CINQUIEME
DIMANCHE
DE
CARÊME
ANNEE
C
(Jn 8, 1-11)
Dimanche
dernier nous contemplions l'attitude de notre Père et celle, riche
en enseignements, de Ses deux fils dans la peau desquels nous n'avons
aucune difficulté à nous glisser. Nous pouvons, tantôt nous
identifier au benjamin avide de fausse liberté mais somme toute
plein de confiance à l'égard de son bien-aimé Père, tantôt, nous
nous retrouvons dans c e fils aîné servile qui agit par intérêt
et s'habille de jalousie à l'égard de celui qu'il considère sans
doute comme l'enfant gâté de la famille parce que le plus jeune à
qui on passe tous les caprices !!
Aujourd'hui,
dès le premier verset un frisson nous traverse : St Jean évoque
le mont des Oliviers : « Jésus
s’en alla au mont des Oliviers » or,
nous savons ce qu'il représente dans la vie de Jésus, dans celle
des apôtres également : la veille dans la prière,l'angoisse
la trahison par un baiser,l'abandon des disciples ;
Il
emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée,
et il commença à ressentir tristesse et angoisse. (Matthieu 26)
Alors
les disciples l'abandonnèrent, tous et s'enfuirent. (Matthieu 26)
Quant
à Pierre, il le suivait de loin, (Matthieu 26)
Dès
l’aurore, il retourna au Temple.Comme tout le peuple venait à
lui,il s’assit et se mit à enseigner.Les scribes et les pharisiens
lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation
d’adultère.Ils la mettent au milieu,et disent à Jésus :« Maître,
cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.Or,
dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là.Et toi,
que dis-tu ? »Ils parlaient ainsi pour le mettre à
l’épreuve,afin de pouvoir l’accuser.Nous
n'avons pas de mal à nous représenter la scène : Comme
souvent, dès que des personnes s'attroupent, se bousculent pour être
au plus près du Maître, Jésus saisit l'occasion pour enseigner et
nous savons que son enseignement est toujours au service du bonheur
de l'humanité. Et, comme souvent des Pharisiens, des Scribes
interviennent avec , en tête, cette volonté de mettre Jésus en
difficulté pour Le dénoncer comme agitateur et pis encore,
comme ennemi de la Loi de Moïse ! Cette fois ils arrivent avec une
femme qu'ils malmènent et humilient en dénonçant publiquement sa
conduite. Et que demandent-ils à Jésus ? Rien moins que
d'apporter son jugement alors qu'ils savent, soit pour l'avoir
entendu eux-mêmes, soit parce qu'on le leur a rapporté, que Jésus
disait récemment : « Dieu
n'a pas envoyé Son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour
que le monde soit sauvé par lui » Jn 3
Quelle que soit la réponse de jésus Il est piégé ! S' Il
donne un avis, Il se positionne en
juge et de ce fait se contredit, s'
Il invoque la miséricorde Il « renie » la Loi de Moïse
« Tu ne commettras pas
d'adultère » Ex 20, quant au
Livre du Lévitique il était loin d'être tendre ; «
Quand un homme commet l'adultère avec la femme de son prochain, ils
seront mis à mort,
l'homme adultère aussi bien que la femme ? » Lv 20 Notons
que la Loi parle
des deux protagonistes, alors qu'ici, Scribes et
Pharisiens viennent avec la femme seule et, de plus , affichent un
mépris accusé quand ils précisent ; « ces
femmes-là » Il
n'est pas difficile de percevoir le dédain affiché et d'imaginer
l'arrogance du geste .
Jésus
est bien trop fin pour se laisser enfermer et donner prise à une
polémique sous-jacente . Jésus commence par faire diversion . Jésus
se baisse, et trace avec son doigt, des signes sur la terre :Mais
Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.Non
seulement Jésus évite de polémiquer mais Il veut donner du temps
au temps et sans devenir accusateur à son tour , ce qui irait à
contre courant de sa mission , Il semble vouloir laisser le temps de
la réflexion aux uns et à l'autre ! Quand Jésus pense que ce
moment de silence aura fait son œuvre en chacun et chacune, alors,
et alors seulement, Il prendra la Parole. Comme Il le fait souvent,
Il ne répond pas directement à la question qui Lui est posée mais,
en fin pédagogue Il suggère, tout en se redressant, pour mieux les
regarder, à ceux qui sont présents :
:« Celui
d’entre vous qui est sans péché,qu’il soit le premier à lui
jeter une pierre. »
puis
sans rien ajouter :Il se baissa de nouveau
et il écrivait sur la terre.en silence bien sûr !
