XXIX
e DIMANCHE
DU
TEMPS ORDINAIRE
Année
C
(Lc 18, 1-8)
Jésus
disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de
toujours prier sans se décourager :
Gardons
en mémoire que Jésus effectue son dernier voyage vers Jérusalem,
libre et déterminé Il avance vers Sa Passion / Résurrection.
D'ailleurs entre l'épisode de dimanche dernier et la séquence de
ce jour Il continue d'enseigner Ses disciples , parle ouvertement de
Ses souffrances à venir :
« il
faut qu'il souffre beaucoup et qu'il soit rejeté par cette
génération ». Lc 17 mais
il n'est pas certain que les disciples réalisent vraiment.Sachant
cela, nous pouvons mieux comprendre la Parabole que Jésus propose
aux disciples.
« Il
y avait dans une ville un juge qui
ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes.Dans
cette même ville,il y avait une veuve qui venait lui
demander :‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’Longtemps
il refusa ; Jésus
commence par une présentation du contexte :
- un Juge qui n' a rien à faire d'un Dieu qu'Il ne craint pas et des hommes qu'il bafoue
- une veuve, seule , sans doute nécessiteuse comme c'était souvent le cas à l'époque de Jésus, qui réclame justice face à un adversaire qui abuse de ses droits et profite de la faiblesse de cette femme.
Le
Juge ferme ses oreilles et son cœur pour les mêmes raisons que
l'adversaire sans doute. Pour lui, cette femme n'a aucun intérêt ,
elle l'importune, il refuse de l'entendre et donc d'intervenir !
La
veuve ne se laisse pas intimider,
elle revient à charge sans se décourager.
Elle ne baisse pas les bras comme nous serions peut-être tentés de
le faire mais réitère ses revendications comme l'ami importun au
chapitre 5 "
Qui de vous, ayant un ami, s'il va le trouver au milieu de la nuit et
lui dit: " Ami, prête-moi trois pains, car un mien ami m'est
arrivé de voyage, et je n'ai rien à lui offrir, " et que
celui-là réponde de l'intérieur: " Ne m'importune point: déjà
la porte est fermée et mes enfants sont avec moi au lit; je ne puis
me lever pour te donner, "
je vous le dis, quand même il ne se lèverait pas pour lui donner
parce qu'il est son ami, du moins à cause de son importunité, il se
lèvera pour lui donner tout ce dont il a besoin.
(Luc 11)
A
force de persévérance cette femme, sans colère en vient à faire
bouger les lignes de ce Juge inique qui
se dit :‘Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte
personne comme
cette veuve commence à m’ennuyer,je vais lui rendre justice pour
qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.’ » Il
ne cherche pas à rétablir la justice ou à l'établir, il veut se
débarrasser de ce dossier précis parce que cette veuve le
dérange, le poursuit, ne lui laisse aucun répit. Dieu et la
personne n'ont aucun sens dans sa vie, il cherche sa tranquillité
personnelle.
Au
terme de cette « histoire » Jésus invite Ses disciples
et nous-mêmes ; à bien entendre les motivations de ce
Juge : :« Écoutez
bien ce
que dit ce juge dépourvu de justice ! »Si
Jésus insiste de la sorte n'est-ce pas parce qu'Il
souhaite nous entraîner plus loin, plus profond ? Il met alors
en parallèle ce Juge et Dieu Son Père, non pas pour les opposer
mais pour nous faire comprendre l'importance de la prière dans notre
vie :Et
Dieu ne ferait pas justice à ses élus,qui crient vers lui jour et
nuit ?Les fait-il attendre ? Je vous le
déclare :bien vite, il leur fera justice. Jésus
tient à nous persuader, nous assurer, que le Père entend et écoute
nos prières ! Qu'il est bon de crier vers Lui, de l'appeler à
notre secours . L’Église l'a à ce point compris que dans la
Liturgie des heures nous commençons chaque heure par un appel à
l'aide ;
Seigneur ouvre mes lèvres
prions-nous au premier office du jour ! Dans quel but ? Que
ma bouche publie Ta louange.
