ici-bas, allant de lieu en lieu, faisant du bien, celui qui a pris soin de tous les siens avec un amour inlassable, nous instruisant, nous supportant, nous relevant, nous encourageant, et, dans sa gloire, nous verrons aussi les marques de la crucifixion, témoignage éternel du prix auquel nous avons été rachetés. Jésus ne voulut pas que les siens croient qu’ils avaient à faire à une vision spirituelle; il leur permit de toucher son corps. En cela, nous avons la garantie que le corps qui ressuscitera est bien celui qui est tombé en terre; il ne ressuscite pas en esprit, mais en corps spirituel, tangible comme le précédent, tandis qu’un esprit ne peut être touché; « Ainsi en est-il pour la résurrection des morts. Semé dans la corruption, le corps ressuscite, incorruptible; semé dans l'ignominie, il ressuscite glorieux; semé dans la faiblesse, il ressuscite plein de force; semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps animal, il y aussi un corps spirituel. » ( 1 Cor 15:42-44). Seule la foi nous permet d'accueillir ce message ! Remarquons encore que si Jésus mangea devant les disciples, ce n’est pas que son corps ait eu besoin de nourriture; il condescendit à accomplir cet acte afin de les convaincre qu’il était le même, et non un esprit. Son corps ressuscité n’avait pas plus besoin de nourriture, quoiqu’il ait encore été sur la terre, qu’il n’en a besoin dans le ciel. ( Notes de Bible en ligne) Maintenant nous voyons dans un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme je suis connu. (1Cor 13)Ayant rassuré le groupe en leur offrant la paix, en consommant devant eux ce qui lui est offert : du poisson, n'oublions pas que la plupart sont des pécheurs, Jésus leur rappelle des propos tenus quand Il était encore avec eux sur les routes de Palestine :
Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : « l faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit :« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Rappelons-nous, nous – mêmes, quand Jésus précisait : Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu abolir, mais parfaire. Car, je vous le dis en vérité, jusqu'à ce que passent le ciel et la terre, un seul iota ou un seul trait de la Loi ne passera pas, que tout ne soit accompli. (Mt 5) Jésus rappelle donc ici, non seulement la Loi, les Prophéties , les psaumes mais tout ce qu'il a partagé au fil du temps avec eux et les différentes annonces de Sa Passion future qui les préparaient à rester debout dans l'épreuve. Forts de tout cela, les voilà armés, non pour dire seulement ce qu'ils ont entendu, mais aussi ce qu'ils ont vu et notamment, la Transfiguration pour trois d'entre eux, et la Résurrection pour tous, ( bien que l'instant RESURRECTION reste secret les apôtres constatent l'APRES : Il était mort et IL EST VIVANT ) c'est pourquoi Jésus déclare À vous d’en être les
témoins et c'est tout le propos de Pierre dans ce magnifique discours après la guérison du boiteux de la Belle porteTout le peuple le vit qui marchait et qui louait Dieu. Ils le reconnaissaient comme étant celui-là qui s'asseyait près de la Belle Porte du temple pour (demander) l'aumône, et ils furent remplis d'étonnement et de stupeur pour ce qui lui était arrivé. Or, comme il tenait Pierre et Jean, tout le peuple accourut vers eux au portique dit de Salomon, pris de stupeur. Voyant cela, Pierre s'adressa au peuple:
Suit l'extraordinaire témoignage de Pierre que nous offre la Liturgie de ce jour en Première lecture :
Pierre
prit la parole :
« Hommes d’Israël,
le Dieu d’Abraham,
d’Isaac et de Jacob,
le Dieu de nos pères,
a glorifié
son serviteur Jésus,
alors que vous, vous l’aviez livré,
vous
l’aviez renié en présence de Pilate
qui était décidé à le
relâcher.
Vous avez renié le Saint et le Juste,
et vous
avez demandé
qu’on vous accorde la grâce d’un
meurtrier.
Vous avez tué le Prince de la vie,
lui que
Dieu a ressuscité d’entre les morts,
nous
en sommes témoins.
D’ailleurs, frères, je sais
bien
que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs.
Mais
Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé
par la
bouche de tous les prophètes :
que le Christ, son Messie,
souffrirait.
Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu
pour
que vos péchés soient effacés. »
Oui, accueillons le message de Jésus, repris ici par Pierre et, aujourd'hui par l' EGLISE , ouvrons nos yeux , et surtout nos cœurs, laissons-nous convertir pour RECONNAÎTRE les SIGNES de la PRESENCE DE JESUS, VIVANT, RESSUSCITE dans nos vies personnelles, dans notre monde tourmenté !
Voici
comment nous savons que nous le connaissons :
si nous gardons ses
commandements.
Celui qui dit : « Je le connais »,
et qui ne
garde pas ses commandements,
est un menteur :
la vérité n’est
pas en lui.
Mais en celui qui garde sa parole,
l’amour de
Dieu atteint vraiment la perfection.
1 Jn 2
L'Ermite
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