Comme
ces instants doivent peser sur chacun ! Sur cette femme qui
craint le pire, sur ses accusateurs qui honnêtement et de plus
devant Jésus, sont paralysés par la proposition de Jésus !
Lequel d'entre eux osera la jeter cette première pierre ? Qui,
devant les autres, osera s'affirmer juste, donc saint, indemne de
toute faute ? Qui ? La tension doit être terrible en cet
instant . D'ailleurs ils ont compris et, sans plus attendre, sans
bruit, dans ce silence pesant Eux, après
avoir entendu cela,s’en allaient un
par un,en commençant par les
plus âgés. Malgré tout, les plus âgés ont acquis un
peu plus de sagesse que les plus jeunes , ils ont, peut être, une
certaine conscience de leurs propres manquements et loin de se
risquer à fronder Jésus, ils s'éloignent sans mot dire ! A
moins qu'ils ne s'éloignent dépités, la confrontation n'ayant plus
d'intérêt immédiat, non seulement Jésus se tait mais Il les
renvoie à leur propre conscience, c'est insupportable ! Ils
pensaient piéger Jésus et, sans bruit Jésus les piège !
Jésus ne perd rien pour attendre car la suite montrera que la colère
des scribes et des Pharisiens ne fait qu'augmenter !
Jésus,
qui a obtenu ce qu'Il espérait , Jésus qui a suivi discrètement la
scène, peut se relever et parler avec cette femme sans doute
tremblante , inquiète malgré tout de ce qui va suivre .Jésus
resta seul avec la femme toujours là
au milieu.Il se redressa et lui demanda :
Jésus
attend d'être seul, c'est dire Sa délicatesse, c'est quand Il est
seul avec la femme, qu'Il se redresse . Jésus ne lui fait pas la
morale , Il ne cherche qu'une chose : lui redonner sa dignité
et avec celle-ci la confiance en elle-même et dans les autres. Il
lui fait prendre conscience de son humanité, de sa fragilité
qu'elle a en commun avec ses accusateurs :« Femme,
où sont-ils donc ?Personne ne t’a condamnée ? »Elle
répondit :« Personne, Seigneur. »Ils
sont en effet tous partis, et pour cause ! Ils ont compris
qu'ils ne sont pas meilleurs que cette personne. Si elle a été
prise en flagrant délit, c'est, soit qu'elle ne se cachait pas, soit
que eux-mêmes cherchaient à la prendre en défaut, ce qui révèle
leur état d'esprit et les accuse forcément ! Ce constat
établi dans l'amour, Jésus peut parler :Et
Jésus lui dit :« Moi non plus, je ne te condamne pas.Va,
et désormais ne pèche plus. » Jésus,
le Saint de Dieu parce que Dieu, n'est pas venu condamner, Il est
venu rassurer, guérir, sauver, appeler, entraîner, dynamiser et
c'est ce qu'Il accomplit ici Moi
non plus je ne te condamne pas » Alors
qui suis-je pour me permettre de juger, de condamner ? Que
sais-je de la vie de mes frères ? Et je pense au Pape François
répondant à des journalistes à propos de personnes
homosexuelles :« Si
une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui
suis-je pour la juger ? » Ces paroles du pape, de retour
des JMJ de Rio, en réponse à une journaliste qui le questionnait
sur l’existence d’un lobby gay au sein du Vatican, ont marqué
les esprits. Le pape François discernait ce
qui importait : la fraternité à l’égard des personnes
homosexuelles. Un air frais évangélique circulait de nouveau en
écho à la parole de Jésus dans le « Sermon sur la
montagne » : « Ne jugez pas afin de n’être pas
jugés » (Mt 7,1).
