vendredi 3 mai 2019

QUI VIENDRA MANGER ?


TROISIEME DIMANCHE

DE PÂQUES

(Jn 21, 1-14)
En ce temps-là,Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre,avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),Nathanaël, de Cana de Galilée,les fils de Zébédée,et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit :« Je m’en vais à la pêche. »Ils lui répondent :« Nous aussi, nous allons avec toi. »Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
La scène de la troisième et dernière manifestation de Jésus à ses disciples qui clôt l’Évangile de St Jean se situe après Pâques, au bord de la Mer de Galilée. Les disciples ont repris leur premier travail, la pêche. Ils sont sept, chiffre parfait, chiffre de la rencontre du divin et de l’humain. Ils passent la nuit à jeter leurs filets mais ne prennent rien. Jésus se tient au bord du rivage : il ne se fait pas reconnaître. Pourtant Il n’en est pas à sa première rencontre avec eux après sa résurrection. Seulement, Il veut les faire aller plus loin dans leur foi : comment ?
Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage,mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
Ne trouvez vous pas surprenante cette remarque ? Comment se fait-il que les disciples qui ont partagé pendant trois années le quotidien de Jésus ne Le reconnaissent pas en cet instant ? Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que cela arrive ! Lors de l'apparition à Marie Madeleine, Jésus prononcera le nom de « Marie » pour que celle-ci tombe à ses pieds . : « Si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et moi, j'irai le reprendre. » Jésus lui dit alors : « Marie ! » Elle se tourne vers lui et lui dit : « Rabbouni ! » ce qui veut dire : « Maître » dans la langue des Juifs. (Jean 20)
Quand Jésus rejoint les disciples leur ahurissement est si profond que Jésus leur précise , voyez mes mains ... , « Les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d'eux et il leur dit: " La paix soit avec vous. " Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie. (Jean 20)
Quant aux disciples d'Emmaüs, il faudra la Fraction du pain pour que se dessillent leurs yeux !  « Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. Et ils se dirent l'un à l'autre: " Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu'il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Écritures (Luc 24)
Chaque fois Jésus se fait reconnaître par des gestes et des paroles de l'intimité qui est la sienne avec Ses disciples .C'est Jésus, mais Jésus transfiguré ! Sans doute, Celui qui s'est manifesté sur le Tabor lors de la transfiguration, prémices de la Résurrection.C'est le même Jésus, mais l'humanité s'est estompée pour donner place au Christ glorieux. Pierre, Jacques et Jean ont eu le privilège de Le voir dans Sa Gloire cachée, mais présente, mais la surprise est telle qu'ils ont besoin de signes réels et indubitables pour adhérer à cette Présence , à la fois, ancienne et nouvelle.Et c'est avec tendresse, avec Son cœur que Jésus s'adresse à eux :
:« Les enfants,auriez-vous quelque chose à manger ? » Les enfants ! Jésus n'hésite pas à manifester cette relation filiale qu'Il a établie entre Ses disciples et Lui. Il leur révèle, s'il en est encore besoin, qu'Il les aime comme un frère, comme un Père, puisqu’il ne fait qu' UN avec le Père ! Et c'est ainsi qu'Il nous aime également ! Si Jésus nous fustige parfois, Il le fait comme un Père avec Ses enfants ! Jésus veut nous faire grandir dans l'Esprit ! Jésus nous veut à l'image de Dieu, n'est-ce pas ainsi que nous pense le Créateur ! Et que répondent les disciples ? « Non. » Ils sont déçus et ne peuvent partager avec celui qui, en cet instant reste un étranger. Ils n'ont rien pris ! Mais Jésus , comme toujours, comme Il Le fait avec nous, se révèle peu à peu , Il attend que leurs yeux s'ouvrent et Il leur en donne les moyens ! « Tout vient de toi, ô Père très bon : Nous t'offrons les merveilles de ton amour » chantons-nous dans nos liturgies. En effet, tout absolument tout, nous est donné ! Souvent nous nous attribuons nos apparentes réussites, nous oublions que sans Jésus nous ne pouvons rien faire !  « Sans moi vous ne pouvez rien faire »Jn 15, 5 Et Pierre avec ses frères, vient d'en faire l'amère expérience : ils n'ont RIEN PRIS !
Jésus leur dit ::« Jetez le filet à droite de la barque,et vous trouverez. »Ils jetèrent donc le filet,et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer,tellement il y avait de poissons. Faut-il voir dans ce détail «  à droite » un lien avec la blessure de Jésus également à droite, d'où sort le sang et l'eau signifiant l'abondance de l'amour de Jésus pour l'humanité à qui Il donne TOUT absolument TOUT ? Est-ce un rappel de la pêche miraculeuse , pour se faire reconnaître, où Jésus dit à Pierre «N'aie pas peur, désormais tu seras pêcheur d'hommes.» En tout cas cette abondance n'échappe pas à Jean, qui reconnaît ici la signature du Seigneur :Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre :« C’est le Seigneur ! » En voyant le tombeau vide et les linges abandonnés