En effet, sans l'aide du Seigneur nous sommes incapables de Le
reconnaître et de Le louer N'est-ce pas ce qu'exprime Saint
Paul ? :« De
même aussi l’Esprit
vient au secours de notre faiblesse,
car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos
prières. Mais l’Esprit
lui-même intercède par des soupirs inexprimables ;
et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’intention de
l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des
saints » (Rm 8.26-27, ).
Et
nous commençons les autres heures en disant ou psalmodiant :
« Dieu,
viens à mon aide !
Et le chœur répond : « Seigneur
à notre secours !
Ce qui peut nous permettre de comprendre que même nos prières sont
inspirées par l'Amour qui est Dieu ? Dès lors deux questions
nous taraudent :
- Pourquoi Dieu ne nous donne-t-Il pas automatiquement une réponse au désir qu'Il laisse grandir dans notre cœur ? Ce matin même, une pèlerine me posait cette question !
- Et pourquoi semble-t-Il faire la sourde oreille quand nous L'appelons à notre aide par nos supplications ou ne nous donne-t-Il pas EXACTEMENT ce que nous espérons ?

Recevoir
la grâce, c'est utiliser toutes nos capacités pour le service de
l'amour, c'est accomplir tout ce qui est en notre pouvoir et quand
nous avons cherché toutes les meilleures solutions, que nous sommes
devant un impossible, alors nous pouvons et devons appeler Dieu à
notre aide dans une prière juste et intense! Dieu ne se substitue
pas à nous Il nous aime trop pour nous mépriser de la sorte .
- Deuxième question:Quand Dieu semble faire la sourde oreille c'est qu'Il prépare notre cœur à accueillir Ses dons , ou bien qu'Il estime notre demande inadaptée Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ? ou un scorpion, quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11). Dieu ne nous donnera pas nécessairement la chose demandée, mais, par Son Esprit Saint nous éclairera sur la marche à suivre .Dieu est Père, et en vrai Père, si en enfant capricieux nous demandons un scorpion il est évident qu'Il ne nous le donnera pas ! Écoutons Saint Paul : ( et si nous en avons la temps n'hésitons pas à lire ce chapitre 3 tout entier)
Moi-même,
mes frères, ce n'est pas comme à des hommes spirituels que j'ai pu
vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme
à de petits enfants dans le Christ.
Je
vous ai donné du lait à boire, non de la nourriture solide, car
vous n'en étiez pas capables, et vous ne l'êtes pas même à
présent, parce que vous êtes encore charnels. En effet, puisqu'il y
a parmi vous de la jalousie et des disputes, n'êtes-vous pas
charnels, et ne marchez-vous pas selon l'homme? Quand l'un dit: Moi
je suis à Paul! et un autre: Moi, je suis à Apollos! n'êtes-vous
pas des hommes ?Qu'est-ce
donc qu' Apollos? et qu'est-ce que Paul? Des ministres par le moyen
desquels vous avez cru, selon ce que le Seigneur a donné à chacun.
Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé; mais
Dieu a fait croître.
Ainsi ni celui qui plante n'est quelque chose, ni celui qui arrose;
mais
Dieu, qui fait croître.
Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux; et chacun recevra
sa propre récompense selon son propre travail. Car
nous sommes les coopérateurs de Dieu. Vous êtes le champ de Dieu,
l'édifice de Dieu. Selon la grâce de Dieu qui m'a été donnée,
j'ai, comme un sage architecte, posé le fondement, et un autre bâtit
dessus. Seulement que chacun prenne garde comment il bâtit dessus...
Que
personne donc ne mette sa gloire dans les hommes; car tout est à
vous, et Paul, et Apollos, et Céphas, et le monde, et la vie, et la
mort, et les choses présentes, et les choses à venir. Tout
est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et Christ est à Dieu.
(1Cor 3)
Saint
Thomas d'Aquin écrit à propos de la prière : « S.
