vendredi 4 octobre 2019

COMME UNE GRAINE DE MOUTARDE




XXV I I e DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

Année C

(Lc 17, 5-10)

Décidément, Jésus n'en finit pas de nous surprendre ! A première lecture , nous avons quelques difficultés à discerner un lien logique entre les deux parties de cette séquence. Il est important de faire silence pour se laisser rejoindre par l'Esprit Saint en profondeur .
Notons que l'initiative de cette conversation revient aux apôtres, ce sont eux qui ouvrent le dialogue :Les Apôtres dirent au Seigneur:Envoyés par Jésus : «  Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. ... Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu'on vous offrira. Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : 'Le règne de Dieu est tout proche de vous.' (Luc 10) les Apôtres prennent conscience des difficultés de la mission confiée et de la distance qu'ils constatent entre leur prédication et ce que réalise Jésus . Ils savent aussi que Jésus en appelle souvent, très souvent, à la foi des uns et des autres et ils ont quelques expériences cuisantes des limites de leur propre foi
« Maître, maître ! Nous sommes perdus ! » Et lui, réveillé, interpella avec vivacité le vent et le déferlement des flots. Ils s'apaisèrent et le calme se fit. Alors Jésus leur dit : « Où est donc votre foi ? » (Luc 8)
Si Dieu habille ainsi l'herbe dans les champs, elle qui est là aujourd'hui et qui demain sera jetée au feu, il fera tellement plus pour vous, hommes de peu de foi (Luc12)
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Mat14)
Plus ils avancent, plus ils se rendent compte de leur pauvreté ! Peut-être avons-nous dans cette supplique« Augmente en nous la foi ! » la clef de notre pauvreté, la leur, et la nôtre ! Il est bon certes de demander la foi mais n'y a -t-il pas dans cette façon de demander une implication tellement personnelle que nous risquons de croire que nous sommes les acteurs de ce que le Seigneur accomplit en nous et par nous ! N'est-ce pas la réponse de Jésus à St Paul qui lui demande de le délivrer d'une « écharde déposée en lui par Satan »: « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. (2Co 12)
Au fond, Jésus qu'attend-Il de nous, sinon que nous lui soyons « une humanité de surcroît » comme le disait Sœur Élisabeth de la Trinité. Par conséquent, Il attend essentiellement, un parfait abandon, une écoute aussi fine que possible, pour Le laisser agir en nous et par nous, en mettant, en chacune de nos missions, le moins possible de soi-même ( nous avons là un début d'éclairage sur la seconde partie de l’Évangile de ce jour) Plus nous nous effaçons, plus nous disparaissons et davantage Jésus peut prendre les rennes !
La demande des apôtres n'est pas aussi pure que nous pourrions le croire et quand nous emboîtons le pas, au fond, c'est nous que nous cherchons, c'est notre gloriole ! Souvenons-nous de la tentation de Jésus au désert :Il ( le Satan) le conduisit à Jérusalem, et le posa sur le pinacle du temple et lui dit: " Si vous êtes Fils de Dieu,
jetez-vous d'ici en bas; car il est écrit: Il donnera pour vous des ordres à ses anges pour vous garder, et: Ils vous prendront sur leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre une pierre. " Jésus répondant lui dit: " Il est dit: Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu. " (Luc 4) Jésus vit en vérité, Il ne cherche pas Sa Gloire, mais celle de Son Père : « la gloire de mon Père c'est que vous alliez, que vous portiez du fruit et un fruit qui demeure » Et ce fruit qui demeure c'est l'amour ! « Maintenant ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, la charité; mais la plus grande des trois c'est la charité. (1Cor 13)
La réponse de Jésus à la supplique des apôtres a aussi de quoi nous étonner : Le Seigneur répondit :« Si vous aviez de la foi,gros comme une graine de moutarde,vous auriez dit à l’arbre que voici :‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’,et il vous aurait obéi.  Avoir la foi, c'est faire confiance, Jésus dit ici faites-moi confiance, laissez moi « être » pleinement en vous et, ensemble nous effectuerons des merveilles : « sans moi, vous ne pouvez rien faire » Jn 15,5 Certes, il y a des hommes qui mènent de grands combats, qui effectuent des performances étonnantes mais pour de l'argent et pour triompher ! Ce qui est accompli au seul Nom de Jésus a un autre poids, un autre impact .
Nous aimerions tous faire des choses extraordinaires! Nous serions alors reconnus comme des êtres merveilleux ! Nous serions connus, aimés, admirés. Nous serions importants aux yeux des autres ! Nous serions au-dessus d'eux! Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus au fond de son Carmel , dans l'ombre, la monotonie d'un quotidien, a réalisé la plus grande merveille qui soit , la Petite Thérèse a aimé ! L'important, pour chacun d'entre nous c'est d'être là où Dieu nous veut et d'accomplir ce qu'Il veut, ce que nous définissons comme « faire la volonté de Dieu » !
Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. » (Marc 3)
Celui qui veut faire la volonté de Dieu saura si cet enseignement vient de Dieu, ou si je ne parle qu'en mon nom. Si quelqu'un ne parle qu'en son nom, il cherche sa propre gloire ; mais si quelqu'un cherche la gloire de celui qui l'a envoyé, il est dans le vrai, et il n'y a en lui rien de mal. (Jean 7)
Moi Paul, Apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, je m'adresse à vous, les membres du peuple saint qui êtes à Éphèse, vous les fidèles dans le Christ Jésus. ( Eph 1)
Ainsi, ceux qui ont à souffrir pour avoir fait la volonté de Dieu, qu'ils continuent à bien agir en confiant leur vie au Créateur, qui est fidèle. (1P 4)
Or, le monde avec ses désirs est en train de disparaître. Mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours. (1Jean 2)
Parfois rien ne va dans notre vie , tout part en vrille, , peut-être serait-il sage, si c'est le cas, de se remettre en question, de s'interroger sérieusement sur la façon dont nous avons choisi notre métier, notre engagement... Parents, éducateurs, nous avons une grande responsabilité auprès des jeunes. Leur apprenons-nous à effectuer leur choix sous le regard de Dieu ? A se poser la question : où et comment pourrais-je le mieux rendre gloire au Seigneur ? Certains vont sourire, pourtant nous ne sommes et ne serons vraiment bien