il est dit que Jean vit et Il crut , sa réaction ici, est du même ordre. Jean voit l'abondance et n'hésite pas.Quand Simon Pierre entendit que c’était le Seigneur,il passa un vêtement,car il n’avait rien sur lui,et il se jeta à l’eau. A cette annonce, Pierre le fougueux, Pierre le renégat, Pierre qui a couru au tombeau, Pierre le poltron aussi, lui qui n'a jamais cessé d'aimer le Maître malgré tout, Pierre n'hésite pas, n'hésite plus , il se jette à l'eau pour rejoindre au plus vite Celui qu'il aime ! Pour Le voir ! Pour Lui parler ! Il abandonne tout ! Peu lui importe la merveilleuse pêche, c'est le Seigneur qui compte, et Lui seul !Et moi, et chacun de nous, quand nous reconnaissons les signes de l'action de Dieu dans nos vies, prenons-nous le risque de l'amour ? Celui de tout quitter, tout abandonner pour accomplir ce que nous comprenons ?
Plus réalistes, ou moins détachés les autres veulent sauver la prise :.Les autres disciples arrivèrent en barque,traînant le filet plein de poissons ;la terre n’était qu’à une centaine de mètres .Que voient-ils alors ?
Une fois descendus à terre,ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus,et du pain.Nouvelle surprise : en s'approchant, ils découvrent que Jésus a déjà du poisson alors, pourquoi cette demande ? Pour deux raisons peut-être ! Jésus montre qu'Il nous précède toujours mais aussi, qu'Il réclame notre participation ! Jésus ne fait rien sans nous ! Jésus veut avoir besoin de nous, de chacun de nous ! Et, je crois l'avoir déjà souligné, c'est la grâce des grâces que d'être appelés à participer à l’œuvre de Dieu. Jésus nous prend au sérieux, Il ne fait rien sans nous : Jésus leur dit :« Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons :y en avait cent cinquante-trois.Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.. Je vous invite à chercher sur Internet, le sens donné à ces 153 poissons , je retiens, pour notre méditation la présentation qu'en faisait Benoît XVI à l'ouverture de son pontificat « Aujourd’hui encore, l’Église et les successeurs des Apôtres sont invités à prendre le large sur l’océan de l’histoire et à jeter les filets, pour conquérir les hommes au Christ - à Dieu, au Christ, à la vraie vie. Les Pères ont aussi dédié un commentaire très particulier à cette tâche singulière. Ils disent ceci: pour le poisson, créé pour l’eau, être sorti de l’eau entraîne la mort. Il est soustrait à son élément vital pour servir de nourriture à l’homme. Mais dans la mission du pêcheur d’hommes, c’est le contraire qui survient. Nous, les hommes, nous vivons aliénés, dans les eaux salées de la souffrance et de la mort; dans un océan d’obscurité, sans lumière. Le filet de l’Évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie. Il en va ainsi : dans la mission de pêcheur d’hommes, à la suite du Christ, il faut tirer les hommes hors de l’océan salé de toutes les aliénations vers la terre de la vie, vers la lumière de Dieu. Il en va ainsi : nous existons pour montrer Dieu aux hommes. »Homélie du pape Benoît XVI, Messe inaugurale du Pontificat,Place Saint Pierre, 
Jésus leur dit alors :« Venez manger. » Nous retrouvons ici,le Jésus débordant d'humanité , d'attention aussi pour ses disciples fatigués par ces deux pêches consécutives, l'une infructueuse , l'autre surprenante grâce à l'intervention de Jésus ! « Venez manger » Comment ne pas avoir présent à l'esprit, ce dernier Repas de la Cène, où Jésus s'est mis à genoux devant chacun pour leur laver les pieds ? Moment chaleureux s'il en est un, mais aussi, douloureux, car l'ombre de la trahison plane sur le groupe, et chacun s'interroge ! Chacun prend conscience de sa pauvreté, de sa potentialité à être « celui-là » d'où cette question ; « serait-ce moi ? » car chacun de nous est capable de trahir, de renier, de fuir … ici :Aucun des disciples n’osait lui demander :« Qui es-tu ? »Ils savaient que c’était le Seigneur.Jésus s’approche ;il prend le pain et le leur donne ;et de même pour le poisson. Ce geste, ils le connaissent, ils n'ont pas besoin de parole, ils adhèrent pleinement , et nous ?
C'est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites; et nous savons que son témoignage est vrai.
Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses; si on les rapportait en détail, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu'il faudrait écrire. (Jean 21)
Ainsi se termine l’Évangile selon St Jean !
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
« Il est digne, l’Agneau immolé,
de recevoir puissance et richesse,
    sagesse et force,
honneur, gloire et louange. »


Je t’exalte, Seigneur,
tu m’a relevé.
(Ps 29, 2a)
Quand j’ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m’as guéri ;
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.
Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté, toute la vie.
Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !
Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi ;
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !




l'Ermite

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