Augustin écrit à Proba, « Il est permis de demander dans la prière
tout ce qu'il est permis de désirer. » Or il est permis de désirer
les biens temporels, non pas sans doute à titre principal, en
mettant en eux notre fin; mais comme des secours qui
nous aident à tendre à la béatitude, en tant que notre
vie corporelle trouve en eux son soutien, et que notre activité
vertueuse les emploie à titre d'instruments, selon Aristote. Il est
donc permis de prier pour les obtenir. Et c'est ce que dit S.
Augustin : « Il est très normal de vouloir les moyens suffisants de
vivre, quand on veut cela et rien de plus. On ne les recherche pas
pour eux-mêmes mais pour le salut du corps,
pour se comporter convenablement suivant son rang et ne pas gêner
ceux avec qui l'on doit vivre. Lorsqu'on les a, il faut prier pour
les conserver, et lorsqu'on ne les a pas, il faut prier pour
les avoir. »
1.
Les biens temporels ne doivent pas faire l'objet principal de
nos recherches, mais venir au second plan. Ainsi S.
Augustin déclare : « Lorsque le Seigneur dit : "Il faut
premièrement chercher le royaume de Dieu", il veut dire que les
biens temporels ne doivent être recherchés qu'après, non
selon le temps, mais selon leur dignité: celui-là comme notre bien,
ceux-ci comme notre nécessaire. »
2.
On n'interdit pas tout souci des biens temporels, mais le souci
superflu et désordonné,
3.
Lorsque notre âme vise les biens temporels pour se reposer, elle
s'y abaisse. Mais quand elle les vise en vue d'obtenir la
béatitude, loin de se trouver rabaissée par eux, elle les relève.
4.
Du moment que nous demandons les biens temporels, non comme l'objet
principal de nos désirs mais pour obtenir des biens plus élevés,
nous demandons à Dieu de nous les accorder
dans la mesure où il sont utiles à notre salut. »
En
conclusion, que précise Jésus ? :Cependant,
le Fils de l’homme,quand il viendra,trouvera-t-il la foi sur la
terre ? » Voilà
la grande, l'immense question ! Prier c'est accepter de dépendre
de notre Père des cieux, c'est se soumettre humblement à Sa Très
Sainte Volonté, c'est se tenir en Sa présence, c'est tout recevoir
pour tout donner ! Sans la foi je suis, je crois être mon
propre maître, je pense me débrouiller par moi-même, je n'ai
besoin de personne ! Nous avons le
bonheur d'avoir reçu ce
merveilleux cadeau lors de notre baptême, nous avons le devoir de
l'entretenir par la prière justement, en accueillant les sacrements
que l’Église met à notre disposition, en continuant de nous
former, de creuser l’Écriture Sainte, ça c'est pour nous, mais il
nous incombe aussi de l'éveiller ou de la réveiller chez nos frères
, c'est notre responsabilité de chrétiens, c'est un devoir de
reconnaissance, d'obéissance à la PAROLE faite CHAIR que nous
célébrerons bientôt !
Que
retiendrons-nous de cet Évangile ? L'importance de :
-
nourrir la foi reçue au baptême
- la persévérance dans la prière
- la confiance en Celui que j'appelle à mon aide : Dieu m'aime vraiment.
- l'abandon « non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux
- la patience : Dieu a Son heure
- (Ps
120, 2)
Le
secours me viendra du Seigneur
qui a fait le ciel et la terre.
qui a fait le ciel et la terre.
Je
lève les yeux vers les montagnes :
d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur
qui a fait le ciel et la terre.
d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur
qui a fait le ciel et la terre.
Qu’il
empêche ton pied de glisser,
qu’il ne dorme pas, ton gardien.
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas,
le gardien d’Israël.
qu’il ne dorme pas, ton gardien.
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas,
le gardien d’Israël.
Le
Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage,
se tient près de toi.
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper,
ni la lune, durant la nuit.
se tient près de toi.
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper,
ni la lune, durant la nuit.
Le
Seigneur te gardera de tout mal,
il gardera ta vie.
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour,
maintenant, à jamais.
il gardera ta vie.
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour,
maintenant, à jamais.
L'Ermite
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