en nous-mêmes qu'en accomplissant la volonté de Dieu ! Avons-nous la foi, croyons-nous vraiment que le Seigneur s'intéresse à notre vie personnelle, à celle de nos jeunes ? Il y aurait beaucoup moins de désordre si chacun occupait « sa juste place », celle voulue par Dieu pour notre bonheur !
En écoutant la première partie de l'évangile, nous pouvons penser qu'en ayant la foi et en la semant, nous nous mettons à faire des choses extraordinaires qui nous placent au-dessus des autres. En écoutant la seconde partie de l'évangile, on se rend compte que Jésus nous met en garde!
Lequel d’entre vous,quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes,lui dira à son retour des champs :‘Viens vite prendre place à table’ ?    Ne lui dira-t-il pas plutôt :‘Prépare-moi à dîner,mets-toi en tenue pour me servir,le temps que je mange et boive.Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ?    Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?    De même vous aussi,quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné,dites :‘Nous sommes de simples serviteurs :nous n’avons fait que notre devoir’ » Cette conclusion en surprend plus d'un et dérange ! Et tant mieux si elle nous dérange car nous essaierons de comprendre ce que nous dit Jésus ! Pour accueillir cette Parole , il convient de se situer en croyant ! Avec Jésus, on a envie de dire en troquant « peut » par « veut » Celui qui peut (veut) comprendre, qu'il comprenne ! » (Mat 19)
En effet, cette Parole de Jésus, ne peut être accueillie que dans la foi ! Elle ne sera accueillie que si j'accepte de donner tout ce que je suis, par grâce, à Jésus, de manière à pouvoir dire avec Saint Paul « et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi. (Ga 2) Nous comprendrons alors vraiment que nous sommes seulement mais pleinement les serviteurs du Christ notre Seigneur et Maître ! Mais quel honneur Jésus ne nous fait-Il pas là ! Vous êtes, je suis serviteurs, servante , du Maître de l'univers, du Dieu trois fois saint, Créateur et Seigneur ! Un Dieu, qui , pour m'épargner, me guérir, me sauver, donne son unique qui se livre par Amour ! Par amour du Père et par amour de cette humanité dévoyée ! Le réalisons-nous ! Nous rencontrons parfois des personnes hyper fières de nous dire : « j'ai travaillé pour tel Président, j'ai servi dans
un super hôtel de luxe, je suis ami de Monseigneur X, etc ». Réalisons-nous que nous sommes les ouvriers du Royaume, que nous servons le Roi de l'Univers, que nous sommes Ses amis ? Je ne l'invente pas, c'est Lui qui le dit ! Si j'ai la foi, et je l'ai eue en cadeau lors de mon baptême, j'adhère totalement à ce que Jésus dit et me dit !
Allez-vous aussi, travailler à ma vigne. Mt 20,16 ( La vigne, c'est le Royaume!)
Cherchez plutôt son Royaume, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché. (Luc 12)
Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. (Jean 15)
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître. (Jean 15)
Nathanaël lui dit : « Rabbi, c'est toi le Fils de Dieu ! C'est toi le roi d'Israël ! » (Jean 1)
« Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d'Israël ! »
Jésus, trouvant un petit âne, monta dessus. Il accomplissait ainsi l'Écriture : N'aie pas peur, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, monté sur le petit d'une ânesse. (Jean 12)

Si nous admettons cela, si nous Le et le croyons nous pouvons reprendre allègrement ce verset « Nous sommes de simples serviteurs :nous n’avons fait que notre devoir’ » C'est en effet un devoir pour chacun de nous de répondre à l'Amour, par l'amour , et nous aimons en travaillant avec joie à l'annonce du Royaume, là où Jésus Lui-même nous a conduits, dans la situation-vocation qui est la nôtre ! Alors oui, si nous avions la foi gros comme une graine de moutarde nous nous livrerions à l'Amour qui est Dieu et Dieu, en nous, par nous, accomplirait des merveilles ! Nous pouvons reprendre la prière du Père Lyonnet :


Père voici ma vie,
pour que Tu en fasses ce que Tu voudras,
pour que Tu en fasses la Vie de Jésus-Christ.

et celle d'un anonyme du XV e siècle

"CHRIST N’A PAS DE MAINS »

Christ n'a pas de mains :
Il n'a que nos mains
Pour faire son travail aujourd'hui.

Christ n'a pas de pieds :
Il n'a que nos pieds
Pour conduire les hommes sur son chemin.
Christ n'a pas de lèvres :
Il n'a que nos lèvres
Pour parler de lui aux hommes.

Christ n'a pas d'aides :
Il n'a que notre aide
Pour mettre les hommes à ses côtés.

Nous sommes la seule Bible
Que le public lit encore.
Nous sommes le dernier message de Dieu
Écrit en actes et en paroles.

( Prière anonyme du XV e siècle)




l'Ermite

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