C’est
aussi un avertissement adressé aux scribes et aux pharisiens de nos
églises : méfions-nous,
non pas de la morale, mais d’un certain moralisme qui s’empresse
de juger et de condamner une personne à partir de son comportement
sexuel.(
ou autre!)
De fait, dans le cadre des débats sur le « mariage pour
tous », des propos homophobes ont pu ressurgir au sein même
des communautés chrétiennes.
Il
s'agit ici de personnes homosexuelles mais il en est de même pour
toute situation Qui suis-je pour me permettre de poser un regard, une
parole d'exclusion, qu'est-ce que je connais du parcours de mon
frère, de ma sœur , de ses souffrances ,de ses blessures, de sa
quête. Jésus ne condamne pas et Il précise : .Va,
et désormais ne pèche plus. Jésus
lui ouvre un chemin nouveau « va »
on
pourrait compléter avec ce qu'Il dit à ses proches sur le lac :
« avance
en eaux profondes » continue
ta route, mais puisque nous nous sommes rencontrés, dans un face à
face de respect désormais
ne pèche plus. Jésus
peut se permettre cette parole parce qu'il y a eu une vraie rencontre
. Nous pouvons appliquer à cette femme ce qu'écrit plus tard saint
Paul en pensant à son propre parcours :je
poursuis ma course pour tâcher de saisir,puisque j’ai moi-même
été saisi par le Christ Jésus.Frères,
quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela.Une seule chose
compte :oubliant
ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant,je cours vers le but
en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ
Jésus.
Et je ne peux m'empêcher de conclure avec ce très beau chant de
Frère Léon CHANCEREL
Le
chant d'Assise
|
O
mes bien-aimés, soyez humbles. O mes bien-aimés soyez doux.
Ne vous inquiétez ni d’honneurs. Ni de dignité, ni de louages. Fuyez las vanités. Toutes les vanités. Et dites-vous que le savoir des anges Ne suffit même pas pour comprendre Ce qui de Dieu seul est compris Ai m e z
Aimez
et ne jugez pas.
Si
vous voyez une homme pécher mortellement,
Haïssez
le péché, mais ne jugez pas l’homme.
Ne le méprisez pas. Ne méprisez personne.
Car
vous ne savez pas le jugement de Dieu.
Et tel semble damné qui est sauvé, peut-être.
Et
tel semble sauvé qui est déjà damné.
Vous ne savez qui sont ceux à qui Dieu tendra la main. O vous tous, gens de la terre, qui cheminez si douloureusement.
Ayez
d’abord la Charité.
Aimez-vous les uns les autres. Consolez-vous les uns les autres. Soutenez-vous les uns les autres. Fût-on brûlé d’amour à en mourir. On n’aime pas encore assez. On n’aime jamais assez.
L’amour
est tout qui est Dieu même.
Et
que votre amour ne soit pas borné.
Car
le Seigneur, mon Dieu, n’admet.
Ni vos frontières, ni vos murs..
A
Dieu, pour chacun d’entre vous, je demande.
La
grâce de Force pour renoncer au mal.
La grâce de Sérénité dans l’oblation.
La
grâce de Joie dans l’épreuve.
Et que, par la vertu de la Croix acceptée.
Par
la parole et par le sang de Jésus-Christ.
La terre enfin soit délivrée du mal.
Ainsi
soit-il ! Ainsi soit-il !
Ainsi,
sur Assise endormie. Où le tombeau basilical si lourdement
proclame.
Que son chant ne fut pas compris. L’âme du petit pauvre. Chante inlassablement pour le salut des hommes.
ASSISE
! ASSISE ! ASSISE !
Capitale
spirituelle du monde. Lieu de l’amour et de la joie de
l’Évangile.
Luira-t-elle
jamais cette aube. Où tous nos vains orgueils.
Où tous nos vains espoirs viendront, pieds nus, vers saint François. Faire leur amende honorable !
AIMEZ
ET NE JUGEZ PAS !
L'Ermite
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